Enfin, les choses intéressantes - vraiment intéressantes - allaient pouvoir commencer.

Bien calé au fond de son fauteuil, Lioffel regardait la porte de la pièce. Derrière elle, il y avait deux Gardes Noirs, et certainement déjà à patienter, les prochains invités. Qui n'avaient, pour ainsi dire, d'invités que le nom. Les birlais embarqués clandestinement sur le navire lioffelois - pour une des deux, toujours...

Ils devaient y tenir, à leur misérable paix, pour venir ainsi se jeter dans la gueule du loup de leur plein gré. Dommage pour eux que la guerre soit, somme toute, déjà terminée. L'Empire Birlais était à terre, et essayer de retenir les murs qui s'écroulaient inexorablement était un comportement si... puéril.

Après toutes ces conversations dénuées d'intérêt, à quelques exceptions près, il recevait enfin ceux qu'il attendait réellement. Il avait grand hâte de pouvoir contempler leurs visages, quand il leur ferait part de la nouvelle, d'ici quelques secondes. En attendant, il prenait un malin plaisir à les faire patienter quelques secondes supplémentaires dans le couloir. Mais cela était un plaisir éphémère : le plaisir de deux peuples, ennemis depuis des décennies.

Il sourit, de son sourire carnassier, et fit enfin signe à Gaspard. Ce dernier ouvrit la porte, comprenant aisément les ordres de son roi, et se retira.

Sans se relever, Lioffel adressa un hochement de tête quand ils apparurent tous deux. Le puissant et éloquent Ambassadeur Birlais, homme séduisant soit dit en passant, et la jolie princesse idéaliste qui le suivait.

Lioffel leur fit signe de s'asseoir. Il n'était pas fou au point de se dire qu'ils n'avaient aucun plan. Ils devaient bien avoir quelque chose à mettre dans la balance pour négocier. Restait juste à savoir si cela suffirait face à ce que lui devait leur annoncer. Il était curieux de le voir !

- Installez-vous, je vous en prie. Et faites-moi savoir ce qui vous amène ici, en terre ennemie, sans escorte...

Pas de bonsoir. Pas de bon anniversaire. Enfin, peut-être que si...

- La princesse Sanwine de Birla (toujours bon de rappeler qui on est, et donc d'ajouter : ), unique héritière du trône par delà les Dents, ainsi que moi-même, son humble ambassadeur, sommes ravis d'avoir pu, sans escorte, venir jusqu'à vous. Cela nous permet de vous remercier de votre clémence sur nos trajets respectifs (car vous deviez bien savoir que nous étions sur vos terres... sinon c'est faire preuve d'un grand manque d'espions...) mais aussi et surtout de vous souhaiter un bon anniversaire. Quel âge cela vous fait-il ? on vous donnerait volontiers le tiers j'en suis sûr.

Il se donna à peine le temps d'un sourire entendu plein d'ironie et de satisfaction, avant d'enchaîner :

- Après cela, je ne peux plus dire que Lioffel est une terre ennemie. D'autant que ce soir est un temps de trêve...

Qui rime avec "brève", ne l'oublie pas Ailéron.

- ... Que chacun mettra à profit, je n'en doute pas. D'une façon ou... d'une autre.

- La paix. Est une possibilité. Et nous avons une proposition à vous faire qui pourrait aller dans ce sens, si vous l'acceptez. Que je sois clair dès le début : cette proposition est une alliance. Matrimoniale.

L'heure était venu.
L'heure où son destin ainsi que celui de l'Empire allait se jouer.

Sanwine se dirigea devant le salon du roi commençant à avoir le ventre noué et les mains tremblantes à cause du stress. La compagnie d'Ailéron et le fait qu'il se montre sûr de lui la rassura, elle savait qu'elle pouvait compter sur lui pour l'aider à négocier cette alliance.

Mais si rien ne se passait comme prévu...
Si le roi refusait ce mariage qui permettrait d'allier ces deux royaumes...
Si au contraire il leur faisait une proposition qu'ils seront contraint d'accepter pour la préservation de Birla...
Ou pire, si Sa Majesté n'acceptait toutes négociations...

Tant de possibilités de scénarios qui ne faisaient que d'alimenter l'angoisse de la jeune femme. Cependant, elle avait toujours une dernière solution qu'elle détesterait pourtant utiliser mais qui permettrait de façon radicale de gagner une procédure de paix...

