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20h57 - L'art de calmer un dragon
Dim 19 Juil - 19:34
Varda de Mormegil
Varda de Mormegil
78
Dragon Blanc

Salle d'entraînement de la Commanderie, 20h50,


De marbre.

Il était resté de marbre.
Quasi absent.
Pas une once de protestation. Pas un regard de réprobation ou même de mépris.
Rien de tout cela.
Elle récupéra la rapière du Manteau Blanc qu'elle déposa dignement dans l'un des râteliers tandis que le domestique l’emmenait vers sa nouvelle affectation. La dragonne les suivit du regard jusqu’à ce que la porte se referme sur eux.

Seul face à elle-même,

Elle prit conscience de son cœur qui s’était emballé tout comme de sa gorge qui s’était nouée. Une colère sourde grondait toujours dans chaque parcelle de son corps.

Colère envers Thony pour ce comportement aussi inacceptable qu'incompréhensible
Colère envers elle-même pour ses pensées aussi inavouables que monstrueuses.

Elle examina ses mains.
Une vague de dégoût s’empara d'elle-même. Dire qu'elle avait l'espace d'un instant envisagé de l’éliminer.

Purement.
Simplement.
Froidement.


Mais tu ne l'as pas fait fit écho une petite voix.

Ses bras commencèrent à se tétaniser sous son regard implacable.
Lentement, elle se laissa glisser le long du mur jusqu'à pouvoir encercler ses genoux de ses bras pour y enfouir sa tête.

Disparaître.
Juste l'espace d'un instant, disparaître.

Les larmes se pressèrent sous ses paupières mais aucune ne jaillit. Elle resta ainsi, prostrée, sous la lumière vacillante des candélabres durant de longues minutes.

Jusqu’à ce que de nouveau le désir de le revoir s'impose à elle.

Impérieux et irrésistible appel.

Comme une douce chaleur se frayant un chemin entre les ravins glacées.

La débâcle était annoncée.

Elle releva la tête, glissa ses mains entre ses cheveux les ébouriffant légèrement avant de les peigner.
Elle inspira profondément, savourant cette infime particule de calme qui tentait de trouver sa place dans cet océan déchaîné.

Une éclairci traversa brièvement son visage sévère lorsque son image apparut dans son esprit.
Dans son bel atour aussi bleu que ses yeux.
Il ne devait pas être loin de vingt-et-une heures désormais et dire qu'elle n’avait toujours pas trouvé le temps de lui glisser ne serait-ce que quelques mots dans le creux de l'oreille, au détour d'un couloir.

Elle se releva, retrouvant sa fierté et sa présence habituelle. La dragonne souffla une à une les bougies de la salle, la plongeant dans l'obscurité. Un derrière coup d’œil à cette fenêtre et elle referma la porte.



Salle de bal, quelques minutes plus tard,


Elle déambula entre les couples de danseurs cherchant du regard sa chevelure immaculée. Libéré de ses engagements pour la soirée, il devait sans doute se tenir un peu à l’écart. Elle fendit la foule et l’aperçut face à une fenêtre, le regard tourné vers les jardins. Elle s’approcha silencieusement de lui et ne résista pas à l’idée de l’observer quelques peu.

Les battements de son cœur reprirent de plus belles jusqu’à ce qu’elle n'entende plus que le sang pulsant dans ses tympans.

Un nouveau pas.

Elle réfréna tant bien que mal la volonté de ses mains à vouloir se glisser le long de sa taille pour l’étreindre. Un geste anodin pour tous mais qui pouvait leur coûter cher, très cher.
Ses doigts la démangeaient, un insupportable fourmillement lui intimant

Un dernier pas.

Elle posa sa main sur son bras, réprimant l'envie de la laisser rejoindre cette main imperturbablement posée sur le pommeau de sa rapière.

- Rien à signaler du côté des jardins ? demanda-t-elle de son habituel ton aussi distant que sérieux.

Les chuchotis du cœur ne pouvait être partagé que loin des oreilles trainantes.

- Suivez-moi ordonna-t-elle avant de faire volte-face.

Imperturbable de l’extérieur. Ravagée de l’intérieur.

Elle pénétra dans un salon un peu à l’écart, verrouilla l’accès usant de l’un de ses passes puis ferma méthodiquement chaque rideau un à un, dans le plus grand des silences ; avant de revenir vers lui, le regard flamboyant, accentué par le reflet des bougies.


Envolé le rationnel. Seul subsistait l'irrationnel.

Son cœur s’emballa, harde équine lancée au triple galop. Elle se jeta sur lui sans plus de cérémonie, laissant libre à cours à son amour dans un baiser passionné.
Ses doigts cherchèrent les siens pour s'y entrelacer.
Elle s'ennivra de son odeur, la plus douce de toutes les ivresses.
Elle laissa la chaleur de son corps faire fondre les restes de sa glaciale fureur.
Chaque seconde qui passait, allégeait un peu plus ce fardeau qu'elle portait.

Oublié, le bal.
Oublié, la dague de diamant.
Oublié, le proxénète.
Oublié, la conduite de Thony.
Oublié, ses propres démons.

Seul subsistait, cette incroyable chaleur, brasier ardent, qui enflammait son être jusqu'à ses pommettes.

Pourquoi finir ce qu’elle aurait voulu infini ?

Mais puisque toutes choses avaient une fin, elle décida de se noyer dans l’océan de ses pupilles. La dragonne enfonça sa tête dans son cou.

Prolonger l’ivresse, rien qu'un peu.
S'emplir de chaque seconde de pure félicité.

Aussi près de son pavillon, nul n’était besoin de parler. Un simple chuchotis. Ne pas rompre la magie.

- Je n’ai même pas eu le loisir de te complimenter. Tu es… magnifique ainsi... Même si le blanc reste ma préfèrence. conclut-elle d’un ton malicieux.

Blanc de la pureté
Blanc de l'honneur
Blanc des préceptes
Blanc des interdits outrageusement violés par leur gardienne.


