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Dix ans plus tôt - Tous des moins que rien ? | Varda
Lun 20 Juil - 22:37
Zéphyr de Kergamont
Zéphyr de Kergamont
32
Le capitaine disparu

Terrain d'entrainement de l'armée - 7h00 - An 78




Zéphyr étira sa grande carcasse, levant un bras puis l'autre au dessus de sa tête, avant de se lever. L'entrainement matinal, il n'y avait que ça de vrai. C'était là qu'on voyait ceux qui serait des bons soldats et les autres. Il enfila son uniforme, se passa un peu d'eau par la figure, ajusta son épée. Pour une raison obscure, il préférait se trouver là que de dormir chez lui. Ses pas ne tardèrent pas à résonner le long du couloir. C'était à lui de superviser une partie de l'entrainement. Une occasion de voir ce que cette bleusaille avait dans le ventre, parce qu'après, dans le froid birlais ça serait trop tard pour se rendre compte qu'on était pas fait pour la guerre ou qu'on avait oublié son épée.

Rigoureusement, le lieutenant inspecta la grosse vingtaine de soldats qui s'était aligné. Le visage fermé, son regard attentif les examinait des pieds à la tête. Ça ne devait pas être drôle de subir un examen des pieds à la tête sans savoir si quelque chose clochait dans votre accoutrement.

" Bien! Ce n'est pas trop mal. Mais....Soldat Maxime où est votre arme ? "

Ledit soldat n'en menait pas large, vira au rouge tomate, et tenta de balbutier vaguement qu'il l'avait oublier. Ce qui fit froncer les sourcil de Zéphyr. Il ne pouvait pas laisser passer cet oubli. Un soldat sans arme c'était un homme mort.

" Votre arme c'est votre assurance-vie, oubliez-la et vous pouvez dire adieu à vos rêves de gloire. Vous pourrez dire merci à votre camarade. Allez en rang par deux et vous allez courrir jusqu'à ce que vos poumons vous brûle ! "

Zéphyr était dépité d'en arriver à ce point, mais il devait leur apprendre aussi tout l'importance de la rigueur. Comme il n'était pas du genre à faire les choses à moitié et à regarder, il se mit à courir avec eux. Au moins, ça les réveillerait une bonne fois pour toute. Tant pis pour la belle leçon qu'il avait préparer en parcourant les ouvrages de la bibliothèque. Il ne compta pas vraiment les tours mais il finit lui aussi par sentir le feu au fond de sa poitrine.

" Rendez-vous demain, même heure, et si vous ne voulez pas courir tâchez de vous inspecter les uns les autres avant de vous rassembler. "

Il se retrouvait seul. Sans avoir pu les jauger l'arme à la main. Sans avoir pu leur montrer sa supériorité. Et c'est sur un manequin d'entrainement qu'il commença à répéter ses gammes, un peu nerveusement...
Re: Dix ans plus tôt - Tous des moins que rien ? | Varda
Lun 20 Juil - 23:41
Varda de Mormegil
Varda de Mormegil
78
Dragon Blanc
Dix ans plus tôt... Dix ans plus tôt j'étais encore noire. Cette hideuse armure de jais qui commençait à me coller à la peau et me donner la gerbe. Quasiment trois années que je la supportais malgré moi, car je visais autre chose: le blanc. D'ailleurs, ironie du sort, je venais tout juste de me remettre de la frigidite qui venait d'emporter ma mère et  menaçait de faire de même avec Vizimir.

A peine remise sur pied, j'avais de nouveau repris l'arme à la main. Pas question de s'arrêter. L'excellence n'attendait pas. Et c'était là le seul moyen de me sortir du guêpier dans lequel je me trouvais.

Ce matin, là, un saisissant matin d'automne, je revenais de mon entrainement matinal, le même que je poursuis inlassablement encore aujourd'hui. Seul le lieu était différent. Nos terrains jouxtaient ceux de l'armée et j'avais donc l'habitude de m'arrêter un temps pour observer les soldats en exercice. Oui c'est vrai, je l'avoue. Mentalement, je notais déjà tout ce qui n'allait pas: boutonnière mal fixée, chaussures non cirés, arme absente.

Arme absente?!

Je me souviens avoir levé mon regard perçant vers cette cervelle de piaf qui s'imaginait venir compter fleurette. Son supérieur n'était pas encore arrivé à sa hauteur, alors je me suis installée sur ce petit muret là et j'ai croisé les bras, silencieusement
Qu'allait-il donc dire? Toute mon attention était focalisée là-dessus. Je rêvais déjà devenir Commandante. En blanc de préférence. Alors je vivais un peu cette revue des troupes comme un exercice.

Et sincèrement pour tout dire, je fus franchement déçue. Quoi c'était tout? Un vulgaire tour de terrain?! Mais c'était la BASE. Qui que ce soit -je n'avais toujours pas aperçu son visage- il était bien trop indulgent pour son propre bien. Et celui du pays.

J'attendis donc qu'il termine son entrainement et lorsque tous furent partis, je ne pus retenir un applaudissement ironique de mes mains tandis que l'homme se dirigeait vers une quintaine.

- Tant de bonté. S'en serait presque touchant si cela ne rendait pas risible notre armée. Avec un peu de chance l'un d'entre eux viendra cul nu demain!

Ne riez pas. C'était parfaitement possible. Si un soldat oubliait son arme, il était parfaitement capable d'oublier son pantalon un lendemain de cuite. A la différence que ce n'était pas son pantalon qui lui sauverait la vie...


Dernière édition par Varda de Mormegil le Mar 21 Juil - 13:34, édité 1 fois
Re: Dix ans plus tôt - Tous des moins que rien ? | Varda
Mar 21 Juil - 12:43
Zéphyr de Kergamont
Zéphyr de Kergamont
32
Le capitaine disparu
En entendant les applaudissements, Zéphyr stoppa net sur sa lancée se retournant d'un bloc, la pointe de son arme vers le bas, pour voir qui avait osé . Un noir. Evidemment. Qui d'autre pourrait se le permettre ? Une femme de surcroît. La couleur de ses cheveux tranchaient avec le noir clinquant de son uniforme.

" Seriez-vous donc madame parfaite ? "

Ce n'est pas parce qu'elle portait l'uniforme des gardes noirs que Zéphyr allait s'aplatir. Il connaissait les rumeurs. Et pour tout dire, ce n'était pas son objectif de porter un jour le noir, pourtant il avait pas mal de qualités requises, bien entendu, il était loin d'être sot pour refuser sa nomination si le cas se présentait. Mais pour l'heure, il n'était qu'un lieutenant de l'armée qui essayait bon gré malgré de se faire aux responsabilités tout en gardant un excellent niveau de combat.

" Commençons par le commencement, je suis le lieutenant Zéphyr de Kergamont, à qui ai-je l'honneur ? "

Lui rentrait directement dans le lard, ce n'était pas vraiment une bonne option. Ce n'était pas digne de l'éducation qu'il avait reçu et même les raisons étaient bien nombreuses, Zéphyr savait qu'il avait aussi besoin de partenaire d'entrainement de son niveau pour justement ne pas se la couler douce. Et écraser un noir de sa supériorité c'était aussi bon pour le moral après tout. Jusque là, il n'avait pas croisé grand monde qui puisse lui tenir tête, certains avaient bien des capacités mais n'arrivaient pas à tenir sur la longueur ou ne cherchaient simplement pas à cultiver leur capacité.

Elle devait avoir attrapé cette fichu maladie, maudit soit les birlais, le brun la regardait sans sourciller lui offrant son visage où une barbe naissante faisait son apparition, qu'il avait décidé de garder et d'entretenir pour emmerder sa chère môman qui ne jurait que par la coupe au bol. L'armée avait ses règles, et s'il n'avait aucun problème pour s'y plier, trouver sa propre identité lui était nécessaire.
Re: Dix ans plus tôt - Tous des moins que rien ? | Varda
Sam 25 Juil - 6:55
Varda de Mormegil
Varda de Mormegil
78
Dragon Blanc
Mes applaudissements avaient eu le succès escompté: mon discutable chef de troupe se retourna agacé par la mouche qui venait de le piquer. Je me souviens encore de ce souvenir moqueur et provocateur que j'avais arboré comme bouclier face à cette puérile riposte.  Je n'étais certainement pas plus parfaite hier que je ne le suis aujourd'hui mais je savais parfaitement voir un meneur d'hommes quand j'en voyais un. Et là... On avait plus à faire à un dompteur de puces. Je secoue la tête faisant légèrement voler ma cascade de cheveux blancs de l'époque. Oui je sais, cela paraît dur à croire mais dix ans plutôt ils étaient encore fort longs, descendant jusqu'au milieu de mon dos, me conférant une féminité certaine.