Enfin arriver, elle ôta son masque et poussé délicatement par l'ambassadeur birlais elle finit par entrer la première dans le salon. Tout signe d'anxiété ou même de peur vinrent se cacher au plus profond de son être, elle devait être courageuse. De plus, en tant que future Impératrice elle avait appris à maintenir la tête haute même quand "l'ennemie" se montrait menaçant...
Elle salua dans un belle révérence le roi et finit par s'installer sur le siège que lui présenta Ailéron. Elle apprécia le fait qu'il commence par prendre les rennes de cette conversation qu'il fallait avouer commençait avec quelques piques qui ne faisaient que de rappeler la rivalité entre leurs deux royaumes depuis des années.

Par contre, elle aima beaucoup moins qu'il précise tellement sur leur alliance matrimonial... Au fond d'elle, elle ne voulait en aucun cas se marier avec le roi de Lioffel. Il était loin d'être l'homme qu'elle affectionne particulièrement, au contraire elle n'a qu'entendu des rumeurs, et anecdotes sur son cas qu'elle le déteste avant même de le rencontrer. Et encore, elle n'était pas du tout sûr de l'épouser. Elle pourrait tout aussi bien finir par avoir un mari qui lui était encore plus inconnu...

Non, le mariage ne lui plaisait guère.
Mais elle le fera pour son peuple, pour l'Empire.

Ils entrèrent.

L'élégant ambassadeur et la jolie princesse. Enfin princesse. Un sourire carnassier étendit ses lèvres. Il fallait croire que la situation changerait d'ici quelques instants. Il ne pouvait retenir son impatience et elle transparaissait sur son visage. Ah ! que cette soirée était pleine de surprises !

L'ambassadeur poussait presque la princesse à l'intérieur, laquelle ne semblait pas heureuse d'être ici. Il n'y eut pas de bonsoir, ni d'hommages rendus. Lioffel n'accorda pas un regard à la jeune femme, se contenta de plonger son regard de rapace dans celui, non moins éguisé, d'Ailéron. Ils le savaient tous les deux : la discussion se déroulait entre eux deux et si la jeune femme était là, c'était bien parce qu'elle avait un titre - qu'elle portait bien mal. Pauvre fille.

Lioffel leur adressa un sourire affable. Une fois assis, Ailéron débuta. Il fit tout d'abord les présentations. Le roi l'écouta avec une attention accrue. Il ne répondit pas à la question concernant son âge. Questions futiles et sans fond, qui n'étaient là que pour la forme. Qui aurait été suffisamment bête pour croire que le birlais se souciait sincèrement de son âge ? Tss.

Quant aux espions... oh bien sûr. Il avait eu vent de ces voyageurs birlais qui avaient passé la frontière, de cette jeune femme qui ressemblait fortement à la princesse. Il les avait laissé venir. Parce que c'était exactement ce qu'il voulait.

Finalement, il eut un regard désapprobateur :

- Monsieur Cathal, enfin ! qui êtes-vous pour penser que la trêve existe ? Bien entendu, que nous sommes toujours en guerre, et vous le savez aussi bien que moi. Les vrais combats se déroulent dans les salons comme celui-ci.

L'Ambassadeur reprenait. Une proposition de paix. Par alliance matrimoniale. Lioffel ne put retenir le rire qui franchit ses lèvres, qui agita ses os dans un grondement caverneux et ravi. Au bout de quelques secondes, il reprit son souffle.

- Bien, bien, bien ! Excellent, dirai-je même ! Je n'en aurai pas attendu moins de votre part ! Eh bien, je suis apte à écouter votre proposition. Mais avant cela, laissez-moi vous dire une chose. Tout ce que vous avez dit est vrai. À un détail près.

Il fit un geste nonchalant vers la princesse, toujours assis dans le fauteuil.

- Vous n'avez plus affaire à la Princesse Sanwine de Birla, mais à son Impératrice, mon cher Ambassadeur.

Oooh... c'était sournois, ça. Mis à part Lioffel qui se bidonnait en face d'eux, il n'était plus question de rire. En fait, Ailéron avait compris au moment où Lioffel avait dit "Vous n'avez plus affaire à la princesse". L'Ambassadeur avait enclenché la partie sérieuse de son cerveau retors et plongé dans les méandres de la réflexion la plus intense. L'empereur était mort. Première question : quand ? Seconde question : comment ? Troisième question : pourquoi Lioffel était-il au courant avant eux ? Les autres questions viendraient plus tard.

