20h30 et Thony n'était qu'à la moitié de son objectif qu'il avait nommé "Ne soit pas ivre sinon c'est corvée de ménage dans la commanderie.", il se devait de faire le mieux possible pour paraître le plus sobre possible aux yeux des invités et surtout à ceux de Varda. Ce qui était presque impossible, car même si il faisait des efforts pour y arriver, l'alcool restait cependant présent et ce faisait bien évidemment ressentir. De plus, certains nobles pouvaient être cruel en étant des professionnels pour semer la zizanie sur l'honneur, en tout simplement créant des rumeurs aussi farfelus que les autres. Et son état actuel pourrait devenir facilement la cible de ce genre de bourgeois.
C'était l'une des raisons qu'il ne faisait confiance en général à la noblesse.

En se baladant parmi les convives, il remarqua une légère connaissance qui avait l'air de "bien profiter du bal". Néanmoins, il décida de venir à sa rencontre pour la deuxième fois, depuis le début de la soirée.

Elle, au moins, était loin de représenter le côté malveillant de la bourgeoisie lioffeloise.

Il s'approcha d'elle en vacillant une fois sur quatre et arrivant enfin devant elle, il finit par lui dire :

- EnchAntée de vOus revOir, MademoiseLLe EmmaNuelle.

Il lui sourit en ajoutant :

- VOus joUissez touJours auSSi biEn de ce bAl ?

Un serveur arriva vers eux avec des coupes de champagne sur son plateau. Thony fixa un court moment, les verres en question.

Il devait résister coûte que coûte à cette envie.

Emmanuelle avait fait tant de choses durant ce bal. Elle avait rencontré d’autres personnes, sympathiques pour la plupart ; mangé au buffet ; visité les jardins ; dansé ; visité les salons et la bibliothèque… Dans l’ensemble, cette presqu’une heure et demi de bal s’était bien passée pour elle…
Mais elle trouvait le temps looonnng…
Ne sachant que faire, elle déambulait dans la salle du bal jusqu’à ce qu’elle voie le buffet. Elle hésita quelques secondes à y retourner, à cause de son coup de sang, mais le fit quand même. Après tout, le buffet l’avantage de permettre d’intéressantes rencontres avec des personnes sympathiques, comme Jildazig et Thony.
Lorsqu’elle prit une tartelette aux fraises et en croqua un morceau, elle vit ce dernier s’approcher d’elle en vacillant une fois sur quatre. Son équilibre, son air et sa diction montrent bien la quantité d’alcool qu’il avait ingéré. Ignorant encore ce qu’il pourrait faire dans son état, elle appréhendait un peu ce qui allait suivre. Toutefois, il se montrait aussi sympathique que la dernière fois qu’ils s’étaient vus. Donc, elle se sentait assez en confiance pour lui répondre :
- J’en ai très bien profité. J’ai fait tout ce que j’avais prévu de faire, et j’ai beaucoup aimé. Toutefois, je ne savais plus quoi faire. Pour me tirer d'ennui, j'ai donc cherché à avoir une bonne conversation au buffet. (sourit de plus belle) Là, je viens tout juste de la commencer. (air taquin) Et vous, Thony ? Vous en profitez aussi, n’est-ce pas ?
Un serveur s’approcha d’eux avec deux coupes de champagne. Alors, Thony les fixa, essayant visiblement de résister à la tentation de boire. Qu’il ait été puni ou non pour s’être enivré, son état actuel ainsi que sa profession pourraient susciter des rumeurs à son sujet, si cela n’était pas déjà fait. Cette pensée poussa Emmanuelle à s’inquiéter pour lui.
- Thony, souhaitez-vous que je vous conduise jusqu’à un salon, ou un autre endroit calme ?

Tout d'abord, sans en savoir pour le moment la vraie raison, il se sentit gêné en sa présence. Il aurait peut-être pas réellement dû venir à sa rencontre pour la deuxième fois. Elle ne méritait pas de le voir à moitié ivre, elle était bien trop jeune et donc plein d'innocence pour supporter les effets dus à son alcoolémie. Pourtant, pour caché son anxiété face à la situation, il ricana en lui répondant :

- En eFFet, j'En aI mêmE tRop prOfiTez...