Je devais sûrement être en train de le fixer de ce regard perçant plein de hargne qui faisait déjà à l'époque raser les murs à tout un chacun. Mais je devais l'admettre, à défaut de mener ses hommes à la baguette, il était pourvu d'un certain cran et que l'on ne s'y trompe: c'est bien cela qui m'a empêché de tourner les talons ce jour là.

Lorsqu'il daigna enfin se présenter, il ne me fallut qu'une fraction de seconde pour placer son domaine sur ma carte mentale et visualiser héraldique et devise. Si vous saviez le nombre d'heures que j'ai pu passer attablé à un pupitre à apprendre ces informations parfaitement inutiles tandis que je rêvais de courir dans la Cour arme -mouchetée- à la main! Et pour tout dire, cela est même arrivée plus d'une fois...

- Varda de Mormegil.

J'aurais sans doute pu ajouter quelque chose comme "garde noir" mais cela le paraissait plutôt superflu et équivoque. Quant à ajouter un grade... L'armée régulière était déjà bien loin de moi et je n'étais pour l'instant que simple garde.
Ce qui était déjà beaucoup.
Quant à lui, il continuait  de la fixer avec une supériorité qui n'avait pas lieu d'être.

- J'espère que  vous êtes meilleur soldat que meneur de troupes, lieutenant de Kergamont.

J'étais d'humeur joueuse ce matin là et clairement je n'avais pas résisté à l'asticoter, un peu. Ce qui me tenait tête se comptait sur les doigts de la main, Alors forcément, comme un chat face à une souris téméraire, j'avais terriblement envie de m'amuser un peu. Et ce fin sourire ne trompait personne.
Re: Dix ans plus tôt - Tous des moins que rien ? | Varda
Sam 25 Juil - 22:00
Zéphyr de Kergamont
Zéphyr de Kergamont
32
Le capitaine disparu
Varda de Morgemil. Le nom le laissa pensif un instant mais son éducation reprit le dessus aussitôt. Le noir n'était donc pas n'importe qui. Quelque part, Zéphyr préférait cela que d'avoir affaire à un simple 'noir'. La hargne qu'il voyait dans son expression semblait encore plus intense avec la blancheur de sa chevelure. Etait-ce simplement pour lui et pour ce qu'il représentait ? Cette constance compétition qui pouvait exister entre les noirs et l'armée régulière ou était-elle simplement telle une bête assoiffée de meurtre ?

" J'apprends à l'être. On ne fait pas d'omelette sans casser des œufs...".

Clairement, lieutenant lui demandait beaucoup de patience et d'effort. Il n'avait pas vraiment été préparer à gérer tout un tas d'hommes.  Il était passé si vite de simple soldat à major , puis aujourd'hui au grade de lieutenant qu'il se rendait bien compte que parfois tout n'était pas parfait. Si sa chère môman avait été là, il en aurait surement bavé, heureusement pour lui ce n'était pas le cas, et sa santé physique n'avait pas à supporter ses erreurs. Zéphyr apprenait de ses tâtonnements. Il voulait sans cesse s'améliorer , trouver la meilleur approche pour inculquer à la bleusaille les rudiments nécessaires à leur survie. Mais ce qu'il aimait par dessus tout c'était se perfectionner dans le maniement des armes. Il voulait tout tester, tout expérimenter, se disant que pour chaque situation un type d'arme pouvait se montrer bien plus efficace que le sabre ou l'épée. Pour autant, il avait tout de même acquis une certaine maîtrise , enfin, il le croyait. Comment serait-il arrivé lieutenant sinon ?

" Mais la meilleur façon de le savoir serait de croiser le fer , à moins que je ne sois pas digne d'un noir ? "

L'invitation était claire. La pique aussi. Zéphyr avait surement pousser le bouchon un peu loin mais puisqu'elle le suggérait à demi-mot autant voir lequel des deux était le meilleur. Le mannequin l'avait de toute façon lassé. Rien de bien réel. Seul le bruit du fer qui s'entrechoque parviendrait à le satisfaire.
Re: Dix ans plus tôt - Tous des moins que rien ? | Varda
Dim 26 Juil - 23:42
Varda de Mormegil
Varda de Mormegil
78
Dragon Blanc
Sa réponse m'arracha un vague petit rictus. Certains étaient nés pour commander quand d'autres devaient travailler d'arrache-pied pour y parvenir. En ce qui me concerne, je n'ai jamais eu de mal à me faire respecter. Sans doute à cause de mon implacabilité désormais légendaire. L'on se risquait rarement deux fois à avoir l'insolence de désobéir à mes règles. Enfin... Il n'y avait guère que Thony pour apprécier astiquer les marches de notre Commanderie. Il est un peu notre femme de ménage attitrée. A croire qu'il aime cela....

- Le problème Lieutenant, c'est qu'il ne s'agit pas d’œufs. Ce sont des crânes que vous allez casser sur le front. Etes-vous prêt à payer le prix de votre inexpérience?

Je le reconnais, j'avais prononcé cette phrase avec une certaine acidité. Je n'ai jamais digéré la mort de Vaharàn qui n'aurait jamais eu lieu si ce foutu Commandant n'avait pas manqué de discernement. C'était gros comme le roc de Gristal qu'il s'agissait là d'un guet-apens, mais ils les avaient envoyé se faire saigner tel des porcs, un jour de fête de village. Il parait que mon frère avait insisté ce jour-là pour repousser l'assaut, mais on l'avait accusé de fomenter une mutinerie... Je me suis toujours demandée si ce Commandant n'était pas à la solde des birlais...
Je n'eus guère le temps de m'égarer dans le dédale de ma forteresse mentale que le charmant lieutenant me proposer de croiser le fer. Et comment dire... Ce n'est pas quelque chose que j'ai pour habitude de refuser. Pas plus aujourd'hui qu'hier. Encore moins qu'hier à vrai dire.
Par contre ce qui m'insupportait terriblement était de me voir rappeler que je portais sur moi cette immonde armure de jais que je n’avais pas choisi.

Ce que Lioffel voulait, Lioffel obtenait.
Son désir ne souffrait d’aucun refus.

Et ça, j’allais l’apprendre très prochainement à mes dépens. Si j'avais cru un jour que cela se passerait ainsi… Enfin revenons à nos moutons : j'ai bien évidemment aussitôt tiré ma rapière au clair afin de lui indiquer que j'acceptais sa proposition.

Le problème avec les hommes d'armes du front c’est qu’ils ont tendance à faire passer la force brute avant une quelconque escrime. C'est toujours déroutant de s’entraîner contre eux, mais c'est toujours bon à prendre n'est-ce pas ?
J'effectuai donc quelques pas afin de me mettre en garde sur le terrain d'entraînement désormais désert.

- N'allais pas me prendre pour l’un de ces cafards, Lieutenant de Kergamont. Il est des choses qui ne peuvent être refusées.

Ces années ont été les pires de ma vie.
Là où je cherchais l'honneur, je n'y trouvais que vilénie.
Ces années ont définitivement terni mon âme.
Aujourd’hui encore, malgré toutes ces années, j'ai conservé des réflexes de Garde Noir. Je le confesse : j'ai parfois tendance à être un peu trop expéditive
Re: Dix ans plus tôt - Tous des moins que rien ? | Varda
Mar 28 Juil - 0:03
Zéphyr de Kergamont
Zéphyr de Kergamont
32
Le capitaine disparu
Zéphyr n'était pas du genre à revenir sur sa parole. Sa proposition de croiser le fer était sérieuse. Trouver une excuse et se défiler ne faisait pas parti de ses options. Qui de l'armée régulière ou de la garde noire sortirait vainqueur ? Impossible à dire. La logique voudrait que ça soit la garde noire puisque c'était une unité d'élite. L'égo de Zéphyr, évidemment, prêchait le contraire.

" N'est-ce point pour cela que l'instruction se déroule ici et non au front ? "

Le lieutenant devait reconnaître cependant qu'elle avait raison, malgré tout ce qu'il avait pu subir, il se montrait encore bien trop tendre, et humain. Il aurait du certainement envoyer ce pauvre bleu devant le général au lieu de les faire tous courir... Mais ces hommes-là étaient appelé à constituer une partie de sa section alors il devait également s'assurer d'avoir une cohésion globale du groupe. Il n'avait pas l'habitude de faire les choses complètement par hasard. Quoi qu'il en soit cette remarque n'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd et méritait qu'il se penche effectivement sur cet épineux problème. Jusqu'où était-il prêt à payer ?