Dernière édition par Varda de Mormegil le Dim 19 Juil - 22:00, édité 1 fois
Re: 20h57 - L'art de calmer un dragon
Dim 19 Juil - 20:45
Mhilo Cezare
Mhilo Cezare
44
L'Ombre du Prince
« Rien à signaler du côté des jardins ? »

Mélodieuse voix qui vient titiller mon ouïe. Je reste dans mon actuelle position pour ne pas … Nous trahir ? Je l’avoue, j’ai passé la soirée à capter son regard … En vain. J’avais promis de ne pas la placer avant mon Prince. Et j’ai croisé les doigts, comme mon cher petit frère avait l’habitude de faire, sachant d’avance qu’il ne pouvait tenir une promesse. Bien évidemment, jamais, je ne négligerais la vie du Prince. Il est le détenteur de mon souffle. S’il périt, j’en suivrais. Je serais le premier responsable. Non, à présent, ils sont deux à détenir les palpitations de mon myocarde et clairement pas de la même manière. Si je m’affole, de désespoir pour mon hypocondriaque, pour la seconde détentrice, c’est plutôt d’un inavouable amour. Je m’apprête à donner le change, quand elle me coupe dans mon élan.

« Suivez-moi. »

Je fronce le regard. Ca y est, mon répit était terminé ? Pour ce fastueux événement, la Commandante – mon amante, oui, c'est prétentieux de le rappeler, plaisir personnel – avait décidé que tous les Manteaux Blancs – moi y compris – surveilleront à tour de rôle, le Prince.

Il fallait avouer que veiller sur lui était encore plus épuisant que d’ordinaire. Les assaillants pouvaient surgir de nulle part. Aussi bien pour le père que pour le fils. Et je dirais même que si les ennemies voulaient faire souffrir le Roi, autant trancher sa progéniture sous ses yeux. Et encore, je me demande si cela lui ferait un quelconque effet. Nous n’avons pas le plus altruiste comme gouverneur.

Le Prince entre deux MB, je m’étais retrouvé un peu pataud parmi tous ces bons gens alors, alors j’avais battu en retraite, près des fenêtres, prêt à fuir si on me demandait une quelconque insipide conversation voire pire, une danse. Mais il faut croire que ma pause semblait terminée.

Et pourtant, je crois que je n’aurais jamais pu imaginer ce qui s’en suivrait. J’avais beau avoir eu le désir de bafouer des règles, je n’aurais pu fomenter dans mon vif esprit que ce fut ma mie qui allait lancer les hostilités. Je l’observe s’affairer à masquer notre désobéissance et un sourire s’étire, une fois l’obscurité nous accompagne. Je réceptionne la Dragonne muée en une Passion dont je me délecte dans ce fougueux baiser, mes mains remontant jusqu’à sa nuque, et je me détache de ses pulpeuses, à contre cœur, pour reprendre mon souffle. Quand je vous dis qu’ils sont deux à le posséder, je ne mens pas.

Nos fins doigts s’entrelacent et j'embrasse son front. Plaisir coupable quand les saltimbanques font diversion malgré eux. Peu de risques qu’on puisse nous surprendre mais je ne sais si cela est vivifiant ou terrifiant.

« Je n’ai même pas eu le loisir de te complimenter. Tu es… magnifique ainsi... Même si le blanc reste ma préférence. »

Je ris doucement, caressant son immaculée chevelure, prenant des forces, auprès d’elle. J’avais formaté mon être pour ne pas avoir cette possibilité de l’avoir tout contre moi et pourtant, nous le vivons bel et bien, offrant au Danger, une place de choix dans cette fastueuse nuit. Bien vite, j’écarte cette transgression.

« Demain, tout reviendra à la normale dans ce cas, mais j’apprécie de pouvoir changer de couleur de temps à autre. » Notamment quand les jours de repos existaient dans mon emploi du temps. J'aimais porter une simple tenue, me laissant à l'air libre, totalement libre. Je me racle la gorge, pas franchement serein de ce que je vais dire, à haute voix. « J’ai eu espoir de te voir avec tes si belles épaulettes et .. En robe. »

Je rougis de ce fantasme avorté. Et pour nous épargner un plombant silence, je me recule, glisse ma main gauche dans le bas de son dos, mon autre main dans la sienne et prends position pour nous mener dans une valse. Quelques pas avant de la basculer, embrassant son cou qui m’est offert.

« Jusqu’où vas-tu nous emmener ainsi ? »

Mon subconscient hurle, partout, je te suivrais. Je la redresse lentement, espiègle sourire illuminant mon visage. Et ça, le plus grand Danger, ce naissant amour qui me consume et découd tant de principes qui m'avaient donné un sens à ma Vie.
Re: 20h57 - L'art de calmer un dragon
Mer 22 Juil - 15:47
Varda de Mormegil
Varda de Mormegil
78
Dragon Blanc
Les derniers événements avaient laissé en elle une conscience ravagée. Le retrouver, braver l'interdit et laisser cavaler ses émotions avait le don de faire voler en éclats ses ressentiments.

Quoi de mieux qu'un baiser avec l'être aimé pour s'apaiser, surtout lorsqu'il était catalyser par le danger?

Elle en avait presque oublié les dernières heures qui venaient de s'écouler.

Leurs pupilles accrochées, elle le compliments sur sa tenue. Sur lui. Les chiffons ne l'intéressaient guère. Ce n'était même pas vraiment ce qu'elle avait remarqué.

Non.
Elle s'était arrêté à son port altier.
A son regard océan.
A sa chevelure immaculée qui pour une fois tranchait avec son costume imposé.
A l'homme qu'il y avait sous le blanc.

