Des domestiques la menèrent dans la chambre préparée pour elle au palais. En temps normal, elle admirerait la chambre, avec des meubles peu nombreux mais bien placés, le vert drapé du lit et une belle vue sur les jardins, mais après les bombardements, Emmanuelle s’assit devant le bureau, toute pâle. Elle mit une feuille sur le bureau, trempa la plume dans l’encre, et tenta de commencer une lettre. Mais après quelques mots, l'encre bavait, la plume tremblait. La baronne finit par la lâcher, et des larmes coulèrent.
Trois bombes. Trois explosions. La salle de bal en ruines, les corps et blessés à tour de bras. Son cœur battait en y repensant. Pourquoi était-ce arrivé ? Etait-ce un attentat ? Mais l’armée royale ne devait-elle pas s’en prémunir ? Elle repensait au garde qui lui avait retiré son pique à cheveux qui serait trop pointu. Pourquoi ce contrôle n’avait-il pas empêché cette attaque ?
Et elle, pourquoi n’avait-elle rien d’autre qu’une égratignure au bras ? La chance était en sa faveur, elle avait tourné le dos à d’autres. La baronne ne comprenait guère pourquoi. Son estomac se nouait face à la réalisation qu’elle aurait pu y passer. Elle leva la tête vers le plafond qui pourrait s’écrouler sur elle. Si elle n’était en sécurité au palais, ne l'était-elle nulle part ?