Faire les choses vite et bien

Cette phrase devenait rapidement le dicton de Wald vers le déjeuner et le dîner lorsqu'il travaillait sans relâches aux fourneaux en ne pouvant s'autoriser à perdre une seule demi-seconde. Il fallait non seulement terminer les plats au plus vite mais aussi les rendre délicieuses et leur donner une présentation  tout simplement parfaite.
Ayant été commis d'office aux cuisines en tant que punition, à son arrivé, il a été placer directement dans la section des desserts. Il s'en sortait plutôt bien, du moins il commençait à s'y faire. Mais l'ambiance de ce milieu commençait tout de même par l'épuiser, elle émanait presque en une lourde pression. Elle pouvait ce faire ressentir par la marches et les gestes rapides des domestiques se pressant, les bruit des ustensiles qui s'entrechoquaient, mais également les yeux rivés sur la préparation et ne devant quitter leur concentration sur celle-ci.

Cependant à ce moment précis c'était l'après-midi. Après avoir enfin fini une des tâches des plus ingrates, la vaisselle, Wald put enfin expiré dans le calme en lisant  tranquillement, accoudé à une table, un livre de recette qu'on lui avait prêté. Pendant qu'il était en train d'étudier et entre temps réfléchir à un gâteau qui pourrait faire office de petits plats pour le bal, il vit un visage bien familier entrer dans les cuisines.

Lorsqu'il il arriva devant lui, Wald leva juste les yeux et lui sourit :

- Bonjour ! Comment va mon grand frère préféré ?

Milho avait prit l'habitude de lui rendre visite lors de ces heures de pauses, c'était dans un sens leur moment où il pouvait discuter entre frangins, et même parfois se confesser. Le jeune frère avait toujours bien apprécié ce petit temps consacré rien qu'à eux. Il reprit, en fermant son bouquin pour lui donner toute son attention :

- J'espère que tu ais venu pour me raconter quelque chose de croustillant, non ?

« Bonjour ! Comment va mon grand frère préféré ? »

J’attrape une pomme au vol, riant doucement à sa phrase. De toute façon, il en avait qu’un donc je ne pouvais qu’être son favori. Je viens passer ma main dans ses cheveux, pour l’embêter. Petit frère dont j’étais heureux de retrouver. Il devenait une véritable bouffée d’air frais dans mes journées bien remplies. J’avais toujours conservé un créneau pour aller le voir.

« J'espère que tu ais venu pour me raconter quelque chose de croustillant, non ? »

J’hausse un sourcil, étonné, arbore un rictus, amusé. J’étais vraiment exploité par moment. Mais effectivement, j’en avais un. Pour une fois, je ne venais pas que pour remplir la panse.

« Bonjour mon cher frère, je me porte à merveille quand les bonnes odeurs emplissent mes narines. Que vais-je gouter aujourd’hui ? »

Depuis qu’il avait été commis d’office, je lui rendais visite plusieurs fois dans la semaine. Cela allégeait mes obligations. Et il avait toujours cet esprit taquin que je n’arrivais jamais à égaler. Je croque dans ma pomme et m’installe sur un tabouret en face de lui. Je pose mes coudes sur la table.

« Eh oui, j’ai une petite rumeur qui est entrain de s’envoler dans les combes de ce vieux château. Un petit commis d’office marchant sur les plate-bandes d’un garçon de ferme. Cela te parle ? Il semblerait que ce petit cuisinier aurait jeté son devolu sur une sulfureuse rousse mais qui visiblement ne semble pas si libre qu’elle le prétend. »

J’hésite entre rire et pleurer voire le gronder. Il ne savait pas se retenir. Il avait le physique d’un bel étalon mais quand même, il devait s’avouer vaincu par moment. Et pour cette joute nuptiale qu’il avait entamée, il est risquait de mal finir. Et je n’avais pas envie qu’il ait davantage de soucis.