Tout redeviendrait-il comme avant lorsque les premières lueurs de l'aube déchirerait le ciel nocturne? Elle en doutait. Elle avait un mauvais pressentiment. Un très mauvais pressentiment. Et si on en jugeait au nombre de fois où celui-ci lui avait sauver la mise, rien ne servait de le rendre muet.
Son regard tendre et attentif brilla soudainement d'une lueur différente. Une robe? Vraiment ? Était-il tomber sur la tête ? L'alcool peut-être ?  Ses pensées qui affluaient restèrent bloquées au fond de sa gorge sans qu'elle ne puisse les formuler.

Et comment je le protégerai ainsi accoutrée?! Tu as déjà essayé ce que ça faisait ces grosses meringues étriquées ?! De toute façon pour mettre une robe encore faudrait-il en avoir une! Tu sais depuis quand je n'en ai pas portée ? Depuis mes 16 ans!

Et quand enfin le barrage allait cédé, il saisit sa main et l'entraîna pour quelques pas d'une danse improvisée.
Depuis quand n'avait-elle pas dansé ? Depuis le fameux même jour de ses seize années...

Jour de fête.
Jour de tempête.
Jour d'opposition.
Jour de départ pour le front.

Elle rejeta violemment la vague de souvenirs qui s'imposait à elle. Elle lui en voulait. Elle be lui avait jamais pardonnée.

Pourtant malgré toutes ses années, rien avait été effacé.

Ni les pas de danse.
Ni l'amertume.
Ni la culpabilité.

Elle se laisse basculer en arrière noyée dans son regard autant que dans son passé.

Sauve-moi.

Jusqu'où iraient-ils? D'abord perplexe, elle afficha un sourire taquin.

- Jusqu'au bout de la nuit. Jusqu'au paradis.
...Ou droit en enfer.

Elle ne pouvait oublier que malgré la félicité, le danger planer. C'était une promenade de funambule au dessus d'un ravin. Une question de vie ou de mort. Il avait accepté les enjeux en même temps que cette relation à hauts risques.

C'était grisant.

Aussi grisant que l'adrénaline qui se répendait lorsque la rapière était au clair.

Lorsqu'elle se redressa, elle commenta rapidement sa danse avant de reprendre son sérieux. Elle devait le voir. Pour lui voler un moment d'intimité salvateur mais également pour savoir. Savoir et transmettre.

- Quelles sont les nouvelles, Mhilo?

Elle s'en voulait d'interrompre ce moment aussi abruptement. Mais le devoir était le devoir.
Re: 20h57 - L'art de calmer un dragon
Sam 1 Aoû - 15:31
Mhilo Cezare
Mhilo Cezare
44
L'Ombre du Prince
« Quelles sont les nouvelles, Mhilo ? »

Sa question étreint mon cœur. Plutôt la manière d’écourter notre intime échange. Je sais qu’il ne faut pas s’attarder, et donner du bâton au danger mais c’était bien trop court. Je retiens un soupire, embrasse son front et me détache de son être, pour traverser la pièce et observer l’extérieur. Quitte à mettre de la distance autant le faire physiquement également. Je place mes mains dans mon dos et retrace ma soirée.

« Pour le moment, tout est sous contrôle. Le Prince endosse parfaitement son rôle, il mange, bavarde et danse. Les convives semblent tout autant émerveillés, surtout la gente féminine. J’en ai même une qui a osé me demander, si elle mariait sa fille au Prince, elle se mariait avec moi, également. Cela m’a fait rire et je n’ai pas répondu. Qui sait, cela pourrait être en dissuader quelques-unes. Qui voudrait s’embêter avec un balafré comme moi, de toute façon. M’enfin. La communication semble efficace avec tous les autres Manteaux. Cela me manquerait presque. Je suppose que demain, le Prince aura droit à une journée de repos. Il l’aura amplement mérité. Je pense qu’on sortira, prendre l’air. Je doute que le Roy accepte de le laisser partir quelques jours mais cela serait salutaire. Et puis même, aller à la rencontre de son peuple, ne peut que faire du bien à l’image royale. M’enfin, avec notre dirigeant, qui sait, ce qui peut se tramer, un tel soir où les masques encouragent les lions à mordre. »

Mon regard se flou, restant trop longtemps sur une torche éclairant les allées boisées des jardins. Je sentais bien que lorsque l’astre solaire s’élèvera, bien des choses auront changé, voire périt. On parlait d’un homme stratège. Et je doute qu’il avait simplement envie de festoyer. Je pivote ma tête, arrivant au niveau de mon épaule.

« Et vous, arrivez-vous à supporter tout ce faste ? J'ai cru comprendre que les mignardises étaient excellentes, avez-vous pu en gouter ? »

Cette distance, revêtant du professionnel me déplaît mais je suppose, que c'est ce qu'elle souhaite. Je me tourner enfin face à elle.

« Quels sont les ordres Commandante ? »

Ma voix est sans émotion, souvenir d'avant notre "rapprochement". Etant donnée qu'il est question de faire un rapport autant tenir le rôle jusqu'au bout.
Re: 20h57 - L'art de calmer un dragon
Dim 2 Aoû - 10:14
Varda de Mormegil
Varda de Mormegil
78
Dragon Blanc
Lorsqu'elle demanda des nouvelles, Mhilo prit le large aussi bien physiquement que psychologiquement. Elle l'avait senti être emporté par la houle aussi loin que cette fenêtre à travers laquelle il perdait son regard.
Son poing se serra discrètement. Pourquoi avait-elle dit pareille chose? Pourquoi ne pouvait-elle pas simplement profiter?

Comme tout le monde.

Perdue dans ses pensées, elle en rata le début du compte-rendu, ce qui ne lui ressemblait guère, elle qui était capable de mémoriser chaque détail et dont l'attention ne faiblissait jamais.
Elle se secoua la tête brièvement et se sortant de sa torpeur se rapprocha de lui.

Qui voudrait s’embêter avec un balafré comme moi, de toute façon. M’enfin.

Moi. Moi je m'en embarrasserai volontiers.

