Elle était fatiguée. Très fatiguée. Le bal lui avait pompé l’énergie, le jour précédent. D’habitude, une bonne nuit de sommeil l’aurait revigorée. Mais là, elle avait mal dormi. A plusieurs reprises, elle s’était retournée dans son lit, en essayant de succomber au sommeil. Et les rares fois où elle y arrivait, elle se réveillait juste après, les larmes aux yeux. Quand ce n’était pas elle qui mourrait sous les débris, c’était un membre de sa famille, une amie, Thony. Elle n’était même pas sûre que ce dernier vive encore. Elle enfonçait sa tête contre un coussin, pour retenir un cri, un hurlement de colère contre les coupables de l’attentat, contre les gardes, contre tout le palais.

Lorsqu’il fit jour, elle ne voulut pas sortir de sa chambre attribuée. Au fond, elle aurait aimé retourner chez elle, mais elle doutait que ce soit possible. Si le reste dépendait d’elle, elle serait restée dans la salle, trop fatiguée et énervée pour parler aux autres. Mais elle avait une lettre à faire transmettre à sa famille. Une lettre dont elle a jeté maintes brouillons, sur laquelle on peut voir une écriture tremblante. Elle doit donner de ses nouvelles à sa grand-mère et à Guillaume, leur assurer qu’elle va bien et qu’ils n’ont pas à s’inquiéter pour elle. Alors elle sort de la chambre.

Dans les couloirs, elle cherchait un messager, ou du moins un domestique pouvant l’aider à envoyer sa lettre. Un domestique blond attira son attention. Elle s’approcha de lui.

- Bonjour, monsieur. Je voudrais…

Elle s'interrompit en voyant les bandages couvrant une épaule du serviteur. Après quelques secondes d’hésitation, elle se ravisa. Elle ne pouvait pas lui demander cela.

- Je vous souhaite un bon rétablissement...