Il entreprit de répondre à la première question. Quand ? entre le moment où il était parti de Birla et au moins la veille. Le temps que la nouvelle parvienne ici. A vrai dire, cela avait peu d'importance. Comment ? était plus intéressant. L'empereur avait-il succombé à une maladie foudroyante ? avait-il eu un accident ? ou bien avait-il été assassiné ? En fonction des réponses à ces trois questions, diverses conclusions pouvaient être tirées. Et de nouvelles questions se posaient. Comme par exemple : qui était en charge du pouvoir à la capitale actuellement ? qui avait pris les rênes ? que se passait-il là-bas ? pendant qu'eux étaient dans ce bureau.

En fait, avant toute chose, il y avait une seule et unique question à poser, et Ailéron s'en chargea :

- Avez-vous une preuve tangible de ce que vous avancez ?

Si preuve il y avait, il s'empresserait de remballer fissa la proposition de mariage. Et ses plans pour la soirée changeaient radicalement. De nouveaux horizons s'ouvraient. Si seulement ça pouvait être vrai... Evidemment, cette satisfaction, il n'en ferait pas part à la princesse. Mais puisque se débarrasser de l'empereur faisait partie de ses plans depuis le début, Lioffel lui ôterait une épine du pied.

Il y avait des choses que l'empereur avait toujours refusé de faire. Convaincre Sanwine serait bien plus aisé.

Sanwine détestait ce goût d'ironie et de moquerie qu'avait la discussion, elle avait peut-être bien fait de ne pas y mettre pour l'instant les pieds en laissant Ailéron ouvrir le bal. Elle avait plus le don à l'écoute et elle ne parlait lorsque le moment s'y prêtait, surtout dans cet entretien où aucune bavure n'était acceptée. Silencieuse, elle se concentra sur la suite des événements...

- Vous n'avez plus affaire à la Princesse Sanwine de Birla, mais à son Impératrice, mon cher Ambassadeur.

Sanwine perdit tous ses moyens.
Son regard devint vide de sens.
Ses poings se resserrèrent et froissèrent un bout de sa robe.
Sa respiration ralentie.

Comment ? Quand ? Et surtout... Qui ?
La colère fut la première à se manifester. Son père allait pourtant à merveille avant qu'elle ne prenne la fuite et elle ne croyait pas à une simple mort par la maladie ou accidentelle... Il ne restait alors plus que la possibilité du crime. Elle commençait à avoir des envies de meurtres sur ce roi ainsi que l'assassin à son service qui avait enlevé la vie à ce qu'il lui restait de plus précieux pour elle. Lioffel XX n'avait aucun scrupule et était capable de tout pour arriver à ses fins...

Puis, vint la tristesse. Senos III était en effet un Empereur mais il restait un père pour la jeune femme et rien ne pouvait dire le contraire. Elle avait autant d'amour pour lui que lui en avait pour elle, leur relation père-fille avait toujours été forte. Mais voilà qu'il perdit la vie après que sa mère ait perdue la sienne il y a quelques années. La jeune femme se retrouvait maintenant orpheline et sans personne sur qui elle pouvait réellement faire confiance...

Ensuite, intervint l'inquiétude. Elle n'était pas préparée à devenir Impératrice si brutalement et n'était pas prête à endosser ce rôle dans une situation pareille. De plus, maintenant qu'elle avait les rennes de l'Empire, le roi avait sûrement énormément de plans en tête à son égard dont peut-être sa mort ou/et son arrestation. Si c'était le cas, elle devait trouver un moyen de s'enfuir au plus vite.

La question de la paix avec Lioffel était pour l'instant mise de côté et la conversation était dès maintenant basé sur le décès de l'Empereur. Ailéron demanda des preuves de ses paroles et Sanwine en profita pour le questionner sur ce qui était pour elle le plus important à savoir. Elle jeta son regard vide et donc sans haine vers Lioffel XX :

- Comment est-il mort ?...

Elle priait de tout coeur Greön et Hyllel, les deux renards de la légende, de la soutenir dans cette annonce plus que difficile à avaler. Au fond, elle espérait que tout cela ne soit qu'une autre forme de pression sur eux et que cela ne restait qu'un mensonge parmi tant d'autres...