Ses bras glissèrent autour de sa taille et elle posa sa tête sur son épaule, observant, comme lui les lumières vacillantes des jardins. Ce qu'elle pensait de la suite de cette nuit? Qu'il ne s'agissait là que du début et que le pire était à venir. Avait-il conscience du nombre d'assassin potentiel qui était  entré ce soir au Palais? Les Gardes Noirs faisaient un travail impitoyable comme toujours, mais cela suffirait-il?

Il était si fourbe.

Elle chassa son sourire carnassier de son esprit mais la désagréable impression sur son échine perdura. Ses bras retombèrent le long de ses flancs et elle recula d'un coup sec, sans même s'en rendre compte.

- Et vous, arrivez-vous à supporter tout ce faste ? J'ai cru comprendre que les mignardises étaient excellentes, avez-vous pu en gouter ?
La dragonne resta un bref instant, comme pétrifier, avant de réaliser qu'il venait de se retourner et s'adressait désormais à elle.

- Je n'ai pas le temps de m'amuser, Mhilo. répondit-elle plus sèchement qu'elle ne l'aurait voulu.

Son regard glacial de mise, elle poursuivit, sans lui prêter de réelle attention. Cette impression qui lui hérissait les poils était si viscérale qu'elle ne parvenait à s'en défaire. Elle énuméra mécaniquement les faits:

- Clémence Derffel est entrée en possession d'une dague, ses doigts se recourbèrent pour en extraire la lame glissée le long de son poignet, qu'elle lui présenta ensuite tout en poursuivant D'après elle, un assassin à la sarbacane roderait dans les environs de la Capital. Je n'y prête que peu de crédit mais des hommes sont en route pour vérifier les informations.

Enfin, elle posa ses pupilles dans les siennes

Lianelle va éliminer le proxénète. prononça-t-elle avec un détachement tout professionnelle.

Une habitude. Les murs de ce palais devaient abriter plus d'esprits vengeurs que de courtisans... Et la nouvelle de l'assassinat de Shanniv était plutôt pour la réjouir. Elle ne l'avait jamais apprécié. Il ne valait pas mieux que son demi-frère. Excepté que sa position le poussait à être un candidat de choix pour un complot. La dragonne se garda bien de parler du statut particulier de ce demi-frère et de son pacte secret avec Lianelle.

Un rictus nerveux se dessina ensuite sur son visage tandis qu'elle lui avouait que Thony avait de nouveau enfreint les règles et avait été retrouvé en état d'ébriété avancé.

- Je l'ai affecté au service
... Après avoir failli l'assassiner.

- Le suspendre n'aurait fait que l'arranger.  J'espère qu'il nous sera ainsi utile en faisant le service... Mhilo... Elle leva un regard quasi suppliant vers lui Je ne sais plus quoi faire de lui...
... A part éliminer le problème.

Ces demi-aveux allégèrent quelques peu sa conscience. Comment aurait-elle pu lui dire que la dague qu'il tenait entre ses doigts avaient failli finir sa course dans la carotide de Thony?
Re: 20h57 - L'art de calmer un dragon
Dim 2 Aoû - 11:39
Mhilo Cezare
Mhilo Cezare
44
L'Ombre du Prince
Son langage verbal et non verbal me meurtrisse plus encore. J'avais espéré une accalmie, mais il fallait croire que ce bal ne pouvait nous permettre de relâcher la pression, un court instant à l'abri des regards indiscrets. Et je m'en voudrais si un incident se produisait alors que nous sommes tous les deux ici. Je suppose que cela mettrait fin à notre relation non professionnelle ? Cela est douloureux de ne pas pouvoir se projeter. D'être ce funambule qui ne peut voir l'avenir. Je finis par me détourner à nouveau de sa personne, préférant reprendre ma soudaine affection pour les torches et ce jardin. Si je pouvais, je sauterais et irait me perdre dans les feuillages. Mais bon, je me connaissais suffisamment pour me montrer raisonnable et ne pas laisser tomber ni ma Commandante et encore moins Mon Prince. Dos à moi, je peux me concentrer sur ses propos.

« Désole de vous distraire de votre poste en ce cas, cela ne se reproduira plus » Pas le temps de s'amuser. Du répit, est-ce considéré ainsi ? Le suis-je également ?

Je finis par me retourner quand le bruit d'un tissu se fait entendre et découvre la dague. « Si les manants font justice eux-mêmes, nous ne sommes pas rendus. Je n'ai pas entendu pareille rumeur mais bon, espérons que cela reste qu’une ineptie. »

J'arque un sourcille, la Folie va donc se mettre en scène. « Pour quelle raison, devra-t-elle faire cela ? » Ordre du Roy à n’en point douter mais quand même, j'en reste intrigué tiens.

Un soupire échappe de mes pulpeuses, embêté mais attristé pour Thony. Je prends le temps de la réflexion. Je connaissais mon ami, et il était tout aussi fidèle que compétent si on éloigne les tonneaux.

« Mets le à la formation des soldats, de manteaux blancs. Ça l'obligera à être exemplaires. Et il n'aura pas le temps de s'amuser lui aussi. Bien que l'oisiveté n’ait jamais fait de mal pour une bonne santé mentale. »

Je n'ai pas pu m'abstenir de remettre une couche. Mais on faisait un dur métier, où tous nos sens demeuraient - jour et nuit - aux aguets alors ... Bref, il était indéfendable. Mais un fidèle partenaire.

« Tu .. Vous lui avez demandé pourquoi il avait un tel comportement ? Et s'il aimait son métier ? Travailler de concert avec lui afin de trouver une solution durable. Prendre le temps d'écouter et de discuter, fait du bien aussi. »

Parfois communiquer avec l'autre est plus efficace qu'aboyer des ordres. A méditer, je suppose.
Re: 20h57 - L'art de calmer un dragon
Sam 8 Aoû - 17:00
Varda de Mormegil
Varda de Mormegil
78
Dragon Blanc
Elle n’avait pas voulu paraitre sèche ni glaciale mais c’était plus fort qu’elle ne pouvait pas s’en empêcher. Chassez le naturel, il revient au galop. C’est ce que disait le proverbe non ? Et autant dire que le sien était un fougueux destrier sorti des enfers, les sabots en feu.
Était-il possible qu’elle se comporte un jour dans ce que le monde appelait communément la normalité ?
Bien entendu, la réponse ne se fit pas attendre.

