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19H32-Refuge entre quatre murs de l'ouest
Mar 19 Mai - 12:00
Eïdys Snarfsdóttir
Eïdys Snarfsdóttir
28
La Main de Fer
Un courant d’air estanais traversa la salle, allant du devant de la scène jusqu’à la file qui commençait à se former pour les audiences au Roi. Non, elle n’allait pas s’y joindre. Pas pour le moment. Pouvait-on prétendre vouloir présenter ses hommages alors qu’on écumait de rage ?

Il lui fallait s’isoler.
Vite.
Sa main, toujours agrippé au bras de Mildhern, se serrait de plus en plus. Mais elle ne s’en rendait pas compte. Si elle s’était retournée, elle aurait pu voir sa grimace de souffrance étouffée. Mais elle ne le fit pas. Si sa vision n’était pas obscurcie par son obsession, elle aurait pu entendre les lamentations d’un homme qui venait de se faire rabroué par deux fois. Mais elle ne les perçut pas. Si elle avait pu prêter attention à quoi que ce soit, elle aurait certainement trouvé moyen de se distraire. Mais elle en était incapable. Pas avec ce bouillonnement qui l’étouffait.

Arrivée devant la porte d’un salon qu’elle espérait inoccupé, elle lâcha son amie, et dans un élan de précipitation abattit sa main juste libérée sur la clenche.
Vide.
Eïdys s'y engouffra, la tanneuse sur ses talons. La porte fut doucement repoussée sans qu’elle ne claque.

Toutes les effervescences, de la colère et la foule, l’avait fait sué. Littéralement. Elle se débarrassa prestement d’une part de son cuir et de sa targe. Son lourd manteau noir tomba de ses épaules dans un geste adroit, avant d’être balancé sur l’accoudoir d’un fauteuil proche. Il fut suivit par sa propriétaire qui s’étala au travers de l’assise, dans une position plus décontractée que distinguée. Pouvait-on s’étaler avec distinction ? Rien n’était moins sûr. Bien que l’étrangère était distinctement étalée.

Elle défit les premiers boutons d’une chemise blanche – qui n’avait rien d’estanais, ni le lin, ni les points – jusqu’à sa pudeur soulignée par un bustier de cuir composite qu’elle portait en-dessus. Contrairement au noir de son manteau, il était de plusieurs teintes brunes, raccord avec le pantalon. On pouvait sentir ses origines jusqu’au bracelet de cuir gravé de symbole aux équivoques guerrières qui se laissait deviner sous sa manche gauche.

Assise en face d’elle, dépitée, Mildhern la boudait sans s’en cacher. Celle-ci se frottait le bras et comprenait avec le recule ce qu’elle avait fait subir à l’homme qu’elle avait traîné quelques minutes auparavant.
N’agissons pas de manière inconsidérée
Eïdys lui avait rappelé avant d’entrer dans le palais. Et déjà, par deux fois, elle-même l’avait fait, d’agir de manière complètement inconsidérée…

- Quoi ? J’aurais du rester calme ? Oui, je sais, je sais, je sais… Tu n’as même pas besoin de me le dire… D’ailleurs t’en as pas l’air décidé… Mais tu me comprends, non ? C’est comme te demander de ne pas paniquer… On ne va pas à l’encontre de ce qu’on est !

Prenant conscience qu’elle parlait un peu fort, elle baissa le ton.

- T’as vraiment pas l’air d’aller bien ce soir… Pire que depuis qu’on est en Lioffel je veux dire. Tu peux rentrer chez nous si tu veux. Il faudrait peut-être qu’ils sachent qu’Elle était ici. Qu’ils en soient convaincus. Et Sig’ qui n’a toujours pas l’air décidé à arriver… Si il compte venir…

Là dessus, la porte se rouvrit, laissant apparaître un dos de femme dans une robe évasée par de multiples jupons entre lesquels s’égaraient une jambe et des rires éthyliques. Sans préavis pour les maladroits, un cousin vola dans la pièce pour leur atterrir dessus. « Porte suivante !  Et... » Mi-confus, mi-empressés, les intrus ne s’éternisèrent pas. « Refermez celle-la... » Elles avaient crié d’une seule et même voix.