" Loin de moi de vous insulter "

Fit-il avec un lueur d'amusement dans le regard. La qualifier de cafard avant-même de savoir de quel bois elle était fait aurait été un peu présomptueux. Ces tours de terrain l'avaient échauffé. Il était temps à présent qu'il déploie sa grande carcasse. Un salut réglementaire. Et Zéphyr prit position. L'épée semblait si mal assortie avec sa carrure. Sur le front, cela déstabilisait souvent les ennemis.

" Évitons de nous entre-tuer cependant, même si tous les coups sont permis."

Pour la forme, il énonça les règles de leur petite joute. Le moment était venu de lui montrer ce que valait un lieutenant de l'armée, de lui montrer sa supériorité écrasante, ça il y croyait dur comme fer. On lui avait sans cesse rabattu les oreilles qu'il était le meilleur alors pourquoi en douter ? Zéphyr l'observa un court instant. Elle semblait bien décidé à lui faire mordre la poussière. Il choisit de commencer en récitant les classiques, des coups tirés du manuel, sans grande surprise, il voulait surtout jauger sa réponse.
Re: Dix ans plus tôt - Tous des moins que rien ? | Varda
Jeu 30 Juil - 20:57
Varda de Mormegil
Varda de Mormegil
78
Dragon Blanc
Ah l'instruction. L'éternel dilemme. Valait-il mieux être plus stricte durant l'entraînement ou en conditions réelles ? Deux écoles qui s'affrontaient là depuis des siècles. Quant à moi mon camp était déjà choisi depuis bien longtemps.

- Une bonne instruction doit constituer en un entraînement implacable afin qu'au front où tous les repères volent en éclat, subsiste un quelconque ordre.

C'est d'ailleurs cette même règle que j'emploie encore actuellement avec mes Manteaux Blancs. Je sais qu'ils me maudissent, je sais que sévérité leur hérisse le poil. Et c'est tant mieux. Je ne suis pas là pour être leur amie.
Enfin.
Bref.
Je suis là pour être la clé de voûte de cette équipe d'élite. Celle qui soutient toutes les autres pierres en s'assurant qu'elles soient parfaitement taillées pour s'incorporer à ses voisines.

J'avais parfaitement compris  qu'il ne souhaitait pas insulter mon humble et sombre personne, seulement c'était plus fort que moi.
Ce noir me répugnait.
Le porter m'insultait moi-même pour être tout à fait honnête.

Mais l'heure n'était plus aux bavardages mais à l'escrime. Le lieutenant me fit part des -classiques- règles de duel et je me mis en garde, plantant solides mes bottes dans le sol de terre battue. Un rapide salut d'usage et l'affrontement commence.

Je le laisse ouvrir l'assaut. Je déteste prendre l'initiative dans ce genre de duel formaté. J'aime sentir mon adversaire, voir de quel métal il est fait.

Je pare, petit bond de côté, hop je contre attaque dans le flanc.
Il esquive de justesse.
Notre assaut se poursuit durant quelques minutes supplémentaires.

Danse martial sur un accord d'acier

J'ai toujours aimé ce sentiment lors des combats... Cette afflux d'adrénaline qui rugit dans chacune de mes veines. Ce moment, où tour se déroule si vite et où pourtant tout vous apparaît comme ralentit.

Sentiment de tout puissance.

Je sais pertinemment que les combats ne doivent jamais s'éterniser. Lorsque la fatigue arrive il est déjà trop tard. J'avais déjà noté la quintaine sur le côté.  
Je souris. Contourne et la fait tourner d'un vif coup.
Surprit, il la prend de plein fouet. Je profite de cette instant de faiblesse pour effectuer une frappe haute.

Oups. Une balafre sur la joue et l'épaule. On avait dit pas de meurtre. Je suis dans les clous.

Sourire victorieux.
Re: Dix ans plus tôt - Tous des moins que rien ? | Varda
Dim 2 Aoû - 12:49
Zéphyr de Kergamont
Zéphyr de Kergamont
32
Le capitaine disparu
Les lames s'entrechoquaient. Quelle mouche l'avait donc piqué pour provoquer un garde noir ? Peut-être bien la folie. Non, Zéphyr était tout sauf chien-fou, pas du genre à se lancer dans quelque chose sans avoir une idée en tête. Il visait bien plus que le grade qu'il occupait actuellement, un rêve lointain, et pour cela il devait être le meilleur. Et ce n'est pas en collectionnant des victoires contre des "bleus" que sa maîtrise éclaterait au grand jour. Il ne regrettait pas du tout d'avoir engagé ce duel contre Varda. Elle n'avait rien à voir avec tous ceux qu'il avait peu affronter jusqu'à présent.

Excitation. Joie.

Zéphyr était aux anges, et pourtant, il n'en menait pas vraiment large. Zéphyr parait, ripostait, ses pieds malgré son gabarit restaient agiles. Petits pas d'ajustements. Fente. C'était bien la première fois qu'il devait s'employer autant.  Il était tellement content de pouvoir se mesurer à quelqu'un qui en valait la peine qu'il ne se rendait même pas compte qu'il était dans un faux-rythme.

Soudain, un choc sourd lui meurtrit légèrement l'épaule. La quintaine. Il en avait presque oublier sa présence. Il lui lance un regard assassin, - sur l'instant il a vraiment un regard mauvais, et tente de reprendre son équilibre. Il ne lui donnera pas le plaisir de se vautrer à ses pieds, seulement le prix de sa fierté a un coût. La lame vient mordre la chair tendre de sa joue et déchire son uniforme au niveau de son épaule. Pas de cri. La blessure est cuisante mais superficielle, pas de quoi le faire hurler. Zephyr avait agité les bras pour se rétablir oubliant de se protéger, pour un observateur extérieur ça en avait tout l'air, mais ne devait-on pas éliminer un ennemi  quelqu'en soit le prix ? Sa lame fouetta l'air devant le visage de Varda. Raté. Assurément le coup aurait été vilain s'il avait fait mouche, pour une fois, il n'avait pas retenu sa force.

Humble.

Reconnaître sa défaite. Sur le front, il le savait il serait mort. La pointe de sa lame vers le sol, il essuya d'un geste rageur les perles de sang de sa joue. Evidemment ça ne lui faisait pas plaisir.

" Le fourrier ne va pas être content."

C'était fou le nombre d'uniforme qu'il pouvait user. Enfin, du moment qu'il restait en vie où était le problème ? Il prenait conscience qu'il avait eu simplement de la chance. Ce petit combat l'amenait à réfléchir sur sa vrai valeur. Choir de son piédestale, ça ne faisait pas toujours du bien. Zéph' l'avait mauvaise mais il saurait en tirer les enseignements nécessaire. Quelque chose attira son regard sur l'épaule noire de Varda et le fit sourire. Minuscule tâche blanche. Une mèche de cheveux tranchée nette.

" Merci. La prochaine fois je ne me contenterais pas de jouer au coiffeur. "

Il avait perdu la première manche mais c'était un adversaire à sa mesure qu'il venait de trouver. Il ne comptait pas en rester là. Il savait ce qu'il avait à faire. S’entraîner encore et encore pour arriver à être moins ridicule la prochaine fois. A condition qu'elle veuille bien remettre en jeu sa victoire. 
Re: Dix ans plus tôt - Tous des moins que rien ? | Varda
Lun 3 Aoû - 16:38
Varda de Mormegil
Varda de Mormegil
78
Dragon Blanc
Il avait tenté de riposter mais trop tard. Sa lame avait fouetté l’air, vibrant au passage mais j’avais à ce moment là un net avantage ce qui me permit de l’éviter allégrement. Heureusement car le bougre n’avait pas fait semblant. Il avait mis toute sa hargne mais cela n’avait pas suffi.
Plus qu’une simple estafilade, je voyais bien que j’avais blessé son amour propre.
Il venait de perdre le duel. Et contre une femme de surcroït. Bien que je sois Garde Noir, je n’en demeurais pas moins une femme et je le savais : cela avait tendance à accentuer sérieusement le sentiment de rage que provoquait une défaite.

Après avoir secoué Gardevie celle-ci retourna à son emplacement tandis qu’il pestait. Je souriais. Le fourrier ? C’était bien le cadet de mes soucis. D’ailleurs, contrairement aux Blancs, nous portions en permanence une armure. Certes relativement légère tout de même mais bien plus protectrice et couvrante que les uniformes des autres unités. Son expression changea du tout au tout soudainement alors qu’il tendait sa main vers mon épaulette. Par réflexe, j’ai bien failli lui saisir le poignet. J’ai une sainte horreur que l’on envahisse mon espace de sécurité vital.