Amer réponse qui laisse un goût aigre dans la gorge.
Réponse méritée.

Aurait-elle dû s’excuser ? Certainement. Le fit-elle absolument pas. L’idée lui traversa l’esprit telle un feu follet avant de mourir quelques secondes plus tard, sans que ses lèvres n’aient formulées le moindre mot.
Il y avait tant à faire à ce soir. Le travail passait en premier.
Le travail passerait toujours en premier.
C’est ainsi et pour toute la vie.
L’amusement viendrait après.

Elle fit un rapide résumé des évènements, le plus importants étant cette Lionne enragée de Clémence Derffel et cet incorrigible ivrogne de Thony .

Il se retourna finalement au délicieux son de la dague s’extirpant de la manche de la dragonne. Les yeux se croisèrent et l’un des cœurs au moins s’arrêta ravalant durant une seconde sa fierté. Si bien qu’au moins une partie de ses paroles se perdit dans quelques limbes que ce soient sans jamais atteindre leur cible.

- Je l’espère aussi car d’après ces dires, il pourrait s’agir d’un conjuré potentiel.

Autant dire que la perspective d’une sarbacane entrant illégalement dans le palais ne lui plaisait pas mais alors pas du tout. Qu’était-elle censée faire contre une aiguille qui pouvait sortir de nulle part, à tout moment sans qu’elle ne puisse la voir ?
Mhilo s’étonna de l’envie soudaine de la folle pour éliminer le Proxénète. Le numéro de deux sur la liste de succession donc. Officiellement en tout cas. Car Lioffel était bien capable de sortir, on ne savait quel batard de son chapeau pour le nommer héritier si l’envie lui prenait…
Elle se pencha à son oreille pour lui confier son secret


- Shanniv est un fantôme.


Elle se recula pour lui laisser le temps de parvenir à ses propres conclusions. Shanniv Derffel, Numéro 2 sur la liste, ambitieux au possible… Cela faisait beaucoup sans pour autant rajouter le pouvoir dont il disposait en tant que Fantôme. Ses prunelles dorées ne le lâchaient plus. Comprenait-il désormais dans quel guêpier ils se trouvaient ? Et dire que ce n’était là que la butte de la taupinière. Qui savait quel réseau se déployait sous leur pied et quels complots se tramaient ?

La discussion se poursuivit sur le cas de l’ivrogne. Que pouvait-elle faire d’un pareil bois-sans-soif  à part le noyer dans un tonneau ?
Lui faire former de la bleusaille ? Pourquoi pas les gardes qui en avait de tout évidence bien besoin. L’ennuie c’était que quoi qu’on lui demandait il finissait inlassablement par tout envoyer valser en l’air… Elle rangea cette idée dans un recoin du hall de sa Forteresse mentale. Posé là en évidence sur un guéridon.

Bien que l'oisiveté n’ait jamais fait de mal pour une bonne santé mentale.

Comme un tintement de reproche.

- On croirait entendre Elderic parler grinça-t-elle.

Ce maudit cher frère qui jouissait d’une vie… Hautes en couleurs. De leur devise familiale, il s’attelait surtout à respecter la première partie : Le Pourpre.

Pourpre du vin
Pourpre des joues charmés
Pourpre des robes à volants.
Pourpre du sang des maris mécontents.

Et de l’Acier et bien il ne restait que le fer qui lui servait à garder son honneur intact et à défendre sa précieuse cargaison.

Non elle n’avait jamais pris le temps de discuter réellement de ce problème redondant. Ce n’était pas quelque chose qu’on lui avait pris à faire. Médiation, un mot absent de son vocabulaire si celui-ci était décorrélé de sa rapière. Elle fronça les sourcils et posa cette idée à côté de la précédente.
Mais elle ne rêvait pas, il venait encore de lui servir un coup de semonce. Elle soupira.

Prendre le temps d'écouter et de discuter, fait du bien aussi.

Un écho qui se perpétuait dans son esprit, cherchant à se fixer quelque part.

Elle passa ses mains sur son visage avant de se laisser tomber sur l’un des canapés.

Maudite soirée de bal de merde.

Elle prit sa tête entre ses mains, silencieusement, avant de la secouer.

Je te prie de m’excuser. Tu as entièrement raison. J’irai lui parler et… Je tiens à m’excuser de mes paroles maladroites ou de mon comportement, peu… Avenant.

Nouveau soupir alors qu’elle passe distraitement une main dans ses cheveux.

Vient me distraire plus souvent, au contraire… S’il te plait…



Ce bal va me rendre folle.

Ces passoires de gardes.

Ces courtisans complotistes.

Cet infâme Roi à protéger quand je voudrais le tuer.
Re: 20h57 - L'art de calmer un dragon
Sam 10 Oct - 16:48
Mhilo Cezare
Mhilo Cezare
44
L'Ombre du Prince
Les nouvelles du front ne sont guère bonnes. Surtout lorsqu'un potentiel dirigeant refait son apparition. Mais je ne dis rien. C'était au-delà de mes compétences. Je devais protéger le Prince. Mais je me questionne tout de même. Devait-on le prévenir ? Serait-il soulagé d'avoir relégué à la seconde place ? Le jeu du pouvoir va-t-il autant basculer ? Parfois, je me maudis de ne pas le préparer suffisamment. De n'être pas assez incisif dans son apprentissage. Je ne laisse rien passer pour autant, une moue boudeuse, perdurant, trop longtemps, pouvait me faire plancher, dans les jours de bonne humeur. Autrement dit, rare mais cela se produisait bien trop de fois à mon gout. Je soupire longuement. Voilà donc une nouvelle partie d'échecs qui vient de se lancer. Pourvu que le fou, sache contrer moult parade de l'ennemi.