La porte était à présent grande ouverte, et les deux estanaises se fixaient intensément dans les yeux pour déterminer laquelle allait devoir se relever pour la refermer.
Aucune ne voulait perdre.
Céder pour ça voudrait dire céder également à la question de celle qui portait la raison. Colère ou peur ? Confrontation ou évitement ? Quel aurait été le meilleur agissement lors de la discussion avec la sudiste qui venait de prendre fin ?
Des gamineries ? Peut-être, mais les deux têtues avaient seize et dix-sept ans et la tension amenait à devoir décompresser par tout les moyens que ce soit. Même les plus immatures.
Re: 19H32-Refuge entre quatre murs de l'ouest
Mar 19 Mai - 18:35
Ailéron Cathal
Ailéron Cathal
24
L'homme aux mille qualités
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Il se demandait où était passée la sublissime Beluma. Il aurait bien poussé l'insolence jusqu'à l'emmener dans un salon pour explorer un peu les termes d'un contrat dans les formes, mais il se disait que la soirée ne faisait que commencer. Et surtout, il n'avait pas encore pris la température du continent dans son ensemble. Il déambulait donc, laissant traîner ses oreilles et son sourire, à l'affût de bribes intéressantes.

Birla avait une nouvelle arme qui lui permettrait sans doute de gagner un peu de terrain sur Lioffel, mais d'un autre côté, il leur manquait des ressources essentielles, de l'ordre de celles sous lesquelles les buffets croulaient. Vingts régiments auraient pu se nourrir pendant un mois avec toutes ces victuailles. Les Sudistes, quant à eux, sortaient d'un conflits avec les Estanais, ils manquaient de combattants, et proposaient des minéraux.

Qu'adviendrait-il si les Birlais faisaient alliance avec les sudistes ? ce genre d'accord ne pouvait se conclure qu'ici, puisque le pays de Lioffel séparait leurs territoires respectifs et qu'une rencontre ultérieure ne pouvait être qu'incertaine. Il fallait donc qu'il se décide. Avantage : un "encerclement" politique de Lioffel, qu'on pourrait éventuellement attaquer sur deux fronts. Inconvénient : pour communiquer, il faudrait passer par l'est ou l'ouest. Si les Estanais étaient en conflit avec les sudistes, ce serait double problème. Quant aux Monosianais, il faudrait les convaincre... Sinon, il y avait l'option de passer par la mer. Mais affréter des navires capables de transporter des hommes... bien trop coûteux.

Ailéron refusa un verre d'alcool qu'on lui proposait, et fut bousculé au même moment par un couple... ardent, qui venait de quitter un salon pour entrer dans un autre. Un peu intrigué par la manœuvre qui manquait de logique à ses yeux (à moins de vouloir tester le confort de tous les endroits du palais), il esquissa un pas vers le salon quitté et zyeuta sans discrétion à l'intérieur.

Ce qu'il y vit le réjouit au plus haut point. Attrapant deux coupes de ... quelque chose sur un plateau et armé de son plus charmant sourire, il toqua courtoisement à la porte avant d'entrer sans façon et de refermer la porte d'un habile jeu de pieds.

Des Estanaises. Elles apparaissaient à souhait pour éclairer sa réflexion.

- Mesdames, me permettrez vous de jouir sans réserve de votre compagnie ?

Il s'assit sur un fauteuil entre les deux, et posa devant chacune d'elle une coupe. Sans aucun commentaire sur l'allure quelque peu dévêtue de l'une d'elle, il se présenta en s'affalant dans le fauteuil.