« Est-ce suffisamment craquant pour toi ? Quelque chose à me dire petit frère ? »

Lorsque Milho évoqua la relation secrète qu'il avait avec Nasla, une jeune rousse travaillant au palais en tant que femme de chambre, il se mit à rougir légèrement. A peine au premier regard, il l'avait trouvé bien mignonne avec sa très jolie chevelure rouge orangée. Il avait de plus réussi, grâce à ses talents de séduction, à la faire devenir sa compagne d'une autre relation amoureuse de passage.

Le point noir dans tout cela ? C'était qu'elle était déjà promise à un autre homme.

Et cette fameuse tâche noir, Milho l'avait remarqué assez rapidement surtout grâce aux rumeurs n'arrêtant de courir dans tout le château. Malheureusement, Wald savait qu'il n'allait pas le lâcher si facilement avec ce problème, mais bon c'était au moins mieux que les reproches interminables et assurées de sa soeur si elle venait par malheur par l'apprendre. Il soupira et ajouta :

- Oui j'ai une amante et oui elle est déjà promise. Pour ma défense, elle a décidé seulement de me prévenir il n'y a pas plus tard que trois jours. Au final, je l'ais sûrement su au même moment que toi.

Et puis si il venait à la quitter afin d'éviter tous ces problèmes de couple avec son fiancé, il avait déjà d'avance et une vue sur une petite jardinière aux très beaux yeux bleus océan qu'il avait auparavant croisé un matin dans les jardins.

Puis, pour changer assez rapidement de sujet, il se repensa au fait que Milho lui avait demandé ce qu'il allait goûter aujourd'hui. En effet après avoir été commis d'office ici par "punition", Wald se devait d'être un parfait ou du moins un bon cuisinier. Il avait donc demandé à son frère de jouer son "juge personnel" pour ses nouvelles préparation de dessert avant de les envoyer à table. Il finit par sourire en se tournant vers un comptoir afin d'amener à la manière d'un serveur, son nouveau plat. Il le lui présenta un peu fièrement :

- Voici mon nouveau dessert : Tarte aux pommes à la cannelle. - il découpa une part pour enfin la disposer dans une assiette qu'il rapproche ensuite vers son grand frère - Goûte moi ça.

« Loin de moi de te parler d’engagement, c’est-à-dire, un mariage, et de te presser mais est-ce qu’il y a un jour où tu vas te contenter d’une seule et unique dame ? Tu sais que c’est plaisant, faut juste savoir alimenter une flamme et nous tous les brasiers du palais. Un jour, tu vas réellement te faire brûler vif et je ne pourrais te sauver. Je sais que tu es jeune et qu’il y a notre sœur à marier avant mais s’il te plait, lève un peu le pied. »

Je ne sais pas si mes inquiétudes vont trouver écho dans sa conscience surtout quand la Gourmandise se joint à nous et qu’il me fait oublier tout le discours que j’avais à peu près préparé. Je soupire mais mange avec un plaisir non feint. La diversion a parfaitement fonctionné, saleté ! Un savoureux régal qui fond dans ma bouche, mes yeux se révulsent par tant de volupté dans sa cuisine. « Si tu étais aussi doué dans ta cuisine que dans ta vie amoureuse, je me ferais moins de cheveux blancs. » Sachant qu’ils le sont déjà bien depuis des années.

« Et sinon, ta vie dans ses cuisines, te plaisant ? Si je ne me trompe pas, tu en es à la moitié. Tu as réfléchi à l’après ? »

Tout en offrant une part belle à mes poignets d’amour, je le fixe, observant sa réaction. J’avais eu très peur le jour où il fut condamné et le soulagement fut immense quand la sentence a été commuée.

Wald ne savait si il était réellement prêt à entretenir une relation vraiment sérieuse, il s'était habitué à enchaîner les conquêtes et n'était sûr qu'il réussirait à donner toute son intention à seulement une femme. Ce n'était qu'après une question d'habitude... Il ne pouvait s'empêcher de faire ces expériences amoureuses, changé de femme avec une autre personnalité rendait la relation à chaque fois unique des autres. Certaines étaient plus timides, jalouses, sérieuses, quand d'autres se montraient plus extroverties, libertines, blagueuses....