Je te prie de m’excuser. Tu as entièrement raison. J’irai lui parler et… Je tiens à m’excuser de mes paroles maladroites ou de mon comportement, peu… Avenant.


Je n'aurais jamais cru entendre de tels mots. La Dragonne. Fière. Intraitable. Impassible. Sanglante. Majestueuse. S'excuser. De son comportement, en prime. Je cligne plusieurs fois des yeux. Et ce qui se déroule sous mes yeux est tout aussi ahurissant. Elle venait véritablement de paraitre humaine. Lasse. Avec des failles. Ainsi donc, elle avait véritablement des émotions pulsant dans son être. Je devrais avoir honte d'avoir douté et d'être si surpris. Mais on savait tous que la commandante est modèle d'un professionnalisme aussi tranchant que sa lame. Et la voir ainsi, me déstabilise. Était-ce une porte à ouvrir ? Une invitation à se dévoiler. Pas tremblants s'avançant vers elle, je m'abaisse lentement, moi-même incertain de ce que je fais, et une micro seconde suffit pour déposer un baiser sur le haut de sa tête. Était-ce véritablement moi qui venait d'acter un élan de compassion pour sa personne ? Aucune pitié, juste un amour galopant, que je ne maitrise pas. Encore un étalon à débourrer. Je me recule, sans voix, gêné et je me cache, lui faisant dos, fixant l'horizon au travers des baies vitrées. Mains dans le dos. Mon myocarde traverse les affres de ma raison, ébranlant tout. Je ressemble à un innocent ne s'étant jamais délecté des effluves féminins. Mhilo, ressaisis-toi, pardi. Je bombe le torse. Ombre du Prince, je suis. J'ai des responsabilités. Mais je suppose que le Dragon voulait souffler sur mes derniers remparts, second ébranlement. Mais bien moins appréciable.

Vient me distraire plus souvent, au contraire… S’il te plait…

Ai-je bien entendu ? Je pivote de trois quarts, sans réellement lui faire face. J'arque un sourcil, médusé. Je ne vais pas faire la danse du ventre non plus. Malheureusement, j'étais bien trop rancunier pour me soumettre à une telle demande. Dans d'autres circonstances, je me serais fait plus fougueux. Mais, elle ne m'aura pas une seconde fois. A la troisième, je doute tenir bon mais on n'en est encore bien loin.

Il va falloir être plus précise, à propos de divertissement. J'ai cru comprendre que ce n'était pas dans vos capacités. Et je ne voudrais pas vous faire perdre, de nouveau, votre temps. Et la peur de vous décevoir m'est bien trop présente, en travers de la gorge pour oser de quelconques initiatives.

Lui présenter un de mes mauvais côtés. Je n'avais pas oublié que je m'étais fait repousser la première fois. Chat échaudé ... craint les flammes et ne se montre guère audacieux la fois suivante.

Que puis-je faire pour toi, Varda ?

Regard acier tentant de la sonder, je la questionne mais le sous-entendu voilé, espérant, une réponse sur l'état actuel de notre relation. Qu'ai-je droit de faire plutôt ? Ici ? Maintenant ? Mais demain quand le soleil viendra annoncer de nouveaux dangers, de nouveaux espoirs.

Que serions-nous l'un pour l'autre ?
Re: 20h57 - L'art de calmer un dragon
Mar 13 Oct - 11:58
Varda de Mormegil
Varda de Mormegil
78
Dragon Blanc
Mhilo était l’eau qui s’écoulait entre les fissures des rocs. Une eau qui ne manquait pas de geler pour en pulvériser ce qui semblait être d’immuable roc. Que restait-il de la muraille qu’elle avait passé tant de temps à bâtir pour se protéger. Elle avait beau se cacher derrière, il finissait toujours par trouver un moyen de les pénétrer.

Comment était-elle venue à s’excuser ? Les mots avaient jaillit de sa bouche sans qu’elle n’en ait eu conscience, comme si ses lèvres ne pouvaient en retenir le flux plus longtemps.

Elle ? S’excuser ?

Depuis quand la dragonne courbait-elle l’échine ainsi ? Sous cette chevelure qu’elle secouait distraitement de sa main, ne se trouvait rien d’autres qu’un profond chaos. Une nuée de pensées parasites qui se culbutaient les unes aux autres sans jamais s’arrêter. Et ce feu, ce feu qui la consumait lentement mais surement. Qui grignotaient ses murailles de glace.

Quand il ne resterait plus qu’une vague flaque d’eau que se passerait-il ?

Elle craignait… Elle craignait la faiblesse qui en découlerait.
Et qui disait faiblesse… Disait blessure.
Car combattre sans armures c’était bien risquer de se faire blesser non ?

Mais le pire, c’était impuissance qui semblait la gagner un peu plus chaque fois. Elle n’avait qu’à voir Mhilo se retourner et lui adresser un œil inquisiteur pour comprendre que rien de tout cela n’était normal.
Mais le mal était fait.

Ressaisi-toi ! Ressaisi-toi ! Ressaisis…

Ses lèvres s’étaient posées sur son front. Fugace petit papillon qui prit son envol à peine posé.

Ephémère

Fut le mot qui s’afficha en lettre de feu dans son esprit. Tout était éphémère. Voué à s’achever.
Ce baiser.
Cet instant.
Ce bal.
Et leur relation alors ?

A nouveau les mots jaillirent. Quasi comme une supplication avant que les pensées ne viennent à nouveau éclater sous son esprit comme autant de bulles de savon empoisonnées.

Pourquoi ?
Pourquoi ?
Pourquoi ?
Pourquoi avait-elle dit cela ?

Trop tard.

Les paroles avaient déjà fuité dans les airs comme une volée de flèches immatérielle vers leur cible sans qu’elle ne puisse les retenir. Et la riposte ne se fit guère attendre.