- Ailéron Cathal, de Birla. J'ai l'impression de ne répété que cela depuis le début de la soirée ! A qui ai-je le plaisir de me présenter ?
Re: 19H32-Refuge entre quatre murs de l'ouest
Mer 20 Mai - 12:47
Eïdys Snarfsdóttir
Eïdys Snarfsdóttir
28
La Main de Fer
Le duel de regard continuait… lorsque contre toutes attentes, la porte se referma d’elle même. Ou bien avait-elle été aidée ? Puisque se tenait à présent dans la pièce un homme élancé, dans le genre gringalet ténébreux. On pouvait lui reconnaître une certaine habilité rien que de par sa façon de fermer la porte. Ce n’était pas un noble mal dégrossi. Si tant était-il qu’il y eu quelque chose à dégrossir en lui ; si ce n’est son culot, car il venait de s’inviter dans le havre de paix d’une guerrière soupe au lait. Les deux estanaises s’étaient tournés vers l’intrus en même temps ce qui équivalait à un match nul. Probablement pour le mieux. La dernière partie avait bien durée une bonne heure.

- Mesdames, me permettrez vous de jouir sans réserve de votre compagnie ?

Le temps pour souffler avait été court… trop court. Des plumes grises continuaient de tournoyer dans son esprit, telle une brume de champ de bataille. Elle devait faire tout les efforts du monde pour se contenir. Elle ne savait rien de l’homme et si hurler sur un vieil homme et une sangsue pestiférée était une chose, démonter un inconnu en était une toute autre. Eïdys retient donc un soupire et tenta d’avoir des notes un minimum engageantes dans sa voix sèche.

- Mais faites je vous pris… quant à savoir si vous pourrez trouver de la "jouissance" en notre compagnie… ce sera à vous de le déterminer.

A peine avait-elle achevé sa phrase qu’il s’asseyait à leurs cotés. Eïdys se redressa un peu et reboutonna son chemisier de façon à ne garder que sa gorge dégagée. Une coupe était apparue sur la table de salon en face d’elle le temps qu’elle fasse ces petites efforts de présentation.

Il se présenta d’ailleurs lui même sans tarder, dans un respect des règles appréciable, en se plaignant de la redondance de la chose. L’estanaise ne s’était présentée en tout et pour tout que deux fois dans la soirée (accueil comprise) et ne pouvait donc pas pleinement partager sa peine. Elle avait été bien occupée depuis son arrivée, et non par des trivialités.

- EïdysMildhern des terres de l’est.

C’était la troisième fois à présent. Elle posa son coude sur son manteau (qui était toujours sur l’accoudoir) et sa tête contre son poing. Puis plissant les yeux pour scruter l'étranger du nord, intriguée, avant de reprendre.

- Et que vient faire un birlais ici, dans ce qui a tout l’air d’être la gueule du loup ?

La tanneuse conclut, repliée au fond de son fauteuil, louchant sur son verre.

- Je crois que vous avez oublié de prendre un verre pour vous-même…

Un feu de cheminée crépitait derrière elle, la maintenant le plus à l’ombre possible. Au contraire d’Eïdys qui lui faisait face, sur qui le reflet des flammes lézardait, sur sa peau halée et luisante, en des lueurs chaleureuses.
Re: 19H32-Refuge entre quatre murs de l'ouest
Lun 25 Mai - 13:47
Ailéron Cathal
Ailéron Cathal
24
L'homme aux mille qualités
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Réfrigérant l'accueil. Cela ne démonta pas pour autant Ailéron, habitué aux glaciales bourrasques de son pays. Il répondit d'un sourire chaleureux à l'acceptation mitigé de sa demande cavalière en s'asseyant. La jeune fille qui lui avait adressé la parole referma le chemisier révélateur, au grand dam d'Ailéron, qui masqua sa déception par un coup d'oeil lancé à l'autre jeune fille.

Il ne s'était pas trompé. Des Estanaises. Avec un peu de tact et de bonne manière, il parviendrait peut-être à les dérider un peu et à engager une discussion plus politique.
- Et que vient faire un birlais ici, dans ce qui a tout l’air d’être la gueule du loup ?

Ailéron lâcha un rire léger, avant d'annoncer, comme s'il s'agissait d'une banalité sans importance :

- J'accompagne la princesse Sanwine pour négocier la paix.