En réalité il n'était jamais tombé amoureux.
Cela paraissait assez insensé pour quelqu'un qui passe son temps à séduire les jeunes femmes, et on ne pouvait que penser qu'il y avait bien une femme ou deux parmi ces relations avec qui il a eu une réelle affection. Si cela aurait été le cas, il ne l'aurait pas quitter pour une autre, c'était logique. Mais lui qui pourtant à presque tous essayer, il n'arrivait toujours pas à trouver son genre... C'était plutôt ironique pour son cas...

Le discours de Milho avait été très certainement préparé aux petits oignons d'avance et il lui donnait maintenant un air plus naturel pour ne pas le montrer. Mais dans tous les cas, le petit frère soupira légèrement une nouvelle fois :

- Peut-être un jour... Ou peut-être jamais... Je ne peux lire dans mon propre avenir. De plus, il me faudrait trouver l'âme soeur... - en parlant d'âme soeur... Il reprit son sourire taquin. - Mais si tu souhaites tant parler de relation amoureuse, nous pourrions discuter de ta Dragonne...

Milho lui avait légèrement parler de son lien avec sa Commandante, et il devina rapidement qu'elle n'était pas si "banale" que ça... C'était cas de le dire :

Il y a de l'amour dans l'air.

Et bien cette histoire avait finit par plus qu'intéressé, et cherchait sérieusement à aider son frère à conclure avec elle. Ils étaient tellement mignons tout deux, même si leur couple n'avait l'air d'être si avouable que cela... Mon dieu, qu'il souhaitait que Milho fasse enfin le premier pas. Mais cela c'était une autre histoire....

Il enchaînèrent sur le sujet différent :

- Je dirais que je m'y fais avec le temps. - il désigna l'appétit de Milho pour sa tarte aux pommes - Et j'ai l'air de bien m'en sortir. - il prit une petite cuillère et piqua dans la part de de son frère - L'après ? J'aurais deux choix : soit je retourne au poste de service, soit les cuisines me manquent et je reste donc ici.

« Mais si tu souhaites tant parler de relation amoureuse, nous pourrions discuter de ta Dragonne... »

J'écoute mon petit frère tout en mangeant avec allégresse son dessert. On peut dire ce qu'on voulait, il s'améliorer de recettes en recettes et j'étais franchement bien heureux d'être son cobaye ! Mais voilà qu'encore, il m'arrive à faire une cabriole pour que ça me retombe dessus. Je soupire longuement. Il n'y avait que lui pour discuter de mes amours avec autant de facilité. Donc, je pouvais conclure que sa vie amoureuse, demeurera encore chaotique pendant un petit moment.

« Je veux bien concéder à parler de ton sujet favori, si tu me promets de faire attention. Je n'ai pas envie qu'on te refasse la binette un soir de beuverie. J'ai bien assez à surveiller pour me rajouter du l'inquiétude à mon capitale. En tout cas, je suis fier de ce que tu deviens. Et je te préfère ici qu'au front. Ton absence aurait compliqué ma capacité à défendre le Prince. Et si tu comptes rester ici, je serais bien aise. Et puis ta montagne qu'est ton supérieur, sera probablement tout aussi en joie de te garder parmi ses rangs. »

Oui, je l'avouais, si on devait l'envoyer en guerre, j'en serais meurtri. Et je suppose que je demanderais à le suivre. Je ne le supporterais pas d'être ici et de prendre le risque de le perdre. Mais, je me garde bien de le lui dire. Je me suis assez confié.
Je le regarde durement avant de de sourire gentiment. Je pose ma cuillère, une fois mon assiette terminée et la repousse vers lui. Je sors une étoffe en soie pour nettoyer mes lippes et soupire une nouvelle fois.

« Cesse de l'appeler ainsi, et dans un lieu aussi public. Quand elle va roussir ta chevelure, je ne l’y en empêcherais pas ! Toi comme moi savons comment les oreilles peuvent trainer. »

Je regarde autour de nous, mais pas un chat. Je suppose que le service ne reprendra pas avant un bon moment. Autant vider mon sac et avoir son avis. Je nage en plein délire.