Que c'était délectable, de voir les expressions de ses visiteurs birlais. Surtout celle de la princesse devenue Impératrice prématurément. Elle en valait le détour à ne pas en douter, et prouvait à quel point elle n'était pas prête à assumer sa tâche. Celle de l'Ambassadeur était intéressante aussi, mais dans un autre domaine. Oh, assurément, il était moins retourné par la nouvelle... Lioffel n'en doutait pas une seconde : il avait entendu nombre de rumeurs sur cet homme et il savait reconnaître un personnage comme lui, qui avait des ambitions. Ils avaient, en fin de compte, bien plus de points communs qu'il ne semblerait au premier abord.

Lioffel ne dit rien. Il attendait, patiemment, qu'ils retrouvent respectivement leurs voix. Son sourire carnassier était toujours accroché sur ses lèvres. Une preuve de la véracité de ses propos ? Le sourire du roi grandit encore. Précautionneusement, il sortit de sa veste une lettre et la tendit à Ailéron d'un geste affable. Être ennemi n'empêchait pas de faire preuve de manières distinguées.

- Lisez donc par vous-même, cher Ambassadeur.

Il fit une pause avant de reprendre :

- Vous avez certainement remarqué l'absence de Séléné Corner à ce bal ? Je ne vous apprendrai rien en vous disant qu'il s'agit de la Commandante de ma Garde noire. Vous connaissez d'ailleurs certainement la réputation de cette élite... Cette lettre m'a été envoyée de sa main et garantit que nos plans sont en cours d'exécution. L'Empereur Senos III est bel et bien mort.

Une nouvelle pause, le temps d'admirer ses ongles. L'Ambassadeur avait certainement d'autres questions. Aussi se fit-il un plaisir d'y répondre avant qu'elles ne soient posées.

- À l'heure actuelle, Birla est sans Empereur ou Impératrice. Vous êtes vous-même là. Personne ne peut prendre là-bas de mesure d'urgence. Mais je suppose que je n'ai pas besoin de vous apprendre ce que provoquer un gouvernement absent. À l'heure qu'il est, mes troupes mènent leur dernier assaut pour prendre le palais birlais, pendant que les plus grands de ma cour et de la vôtre dansent ici. N'est-ce pas une belle soirée, Ambassadeur ?

Il ne s'adressait qu'à l'homme et ignorait la jeune femme. Ce n'était pas elle qui pourrait faire changer les choses, pas plus qu'elle n'allait négocier. Après tout, elle était jeune, sans expérience, et d'une terrible naiveté. Il avait bien entendu les rumeurs qui disait qu'une jeune femme demandait à qui le voulait bien leurs opinions sur le roi. Il sourit de nouveau, mais daigna répondre à sa question :

- Par empoisonnement. Je m'excuse par avance pour ces goûteurs dont s'entourait votre père qui périrent eux aussi... Ils furent bien inutiles, d'ailleurs, pour contrer ce poison qui n'agit que plusieurs heures après consommation.

Lioffel lui tendit une missive sans se préoccuper de Sanwine. Qui était tout de même impératrice à présent. Ailéron fronça légèrement les sourcils et se saisit du papier dont les bords s'enroulaient comme de vicieux serpents. Il lut en même temps que le roi donnait l'explication. Les nouvelles n'étaient guère réjouissantes, et d'impassible, le visage de l'ambassadeur passa à glacial. Il tendit le rouleau à la princesse. L'impératrice désormais.

- Les absents ont toujours tort. Ce papier peut très bien être une vaste supercherie. Je n'en croirais pas un mot tant que je n'aurais pas vu les choses par moi-même. Peu importe la réputation de votre garde noire.

Oh ! Il ne doutait plus de la mort de l'Empereur, mais il fallait gagner du temps. Parce qu'une impératrice dont le trône était actuellement occupé par des brutes épaisses ne devait pas être absente trop longtemps. S'il n'y avait que la garde noire en possession du palais, les choses seraient sans doute réglées rapidement, à condition que Sanwine et lui devancent d'éventuelles troupes armées envoyées en renfort.

L'heure tournait. Viendrait un moment où il serait trop tard. Il fallait partir dès à présent.