Quand le fameux serveur arriva vers eux pour leur proposer deux coupes, malgré sa résistance à l'envie, il remarqua l'inquiétude de son interlocutrice pour son état, elle était bien l'une des seuls personnes à vouloir lui venir en aide.

Avant son départ, ses trois soeurs n'hésitaient pas une seconde à lui rendre service en cas de problème, surtout en ce qui concernait son père. Elles tous aussi attentionnés les unes que les autres envers lui, chacune avait sa façon. En pensant à elles, elles finissaient toujours par lui manquer.
Par contre, il pouvait bien compter sur Varda et Euphrate pour le rappeler à l'ordre. Parmi les Manteaux Blancs, il pouvait seulement faire confiance à Aya et Milho pour le sortir d'affaire. Et encore... Ils étaient capables de mettre de côté leur soutien envers lui surtout si la Commandante était dans les parages.

Vive l'amitié entre collègues !

Cependant, il voulait la rassurer et lui montrer que tout allait pour le mieux, en y pensant c'était dans un sens ce que La Dragonne lui avait ordonné. Et puis, elle était venu pour s'amuser, pas pour prendre soin d'un homme presque ivre mort. Il prit deux verres de champagne pour enfin lui en tendre un, en souriant :

- Ne noUs inQuiéTez pAs pOur moI. TeNez.

Il commença par boire une gorgée... et il l'a sentit bien passé, il finissait même par regretter. Au fond de lui, il savait qu'il ne devrait pas continuer mais il voulait prouver à Emma qu'il allait parfaitement bien.

Mais il reprit souriant :

- eT donc, quE cOmpTez vOus fairE sI je n'éTais pAs vEnu VoUs tiRez de VoTRe eNNuie ?

Thony lui assura qu’il allait bien. Pour l’appuyer, il prit les deux coupes de champagne, tendit l’une d’elles à la jeune fille et but une gorgée de l’autre. Amusée par ces gestes, Emmanuelle regardait le militaire tenir son verre, à moitié ivre. Lorsqu’il lui demanda ce qu’elle aurait fait s’il n’était pas venu, une idée la fit esquisser un sourire mutin.
- Je ne sais pas vraiment. Mais maintenant, je sais quoi faire.
Elle leva son verre de champagne.
- Tu vois cette coupe ? Je vais boire du champagne, et peut-être d’autres boissons, jusqu’à en devenir ivre.
Elle but la coupe cul sec et regarda de nouveau Thony.
- Je souhaite savoir combien de verres suffiraient à me rendre ivre. Et puis, ça pourrait être amusant.
Puis, elle pouffa de rire.
- Si ma grand-mère était là, elle ne m’aurait pas laissé faire !
Elle ria un instant de cette pensée. Puis, elle repensa à sa première rencontre avec le Manteau Blanc.
- Au fait, Thony, je me rappelle bien d’avoir bu une coupe avec toi, tout à l’heure. Est-ce qu’elle compte pour mon ivresse ?

- Tu vois cette coupe ? Je vais boire du champagne, et peut-être d’autres boissons, jusqu’à en devenir ivre.

Il oublia rapidement le fait qu'elle se mit à le tutoyer. Dans un premier temps, Thony pensa que son ouïe ne s'était pas encore remis à la perfection, et qu'il devait avoir mal entendu avec les effets de l'alcool. Pourtant, il prit tout de même un court moment de réflexion afin de "déchiffrer" mot par mot les paroles de la jeune femme. Le problème c'était que même après avoir réfléchie, il était persuadé d'avoir bien entendu que celle-ci souhaitait bien s'enivrer...

Elle voulait se bourrer la gueule ?! Elle qui avait l'air si innocente.