Franche et frontale


- J'ai cru comprendre que ce n'était pas dans vos capacités.

Premier projectile qui la heurte de plein fouet.


- Et je ne voudrais pas vous faire perdre, de nouveau, votre temps.

Second.


Combien de blessures d’affilés est-il possible de recevoir avant de s’écrouler lamentablement sur le parquet ?

- Et la peur de vous décevoir m'est bien trop présente, en travers de la gorge pour oser de quelconques initiatives.

Troisième.


Comme un réflexe ses poings se crispèrent en même temps que son cœur. Comment pouvait-il lui dire une chose pareille ?

- Que puis-je faire pour toi, Varda ?.

Quatrième et dernier.

Rien. Rien. Rien. Rien!

Sa faiblesse, sa culpabilité, sa tristesse, se mélangèrent subitement pour ne plus former qu’un torrent de colère qui se déversa jusque dans ses doigts. La lame de Clémence, toujours à portée de main, glissa dans sa paume avant de voler dans les airs dans un sifflement caractéristique, jusqu’à ce rideau de velours, situé derrière lui. Le regard flamboyant, elle traversa le salon d’un pas empressé sans lui prêter la moindre attention et arracha la dague d’un geste brusque avant de faire volte-face.

Direction la sortie.

Rapidement.

Quitter la scène. Calmer les mains tremblantes. Fuir les larmes de rage qui menaçaient de s’échapper.

Arriver devant la porte, elle s’immobilisa subitement.
Etait-elle en train de fuir ? Oui.

La dague retourna dans sa manche. Elle se retourna. Fixa Mhilo.
Les naseaux du dragons fumaient annonçant les flammes  vengeresses.

Un instant.
Qui sembla s’étirer dans le temps.


Son esprit lui ordonner de prendre la porte.
Son cœur de retourner à ses côtés.
Qui écouter? L'un et l'autre se battait en duel sans qu'aucun ne prenne le dessus.
Sa tête était si lourde...

Ses pieds se remirent en mouvement furieusement. Elle était comme sur des charbons ardents. Chaque pas lui brulait un peu plus la voute plantaire.
Sans préavis, elle plaça ses mains autour de son visage et l’embrassa fougueusement avant de le relâcher.

Elle le trouvait agaçant. Enervant. Enrageant.
Rien n’était jamais gagné.
Et c’était bien ce qu’elle aimait.

C'était bien pour ça qu’elle l’aimait.
Re: 20h57 - L'art de calmer un dragon
Mar 13 Oct - 12:37
Mhilo Cezare
Mhilo Cezare
44
L'Ombre du Prince
Je l'ai entendu se lever, mon cœur se soulever. J'ai fermé les yeux pour me ressaisir. Le regard détourné. Un acte audacieux n'encourage pas un second. Et lui faire face, en faisait partie. Pour autant, feu ardent émanant de sa personne, j'étais presque certain que ma chevelure allait roussir. Par attitude enfantine, je l'avais repoussé. Œil pour œil. Ego masculin déplacé. Mise à nu, je m'étais fait rapidement revêtir. Regret qui me lancine. Ce que j'aurais voulu, un simple geste d'affection.  

Une pause dans cette pièce de théâtre, qu'elle se mue en bouffée d'oxygène. La mienne. Mais non, elle m'avait ôté quelques soupires et des espoirs. Pour autant, les excuses, m'ont bouleversé. Bateau instable. Face à la dragonne, je ne finirais que braises.  

Je regarde la lame se planter dans le mur. C'est à croire que j'y avais mis mon myocarde contre ce pan. Heureusement, il est bien fourré dans mon poitrail, battant à tout rompre. Mais je ne montre rien de ma detresse en cet instant.  

Ce qu'il y avait de vivifiant avec la Commandante, c'est cette mystification anxiogène qui règne en tout temps et qui m'oblige à demeurer sur le qui-vive. Je ne sais jamais sur quel pied cette valse se poursuit. Les notes parfois demeurent limpides puis en majorité m'emportent et m'entortillent dans une sonate que je ne suis qu'avec une demi-note de retard. Ses pas raisonnent, m'étourdissent ; Je l'observe.  

L'attaque viendra d'où ? Subir notre premier courroux conjugal, ici et maintenant ? On fera fort. Ce n'est pas comme s'il y avait des assassins et autres convives nuisibles pour rythmer la farce qui se joue ce soir. Et je doute ressortir indemne et sans émotion d'une femme déversant sa lave. Je fronce le regard, me retourne face à elle. J'arque un sourcil, étonné. C'est le silence qui torpille mon être. Elle s'en va ? Fuit ? Varda, est-ce toi ? J'aurais préféré qu'elle menace ma jugulaire avec sa lame, c'était le bon sens d'une dispute non ? Guerre froide louvoyant entre nos âmes. Mais non, que nenni !  

Le  

Coeur  

Cesse  

De

Battre


Mes tympans fulminent.  

Mes joues rosissent.

Promis, je ne me suis guère prêté au jeu de l'ivresse.

Douce accalmie noyant mon esprit.  

Un baiser ? Par mon masque. Un baiser !  

Fougueux,

Déstabilisant,  

Enivrant.
 



Jamais, je n'aurais cru, en recevoir un, en ces temps troubles. Elle se recule, mais non, je refuse que le couperet tombe. Pas maintenant. Mes mains glissent le long de ses hanches. Ressens le désastre que tu produis en moi. L'audace revient au galop, et je viens, à mon tour, cueillir ses lèvres. Le gout de reviens-y enserre ma raison, au point de la faire taire. Aucune distance à la fin de ce baiser, juste mon front contre le sien.  

Je ne sais pas si j'ai les aptitudes à vivre la folle aventure que nous construisons mais il est certain, que j'ai signé pour te suivre. La promesse de tenir mes engagements d'Ombre ne ploieront jamais face à ceux que je te fais en ce soir. Varda, les tourments qui jaillissent à tes côtés, se muent en une douce et virevoltante mélodie. Je ne sais ce que je dis, mais je le fais, j'ai espoir qu'un jour, l'un comme l'autre ôtons nos uniformes pour n'être que civils et insouciants.  