« C'est ... Nouveau, je dirais. Autant, je ne suis pas de ceux qui s'enivrent de chair aussi aisément mais je ne reste pas moins un faible homme. Autant avec elle, je ne voudrais pas commettre d'impair. Et puis, elle est la personne à qui je dois rendre compte. Malgré tous les sujets et les promesses faites, ce n'est jamais évident de jongler entre les moments privés et professionnels. Mais je ne doute pas que je me ferais sacrément roussir, si le Prince se tordait un orteil. Vu l'hypocondrie qu'il est, j'espère que ses exigences sont plus élevées. Enfin bon, je m'égare. On est dans une relation interdite Wald. C'est navrant de le dire mais nos métiers ne sont pas compatibles avec nos aspirations. Et pourtant, c'est un outrage de ne pas se sentir chanceux d'avoir une telle femme aussi charismatique à ses côtés. Et j'aimerais réellement l'honorer comme il se doit, sans finir aux cachots. Je dois passer pour un fou. Mais je n'ai plus l'habitude de tant de sérieux avec une charmante femme. Que me conseilles-tu, le Don Juan des lames tranchantes ? »

Cela me dépassait de demander à mon PETIT frère mais c'était le plus instable avec les femmes de nous deux, autant me servir de ses connaissances. Si tant, il retenait des leçons à chaque changement.

« Et ne me sorts pas des propos farfelus, je ne peux pas jongler d'une situation à une autre comme toi, avec autant d'aisance. »

Si c'est pour commencer à changer de tenue et me ramener avec une rose entre les dents, clairement pas mon genre. Je me demande ce qu'il va m'inventer tiens. J'espère que je ne vais pas le regretter. Mama, j'ai peur. Mais je reste curieux.

« J'accepte de suivre quelques conseils mais que si cela ne met aucun de nous en danger. »

Wald était aussi fier ce que était advenu de son fraternel, ces talents d'escrimeur ont finit par être bonnement récompenser et il méritait largement sa place parmi l'élite chargé de la protection de l'héritier ainsi que le privilège d'être nommé Ombre du prince. Quant à Wald il avait été aux ordres de Sa Majesté elle-même, mais il avouait que Milho avait eu de la chance de son côté...

Il n'avait pas eu à devoir suivre les moindres demandes de ce vicelard...

Rien qu'en pensant à son passé au milieu de la garde noir, il y perdit son sourire taquin habituel... Mais il finit par le retrouver en revenant dans le présent :

- Je te le promets, mon grand frère préféré.

Il lâcha un petit rire quand il vint à parler brièvement de l'hypocondrie du jeune prince. Il en avait bien sûr entendue parler, non seulement par Milho mais aussi par les domestiques le côtoyant quotidiennement. Il paraît que celui se serait tellement inquiété pour son propre cas en allant à même suer à cause d'une simple égratignure qu'il s'était fait en tombant malencontreusement sur le gravier des allées du jardin. Donc il pouvait comprendre que son frère avait besoin de temps de repos, déjà que son rôle devait être fatiguant alors de plus si il se doit de s'assurer la protection d'un héritier se plaignant du moindre "bobo"....

Cependant c'était le reste de son discours qui l'intéressa principalement. Un amour impossible, balançant entre le professionnel et le privé... Wald avait de la peine pour eux. Ne pas pouvoir vivre paisiblement leur véritable relation amoureuse, il en deviendrait lui-même malheureux... Mais il restait un espoir pour eux et il le savait.

- Aaaaah ! Tu décides enfin de m'écouter.

Mais là il voulait des conseils de "séduction" alors en très bon petit frère il se devait d'aider son frangin dans les moments difficiles. Il ne pouvait non plus le laisser se débrouiller seul dans un domaine qui lu était presque inconnu. Alors il commença :

- D'abord tu pourrais la complimenter. Mais ne va pas l'écrouler non plus de louanges tous les jours, cela en deviendrait presque du harcèlement et ni de l'honorer sur la beauté de sa physionomie, c'est beaucoup trop simple et ordinaire. - il eut un sourire au coin - Surtout pour les femmes dans son genre. - il continua - - Puis...- il dessine un sourire avec ses doigts sur son visage - N'oublie pas de sourire un peu même si c'est timide.