Bon, la vérité était surtout qu'il était venu pour empêcher ladite princesse de faire une bêtise monumentale, et de rectifier le tir. Quant à la paix... c'était une belle histoire que le temps se chargerait de raconter, mieux que lui, peut-être.

Une voix, comme sortie de l'autre fauteuil remarqua l'absence d'un troisième verre. Ailéron scruta l'ombre à contre-jour.

- Pas d'alcool pour moi, j'ai fait voeux de sobriété, il y a quelques temps. Et j'ai déjà bu plus que mon content de l'étrange jus de fruit trop sucré qu'ils servent ici.

Il prit une seconde pour déterminer qui des deux détenait l'autorité. La femme de l'ombre restait énigmatiquement à contre-jour, et il pouvait s'agir d'un stratagème intéressant. Mais Ailéron pariait sur la lumineuse Eïdys dont le nom tintait à ses oreilles comme un curieux rappel. Après tout, c'était elle qui avait parlé en premier et prit la décision - sans en référer à l'autre - de l'accepter au milieu d'elles.

C'est donc à Eïdys qu'il s'adressa, non sans précaution, car au fond de ses yeux brillait une lueur dangereuse et prête à s'enflammer.

- Et puis-je m'enquérir des raisons de votre présence, ici, mesdames ?

Si Lioffel était en guerre contre Birla, ses autres voisins n'étaient pas engagés dans les conflits, aussi était-il probable que ces Estanaises avaient simplement reçu une invitation. Mais, ce bal, en particulier, ne pouvait qu'avoir soulevé des questionnements politiques chez tous ceux qui y avaient été conviés. Sauf peut-être les plus naïfs... qui se rendraient vite compte de leur erreur, ou pas, selon le degré d'intelligence de leur pauvre esprit. Toujours est-il qu'Ailéron se demandait si les dames faisaient partie de cette espèce très accueillante des doux optimistes crédules ou bien de celles, plus fermée, des cerveaux au travail.
Re: 19H32-Refuge entre quatre murs de l'ouest
Lun 25 Mai - 20:40
Eïdys Snarfsdóttir
Eïdys Snarfsdóttir
28
La Main de Fer
Le regard de la guerrière s’intensifia derechef suite au rire du politicien.
La princesse du Nord.
Une jeune fille, un peu plus âgée qu’elle si elle se souvenait bien, était également ici et, si il l’accompagnait, il devait certainement avoir un rang important. L’estanaise avait décidément bien fait de l’accepter dans son salon… initialement comme forcée par le fait que l’intrus avait fermée la porte, les empêchant d’avoir à le faire par elles même, voilà que cette disposition apparaissait encore plus appréciable. À l’abri d’un certain nombre de regard et d’oreille, ils allaient pouvoir parler. De quoi se changer les idées en toute utilité.

Mildhern, avec une moue compatissante pour la sobriété choisie de l’homme, se saisit de sa coupe pour en goûter le contenu. C’était en effet sucré. Mais pas désagréable. Silencieuse, elle continua de siroter son verre en observant Eïdys, non sans lui adresser un signe pour lui indiquer que le vin était bon.

Ce qui pouvait sonner comme de la légèreté dans le ton de la fille de Snarff se mua en sérieux, dissimulant au mieux ses vives émotions. Après un instant de flottement, elle reprit la parole.

- Je suis ici en qualité d’ambassadrice, afin de négocier avec ceux de ce "bon" pays. Nous avons tous besoin de renforcer ou créer des liens, cette soirée est parfaite pour ce faire, ne trouvez-vous pas ?

Eïdys, la tête toujours contre son poing, se rapprocha de la table et sa main de fer alla se placer prés du verre, l’effleurant, dans un contrôle qu’elle n’avait pas su témoigner dans la première partie de la soirée. Il fallait déterminer ce que cet Ailéron savait ; était ce un simple suivant de la princesse ou avait-il un rôle autrement plus important ?