Déclaraton aussi bancale que mon charisme, à ce moment-là. Mais je me devais de lui dire ce qu'il se passait quand elle régnait tel un condor sur ma personne. Je me recule de quelques pas, pour ne point trop abuser de la situation, maintenant tout de même, sa main dans la mienne, esquissant un sourire quémandant la paix et la sérénité.  

Je t'en prie, ne tue personne ce soir, je ne voudrais pas être encore plus sollicité pour les prochains jours. Et pouvoir, avoir une balade dans les jardins à tes côtés. Est-ce possible ou tu as déjà une victime en tête ?
Re: 20h57 - L'art de calmer un dragon
Mar 13 Oct - 14:01
Varda de Mormegil
Varda de Mormegil
78
Dragon Blanc
Elle se recula subitement. Transportée par un torrent d’elle ne savait quoi, elle venait de s’échouer, elle ne savait où. Elle ignorait encore ce qui l’avait poussé à agir (ou réagir). Sous son crâne, Cœur et Raison se chamaillaient toujours comme deux polichinelles. Le brouhaha l’engloutissait, elle se raccrocha aux deux yeux bleus séracs qui l’observait… Avant de couler dans le tourbillon qui la happa sans ménagement.

Mains qui glissent contre ses hanches.

Un chemin de braises le long de ses hanches. Un fil d’ariane sur lequel elle tirait pour revenir à la surface jusqu’à laisser l’air combler ses poumons de nouveau. Brièvement.
Le goût de ses lèvres la fit émerger totalement. Il y avait ce frisson indescriptible qui parcourait son échine et électrisant son cœur qui battait à rompre. Les voix s’étaient tues. C’était le calme plat. Une mer d’huile. Paisible et sereine. Front contre le sien, elle se laissa aller à fermer les yeux. Elle se laissa berçait par la douce mélodie de ses paroles s’infiltrant par le pavillon de son oreille jusqu’à trouver le chemin de son âme. Chemin tortueux, embroussaillé de ténébreux épineux. Tout cela paraissait si loin. Si improbable. Si… Irréalisable. Pouvait-elle le lui avouer ? Certainement pas. Elle encercla sa taille entre ses mains.

- Quand je suis avec toi… Je ne sais plus qui je suis. Il ne subsiste qu’un vaste chaos. J’avance aveugle dans ce tourbillon. Sans savoir où je vais. Est-ce que le sol va quitter mes pieds ? Est-ce que je vais chuter ?  Et tout d’un coup, tu es si proche de moi que tout se dissipe. Comme un ciel après l’orage. Pur et sans nuage.

Qu’est-ce qu’elle racontait au juste ? C’était… Ca ne voulait rien dire du tout. C’était ridicule. Minable. Stupide. Idiot. Absurde. Ridicule. Elle avait déjà dit ridicule ? Soit. Elle lui rendit un sourire… Maladroit avant de poser sa tête sur son épaule.

- Que vaudrait une promesse que je ne pourrais sans doute pas tenir? répondit-elle un sourire dans la voix. Tu sais bien que je suis une vraie maniaque du rangement. Et il y a trop de poussière ce soir, pour ne pas passer le balais.

Façon dire que le parquet risquait de rougir à un moment ou à un autre. Au fil des ans s’en était devenu une telle habitude chez elle que cela en devenait effrayant. L’obscure déformation du Noir.

- Une victime en tête ? Elle ne l’aurait déjà plus, voyons ! Laisse-moi faire un dernier tour dans la salle et je pense pouvoir t’accorder cette faveur bien volontiers.

Ses lèvres s'échouèrent sur les siennes avec une profonde douceur.
Re: 20h57 - L'art de calmer un dragon
Mar 13 Oct - 16:04
Mhilo Cezare
Mhilo Cezare
44
L'Ombre du Prince

Il n'y a jamais de demi-mesure avec ma dame de fer. Fière. Sanguine. Implacable. J'ai passé le stade de l'idolâtrer. Non, maintenant, c'est une véritable affection que je lui voue. Et elle double en intensité quand j'apprends que je ne suis guère le seul à être perdu dans notre histoire. Partager ses états d'âme me rassure. Je sais maintenant, que je ne suis pas le seul à apprendre à me laisser porter par cet amour naissant. Je souris, étonnement, apaisé et soulagé. Puis, elle reprend des couleurs et je la reconnais bien là. Je ris doucement, tout en secouant la tête.

On ne te refera pas. Ne tombe pas malade avec la poussière, elle est peut-être fine et pernicieuse puis s'infiltrer en toi, pour te rendre malade. Sois prudente.

Enième et dernier baiser pour un long moment, je m'en délecte et y réponds avec une ferveur non feinte. Baiser engourdissant mon esprit. Mais je me sens de nouveau, prêt à l'assaut. Protéger, et tuer s'il le fallait.

Peu importe l'issu de cette nuit, je compte bien obtenir ma promesse. Merci pour ce ... Moment.

J'ai hésité avec divertissement mais j'ai déjà failli subir une nouvelle coiffure, je ne voudrais pas pousser trop loin. Un sourire d'enfant sur mon visage. C'était là, un vœu pieu que je voulais réaliser. Nin où ni quand mais je sais qu'on y arrivera. Je me sens prêt à affronter le monde. Je suis surpris que nous n'ayons pas été interrompus. Quand le chat n'est pas là ... Qui sait, quelle infamie va nous tomber dessus. Je vérifie la salle, remettant mon masque. Je prends une grande inspiration, pour me donner du courage puis, je mets la main sur la poignée de porte qui nous sépare du simulacre. Une révérence pour l'inviter à quitter notre havre éphémère.

Ma douce, après vous ...

Puisse les lames n'atteignent plus mes mèches rebelles.
Re: 20h57 - L'art de calmer un dragon
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