Il en avait vu passer des impulsives le rejetant de rougissante de gêne, des bien trop naives ne comprenaient point quand il voulait insinuer une quelconque envie sensuelle, des trop sérieuses qui ne presque rigolait jamais et ne lui donnant que peu le moindre petit sourire.... Mais des femmes dans le genre de sa Commandante... Jamais... Du moins à chaque fois qu'il essayait un rapprochement il se faisait rejetés pitoyablement souvent par une claque bien placé. Et oui... Wald ne pouvait pas tous le temps gagner à conquérir le coeur des gentes dames, même les professionnels faisait parfois des fautes...

- Un dernière chose... - il lui offrit un tendre sourire - Reste naturel.

En autre...
Il n'avait pas besoin de conseils.

Je roule des yeux, tout en esquissant un sourire espiègle.

De toute façon, tu n'as qu'un grand frère favori, ou alors tu détiens des informations que je n'ai pas. En somme, ce n'est pas compliqué d'entrer dans tes bonnes grâces quand on est deux à se les batailler.

Je l'écoute attentivement. Complimenter. Mais pas trop. Sourire. Mais pas trop. Ce sont de vrais conseils ? Se jouait-il de moi alors que je l'appelle à l'aide ? Non, j'en doute.

Je suis Ombre du Prince, Wald. Tu penses vraiment que je vais sourire à qui mieux mieux ? Je me dois d'être sérieux et impassible en toutes circonstances.

Et j'insiste bien sur les derniers mots. Ce qui, en réalité, est impossible, quand je suis aux côtés de Varda. Je demeure dans la retenue mais, soyons honnête, un geste, une intonation de la part de la commandante et je me liquéfie intérieurement. Je suis irrattrapable. Je reste de marbre, face à son dernier conseil. Je fronce le regard, les bras retombent dans le vide. Et je pose mon front contre la table.

Ce n'est pas des conseils ça. Sourire et être naturel. On parle limite d'une déesse vivante. On ne peut pas être aussi niais. Je me déteste. Je devrais plutôt enfermer mes sentiments et me concentrer sur mon métier. Ce n'est qu'une fin funeste qui pourrait nous attendre.

Je me redresse, reprenant mes esprits. J'étais quand même, légèrement en service - avec une pause gourmande - je ne voulais pas qu'on me remarque aussi dépité.

Que dis-tu d'envoyer des fleurs et du vin ? Je sais qu'elle apprécie grandement le second choix, ça pourrait être un geste plus sentimental ?

Si on oublie, la rumeur stipulant qu'elle dégustait ce vin tardivement et rarement seul. Vraiment, un nuisible celui-là. Voilà que je deviens jaloux, d'un indispensable du palais. Je perds la tête.

Tu penses que je suis un cas désespéré ? Et sois sincère. Ou alors, je ne suis pas celui qu'il faut pour cette femme.

Il continua ironiquement à sa remarque :

- Je sais... Mais même si tu es le seul, tu restes mon grand frère préféré.

Wald lui donna quelques conseils qui pour lui étaient les plus simples et basiques qu'il avait en poche sauf que de son côté Milho douta de ces paroles. Et voilà qu'il se mettait à désespéré pour son cas... En effet, cela en était dépitant. Wald pouvait comprendre les inquiétudes de son frère sur cette relation qui était une chose nouvelle pour lui mais tout de même ce n'était pas le bout du monde non plus...

- "Une déesse vivante"... T'exagères quant même... Je te demande pas le bout du monde non plus. - il sourit - Puis, le plus important c'est que tu - il épela ces mots - sois toi même.

Il espérait qu'il allait comprendre qu'il ne devait surtout pas se cacher derrière un masque et suivre naivement les règles de la drague. Personne n'aimait cela autant que ce soit celui qui le fait que celui qui en est témoin. Il était vrai que Wald avait ce charme naturel mais il ne faisait que d'utiliser son don et ne se forçait pas.

- Bah voilà, tu peux quand tu veux ! C'est une bonne idée.