- Par exemple je pourrais vous demander si Birla est satisfaite des armes fournies par le clan de Reidmar.

Manière direct (ou simplement estanaise) d’annoncer qu’elle était au courant de divers accords qui pouvaient être conclu avec les clans de l’est. Évidement Reidmar avait décidé tout seul d’entamer cette exportation, mais personne n’avait rien trouvé à y redire.
Qu’importe à qui l’on vendait pourvu que tout soit payé.
La nouvelle était arrivé à son père, et de son père à elle. Tous pouvaient bien décider ce qu’ils voulaient pour le bien de leurs clans respectifs, il fallait juste arriver à connaître les tenants et les aboutissants de ces accords.

- Savoir si nos prestations conviennent à nos partenaires est tout naturel. N’hésitez pas à me faire part de vos revendications, je saurais les porter à ceux qui pourront y répondre.

Elle quitta le soutien de son coude pour pouvoir refermer les doigts de sa prothèse autour du pied du présent de l’invité. Du vin d’un rouge profond. Elle sourit et le porta à ses lèvres. Son dernier verre de blanc, qu’elle avait a peine commencé, avait mal finit, un changement de couleur n’était qu’encourageant.
Re: 19H32-Refuge entre quatre murs de l'ouest
Ven 29 Mai - 9:22
Ailéron Cathal
Ailéron Cathal
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L'homme aux mille qualités
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A l’annonce de son identité la jeune femme avait paru intéressée. Ailéron résista à l’envie de se renverser dans son siège, les bras grands ouverts pour crier « Je suis le roi du monde ». Il ne l’était pas encore. Et ce n’était pas dans un salon qu’il serait couronné. De plus, la femme de l’ombre, Mildhern, le mettait légèrement mal à l’aise. Autant avec Mhilo, aussi discret qu’une ombre (ah ah !), était bien visible en pleine lumière. Mais là, la jeune femme n’avait quasiment rien dit, et étant à contre-lumière, il n’était pas bien placé pour l’observer.

Il attendit que la jeune Eïdys l’informe à son tour des raisons de sa présence, et comme si c’était une marque de respect pour sa fonction, ou la reconnaissance qu’elle faisait partie des personnes intéressantes de la soirée, il se leva. Une petite inclinaison de tête et il se déplaça pour avoir meilleur angle de vue sur la mystérieuse dame.

Jugeant après cette observation rapide mais complète que, pour le moment, il n'avait rien à craindre, il écouta, comme distraitement, Eïdys et alla se placer à une fenêtre. Les jardins étaient noirs, et ce n'était pas ce qu'il regardait. Lorsque la nuit tombe, les vitres deviennent des miroirs, et mine de rien, c'était bien Eïdys qu'il regardait ainsi, les yeux tournés vers la nuit.

Le nom de Reidmar ne lui disait rien. Seule cette histoire d'armes éveillait un écho en lui. Il prit soin de noter ce que lui disait la jeune fille. S'il y avait déjà une forme d'alliance conclue avec les Estanais, cela signifiait deux choses.

La première : il n'était pas au courant de tout ce qui se passait dans son propre gouvernement. Et cela était inquiétant, puisqu'il occupait un poste de choix.

La seconde : il n'aurait pas besoin de renégocier les termes d'un contrat.

Cependant. De sa connaissance imparfaite des Estanais, il lui semblait qu'ils vivaient en clans. Un peu comme les sudistes en soi.

Toute cette réflexion lui fit prendre son temps pour répondre. Mais lorsqu'il eu trouvé quoi dire, il revint tranquillement s'asseoir à sa place dans le fauteuil.

- C'est toujours un plaisir de faire affaire avec les Estanais. Vous êtes consciencieux et on ne saurait reprocher la moindre défaillance à vos produits. J'espère de même que vous êtes satisfaits de ce que vous avez obtenu en retour.

Il ne savait pas de quoi il parlait, mais comptait bien sur cette conversation pour l'apprendre. Dernière petite chose pour être sûr.

- Ainsi, vous faites partie du clans de Reidmar ?