Alors que Lioffel "s'excusait" d'avoir empoisonné Senos III, Ailéron envisageait déjà un plan de retraite express.




Ses doigts étaient serrés autour du pied du verre. Le vin basculait d'un bord sur l'autre à l'aune du tremblement qu'il imposait.

La peur surgit du plus profond de nos entrailles, pour vriller nos nerfs d'une invincible puissance. Nul contrôle ne peut y faire face. J'espère votre Majesté, qu'un jour vous la ressentirez, et que vous comprendrez que moi, j'en ai la maîtrise.

Il renversa "maladroitement" le verre sur le buste de son Impératrice, et se leva aussitôt, renversant sa chaise avec fracas. Un coup classique dont personne ne serait dupe. Mais qui aurait le mérite de sauver la face et leur fournir une maigre excuse.

- Quel maladroit je fais ! Pardonnez-moi votre Altesse. Il faut vous changer immédiatement !

Et pour en rajouter une couche.

- Je suis certain que son altesse Lioffel nous accordera une escorte digne de ce nom. Puisqu'après tout, vous êtes une prisonnière de haut-rang... à présent.

Il n'attendit pas l'assentiment de leur hôte sanguinaire. Il s'empara du bras de sa souveraine, et la conduisit à la porte qu'il ouvrit à la volée. Des cloches sonnaient dans la ville. Les dix heures. L'Ambassadeur ne se retourna pas quand il quitta le salon. Pas de révérence, inutile de faire des courbettes à présent. Et si des gardes voulaient les arrêter, ils le sauraient bien assez tôt.

Sa Majesté ignora la jeune femme, continuant de donner des détails de l'annonce à Ailéron. Ce qui n'était pas plus mal, dans l'état de choc qu'elle était... Surtout quand vint la cascade de mauvaises nouvelles. Voilà que l'armée lioffeloise était au porte du palais de Birla en plein assaut, pendant qu'elle était dans ce salon complètement figée par les évènements. Tous s'écroulaient autour d'elle. Son père avait été tué, son château était à deux doigts de tomber entre les mains de Lioffel XX, son peuple bientôt allaient être asservi ou peut-être massacré par ces lioffelois. Elle ne voyait plus de lueurs d'espoir.

Non. Elle ne pouvait pas abandonner si facilement. Elle n'était après tout plus la fragile princesse mais maintenant l'Impératrice Sanwine I de Birla. Elle reprit prestance comme une souveraine se devait se comporter. Il ne fallait pas exposer à l'ennemi ses faiblesses sinon il se renforçait dans ses idées. Il pensait qu'il allait pouvoir briser tout ce qu'elle avait de plus précieux ? Elle allait lui qu'il n'était pas maître de son existence. Elle commença même à éprouver une profonde détestation pour lui, mais la jeune femme ne laissa paraître aucun trait de cette haine. Mais elle ne put s'empêcher de lui répondre froidement.

- Je n'ai nulle besoin de vos excuses, Votre Majesté...

Elle plongea son regard dans celui du roi. Si elle ne pouvait pas négocier avec lui alors elle obtiendrait la paix par un autre moyen. Quoiqu'il en coûte, elle offrira aux birlais une vie de tranquillité, sans qu'elle soit agitée par la douloureuse perte d'un proche parti à la guerre. Sanwine avait elle-même perdu sa mère il y a quelques années à cause de l'épidémie de frigidite et chaque jour, elle ne pouvait s'empêcher d'avoir une pensée pour elle. Elle lui manquait terriblement. Maintenant, elle n'avait plus de père. Plus personne sur qui elle pouvait réellement compter.

Enfin... Si. Son ambassadeur était là. Senos II lui avait donné confiance en tant que premier conseiller et au point de l'avoir envoyer au palais de Lioffel pour y rejoindre sa fille. Alors elle pouvait compter sur lui pour l'aider à s'en sortir.
Justement, elle fallait qu'elle trouve au plus vite une solution afin de partir de ce maudit salon. Mais à peine avait-elle commencer à chercher un plan qu'elle sentit du vin se déversé sur sa robe bleutée. Elle poussa un léger cri de surprise et comprit instinctivement l'idée d'Ailéron. Elle se laissa donc prendre le bras et emmener par le birlais qui ouvrit en trombe la porte.

Il fallait fuir. Loin d'ici. Loin de l'antre de la bête.