Puis sans lui laisser une seconde pour réagir instinctivement, elle bu la coupe cul sec pour appuyer ses dires.
Il était tellement tombé des nues qu'il ne sut comment et surtout quoi lui répondre : Devait-il lui reprocher d'avoir de tel idée, la convaincre de ne pas la suivre, la laisser picoler sans rien dire ou même acquiescer...? D'un côté, il ne voulait être perçu comme une personne irresponsable laissant sans intervenir une toute jeune femme se laisser porter par l'ivresse. De l'autre, Emmanuelle était une adulte, qui semblait avoir la majorité depuis peu de temps et donc la naiveté devait être toujours présente il était vrai, mais elle avait techniquement l'âge de prendre ses propres décisions et il ne souhaitait pas vraiment la contrarier en s'interposant dedans. De plus de son point de vue, il était tout à fait normal de vouloir profiter de sa majorité pour avoir ces premières expériences dans certains domaines, dont l'alcool. Mais, si Thony avait entendu sa soeur cadette, annoncé sa volonté de s'alcooliser, il ne croyait pas qu'il allait rester la regarder sans lui interdire de faire cela.
Au final, il pensait qu'il devait être indirectement la justification de cette décision, une raison de plus pour le fait qu'il n'aurait pas dû la rencontrer dans cet état.
Puis il réussit à finir par dire :

- Je nE peNsE pAs quE ce soIt uNe boNNe iDée... JE VeUx diRe...

Il chercha ces mots. A la fois, il n'était pas très bien placé pour dire ça... Lui buvait par volonté certes, mais aussi pour une raison bien plus sombre et assez commune dans les sources d'ivresse : pour oublier...un père. A cette moindre pensée, il se mit directement à finir son verre de champagne.
Il soupira et ajouta :

- FAis cE qUe tU vEUx... Je pEuX coMprEnDre qUe tU veuiLLes eSSaYer dEs chOsEs.

A partir de maintenant, il décida de prendre toutes les responsabilités et essayer de veiller sur elle pendant leur ivresse. Non seulement, il ne voulait pas également la laisser boire seule pour finalement s'attirer entièrement les regards remplis de jugement des autres invités, il fallait la couvrir... Donc il reviendra dans son alcoolisme complet, dans le but de diriger le plus possible les yeux sur lui et non sur elle, faire diversion.
Il fallait avouer que ce plan était un peu à la mord moi le noeud, mais les effets de l'alcool encore bien présent ne l'aidait pas vraiment à bien réfléchir à quelque chose de cohérent.

Lorsqu'elle lui demanda si la coupe qu'elle avait bu auparavant, il ne put s'empêcher de pouffer de rire. Elle lui avait posé cette question comme si il si connaissait bien dans le milieu de l'alcool. Thony finit par lui répondre souriant et simplement :

- jE nE pENse pAs.

Un deuxième serveur arriva entre temps pour cette fois-ci leur proposé des verres de vin. Le Manteau Blanc fixa Emmanuelle, c'était maintenant à elle de choisir...

Emmanuelle ne s’apercevait pas de la stupeur de Thony, jusqu’à ce qu’il lui bafouilla sa désapprobation. Mais vu qu’il avait bu un certain nombre de verres, sa réaction rendait la jeune fille confuse.
Pourquoi trouvait-il que c’était une mauvaise idée ? L’ennui ayant pointé le bout de son nez, elle voulait s’amuser de nouveau. Aussi, elle avait atteint la majorité il y a peu. Les adultes pouvaient s’enivrer lors de grandes occasions comme celle-ci. Elle souhaitait goûter ces boissons, expérimenter les sensations de l’ivresse, explorer de nouveaux plaisirs.
De plus, Thony avait bu plusieurs verres avant de venir vers elle. Il était déjà ivre, et il ne voulait pas qu’elle le devienne ? Elle l’observait chercher ses mots, mais il finit sa coupe et se résigna, disant comprendre qu’elle voulait essayer des choses. Il ne pouvait donc pas la trouver trop jeune pour cela. Pourtant, il se sentait responsable d’elle. La trouvait-il trop immature ? Elle avait beau être majeure, elle ne se sentait pas encore adulte. Son coup de sang semblait le confirmer. Cette impression l’incitait d’autant plus à devenir adulte, mais était-ce normal d’être encore une adolescente alors qu’elle pouvait disposer de son argent à sa guise ?
Emmanuelle restait un instant muette, s’interrogeant sur sa propre maturité. Le désir d’alcool persistait. La découverte de l’ivresse serait-elle un nivellement vers le bas, ou bien un pas en avant ?
- Je pense m’arrêter dès les premiers effets de l’ivresse. Qu’en penses-tu, Thony ?
Soudain, elle commença à réaliser un détail :
- Je vous ai tutoyé ?
Oui, elle avait bel et bien commis cette impolitesse.
- Je suis désolée, je ne m’en rendais pas compte…
Le connaissant à peine, elle ne pouvait pas le tutoyer ainsi. Pourtant, elle se sentait en confiance avec lui.
Quand elle lui demanda si sa première coupe de champagne comptait, Thony pouffa de rire et répondit qu’il ne le pensait pas. La jeune noble sourit à cette réponse.
- Alors je n’ai bu qu’un verre !
Quand un autre serveur leur proposa des verres de vin, elle en prit un, remercia le serveur et commença à boire son verre.
- Deux, maintenant !
Elle regarda son interlocuteur avec curiosité.
- Si je me rappelle bien, vous aimez les activités d'extérieur, c'est bien cela ?