Après tout, la jeune fille n'avait précisé aucune appartenance à un clan.
Re: 19H32-Refuge entre quatre murs de l'ouest
Mer 3 Juin - 1:09
Eïdys Snarfsdóttir
Eïdys Snarfsdóttir
28
La Main de Fer
Cet Ailéron avait bel et bien l'air là pour affaire, ce n'était pas un vulgaire garde. C'était de bonne nouvelle, mais pourquoi tout s’enchaînait si vite ? Aussi rapide que sa révérence.  Elle n'en avait même pas demandé autant. Cette discussion aurait pu avoir lieu bien plus tard, une fois la confrontation avec Beluma digérée. Ou, a défaut, avant...

Et pourquoi l'avait-il contourné comme ça ? La guerrière avait serré les dents sans perdre le fil de son discours.


Mildhern de son coté ne le quittait pas des yeux. Ce retranchement dans un salon l'avait calmé presque immédiatement et elle ne trouvait pas l'intrus aussi désagréable que cette intrusion pouvait faire penser qu'il put l'être. La tanneuse n’avait pas grand-chose à voir avec ses histoires d'arme et d'entente de papier, alors, pour passer le temps, elle le détaillait : son dos droit, son maintient, sa chute de rein, accentué par la coupe de sa veste, et, par la fenêtre, son visage qui se laissait deviner dans les haies. Elle remonta ses jambes sur le siège et les replia afin de s’asseoir en tailleur, une main contre la joue. Les ouestanais prit séparément n’étaient pas si reboutant qu'entassés les uns sur les autres à simuler des danses froides sur des musiques à la prétention civilisée. Elle acheva son verre dans un soupire.
Et déjà il revenait autour de la table. Elle préférait les gens de dos. Il se mit même à répondre à Eïdys. Elle préférait le silence. Mildhern reposa son verre sur la table et son regard sur son amie.


ce que vous avez obtenu en retour
Pourquoi tant de manière pour quelques sac de duic ? À moins qu'il n'y ait plus ? On ne lui avait rien dit à ce sujet.
La jeune guerrière piqua du nez vers son verre pour cacher son embarras.
Elle ne savait pas ce dont il s'agissait, mais mieux valait éviter de se risquer en terrain inconnu. Si Reidmar avait omis un détail, il l'ajouterait plus tard…

Qui plus est, elle ne s'était pas présenté dans les formes. Bien sur ambassadrice de tout l'Est était un rêve, mais les salons diplomatiques n'étaient pas une place propice aux rêves. Pas à ceux là du moins. Quoi que...

Eïdys se redressa d'un coup sec et fixa ardemment l'homme dans les yeux.

- Je suis ici pour les intérêts de l'Est entier bien que je ne représente que les clans de Ketill, celui de Snarff et tous ceux des inféodés.

Techniquement Snarff était lui même vassal de Ketill, mais il aurait été malheureux de ne pas annoncer le clan de son père. Qui plus est, une fois Sig' arrivé, elle ne pourrait plus prétendre représenter Ketill. Ce qui représentait un poids considérable qui lui glisserait des épaules.

- Reidmar nous a informé de toute l'affaire afin que nous puissions en parler… Vous pouvez être assuré que nous nous réjouissons de ce que l'Est a négocié. Tant que c'est lié au domaine de la guerre, nous faisons toujours preuve de la plus grande méticulosité. Votre contentement ne m'étonnes en rien, le contraire aurait été... choquant.

Elle eut un sourire, déterminé, tempétueux, reprit une position plus fier et peut-être accompagnée d'une légère arrogance.

- A présent que nous sommes tous deux assurés de notre entente passée… Peut-être pouvons nous évoquer la suite ? (Son regard se durcit) Si vous êtes là pour négocier la paix, mes avis que les armes ne vont plus vous intéresser longtemps.