Le cuisinier fit un grand sourire en voyant son frère reprendre petit à petit ses esprits. Mais son espoir retomba à moitié quand celui-ci finit par poser une question qu'il trouva des plus absurdes... Lui ? Cas désespéré ? Sérieusement ?! Entre la Commandante qui il paraît, se faisait régulièrement des dégustations d'alcool le soir et le prince qui se prenait pour un malade imaginaire, il était le plus normal des deux.

- Milho... - il s'assit en face de son frère et lui sourit - Je te connais comme personne et je n'ai jamais douter de toi. Tu es quelqu'un qui a très bon coeur et puis regarde toi... - il prit un plateau d'argent en guise de miroir et le plaça en sorte que Milho se voit dedans - Avouons tout de même que tu es bel homme. - il reprit - Alors arrête de dire que tu es cas désespéré... Tu as tout pour lui plaire !

C’est quand même le comble que ce soit mon petit frère qui me rassure sur ma relation amoureuse. Mais il avait, unanimement, bien plus d’expérience que moi. Je lui souris et le remercie. On pouvait dire ce qu’on voulait mais il avait quand même pris en maturité. De la confiance et de l’assurance. Même avec les femmes. Mais heureusement, je n’en étais pas victime. L’un et l’autre devenu militaire à différent moment de nos Vies. Lui a réussi à conserver son humanité qui a causé sa rétrogradation. Tandis que moi … Une blessure qui m’a sauvé, si je peux dire. Je me perds dans mes pensées jusqu’à relâcher ma cuillère dans mon assiette. Je m’excuse et la recule avant de la casser.

- Dis-moi, être garde noir, ne te manque pas ?

Wald espéra que ses mots de petit frère adoré remontaient le morale de Milho. On pourrait croire que ce ne sont que de belles paroles sans aucun sens mais elles étaient sincères et personne pourrait dire le contraire. Bien sûr faire un jolie discours donnait faim, alors le cuisinier reprit sa cuillère pour piocher une nouvelle bouché de gâteau.
Mais lui qui pensait que la conversation se finissait sur une bonne note, son grand frère enchaîna :

- Dis moi, être garde noir, ne te manque pas ?

Tellement surpris par cette question qui venait de tomber comme un cheveux sur la soupe, il faillit s'étouffer en terminant sa dernière bouché de tarte. Il toussa deux fois afin de dégager sa gorge et finit après quelques instants à reprendre ses esprits.

- Excuse moi, c'est juste que...

"Je m'y attendais pas."
Il souhaitait même qu'il ne lui pose la question, même si il se doutait bien qu'un jour au l'autre Milho allait mettre ce sujet sur la table. Il était vrai qu'il lui avait juste annoncé son départ de l'organisation sans plus d'informations, donc sans lui donner le pourquoi du comment. Cela avait dû l'intriguer et sûrement. Mais il n’avait été aucunement prêt psychologiquement à lui dire, le jour même. Même maintenant, il se sentait mal à l'aise rien que d'y penser...
Sans s'en rendre compte, son visage devint sombre et sa voix plus sec :

- Non. Non être garde noir ne me manque pas... Pas du tout.

Ces cries d'agonie et de peur.
D'hommes, de femmes et d'enfants.

Il pouvait encore les entendre.

A ce souvenir, il en eut un léger frisson d'effrayament.

Je ne pensais pas que ma question allait le faire virer de visage. Je fronce le regard. Il me mentait ? Sa voix et son attitude contrastent avec sa réponse. Ou alors, c’est vrai mais la raison de sa réaction m’échappe. Nous n’avions jamais combattu ensemble, évoluant dans la sphère martiale mais toujours en se croisant. Pour ma sœur et moi, ce fut un soulagement de savoir qu’il allait changer de métier même si les conditions n’ont pas été celles qu’on aurait voulu. Dans tous les cas, il était à l’abri comme moi et c’était le principal. Mais je voulais savoir, pourquoi, il devenait ainsi à chaque fois qu’on voulait parler de sa carrière car il était aussi brillant que moi et aurait pu aller très loin. Je le toise silencieusement. Je suis partagé entre changer de sujet et insister. Mais les signes de mal-être à fuir mon regard, m’intiment de reporter ma curiosité à plus tard.