Il se sentit un peu soulagé d'apprendre que la jeune femme ne cherchait pas non plus à se soûler jusqu'à en devenir ivre morte mais seulement découvrir les effets de l'alcool sans en abuser. Au fond, il se fichait qu'elle veuille s'enivrer, ce qu'il l'embêtait c'était le regard malveillant des autres invités qui n'hésiteraient à utiliser sa situation en pleine ivresse pour agrémenter leur stupides rumeurs et ragots.

Puis il prit un petit moment de réflexion...
Pourquoi souhait-il tant la protéger alors qu'il ne la connaissait que depuis presque 2 heures ?
Il songea sur la raison qu'il aurait eut cette même volonté avec ses soeurs, surtout sa soeur cadette qui ressemblait un peu à son interlocutrice. Mais, il pensait que c'était peut-être instinctif. Ou tout simplement, parce qu'il l'appréciait...
Il essaya de chasser cette idée loin dans son esprit avant que l'alcool l'alimente et en profite pour lui faire dire penser et dire n'importe quoi.

- eT biEn... fAiS cE quE tU As eNviE dE FaIrE. - il pouffa de rire - dE PLuS, iL fAuT aVOueR QuE jE sUiS trèS mAL plAcé pOuR tE cOntRediRe.

Puis, Emmanuelle commença à s'excuser à propos de son tutoiement soudain. Il la coupa en lui répondant instinctivement :

- NoN, aU ContRaIre j'AimAis BiEn quAnD tU mE tuToyAis.

Il se rendit rapidement compte que ces propos pouvaient bien peut-être prêter à confusion, avec gêne un léger voile rouge se dessina sur ses joues. Il essaya de se rattraper :

- jE vEuX DirE... çA Me déRAngE PaS.

Lorsque le serveur passa avec les verres de vin, la jeune femme se servit et Thony fit de même et but cul sec le verre. Encore un et il retournait à son réel statu d'ivresse pour de bon. Puis, elle évoqua sa préférence aux activités d'extérieurs, en effet il n'était pas du genre à rester entre quatre mur, il préférait largement sentir l'air fraie. Malheureusement, il lui a interdit d'en profiter lors de son enfance, lui gravant en tête que l'avenir de l'entreprise devait devenir sa seule priorité dans la vie jusqu'à en oublier le reste... Il ajouta sans vraiment de filtre :

- oUi c'est ça. mAIs... - son visage devint légèrement sombre - jE n'Ai pU eN jOuIr pEnDanT mOn EnFanCe...

Puis, quand un troisième domestique se présenta à eux avec d'autre boissons, Thony prit une autre coupe pour la vider instantanément. Il se mit à sourire de nouveau.

Le canard était retourné dans sa source.

Aristide entra dans la salle de bal. Ici, l'ambiance battait son plein : les couples dansaient, les musiciens jouaient, endiablés, et les invités qui ne tournoyaient pas étaient attablés au banquet, à manger les merveilles des cuisines. Et tout ce joli monde était masqué. Impossible, sans connaître personnellement la personne, de reconnaître les nobles qui étaient présents. Même les domestiques qui apportaient de nouveaux plats et les serveurs qui passaient entre les convives avaient l'obligation de l'être. A ses yeux, tout le monde se ressemblait.

Aristide fit un pas en avant, dans l'océan de robes, de froufrous et de belles tenues qu'était la soirée. Il y avait, aux doigts des dames, de très belles bagues. A leurs oreilles, de très belles boucles. Et à leurs gorges, de très beaux colliers. Ruisselants de diamants et autres perles précieuses. Les éventails s'agitaient devant les visages.