Déformation professionnelle sans doute.

Au final, ce n’était qu’une petite mèche de cheveux qu’il observait comme un trophée. Ma main passa mécaniquement dans mes cheveux à la recherche de cette spoliation dont j’avais été victime. S’il n’y avait que ça pour lui faire plaisir, je lui laissais bien volontiers.

Je lui répondis donc avec un sourire tout provocateur :
- Si encore vous saviez jouer au coiffeur, mon cher Lieutenant.

Sur ce, je ne pu m’empêcher de lui voler un baiser juste avant de quitter la scène. Non sans une dernière pique.
- Et n’allez pas vous blesser d’ici là !

Oui j’avais 25ans et toute la fougue et la provocation de la jeunesse encore bien vivace. Elderic aurait sans doute applaudit. Il n’aurait pas mieux fait.

Une semaine plus tard, 05h10


C’était le lendemain.
Le lendemain de cette nuit qui m’a fait haïr plus que jamais cette hideuse armure.

Le jour où j’ai coupé mes cheveux.
Le jour où j’ai tapi dans un coin de mon esprit cette voix qui hurlait vengeance.
Le jour où j’ai trainé ces démons au fin fond de mes oubliettes, emprisonnés derrière de lourdes grilles d’acier.

Mes entraînements avaient toujours lieu de bonne heure. J’ai toujours été matinale : dormir n’avait jamais été ma tasse de thé.
Cette nuit moins que les autres encore.
La rage avait littéralement calciné mes entrailles jusqu’au petit jour, m’empêchant de fermer l’œil de la nuit. J’avais eu le temps de couper mes cheveux, de faire le tour du parc en courant et même d’asticoter quelques gardes en passant. Cela devait désormais faire une bonne heure, que j’étais là, à tourner en rond tel un animal en cage, ruminant mon exécrable nuit.
Comment dire… A cet instant précis, j’étais loin de respecter l’absence d’émotions que requerrait mon statut. Bien au contraire, je n’étais qu’agitation. En fait, pour être tout à fait honnête, il n’y avait guère plus de deux préceptes que je suivais encore… Je vous laisse deviner lesquels.

Pourtant, malgré tout ce capharnaüm intérieur dont je ne parvenais guère à me dépêtre, je n’avais pas oublié qu’aujourd’hui était le jour où j’avais donné rendez-vous au Lieutenant de Kergamont.
Maigre consolation pour cette détestable nuit : j’allais enfin avoir un adversaire sur qui me défouler. Je trépignais d’impatience, chacun de mes muscles réclamait de l’exercice. J’avais besoin d’extérioriser.
Plusieurs fois je sortis ma montre pour regarder l’heure. Mais non, l’aiguille semblait obstinément fixe. Je la secouai et la regardai encore et encore, en vain.
Quand allait-il arriver ?
Pourquoi les minutes étaient-elles si longues ?

Je voulais frapper, piquer, déchiqueter et hurler.
Re: Dix ans plus tôt - Tous des moins que rien ? | Varda
Mer 5 Aoû - 18:20
Zéphyr de Kergamont
Zéphyr de Kergamont
32
Le capitaine disparu
Choqué. Assommé. Cloué sur place.

Zéphyr était resté planter comme un con bien après que Varda ait tourné les talons. Elle ne s’était pas contenté de l’humilier. Si la défaite était difficile à digérer, la suite l’était bien pire encore. Elle avait osé l’embrasser. Lui qui ne cherchait pas vraiment à plaire aux femmes, au grand dam de sa mère, et pourtant il n’était pas si mal foutu que ça, il avait fallu qu’elle lui vole un baiser… Autant dire que le reste de sa journée fut tout aussi pénible pour lui et pour son entourage. La moindre contrariété le faisait partir en vrille, lui qui d’ordinaire n’élevait jamais la voix et qui n’était guère connu pour des sautes d’humeurs, si bien qu’il finit par se faire sermonner par son supérieur sous prétexte qu’il effrayait les jeunes recrues.

Une semaine.

C’était le délai qu’elle lui accordait pour le match retour. Le capitaine ne se ménagea pas. Hors de question pour lui de se balader avec une seconde balafre. Il n’avait finalement pas été voir le fourrier pour récupérer un nouvel uniforme gardant le déchiré pour se rappeler justement sa déroute. Il s’était débrouillé pour masquer l’accroc. Au cours des jours qui s’écoulaient trop lentement à son goût, il s’était imaginé plus d’une fois la réduire en bouilli, la hacher menu-menu qu’on ne pourrait remettre le puzzle en entier. L’imagination avait du bon parfois.

UNE SEMAINE PLUS TARD, 05H00


Le matin, disons plutôt l’aube, de la revanche arriva plus tôt que prévu. Zéphyr ne se levait pas si tôt d’ordinaire. Le sommeil s’était sacré pour lui. Non qu’il aime paresser, bien au contraire, il avait plutôt appris à profiter de ses nuits pour récupérer des forces pour enchaîner ses longues journées d’études qui auraient surement eu raison d’un bon nombre d’homme. Un clocheton en ville tinta cinq coups, signe pour lui qu'il était grand temps de quitter sa couche.

Le lieutenant observa ses grandes paluches, il soupira, ce n'était pas beau à voir, il avait encore une fois trop forcé. Mais ce n'était pas quelques de nombreuses ampoules qui allait le faire déclarer forfait. Une parole était une parole. En guise d'échauffement, il se rendit sur le lieu de leur rendez-vous. Cette heure-ci était plus propice aux amants qui se séparent qu'à un duel. Cette pensée le fit sourire. Ils étaient bien des amoureux, mais des amoureux de l'épée.

05h15



Tout était encore calme dans les bâtiments alentours, on devinait à peine les quelques sentinelles qui patrouillaient. Elle était là. Comment aurait-il pu la louper seule à faire les cents pas ? Serait-il en retard ? Elle semblait impatiente. Le ciel était clair et l'horizon commençait à légèrement rosir annonçant les prémices d'un lever de soleil.

" Bonjour Varda. "

Pas de blabla inutile. Un ton neutre. Un salut respectueux de son adversaire. Mais un détail ne manqua pas d'attirer son regard. Elle avait perdu sa crinière blanche. Celui qui y avait procédé n'y connaissait pas grand chose. Cela lui donnait un air encore plus sévère. Zéphyr tira sa lame de son fourreau. C'était la première fois depuis sa défaite que sa paume retrouvait son contact familier.

" Les mêmes conditions que la semaine dernière ? "

Derniers instants de calme avant le concert d'acier. Les mèches noires de Zéphyr bougeaient légèrement au gré de la brise. Il prit position prenant soin d'observer les alentours, il ne faudrait pas qu'elle lui joue le même coup que la fois passée, il était prêt. S'il affichait une attitude calme et décontractée, il bouillait de lui faire mordre la poussière à la régulière. Ses yeux guettaient le moindre ses gestes.
Re: Dix ans plus tôt - Tous des moins que rien ? | Varda
Sam 8 Aoû - 9:53
Varda de Mormegil
Varda de Mormegil
78
Dragon Blanc
J'arpentais furieusement le terrain tandis que le sablier du temps semblait pipé. Comment les minutes auraient-elles pu rester ainsi suspendues le cas échéant? Un profond soupir s'extirpa de ma cage thoracique.

Fumerolles des naseaux du dragon.


Bonjour Varda.


Mon pied s'immobilisa en même temps que le point final de sa phrase. Varda. Il avait osé m'appeler Varda?

Non mais je rêve?!

J'ai laissé quelques secondes s'écouler, le temps de peser mes mots et de poser mon agacement, avant de me retourner d'un coup sec. Ces foutus cheveux courts me chatouillaient les tempes et les yeux. Les couper aussi sauvagement n'avait peut-être pas été une si bonne idée que cela après tout... Mais la rage nous faisait parfois faire des choses stupides. Et vraiment... C'était justifié.

- Bonjour Zéphyr répondis-je sur le même ton, avec un sourire crispée qui laissait entrevoir mes canines.

Il salue, je le salue et il tire son épée au clair. Au moins, il n'y allait pas par quatre chemins et tant mieux. Mes phalanges me démangeaient, mes pieds fourmillaient... J'avais terriblement besoin d'action. Besoin de me défouler. Besoin de passer sur n'importe quoi ou n'importe qui.
Il ferait parfaitement l'affaire.

