| | L'Ombre du Prince | La culpabilité me rongeant d'être en sécurité. Les heures coulent et découlent. Je fais les cent pas dans la chambre du Prince. Rares fois où l'inquiétude se peint sur le visage. Je me sens démuni. Impuissant. Qu'advient-il de ma famille ? On toque à la porte et on dégaine tous nos armes. Un garde entre, en sang. C'est votre frère. Myocarde qui s'accélère. Entendre le pire. Il vous appelle. Il est devenu dément. Je souffle. Il est en vie. Je range mon arme. J'y vais.
A peine deux pas et on me bloque le passage. Sourcil qui s'arque, colère qui pulse dans les veines. Visiblement, on veut me titiller. Je tente de forcer le passage quand même. Je prends une grande respiration. Et attrape la première gorge proche de ma main. Et je fixe ma victime. Ecoutez-moi bien. Le prochain qui m'empêche d'aller voir mon frère. Je lui casse la nuque à mains nus. Et je le ferais avec vous tous, s'il le faut. Rappelez vous que je n'ai jamais eu peur de salir mes gants. J'ai une paire de rechange. Alors vous allez bougez vos fiaks de là et restez collés contre le Prince. Je crois que bon nombre ont oublié que je pouvais aussi paraitre très ... Méchant et sanguinaire. Je serre le cou. Je m'impatiente. Et enfin le passage se fait. Je relache la pression. Le soldat finit au sol à tousser ses glaires.
Avant de quitter la pièce, je leur fais face. Le Prince meurt, je vous tue tous, ainsi que vos enfants et la prochaine descendance. Il se cogne un orteil, je vous torture. Je replace correctement mes gants. J'étais prêt à tout. Je m'étais mon métier en danger. Le Prince sans son Ombre, je risquais gros. Mais j'avais déjà abandonné des gens chers à mon coeur pour que ça reproduise deux fois. Dans dix minutes, je reviens. Si ce n'est pas le cas, déplacez le prince ailleurs. Mon Prince, je me depêche. Un oui d'un seul voix et je verrouille la chambre en sortant.
Où est-il ? Je questionne le garde, anxieux. On le tracte dans votre chambre. Mouvement de recul, surpris mais d'accord. L'effroi s'empare de moi. Le Chaos demeure flamboyant. Les pas se font vifs et pressants. L'envie de retrouver Varda me traverse l'esprit. Mais dix minutes, c'est très court. On bouscule, on se fait bousculer. Les cris perdurent. On me supplie d'être sauvé. Le chemin jusqu'à mon frère devient un parcours sinueux. Je n'avais pas réalisé à quel point, c'était l'horreur. On percevait des cris, des bruits de la chambre mais nous étions bien loin de ce tragique spectacle. J'étais intimement persuadé que c'était le Roi qui s'ennuyait du haut de son trône. Qui d'autres ? Les Birlais non, c'était bien trop évident.
Réflexions qui se taisent quand j'entre dans ma chambre. Scène de violence, Wald s'empênant à une femme. Effectivement l'adorateur des courbes féminines à vraiment perdu la tête. J'attrape ses deux mains pour relâcher la pauvre enfant. Et lui mets une claque. Avec lui, j'ai aucun scrupule. Reprends toi immédiatement, c'est pas le moment de te disperser. Et je finis quand même par le prendre dans mes bras. Soulagé. Un sur deux de retrouvé. Puis, je me recule pour le regarder droit dans les yeux. Tu vas rester ici, je vais demander à ce que notre sœur, te rejoigne et on va te soigner. Et tu sors pas d'ici et tu laisses les jupes en paix pour ce soir. T'as compris ?
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| | Couteau à double tranchant | Les deux hommes le dirigèrent vers la chambre de Milho. Mais Wald n'en fit pas du tout attention puisqu'il la seule qui l'importait était de retourner dans la salle de bal pour y trouver son frère ainsi que sa soeur. Il avait beau leur rabâcher de le lâcher pour cette raison, ils ne l'écoutèrent pas. Une fois dans la pièce, ils refermèrent la porte derrière eux et dans son délire, le blond ne remarqua même pas que Tatiana l'avait suivi jusqu'ici. Il commença à tourner en rond, cherchant vainement à se calmer lui-même. Justement, la jeune femme essaya de l'aider comme elle avait toujours tenter de faire suite à l'explosion. Cependant, ses paroles irritèrent encore plus Wald. Qu'est ce qu'ils avaient tous à l'empêcher de venir en aide à ceux qu'il aimaient ?!
- Comment je peux être calme quand mon frère et ma soeur sont possiblement...morts ?! - il prit fermement les épaules de sa collègue - Hein ?! Dis moi comment ?!
Pendant qu'il criait sur la pauvre cuisinière, il n'entendit pas la porte de la chambre s'ouvrir. Deux mains vinrent attraper les siennes pour les enlever des épaules de la concernée. Et là, une gifle. Franche et surtout efficace. Une claque qui l'arrêta net et le fit se taire. Wald retrouva ses esprits. Il n'y avait plus les cries de détresse et de peine venant du massacre, il n'y avait plus de soldats birlais voulant sa mort et celles de ses proches, il n'y avait plus ses démons pour lui rappeler son passé sanglant. Tout cela s'était évaporé. Mais malheureusement, ils n'avaient pas complètement disparus... Il étaient juste retournés se cacher au plus profond de son être attendant de refaire surface une autre fois...
La gifle laissa place à une embrassade et à un grand soulagement. Milho. Il était là. Vivant. Il ne manquait plus que sa soeur et il sera réellement rassuré. Il accepta donc volontiers le câlin et il avouait que cela l'apaisait beaucoup. D'une voix un peu tremblante, il présenta ses excuses un peu comme un enfant.