Et cette bague, particulièrement, glissée à cet annuaire - sûrement une alliance - lui faisait très envie. Tout naturellement, le plus discrètement du monde, il s'approcha de la dame en question et sans qu'elle ne remarque rien, lui vola sa bague. Ses doigts effleurèrent à peine les siens et, occupée qu'elle était, elle ne sentit rien. Aristide la glissa aussitôt dans une de ses poches, sourire aux lèvres, et il se concentra ensuite sur sa tâche.

Trouver quelqu'un. Plus particulièrement, un Manteau Blanc.

Il ne fut pas long à repérer l'homme de ses recherches. Devant le buffet, verre à la main pour changer, en pleine conversation avec une jeune fille. Et, il fallait le préciser, plus tout à fait sobre non plus. Aristide longea la longue table, glissant sa main sur la nappe brodée, et attrapa au passage une jolie petite cuillère en argent - très brillante. Qui disparut aussitôt dans sa poche à la suite de la bague, sans que personne ne le remarque.

Enfin, il arriva au niveau de Thony Lafnan. C'était celui qu'on lui avait demandé de chercher. Il devait à présent le conduire là où on voulait qu'il l'amène. Il s'inclina brièvement :

- Monsieur Thony Lafnan, je suis chargé de vous accompagner auprès de quelqu'un qui veut vous parler. Si vous voulez bien me suivre, c'est par ici.

Il se tourna ensuite vers Emmanuelle et ajouta :

- Je vous souhaite une bonne et heureuse soirée, Mademoiselle.

Quand Thony répondit qu’il aimait bien son tutoiement, la jeune fille rougit légèrement. Ces paroles instinctives la soulageaient, en plus d’être mignonnes. Elle se sentait de plus en plus confiante avec lui, comme s’il pouvait l’accepter telle qu’elle était. Par conséquent, elle était ravie de le voir accepter cette marque de confiance.
Elle l’interrogea sur ses activités extérieures. En écoutant sa réponse, elle finit son verre. Elle fut d’abord surprise par la mine légèrement sombre de Thony puis par ce qu’il lui apprenait.
- Tu… Tu n’as jamais joué ?
Quel genre de parents interdirait les jeux à son enfant ? Pour le punir d’une bêtise, à la rigueur, mais on dirait que Thony n’y avait jamais accès. Elle se rappelait des jeux de société ou d’extérieur. Sa grand-mère n’avait jamais interdit à ses petits enfants de jouer après leurs devoirs, tant qu’ils étaient sages. Sans cela, l’enfance de sa petite-fille serait grandement ternie.
Après avoir vu le jeune homme boire cul sec un autre verre et sourire, Emmanuelle se servit son troisième verre et le but rapidement. Elle tentait de réfléchir à un autre sujet de conversation pour détendre l’atmosphère.
Mais elle n’eut le temps de le trouver lorsqu’un bien jeune domestique annonça à Thony que quelqu’un voulait lui parler. Apparemment, Thony savait qui le convoquait ainsi. Une certaine dragonne ? Qui était-ce ? Une supérieure hiérarchique ? Quoi qu’il en soit, elle devait bien porter ce surnom.
Emmanuelle lui dit aussi au revoir en s’inclinant. Elle aimerait pouvoir le retenir. Elle aimerait continuer à lui parler, l’écouter, le regarder. Elle se demandait pourquoi il était convoqué, même en ayant quelques idées. Elle espérait le revoir de nouveau.
Quand un serveur transportait des verres de vin, la jeune noble saisit l’un d’entre eux. Elle prit alors conscience de son imprudence. Elle allait expérimenter l’ivresse devant d’autres convives. Plusieurs d’entre eux la jugeraient, certains raconteraient des ragots sur elle. De plus, il devait y avoir plusieurs rumeurs sur son coup de sang, dans le même lieu où elle voulait s’enivrer.
Comment pouvait-elle être aussi inconsciente ?
Le verre à la main, elle cherchait un endroit où s’éloigner de la foule. Elle pouvait se reposer dans plusieurs salons. Cependant, elle ressentait le besoin de prendre l’air. Finalement, elle se dirigea vers le balcon, passant de la lumière des lustres aux pénombres de la nuit.