Aux alentours de 23h30

Que d'agitations cette soirée ! Elle ne pensait pas pendant une seconde qu'elle avait se retrouver un vulgaire voleur dans les cachots du palais royal. Mais... Cela l'amusait ! Surtout depuis que le garde noir appelé le chien fou du roi lui ai rendu visite... Elle avait une bonne prise et ne comptait pas le lâcher de si tôt. Un nouveau pantin qu'elle allait pouvoir exploité. Il y avait de quoi se réjouir...

La porte de sa cellule s'ouvrit. Assise sur le banc, Ivid eut un sourire sombre au coin de la lèvre. Bonne nouvelle : le toutou ne pouvait plus se passer d'elle... Mais ces espoirs tombèrent vite à l'eau quand elle vit le vrai visage de son visiteur. Elle lâcha un long soupire et essaya d'ignorer ses lamentations de pauvre prisonnier. Ces gardes osaient la négliger autant pour l'enfermer avec un gueux ! Une comtesse dans la même cellule qu'un paysan... On aura tout vu ! Elle commença à s'énerver sérieusement. Au point que la dague en jarretière cachée sous les épaisseurs de sa robe rouge l'incitait à la faire sortir. Juste pour jouer un petit moment...

Mais non. Aucune de ces obscures idées ne se réalisèrent. La première raison était que cette initiative serait bien trop dangereuse pour sa réputation. Et puis, elle n'avait pas envie de rester dans ce cachot de façon définitive. La deuxième raison était qu'elle pouvait peut-être trouver une utilité à ce pouilleux...

Alors comme à son habitude, elle remit son masque de rose blanche. Belle et innocente que tous hommes souhaitaient intérieurement cueillir. Elle lui ajouta d'une voix aigue, sortant son visage de l'ombre.

- Quel vilain langage !

Elle regarda son compagnon de cellule tourné ses yeux vers elle. Elle baissa les siens, gênée de l'avoir surpris. Ivid ne put s'empêcher de rougir.

- Excusez moi... Je vous ai fait peur...

Malpoli et en plus insolent... A se demander maintenant si il avait connaissance du terme "politesse". Elle comprit vite pourquoi les gardes l'avaient jetés dans ce trou : ce bal royal était bien trop prestigieux pour les paysans de bas étages dans son genre. Sa réponse irrita intérieurement Ivid mais elle ne laissa paraître aucun trait de cette émotion. Elle détestait quand on osait faire des remarques déplacés sur ses dires surtout quand celles-ci sortaient de la bouche d'un pouilleux. Elle n'aurait fait de lui qu'une bouchée pour cet affront. Mais c'était la sombre rose en elle qui avait ses idées.

Quant à la rose blanche, sa facette innocente, jouait les boudeuses. Elle ne comprenait pas pourquoi l'homme s'était mis à s'énerver contre elle. Elle pensait que même si elle lui avait fait une petite frayeur (sans le vouloir),  cela ne justifiait pas le fait qu'il lui réponde si froidement. Ivid fit alors la moue et tourna son regard de celui du roux, ne s'avouant pas qu'il avait sûrement une bonne raison à sa réaction.

- Cela n'empêche pas que je vous trouve grossier...

Puis au questionnement du roux, Ivid ne put s'empêcher de sourire au coin de la lèvre. Voulait-il vraiment la raison de son enfermement ?... La cause revenait à la rose noir qui avait jouer avec les nerfs du Dragon blanc. La rose blanche n'avait rien fait et était comme à son habitude innocente. Sur le coup, la comtesse fut surprise de sa question si directe.

- Ce que j'ai fait ? - elle fit mine de réfléchir à quoi lui répondre - Et bien disons... Que la cause revient à la jalousie.

Elle s'approcha de l'homme pour se retrouver enfin à ses côtés. Elle lui offrit un sourire qui se voulait rassurant. Il a été peut-être injustement jeter dans aux cachots et cela expliquerait pourquoi il avait l'air si dépité tout à l'heure. Ces plaintes avaient fait de la peine à la jeune femme, malgré son statut sociale bien différente des nobles invités il ne méritait pas d'être éjecter ainsi. Justement,  elle profita du moment pour lui rétorquer la question. Elle se dit quand comprenant la raison de son arrivé, elle pourrait plus le soutenir pendant son "séjour" dans cette cellule.

- Et vous ?  Que vous est-il arrivé ?

Voilà que lui aussi voulait rester vague sur la cause de son enfermement... Enfin, elle n'avait pas trop besoin qu'il le dise de par lui-même en soi. Un civil dans son genre n'était pas vraiment la bienvenue dans un bal aussi important que celui-ci. La plupart des nobles détestaient être mêlés à la "basse populace", préférant rester dans leur luxe et dans leurs privilèges. La rose noir faisait partie de cette caste, d'ailleurs... Mais la rose blanche n'était pas de cette avis et pensait à ce que chaque personne n'importe quel statut soit-elle avait le droit d'obtenir sa cordialité. C'était à cause de cette façon de pensée que son entourage la disait trop naive pour ce monde hypocrite qui était la noblesse.

Le comportement presque enfantin de l'homme pendant un moment, l'exaspéra. Elle avait plus l'impression d'être en face d'un gosse qu'on aurait privé de dessert qu'un homme qui a essayé de s'infiltrer dans un bal pour elle ne sait quelles réelles raisons... Voilà que l'idée de s'enfuir lui traversant l'esprit. Il était suicidaire ou quoi ?... Il n'y avait pas plus foireux que ce plan... Mais l'innocente rose blanche qu'elle était ne voulut pas trop le décevoir en le lui disant directement...

- Hummm... Si mais... - elle alla chercher dans sa chevelure dorée ce que l'homme souhaitait sans trop défaire sa coiffure, puis lui présenta l'épingle - Je ne pense guère que cela soit une bonne idée... - elle reprit - - Je veux dire... Il y a un géôlier qui exécute sa ronde et passe devant notre cellule assez régulièrement. Il pourrait vous voir ou vous entendre et je ne veux vraiment pas qu'il nous arrive des noises... - elle soupira - Je sais ce que vous ressentez à l'idée que les invités s'amusent et profitent de la soirée alors que nous, nous sommes ici coincés dans cette cellule... Mais je suis sûre qu'ils nous relâcheront d'ici quelques heures. - elle lâche un petit rire - Même si nous sommes enfermés, nous ne sommes point de réels criminels.

Lui, oui. Mais, elle...

Elle lui sourit innocemment. Mais au fond, il n'avait pas intérêt à l'emmener dans ses emmerdes avec lui... Elle avait toujours une dague qui attendait bien au chaud sous ses jupons pour lui faire changer d'avis si il venait à trop insister... La rose blanche reprit en s'approchant un peu plus du rouquin.

- C'est pour cela que je vous propose qu'on attende que les évènements se passent et pour ne pas s'ennuyer, qu'on discute et fasse connaissance.