Sa main de fer se leva lourdement, une nouvelle fois, pour porter sa coupe à sa bouche.
Re: 19H32-Refuge entre quatre murs de l'ouest
Sam 6 Juin - 11:16
Ailéron Cathal
Ailéron Cathal
24
L'homme aux mille qualités
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Ailéron se promit d’approfondir ses connaissances des territoires de l’Est dans l’avenir. La conversation qu’il était en train d’avoir lui donnait l’impression d’une vaine tentative pour retenir un filet d’eau. Tout semblait normal, leurs propos coïncidaient, s’enchaînaient. Il savait qu’il paraissait savoir de quoi il parlait, et pourtant… Ce n’était pas dans son habitude de procéder ainsi. Non, il abordait toujours des sujets qu’il maîtrisait, et s’il disait parfois des semi-vérités, il gardait toujours les faits à l’esprit.

Ici, il était question d’un commerce entre Birla et l’Est, qui lui était inconnu. Au moins à présent, il avait une idée plus précise de qui elle était. Même si elle lui paraissait très jeune pour remplir un rôle d’ambassadrice. Et il était question d’armes. Sauf que si ce qu’elle disait était vrai et que l’échange concernait bien, des deux côtés, des échanges de guerre, cela signifiait que Birla avait peut-être fourni des moyens de lutter contre les clans sudistes. Si la sulfureuse Beluma apprenait ça, l’accord presque passé au milieu d’une danse serait compromis.

Au moins n’avait-il rien promis, c’était déjà cela.
Restait à savoir pourquoi on l’avait tenu à l’écart d’un tel accord : soit on avait jugé que cela ne méritait pas son intention, soit on considérait que c’était de notoriété « publique » au sein du gouvernement Birlais, soit encore, on avait omis délibérément de lui en parler.

Il n’y avait personne pour l’informer ce soir. A moins que la princesse ne sache quelque chose… Mais les choses étaient ainsi : Birla et l’Est avaient conclu un accord touchant à la guerre. Ils étaient donc techniquement alliés contre Lioffel. De façon officieuse. Sinon, la guerre entre Lioffel et l’Est serait déclarée.

- Oui, évoquer la suite me paraît une bonne idée, souffla-t-il en regardant son air fier et déterminé. Sauf que vous méjugez de ma stratégie. Je suis ici pour discuter de paix avec Lioffel, en effet. Mais il serait regrettable que le conflit des Dents se reproduise parce que les armées de Lioffel ne se sentent pas menacées par nous. J’imagine que vous connaissez le concept de la dissuasion. Il serait donc fort appréciable pour nous de poursuivre notre commerce avec vous. En revanche, il serait peut-être nécessaire de renégocier certaines closes, telles que les modalités d’échange et de paiement, de même que nous pourrions approfondir nos relations par un traité. Officiel.
Re: 19H32-Refuge entre quatre murs de l'ouest
Dim 7 Juin - 18:56
Eïdys Snarfsdóttir
Eïdys Snarfsdóttir
28
La Main de Fer
L'homme ne la rabaissait pas sur son age, il lui parlait d’égale à égale. Eïdys appréciait et dans sa modération légendaire ne pouvait le cacher. Elle était guillerette. Le peu d'alcool qu'elle avait bu ne pouvait en être la cause. Elle continuait de scruter son adversaire, sourire aux lèvres, lueur maligne dans les yeux.

Oh, elle n'avait pas méjugé. La guerrière devait jauger de qui elle avait en face d'elle. Ainsi, face au déshonneur qu'était de mettre genou à terre face à l'ennemi, Ailéron la rassura immédiatement.
Birla n'allait pas être lâche. Mais de la à réussir à intimider Lioffel ? Peut-être mettait-il la barre trop haute.
Qui était-elle pour juger d'un repli assurément stratégique ? Peut-être qu'il y a un ans elle l'aurait fait… mais plus a présent. L'expérience était ce qui lui manquait et lorsqu'il lui tombait dessus, elle devait bien en apprendre les conséquences.