- Es-tu prêt pour le bal ?

Sujet plus dérisoire mais je l’espère allait le détendre. Mais j’ai la ferme conviction que durant son service, il ne fut pas aussi épanoui qu’on aurait pu le penser. J’ai plus qu’à résoudre ce mystère ou laisser ma sœur faire.

Le silence que le commis d'office laissa derrière lui devint pesant. Avec son malaise et son regard qui fuyait celui de Milho, celui-ci avait toutes les preuves devant lui pour qu'il s'inquiète pour son cas. Mais il décida au final de changer de sujet, moins gênant pour Wald. Le blondinet se soulagea et essaya de chasser ses obscures pensées pour revenir dans le présent, en commençant par regagner son sourire en coin qui était sa signature.

- Si je suis prêt ? C'est la première fois que je vais être dans le feu de l'action de ces cuisines lors d'un si grand évènement, alors disons que je suis assez stressé...

Pour être stressé, il l'était en effet. Non seulement parce qu'il devrait maintenir la cadence lors de son service et qu'aucun défaut ne sera toléré dans la création de ses plats mais aussi par ses autres projets...plus personnels. Cependant, c'était encore un de ses secrets où il ne sentait pas prêt à révéler ni à sa soeur, ni à son frère. A croire qu'il ne leur faisait pas confiance... Au contraire, il voulait les protéger et ses affaires comme celles-ci ne concernaient que lui.

- Et toi ? Tu vas garder un oeil sur le prince et faire ton devoir d'Ombre à la perfection comme à son habitude. - Il eut un sourire en coin - Mais si pendant ce bal il t'arrivais d'avoir assez de temps pour te permettre de souffler un peu, dis-moi que tu en profiteras pour "faire quelque chose d'utile".

Wald lui jeta un regard rempli de malice et qui voulait tout dire. "Va, grand frère. Va conquérir le coeur insaisissable de cette Dragonne au cours de ce bal."

- Je … Qu’est-ce que tu viens de dire là ? Je dois garder un jeune adulte homme et hypocondriaque alors comment te dire, que ce n’est pas aisé tous les jours. Alors, je t’en prie davantage de considération pour mon emploi ! Que veux-tu dire par “faire quelque chose d’utile” ? Parce que mettre en gage sa Vie pour un autre, je trouve que c’est, au-delà d’être utile, un véritablement engagement. Et ce n’est pas à un ancien soldat que je vais apprendre ce genre de choses.

Je me plisse le regard, air suspect, qu’avait-il dans la tête ? Parce que je connais mon frère, pour sortir une telle chose, c’était loin d’être innocent. Je pose mes coudes sur la table et mon menton sur le dos de mes mains.

- Je n'ai pas dit ça !

Voilà que Milho prenait tout de travers maintenant ! A croire, qu'il ne pensait qu'à ses obligations de Manteau Blanc même dans ces moments de congés. Wald était autant concentré que lui quant il était en cuisine mais il savait faire la différence entre les moments consacrés au repos et les temps où il fallait s'activer au travail. C'était ce qu'il reprochait le plus à son frère du reste... D'être trop sérieux, en permanence. A force de penser qu'à ses devoirs, il ratera beaucoup de choses dans sa vie et finirait sûrement par avoir des regrets. C'est pour cela, qu'il avait besoin de l'aide d'un petit frère pour y remédier.
Il lâcha un soupire.

- Je vais essayer d'être plus explicite.

Il s'assit en face de Milho.

- J'ai entendu dire que les jardiniers du palais font s'activer et rendre les jardins royaux encore plus beaux que tu ne les a jamais vu pour le bal qui approche à grands pas. De plus, une promenade dans les allées florales sous la pleine lune... C'est très romantique, tu ne trouves pas ?

Il fallait tout lui dire. Wald trouvait que son frère devrait sérieusement apprendre à prendre de lui-même des initiatives avec sa Dragonne. Après tout, il ne sera pas tout le temps là pour l'aider ! Il finit avec un sourire en coin.

- Tu crois que Varda de Mormegil aime ce genre d'ambiance ?