- Puisqu'il s'agit de ta revanche... Oui.

Etant donné nous étions devenus intime (et je ne parle pas de ce baiser outrageusement volé, mais bien de mon prénom), autant jeter toutes ces encombrantes politesses par la fenêtre et leur rouler allègrement dessus. A mon tour, je sortis Gardevie, mes doigts resserrèrent leur prise et mon poignet pivota d'un quart de tour.
J'étais fin prête. Un salut d'usage -seul politesse à conserver- et ma lame se leva à hauteur de mon visage, prête à en découdre.
Re: Dix ans plus tôt - Tous des moins que rien ? | Varda
Mar 18 Aoû - 20:36
Zéphyr de Kergamont
Zéphyr de Kergamont
32
Le capitaine disparu
Oups. Il avait du faire une gaffe quand il vit son visage. Il n'y avait rien de bien méchant pourtant dans sa salutation. Trop de familiarité peut-être, et même surement, alors qu'il n'avait pas pensé à mal en utilisant son prénom. Zéphyr imita Varda levant à son tour son épée devant son nez pour le salut, cette fois réglementaire, avant le début des hostilités. Ce coup-ci, il était hors de question de perdre. Il avait été beaucoup trop naïf la semaine passée. C'était presque faire une insulte à son adversaire car au final il ne lui avait pas montré grand chose sur ses véritables capacités.

Mais l'homme avait retenu la leçon mordante, il abordant ce second combat avec de bien meilleurs intentions, tant pis si pour cela il devait lui révéler quelques bottes secrètes !

" En garde ! "

De l'énergie, le lieutenant en avait à revendre. Les adversaires de qualité pouvaient se compter sur les doigts de la main. Mais il devait se modérer. Un trop plein de fougue ne lui permettrait pas de remporter le duel. Varda était une rivale, à battre certes, mais il comptait bien gagné à la loyal. Même si dans ses rêves, il avait imaginer bien des choses, sur le terrain il n'userait que de sa science de l'escrime.

Il lui rentra directement dans le lard. Hors de question de la laisser attaquer en premier ni lui laisser le moindre répits. Son entrainement de la semaine portait ses fruits. Cependant, il restait lucide. Ce gain de rapidité et de mobilité, il ne pourrait le conserver sur un combat qui s'éterniserait. Un autre souci pour le lieutenant serait de trouver le point faible pour gagner. Il se doutait bien qu'un garde noir ne se laisserait pas avoir facilement.

Zéphyr usait de toute sa connaissance. Il utilisait presque toujours le même enchaînement de feinte, d'appel et de contre-appel en changeant un léger détail. Il voulait qu'elle s'habitue à ce faux-rythme. Pour mettre fin au duel, il ne disposait pas de nombreuses zones visibles : seul son visage ou ses mains n'étaient pas protégés par la cuirasse noire.

L'idée de lui rendre la pareil était tentant mais il était trop tendre pour le vouloir vraiment. C'était une femme....Varda était coriace. Elle le poussait encore et encore mais il lui semblait également qu'elle n'agissait pas comme la fois précédente ? Lui aurait-elle cachait sa véritable force ? Après tout c'était de bonne guerre de garder des coups en réserve. La main de Zéphyr commençait à lui faire mal et c'était bien plus son mental qui le faisait tenir. Quelle mouche l'avait piqué de s’entraîner comme un forcené avec une vieille épée de chevalier pendant des heures....

Zéphyr changea brusquement de tactique. Les minutes s'écoulaient, et s'il appréciait la débauche d'énergie, il ne serait bientot plu en mesure de tenir son épée à cause des ampoules, malgré toute la résistance à la douleur qu'il pouvait avoir. Il s'était mis à viser ses jambes systématiquement. L'incapacité de bouger pour un guerrier était synonyme de mort certaine. Son but était tout autre, il lui suffisait de guetter l'ouverture.

Là !

Un coup brutal. De l'avant-bras il cogna sa main d'arme juste sous son poignet lui faisant lever le bras. Profitant de son élan, il pivota pour se retrouver dos à dos. Sa lame avait changer de main, il avait inversé sa prise et la pointe se glissa juste dans la faiblesse de l'armure au niveau de ses côtes.

" Je ne voudrais pas être obligé de vous blesser. "
Re: Dix ans plus tôt - Tous des moins que rien ? | Varda
Sam 22 Aoû - 22:48
Varda de Mormegil
Varda de Mormegil
78
Dragon Blanc
Le duel débuta aussitôt et il ne m'en fallût guère plus pour passer de l'inaction à l'action, aveuglée par mon envie de vengeance qui n'était pas destinée au lieutenant. Seulement voilà, c'était lui que j'avais sous la main pour tenter de calmer mes nerfs alors autant en profiter!
Le moins que l'on pouvait dire c'était qu'il était nettement plus en forme que la fois précédente. Il lança aussitôt les hostilités avec une hargne toute nouvelle.

coup d'estoc, parade, riposte, dégagement...

Et ainsi de suite. Les coups s'enchainèrent, rendus l'un après l'autre avec toujours plus de rage. Il ne voulait pas perdre et moi... Moi j'imaginais juste qu'il était en face. Je voulais qu'il paye ce qu'il avait osé faire usant de mes devoirs de Garde Noir.

Le rythme était intense et c'était loin de me déplaire. Intense et lancinant à la fois. Il y avait quelque chose de cyclique dans ses mouvements. Sauf que ma colère m'aveuglait tant et si bien que je ne m'en aperçus que trop tard. Oui... C'est bien pour ça que noirs comme blancs doivent faire abstraction de leurs émotions dans l'exercice de leur fonction. Et là... Là je faisais exactement l'inverse. J'étais une pure tornade de rage, de hargne, de colère, de rancoeur et de tout ce que vous voulez.

La passe d'armes s'éternisait. Mes muscles s'endolorissaient. Mais rien ne semblait pouvoir m'arrêter. Je crois que j'aurais combattu jusqu'à lâcher ma rapière d'épuisement s'il n'avait pas profité d'une légère ouverture pour s'engouffrer à l'intérieur, me déséquilibrer et passer dans mon dos...

C'était fini.

Je sentais la pointe de son arme chatouiller mes côtes tandis que ses paroles me parvenaient au creux de l'oreille.
A peine sa phrase achevée, je lui ai envoyé un violent coup de coude pour me libérer de son emprise.

Volte-face, je dégaine Serment

-PUTAIN DE BORDEL DE VINASSE DE MERDE!

Un long hurlement rageur tandis que j'enfonce ma dague dans le sol.

Je le reconnais, ce n'est pas élégant. Mais c'est sorti tout seul.

Je suis restée à genoux plusieurs secondes haletantes., Mes doigts serrant à les engourdir la poignée de ma dague. J'ai fini par l'arracher d'un geste tout aussi courroucé pour la ranger dans son fourreau.

Je faisais la moue, mais je restai fair-play malgré tout.

- Bien joué. Il semblerait que la semaine ait porté ses fruits et que la balle soit de nouveau au centre

Certes, je venais de perdre mais je ne pouvais m'empêcher une petite pique supplémentaire. Bon enfant.

- A défaut de revenir avec tous vos hommes, nous devrions avoir le loisir de nous revoir, lieutenant.

Je ne sais pas pourquoi je suis repassée au vouvoiement. A croire l'échec crée la distance. Mais entre nous, cet échange fut enrichissant. Une bonne leçon et un bon exercice avec un adversaire à la hauteur...
Re: Dix ans plus tôt - Tous des moins que rien ? | Varda
Sam 26 Sep - 19:36
Zéphyr de Kergamont
Zéphyr de Kergamont
32
Le capitaine disparu
Un coup de coude traitre, mais de bonne guerre, obligea Zéphyr à lâcher sa position. La douleur engendrée lui vrilla les côtes une fraction de secondes, un temps suffisant pour permettre à Varda de se dégager. Le lieutenant sourit. Elle n'avait pas renoncé. Leur petit duel était donc loin de se terminer. Il était presque ravi de poursuivre, presque, car il se savait incapable de continuer sur le même rythme mais il ne comptait pas pour autant la laisser gagner. Qu'importe la douleur dans ses mains ! Se retournant, il releva son arme en position défensive, prêt à recevoir sa prochaine attaque.

" Charmant !"