En fin de son discours le terme « Officiel » la fit frémir. Arriver à une quelconque officialisation était compliqué dans l'Est… et même lorsqu'il en était fait, tous n’appréciaient pas. Il suffisait de voir le mariage entre Sigfried et Beluma pour s'en convaincre. Combien voulait le voir voler en éclat ? Elle n'avait pas les chiffres exactes en tête.
Elle réfléchit longuement, le regard perdu sur lui, cherchant pour une faille. Ce pouvait être un test… Elle ne devait pas se laisser hasarder au-delà de ce que lui permettait sa position.

- Pour être franche avec vous… Je crains que tout traité officiel soit improbable. Il est possible de continuer le commerce, sous les clauses qui vous conviennent. Mais… il me semble que tout était fait pour le plus de discrétion possible.

Devait-elle se fier aux dires de Reidmar ? Surtout après que le birlais ait laissé sous-entendre quelque chose de plus important dans l'échange qu'un simple accord de commerce… Qu'avait pu obtenir ce chien de Reidmar de la part du Nord ?
La guerrière triturait nerveusement le col de sa chemise depuis que ces interrogations avait commencé, sans réellement se demander de quoi elle pouvait avoir l'air.
A présent il était question de changer les modalités d'échange, ce qui l'inquiétait encore davantage. La route commerciale avait-elle été compromise ?
Et il fallait absolument qu'elle évite le sujet du paiement… tant que rien ne serait sûr, ce serait jouer avec le feu. Bien qu'elle n'était pas contre le principe. Cette histoire bloquait également une part des négociations, si elle venait à évoquer ce dont il était question avec le clan de Reidmar, elle-même serait alors compromise.
Après un moment de flottement, Eïdys reprit, toujours sur le même ton. Déterminé. Tempétueux. Avec encore plus d'arrogance. Penser qu'était là un moyen de cacher sa gène ne serait pas hors propos.

- Nous admirons votre ténacité face à Lioffel… J'en avertirais Reidmar, si il souhaite continuer de vendre de l'acier estanais à une nation en paix, il le fera. Comprenez, cependant, que l'honneur qu'il retirait de savoir ses armes baignés de sang ne sera plus. Les accords doivent être forgés dans leur temps. Si celui de la guerre n'est plus…
Re: 19H32-Refuge entre quatre murs de l'ouest
Mer 12 Aoû - 18:07
Ailéron Cathal
Ailéron Cathal
24
L'homme aux mille qualités
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Les réactions de son interlocutrices étaient intéressantes au plus haut point. Elle était novice ; elle ne masquait pas ses émotions. Ou du moins, elle les masquait quand elle y songeait. Ailéron s'enfonça d'abord dans son siège en l'écoutant. Tout cela ne menait nulle part. Ils marchaient sur des œufs, tous les deux.

Traité officiel trop risqué. Discrétion. Mais clauses laissées à sa libre appréciation... Cela était intéressant au plus haut point : c'était comme si elle lui avait signé une feuille blanche en lui disant qu'il pouvait mettre ce qu'il voulait dessus... Mais l'accord était de vent. Pas de feuille, pas de signature, rien que des mots envolés.

Il fallait orienter les choses autrement. Ailéron savait trop peu de chose. Il devait construire, à partir de rien, quelque chose de complètement différent.

- Je comprends la satisfaction de Reidmar... Cependant, dans le cas possible d'une paix, peut-être serait-il envisageable de passer un accord bien différent de l'actuel. Laissons Reidmar de côté, voulez-vous, nous avons parlé de lui, mais il n'est pas là... Aucune décision ne pourra donc être prise.

Il se leva, traversa l'espace qui les séparaient et s'assit sans façon prêt d'elle, et posa son bras sur le dossier du canapé, tourné vers son interlocutrice.

- La véritable question, tant que nous y sommes, c'est : de quoi votre clan a-t-il besoin, que nous pourrions lui fournir ? de l'eau ? de la glace - si, si, c'est une denrée intéressante - ? du sel peut-être. Ou éventuellement, du bois ? Un échange purement commercial, débarrassé de toute velléité guerrière.
Re: 19H32-Refuge entre quatre murs de l'ouest
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