Jan Hasenclever
27 ans, baron en titre.Jan avait accompli sa mission. Il avait prévenu la cavalerie des débordements qui avaient eu lieu dans les salons. Ce garde noir... Ce maudit Garde Noir! A cette simple idée, il pouvait sentir les ténèbres ramper sous sa peau. Cette poix qui l'asphyxiait peu à peu. Poison mortel qui ne connaitrait aucun antidote.
Et la Comtesse... Elle avait perdu la tête. Réellement.
Le baron était resté dans la Salle de Bal. Il n'avait pas vraiment le choix. Il attendait ce signe de
leur ami commun, c'était le plan qu'il devait suivre. Dans sa poche, ses doigts firent rouler le dés, mais même ce geste apaisant ne parvenait pas à calmer l'obscurité qui l'engloutissait irrémédiablement.
Les yeux dans le vague, ce n'est que le son de cette voix qui le fit tressaillir qui le tira de ses pensées.
Entre amis. Cela désignait tout, sauf une amitié naissante. Ce n'était rien d'autre qu'une vulgaire hypocrisie comme il suintait de chaque pierre de ce maudit palais. Jan ne répondit rien, si ce n'était ce regard de mépris profond dont il ne pouvait se départir. Il suivit l'homme jusque sur les balcons. Un endroit moins bruyant mais qui n'en était pas moins fréquenter. Chacun cherchant un peu d'air là où il le pouvait.
C'est dans un recoin qu'ils entamèrent leur discussion. Le baron resta de marbre. Il avait dépassé le stade de la peur de la mort depuis bien longtemps. Et pour cause.
- Si vous me croyez me faire peur, vous vous trompez. Quant à la mort, cela fait bien longtemps qu'elle m'habite et je l'accueillerai comme une ami et non comme une terreurLa vie, cette chose qui fuyait ses mains comme une encre noire insaisissable. A partir de quand était-on réellement mort? Il la regardait s'écouler. S'égouter dans ce puits sans fond.