Que de vilains mots mit bout à bout. Zéphyr surprit de se faire traiter à moitié d'ivrogne garda tout de même son calme en s'apercevant du nouveau visage de Varda. On aurait cru soudain qu'elle était habitée par le démon. C'était autre chose mais sur le moment, la dague dégainée ainsi était une sérieuse menace. Il ne s'en sortirait pas avec de simples coupures si elle venait à le toucher. Il se préparait au pire ancrant solidement ses appuis dans le sol. Si elle venait à l'attaquer avec un tel regard, le sang coulerait, et il devrait surement se battre non pour gagner mais pour rester en vie. Il n'avait pas oublié qu'elle était un garde noir, et que donc elle faisait partie de l'élite qui avait eu la chance, ou pas, de bénéficier d'un entrainement poussé à l'extrême.

L'atmosphère avait subitement changée. Son regard ne la quittait pas, guettant le moindre de ses mouvements. Mais au lieu de l'attaquer, la lame se ficha en terre avec un hurlement. S'était-elle retenu de lui rentrer dans le lard ? Zéphyr l'avait bien observé, il ne s'agissait aucunement d'une haine dirigée contre lui. C'était autre chose. Une chose bien enfouie qui refaisait surface. Il décida de rester hors de porté, histoire de voir ce qu'elle allait faire. Il ne faudrait pas qu'elle finisse par lui sauter à la gorge. Finalement, elle sembla se ressaisir, rangeant la dague et lui signifiant la fin du combat.

Victoire au gout amer. Zéphyr n'était pas entièrement satisfait de l'issu. Certes, il n'avait pas perdu, mais Varda, il le voyait bien, n'était pas dans son état normal. Cependant, ce nouveau combat confirmait sa première impression. Avec elle, il venait de trouver un adversaire qui lui permettrait de corriger ses défauts et donc de devenir encore plus dangereux une lame à la main.

" Mes hommes....hum...je crois qu'il vaut mieux les laisser en dehors de ça."

La grande majorité des trouffions qu'on lui avait confié n'était que des bleus en plein dégrossissage. Peut-être même qu'une partie d'entre eux ne signerait jamais un engagement au sein de l'armée de Lioffel une fois la formation accomplie en s'apercevant de tous les sacrifices qu'exigeaient une vie de soldat.

" Vous n'aurez qu'à me faire passer un billet quand vous aurez envie "

Fit-il, pour ne pas dire quand vous irez mieux, avec un léger sourire. Intérieurement, il était outré de sa propre audace. Envoyer des billets à une quasi inconnu cela ne lui ressemblait pas du tout.

" Varda, si vous le permettez je peux arranger ce massacre. "

Zéphyr avait envie de l'aider. C'était autant le soldat que l'homme qui parlait là, il savait que dès qu'un de ses supérieurs la verrait avec un tel épouvantail sur la tête, elle allait en baver, encore plus surement en tant que garde noir.
Re: Dix ans plus tôt - Tous des moins que rien ? | Varda
Mar 29 Sep - 16:32
Varda de Mormegil
Varda de Mormegil
78
Dragon Blanc
C'est vrai, le coup de coude dans les côtes c'était pas très glorieux. Pas plus que ce juron mormegilien digne de Den' qui est sorti tout seul. D'ordinaire, je ne me laisse pas si facilement dépasser par les évènements; mais ce matin là n'était pas un matin ordinaire. Pas plus que la nuit n'avait été ordinaire.

J'étais à cran.
Mes nerfs irradiaient sous ma peau.
C'étaient eux qui me faisaient me mouvoir et agitaient mes membres.

Ce pauvre Zéphyr. Je m'en veux encore. Avoir passé ma colère et ma rage sur lui, ce n'était vraiment pas digne de moi. Mais le pire c'est que lorsque je tenais cette fameuse dague contre sa gorge, j'en ai oublié pendant une fraction de seconde qui j'avais en face de moi. Je ne voyais plus que son visage à lui.

J'aurais pu le tuer.

J'étais rompue à l'exercice. Une vraie machine de guerre destinée à protéger le Roi et éliminer froidement toute menace potentielle.

Au lieu de ça, j'ai -fort heureusement- retrouvé suffisamment d'esprit pour décharger toute cette énergie destructrice qui m'habitait dans le sol plutôt dans son cou.

Je m'insupporte quand je suis comme ça. Je m'insupporte quand ces maudits démons refont surface et tentent de prendre le contrôle de mon esprit.

Cette victoire - ou cette défaite- suivant le côté du quel on se plaçait, n'avait rien de très glorieux.  Mais Zéphyr avait indubitablement fait des progrès. Et quelque part, cela me rassurait autant que cela me réjouissait. Quant à ses hommes... C'était plus une manière de dissimuler mes réels propos...

Vous n'aurez qu'à me faire passer un billet quand vous aurez envie

Un billet? Un bi-llet? Comme ceux qu'on s'envoie accompagné de petites fleurs et je ne sais quoi?
Je suis restée sans voix.


...me faire passer un billet...
...quand vous aurez envie..


Il y avait comme de l'écho sous mon crâne d'insomniaque.

Je crois que j'ai du cligner plusieurs fois des yeux avant de retrouver mon aplomb. Mais après tout pourquoi pas...

C'est là que j'ai saisi son petit menton à la barbe soigneusement taillée pour y plonger mes yeux dorés.

- Un billet vraiment? Dois-je en conclure que vous appréciez suffisamment nos échanges pour vouloir les poursuivre?

Je n'ai jamais eu le sentiment d'être particulièrement agréable comme personne et encore moins séduisante. C'est même le contraire. Je fais tout pour mettre un maximum de distance entre moi et le reste du monde alors forcément, cette proposition anodine avait de quoi surprendre.
Certes je lui avais volé un baiser la semaine précédente, dans un élan purement provocateur mais je ne pensais pas réellement que cela éveillerait de telles conséquences.

Charmantes conséquences.

Malgré tout, je ne pouvais pas m'empêcher de frissonner en songeant à la veille. Et si?
Non je préférais  chasser ces considérations aussi loin que possible...

D'ailleurs Zéphyr s'empressa de changer de sujet. Mes cheveux. Une main distraite traversa cette étrange chevelure subitement raccourcie et taillée sauvagement. Il n'avait pas tort. Je ne pouvais définitivement pas rentrer ainsi à la garnison. Je crois que j'aurais étripé la première esquisse de sourire moqueur...

- Décidément, il semblerait que vous appréciez jouer les coiffeurs. Vous avez peut-être raté votre vocation
Non, ce n'est pas la peine de me regarder ainsi.  Je ne pouvais vraiment pas faire autrement que de le taquiner. Surtout après cette histoire de billet doux....

Pour toute réponse je lui ai tendu Serment, mon bien le plus précieux, non sans quelques recommandations:
- Prenez en soin. Vous êtes le seul étranger de ma famille à poser la main dessus. J'y tiens plus qu'à la prunelle de mes yeux. Elle vient de mon grand-père Denathadaïn vous savez? C'est un cadeau du Roi Adharm.

Je l'ai ensuite laissé faire son oeuvre sans pouvoir m'empêcher de lâcher quelques mots, acidement.

- Vous avez de la chance d'être un homme. Personne n'irait abuser de votre sens du devoir.

Et c'était bien pour cacher la femme que j'avais subitement décidé de couper ma longue chevelure de neige.  
Stupide n'est-ce pas?
Re: Dix ans plus tôt - Tous des moins que rien ? | Varda
Ven 9 Oct - 19:09
Zéphyr de Kergamont
Zéphyr de Kergamont
32
Le capitaine disparu
Gloups ! Bruit de déglutition. Qu'est-ce qu'elle faisait avec sa main la garde noir ? Le lieutenant ne rêvait pas, elle était en train de le regarder dans le blanc de l'œil tout en lui tenant le menton ! Elle se tenait trop proche, beaucoup trop proche à son gout. Intérieurement, c'était la panique. Il sentait ses poils se hérisser. Zéphyr savait bien pourquoi. Il les détestait. C'était plus fort que lui mais il ne parvenait jamais à se convaincre que toutes n'étaient pas comme ELLE. Combien de fois avait-il du fuir ? Combien de fois avait-il du tourner les talons alors que la demoiselle n'était pas vilaine ?

" Ma foi....si les échanges en question m'oblige à m'améliorer et à me dépasser, ça sera avec plaisir."

Un compliment sur son niveau. Une confirmation qu'il souhaitait continuer leur tête à tête, qui devrait plutôt s'appelait lame-à-lame. Si ce n'était pas de la drague déguisée, c'était tout comme. Après tout, ne lui avait-elle pas volé un baiser lors de leur premier duel ? Raté sa vocation ? Surement pas. Etre dans l'armée et s'y investir était peut-être le seul choix qu'il avait fait par lui-même.