- Je suis désolé, Milho...
Il avait raison, ce n'était pas le moment de se dissiper. Il ne devait pas laisser ces cauchemars le faire chuter dans la folie. C'était cependant une tâche très difficile quand on était seul face à ses peurs... Il serra son poing. Il avait déjà assez fait de fautes pour cette nuit et il n'avait pas l'attention de devenir un poids en plus pour son frère dans une situation aussi critique. Alors, il les endurerait. Wald finit par hocher une fois la tête.
- Compris.
Il se tourna vers Tatiana et jeta son regard sur le bandage qu'elle lui avait fait. Il n'osa pas vraiment la regarder dans les yeux, trop honteux de ses actes... Il avait fait preuve de beaucoup de violence avec elle et pourtant, elle était resté près de lui pour le soutenir.
- Je te présente mes excuses, Tatiana. Et je te remercie pour le bandage. |
| | Baronne libre comme l'air | Tatiana Marisen23 ans, CuisinièreLe blond ordonnait aux gardes de le lâcher, de le laisser retourner au bal pour y chercher son frère et sa sœur, mais les deux hommes le menaient plutôt dans une chambre. Tatiana entra dans cette salle avant que les gardes fermissent la porte. Même si elle ignorait dans quelle chambre ils se trouvaient, ce n’était certainement pas celle de Wald. Ce dernier tournait en rond, n’ayant visiblement pas remarqué son amie. - Il faut que tu te calmes... Je sais que c'est dur, mais il faut que tu te calmes...Elle avait dû mal choisir ses mots ; le jeune homme fut pris d'un coup de sang. - Comment je peux être calme quand mon frère et ma sœur sont possiblement...morts ?! - Il prit fermement les épaules de sa collègue - Hein ?! Dis moi comment ?!- Wald, lâche-moi !Ses peurs redoublèrent. Elle avait été imprudente de le suivre ainsi. Elle qui s’entendait bien avec lui craignait désormais ce qu’il pourrait lui faire. Mais un autre homme prit les mains du blond et lui donna une claque, lui ordonnant de se reprendre, avant de le prendre dans ses bras. La brune reconnut Mhilo, l’homme qu’ils cherchaient dans la salle de bal. Sans le prince, ce qui lui semblait inhabituel, mais compréhensible si les gardes l’avaient averti de la folie de son frère. - Merci, Mhilo…C’était cavalier de sa part, mais elle ne s’en rendait pas compte, encore prise par l’émotion. Le câlin apaisait Wald. A ses excuses envers son aîné, Tatiana comprit qu’il avait recouvert ses esprits. De son côté, elle se calmait peu à peu. Peut-être que son collègue fera une nouvelle crise un jour, mais pour l’instant il allait mieux. C’est ce qui l’importait et la rassurait. Regardant Wald dans les yeux, l’Ombre du Prince lui dit qu’il irait demander à ce que leur sœur le rejoigne, et qu’ils iraient le soigner. Il lui demande de rester dans la pièce et de laisser les jupes en paix pour ce soir. Après avoir acquiescé, le cadet regarda le bandage qu’elle lui avait fait. N’osant pas la regarder dans ses yeux, il s’excusa de sa violence envers elle et la remercie pour le bandage. - De rien, Wald. Et je ne t’en tiens pas rigueur, tu… ne me reconnaissais pas.Elle n’osait pas dire devant son frère qu’il l’avait prise pour une soldate birlaise. D’ailleurs, elle ne trouvait pas cela anodin. Certes, ils étaient en pleine guerre envers les birlais et leur princesse s’était infiltrée au bal, mais elle avait l’impression que c’était personnel du côté de Wald. Elle ne comprenait pas pourquoi. - Avez-vous besoin de moi ? |
| | L'Ombre du Prince | Mon cadet reprend ses esprits. Je souris tristement. Je ne savais pas encore où se trouvait notre sœur mais la connaissant, je sais qu'elle a su s'en sortir. C'est la seule pensée que je m'autorise. Et pas une autre. Non, aucune funeste ne doit filtrer dans mon esprit ou même celui de mon frère. Je sais que la situation est compliquée et doit probablement te faire revivre des moments délicats mais j'ai besoin que tu sois en alerte, que tu puisses protéger tous les civils qui vont venir dans cette chambre. Certes, c'est exigu mais je pense qu'on peut allonger cinq-six personnes. Je parle tout en réfléchissant, triturant mon menton, espérant que cela soit suffisant, quand bien même cela restera en deça des réels besoins. Puis je pivote la tête vers les gardes. Dites aux premiers blessés que vous croisez, maximum six, de venir ici et un médecin également. Nos deux compères ici présents l'aideront. Je regarde la fameuse Tatiana. C'est dans vos cordes de jouer les infirmières de fortune ?
Sans réellement attendre sa réponse, je reporte mon attention sur mon frère. Ce que vais te demander va paraitre fou mais pendant ce temps là, penses tu retrouvais l'équipe des cuisines... Puis un garde se râle la gorge. Je fronce le regard, il pointe l'épaule. Je me pince le nez. Je suis irrécupérable. Comment te sens tu ? Mes excuses, j'ai dû te faire mal. Allez me trouver un médecin. Il en profitera pour s'installer ici. L'un des gardes s'apprête à ressortir et je lui rappelle de faire venir ma sœur.
Je regarde alternativement Wald et Tatatiana. Comment te sens tu ? Et vous aussi demoiselle ? Y-a-t-il des gens à prévenir ? On va devoir user de papiers pour tenir informé le monde et je n'étais pas pressé de m'y coller cela devenait necessaire. Je soupire tout en me faisant violence pour ne pas montrer à quel point, j'étais accablé par la situation. Et refusant de songer à des âmes faisant palpiter le coeur. Faire mon devoir. |
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