" Ma mère est déjà en rogne que je sois soldat, alors si j'avais choisi un métier de plus basse condition, je crois qu'elle m'aurait flanqué définitivement à la porte. "

Heureusement, l'armée lui assurait une certaine position, il recevait assez souvent des invitations pour des mondanités qu'il détestait. Quand il n'avait pas envie de s'y rendre, il glissait en douce l'invitation à sa môman. D'autre fois, en revanche, il n'avait pas le choix et était obligé de faire acte de présence. Mais tout cela l'ennuyait au plus haut point. Varda lui confia alors sa dague, précieuse dague en fait, puisqu'il s'agissait là d'une dague royale.

" Oh ! C'est un honneur de me servir d'une telle lame."

Ce n'était pas tous les jours qu'on pouvait avoir entre les mains une pareille dague qui avait traversé les ages. Il la soupesa et la fit sauter dans sa main. Zéphyr se dit aussi que le grand-père de Varda devait avoir fait quelque chose d'exceptionnel pour obtenir un tel cadeau, qu'il devait être assez proche aussi.

" Ne remuez pas trop."

Plus facile à dire qu'à faire. Les rôles étaient inversés. C'était elle qui se trouvait à présent avec la lame aiguisée de sa propre dague non loin de son cou. Le lieutenant officia en silence, concentré sur sa tache afin que cette tête ressemble enfin à quelque chose et non plus à un épouvantail. Sa main ne tremblait pas. Le brun avait de la pratique puisqu' il se coupait régulièrement les cheveux. C'était mieux que le coiffeur de l'armée qui ne savait produire que des clones au sortir de son office.

"Voilà j'en ai terminé. Il faudra pensé à les recouper régulièrement,....enfin si vous voulez les garder courts."

Une autre occasion de se revoir ? Minutieusement, les mèches rebelles avaient été domptées. Sa main épousseta ses épaules chassant les cheveux coupés au sol. Pas de geste déplacé. Zéphyr n'était pas du genre à abuser de la situation. Pas de celle que lui conférait son genre dans tous les cas. Il lui rendit sa dague.

" Vous savez Varda, il y aura toujours une personne qui esseyera d'abuser de sa position vis-à-vis de la votre. Homme ou femme tout le monde y ait confronté un jour ou l'autre. Naitre homme facilite certes certaines choses, mais ne croyez pas que tout soit rose pour autant."
Re: Dix ans plus tôt - Tous des moins que rien ? | Varda
Mer 21 Oct - 18:24
Varda de Mormegil
Varda de Mormegil
78
Dragon Blanc
C’était moi ou ses yeux venaient de s’écarquiller légèrement ? Je lui faisais peur ? Enfin je veux dire… J’ai l’habitude de faire peur. D’ailleurs c’est plutôt pratique pour traverser le palais sans se faire bousculer. Ou alors… Il ne mangeait pas de ce pain-là ? Je relâche son menton, mais certainement pas son regard.

- Vous préférez peut-être les hommes à vrai dire. En ce cas veuillez m’excuser.

Après tout, dans l’armée c’était finalement assez commun, et cela ne me dérangeait pas outre mesure. Même si, il fallait admettre que c’était quelque peu dommage. Bon vu sa réponse, il envisageait plutôt un nouvel affrontement qu’un diner aux chandelles, ce qui n’était pas pour me déplaire loin de là.

Petit signe de la tête pour valider son invitation.

L’évocation de sa mère m’arrache un petit rire en coin. Ca me rappelle comme quelque chose…

- Et vous êtes un homme alors imaginez-vous ce que la mienne à penser ! Après quatre garçons, elle avait enfin eu une fille. Elle ne rêvait que de me mettre des robes et de me faire devenir l’épouse idéale.

Soyons honnête, c’est raté. Aucun risque que je ne joue les gentilles épouses qui attendent sagement leur mari en faisant de la broderie.


- Il parait que je suis la pire de ses garçons. J’esquisse sourire, quasi fière de cette distinction honorifique Elle était déjà en colère quand je suis entrée dans l’armée. Désormais que j’ai pris le noir, elle ne m’adresse plus la parole.

Sur ce, je lui confie ma précieuse dague, héritage familiale et royal afin qu’il fasse son office. Je faisais de mon mieux pour rester calme, mais voir l’éclat brillant du métal du coin du regard avait tendance à réveiller mes réflexes. Tous mes muscles étaient tendus et j’en oubliais quasiment de respirer, de peur de faire un mouvement brusque ou de le désarmer sans même réfléchir.

Enfin je peux respirer. J’expire lentement tout l’air de mes naseaux de dragon. Quant à les garder courts et bien, sur le coup la question ne m’avait pas vraiment traversé l’esprit mais force est de constater qu’elle a trouvé réponse depuis.
Dague entre les mains, les mots se sont échappés de mes lèvres sans vraiment y songer. Il fallait croire que cet instant de coiffure invitait à la confidence. Le regard rivé sur l’éclat brillant de Serment, je revoyais les images de la veille. Quoi qu’il en dise, être homme aurait tout changé.

- C’est peut-être vrai.

Je n’avais pas trop envie de m’avancer sur le sujet et je préférais de loin ranger la dague à sa place sans pouvoir retenir un profond soupir.

- Vous voulez connaitre un secret : je déteste ma place. Je déteste le Noir. Mais il est des choses que l’on ne choisit pas.

Pensive, mon regard se perdait loin vers l’horizon.

On pourrait me couper la tête pour de pareils paroles...

Ma main traversa mes cheveux. C’était étrange de les avoir si courts. Comme s’il manquait quelque chose. Elle avait tellement l’habitude de rencontrer plus de résistance que cela d’ordinaire....
Re: Dix ans plus tôt - Tous des moins que rien ? | Varda
Sam 24 Oct - 19:42
Zéphyr de Kergamont
Zéphyr de Kergamont
32
Le capitaine disparu
Quoi ?!

Voilà que la garde noir pensait qu'il préférait les hommes. Zéphyr écarquilla les yeux. L'idée ne lui avait jamais effleuré l'esprit, pourtant il était plutôt bien foutu, même s'il ne prêtait pas vraiment attention à son charme qui pouvait opérer sur les deux sexes.

" Ce n'est pas ça..."

Protesta-t-il comme l'aurait fait n'importe qui perçait à jour. La vérité était ailleurs. Une part de son souci venait de sa mère. Mais l'autre, il en était entièrement le responsable. Sans doute cherchait-il alors qu'il fallait laisser faire. Ou alors avait-il peur de ne pas être à la hauteur.

Une confidence en entrainant une autre, Zéphyr apprit que Varda était la petite dernière d'une fratrie de quatre garçons. Il ne put s'empêcher de sourire, ce qui était une chose assez rare chez lui, lorsqu'elle raconta son anecdote et il ajouta :

" Heureusement que vous êtes la pire, je n'aurais jamais rencontré une telle lame sinon."

Où comment glisser un petit compliment. Car le lieutenant commençait sérieusement à désespérer. Mettre une branler à des bleus ne lui apportait rien, aucun enseignement sur le plan personnel, tout au plus il parvenait à jauger les nouveaux soldats mais en aucun cas il ne progressait dans sa maîtrise des armes. Tout le contraire de ces deux affrontements récents avec Varda de Morguemil, la garde noire. Une raclée qui lui avait ouvert les yeux. Une semaine où il s'était remis en question. Une petite victoire. Zéphyr se sentait mieux et au fond il espérait plus. Il sentait qu'elle pouvait l'amener à encore évoluer, s'améliorer et sortir vraiment des routes toutes tracées.

" Vous savez, les mères veulent toutes qu'on soit leur 'chose'. Moi en tant que premier né, vous en tant que femme, elles voudraient qu'on suive la voie qu'elles ont prévu, le chemin de leur création... Mais elles oublient que nous sommes des êtres à part entière, dotés de leur propre volonté, avec des rêves, des envies, des souhaits... Bref que nous avons envie de faire nos choix. Oh...bien entendu, cela n'empêche pas d'être attaché à sa famille."

Oui Zéphyr était un vilain petit canard aux yeux de sa mère. Il n'était plus ce petit garçon crédule qui disait oui à tout. Il avait grandi. L'armée le mettait face à ses responsabilités en tant que gradé. Jamais il ne dirait que c'était simple mais porter l'uniforme était sa décision. C'est alors que Varda lui fit une étrange révélation qui le laissa un peu sans voix.

" Varda ...." Ca partait sur la note du sermon, il posa sa main sur son épaule, franchement, et la regarda droit dans les yeux. Heureusement qu'ils étaient seuls. Heureusement qu'il n'était pas médisant ou rapporteur. Enfin ça elle l'ignorait. " Varda, il n'appartient qu'à vous d'évoluer, tout n'est pas figé. "

Zéphyr était réellement parti pour lui faire un sermon mais il s'était ravisé. Finalement cette phrase s'adressait autant à elle qu'à lui-même. L'uniforme, le noir...il y avait une autre possibilité. Un but ultime avec une poignée d'élu. Mais il fallait travailler dur pour le mériter.
Re: Dix ans plus tôt - Tous des moins que rien ? | Varda
Lun 2 Nov - 10:52
Varda de Mormegil
Varda de Mormegil
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Dragon Blanc
Oups. De tout évidence je faisais fausse route sur ses préférences. Mais comment j’aurais pu le savoir ? Alors il n’aimait ni les hommes, ni les femmes ? Enfin moins les hommes que les femmes ? Et c’est là que je me perdis toute seule dans mes hypothèses rocambolesques sans parvenir à démêler ce qui semblait être une foutue pelote de laine. Alors c’est quoi ? Ca c’est la question que je rêvais de poser mais qui resta bloquer au bord de mes lèvres. Ce n’était peut-être pas le moment et après tout, ça ne me regardait pas vraiment non plus.

Il valait mieux changer de sujet vite fait. Celui-ci devenait glissant comme une rivière birlaise et la perspective d’un bain gelé ne me faisait pas vraiment rêver. Mieux valait parler de moi que de lui. Mon enfance par exemple. Mes frères et ma mère désespérée qui ne s’en remettrait jamais de cette hideuse armure noire. Enfin là-dessus je la rejoignais même si fierté oblige je gardais le silence.

D’ailleurs ce cher Zéphyr me glissa un compliment à peine voilé qui étira mon sourire. Vraiment je ne sais plus sur quel pied danser avec lui. Vanter mes qualités d’escrimeuses était certainement le plus beau des compliments à me faire. J’y travaille chaque à jour avec acharnement depuis que je peux tenir une épée.
De tout évidence, la mère de mon compagnon d’entrainement n’est pas vraiment mieux que la mienne. Le soldat face à moi venait d’ouvrir une petite porte donnant sur son âme. J’entrevoyais subitement un peu de l’homme qui se cachait derrière le militaire. Un soupire et un sourire compatissant. Et lui alors ses rêves c’étaient quoi ?

Les miens c’étaient de porter le blanc et de bruler ce noir. De le réduire à l’état de cendre.

Du Noir au gris. Du gris au Blanc.

Une main s’était posé sur mon épaule et je ne sais pas pourquoi j’ai posé la mienne par-dessus. Comme ça. Spontanément. Et ce regard ? Et bien quoi ? Il croyait que c’était si simple ? Qu’est-ce qu’il en savait des choses qu’on demandait à un Garde Noir lui ? Il avait déjà éliminé froidement quelqu’un qui ne lui avait rien fait ? J’en doutais fortement. Mais heureusement la suite fut plus apaisée et j’ai fini par me lever pour lui faire face déterminée.

- N’allait pas croire que je me lamente, Lieutenant

Une réponse un peu plus froide que ce que j’aurais voulu.

- La prochaine fois que vous reviendrez au Palais vous entrainer, je serai en Blanc.

C’était peut-être un brin optimiste. Mais c’est comme ça que je le quittais sans un adieu.




Trois semaines plus tard, crépuscule


Comme promis je lui ai envoyé un charmant billet. Qui disait à peu près ceci :



Mon cher Zéphyr,

Si vous voulez prendre du bon temps en ma compagnie je vous attends demain soir à l’endroit habituel.

J’espère que vous êtes joueur.

Varda de Mormegil


:copyright: sobade.

Oui parce que soyons honnêtes, je n’avais pas vraiment dans l’idée de faire un diner romantique aux chandelles avec de jolies fleurs. Mais quand même, j’avais rapporté une bouteille de Whisky estanais. Vous savez que c’est mon péché mignon et que c’est toujours plus agréable de le partager en bonne compagnie.

Mais avant les réjouissances, un peu d’amusement s’imposer et ce soir-là j’étais d’humeur terriblement taquine.

- Bonsoir Zéphyr! J’espère que vous ne vous attendiez pas à quelque chose de plus conventionnel venant de ma part ?

Large sourire. Je ne peux pas m’empêcher de me dire qu’il est terriblement attirant avec sa petite barbe brune qui roussit sous le soleil couchant. Dans ma main, je tiens un ruban que j’agite gaiment.
- Qu’est-ce que vous diriez d’un entrainement de Garde Noir ?

Si j’allais lui bander les yeux ? Bien sûr ! Un Garde Noir devait pouvoir combattre avec tous ses sens. La vue… On pouvait tellement facilement vous la confisquer le temps d’un instant ou plus. Un bon garde utilisait tous ses sens et l’instinct en faisait parti.
Re: Dix ans plus tôt - Tous des moins que rien ? | Varda
Ven 27 Nov - 16:14
Zéphyr de Kergamont
Zéphyr de Kergamont
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Le capitaine disparu
" Oh...ce n'est pas cela que j'entend...ça serait plutôt des envies d'autres choses"

Fit-il avec un léger sourire. La suite des propos de la garde noire confirma ses intuitions. Rien de mieux pour le pousser à donner le maximum. Zéphyr n'était pas du genre à clamer haut et fort son intérêt pour le blanc. C'était un rêve. Un simple rêve qui le faisait s'entrainer chaque jour avec rigueur pour être prêt le moment venu.

"J'en prends note."

Fit-il comme si de rien n'était. Mais les mots de Varda résonnait en lui. Etrangement, le lieutenant se sentait heureux. Avoir une rivale tel que Varda de Morguemil ne pouvait que le pousser à donner le meilleur de lui-même. Le blanc se méritait. Il y avait peu d'élu.

Trois semaines plus tard




Trois longues semaines plus tard, Zéphyr de Kergamont trouva  à son retour un pli glissé sous la porte de sa chambre. Un sourire s'afficha sur son visage au fur et à mesure qu'il prenait connaissance de la missive. Elle n'avait pas oublié sa proposition. Son regard s'arrêta sur l'heure de la rencontre. Cela ressemblait fort à un rendez-vous galant. Soit.

Le soir venu, Zéphyr emprunta le chemin qui le conduisait à leur lieu de rencontre le pas léger et le coeur presque en fête. Il avait hâte de croiser le fer avec elle. Quelque part également une certaine hâte de la revoir tout court. Elle allait encore le pousser dans ses retranchements. Lui mettre une nouvelle raclée peut-être. Qui sait...Dans tous les cas il ferait en sorte de ne pas perdre une miette des enseignements à en tirer.

" Bonsoir Varda "

D'entrer, elle annonçait la couleur. Il n'était pas question d'un diner. Tant mieux. Ce genre de chose était d'un ennui...

" Dommage " mentit-il, "moi qui me faisait une joie de pouvoir vous observer en tête à tête."

Et vlan! Une petite taquinerie gratuite mais de bonne guerre. En vérité, il ne voulait pas la décevoir. Elle avait mentionné le jeu dans son billet, sauf qu'il ne connaissait rien à ce mot. C'était interdit chez lui. Sa mère y veillait. L'oisiveté ne menait à rien.  Ses yeux remarquèrent la bouteille de Whisky. Un petit verre de temps en temps ne faisait de mal à personne. Mais c'était le ruban qu'elle ne cessait de faire onduler entre ses doigts qui était le plus captivant. Presque hypnotisant.

" Un entrainement de garde noir ?!" Elle le prenait un peu au dépourvu. Il ne s'était pas préparé pour ça. Il pourrait refuser mais cela signifierait abréger leur entrevue. Et il n'en avait pas envie. Que risquait-il ? Simplement d'accorder sa confiance à quelqu'un qu'il connaissait à peine. " Un défi ne se refuse pas. J'accepte. Que ...."

Zéphyr n'eut pas le temps d'achever. C'était la panique. Réflexe au combien humain quand on se retrouve privé de la vue, d'autant quand on sait que l'on doit se battre. Ajouter à cela la présence en face de vous, d'une fine lame. Rien de bien rassurant. Cependant, Varda ne connaissait que bien peu de chose de l'homme qu'elle avait en face d'elle...
Re: Dix ans plus tôt - Tous des moins que rien ? | Varda
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