Sebastian sorti enfin de son interrogatoire. Dire les choses quasiment comme elles étaient porter ses fruits. Il sortit calmement de la pièce avant de se diriger vers la zone de réception principale. L'homme pensa à sa femme, qu'il avait été obliger d'évoquer et soupira en s'étirant les jambes. Puis il avança jusqu'à la zone de bal, puis au buffet et observa les lieux. C'était vraiment sompteux, d'un goût à la hauteur d'un roi.

Il regarda tout ces gens, tous plus beaux et bien habillé les uns que les autres. Sebastian ne se sentait pas vraiment à sa place. Mais après tout il était la avec un but clé, enfin deux pour être précis. Et si pour l'instant l'un d'entre rester flou, l'autre était très clair. Il prit un toast mangeant sans véritable faim et regarda les invités. Il continua de regarder partout faisant mine de s’intéresser à la décoration. Alors que cela faisait quelques minutes il finit par la repérer. La sur le balcon. C'était bien elle. A quelque mètre.

L'homme fit un pas vers elle son cœur tambourinant dans sa poitrine et ses pensées se bousculant dans sa tête avec violence. Tout ces moments de joie avec elle, à la suivre partout. Il porta la main à sa poche intérieur. Le dessin qu'il avait fait pour elle. Il ne savait même pas pourquoi il l'avait garder. Il n'était absolument pas sentimentale mais il l'avait garder. Peut être par nostalgie de son ancienne vie. Ou quelque chose de beaucoup plus profond. Il respira un grand coup et puis après encore quelque minutes il avança et s'approcha de la jeune femme se plantant face à elle et finalement releva un instant les yeux vers elle:

- Excusez moi... Bonjour..Je... Theodora c'est bien t.. Vous?

Après allait elle même le reconnaître ? Ou lui prêter la moindre intention. Il n'avait pas énormément changer de tête et puis il avait toujours ce regard si particulier facilement reconnaissable. Mais il ignorait si elle voudrait ne serais ce lui accorder une minutes. Alors le vouvoiement semblait une bonne solution. Surtout que quelqu'un était à ses côtés.

Theodora était de retour contre son mur, pour être certaine que rien ne pourrait venir de derrière. Le court passage de Lianelle, et la danse également, l'avait rendue plus sereine. Elle était moins sombre et ne pouvait empêcher un petit sourire de flotter sur ses lèvres.

Lianelle restait Lianelle, bien entendu, un peu excentrique sur les bords mais Theodora lui portait une affection sincère. Elle était peut-être bien la seule du royaume, à bien y penser... Même Lioffel n'appréciait pas la jeune femme à sa juste valeur.

Ses derniers mots flottaient encore dans son esprit : Ne meurs pas. Ah cela ! Elle ne pouvait rien promettre ! Ils étaient tout de même tous jetés dans la fosse aux lions et espéraient de s'en sortir vivants. Mais soit. Elle ferait ce qu'elle pourrait pour ne pas y laisser la peau ce soir. Elle comptait bien effectivement être encore là dans cinquante ans, grand-mère arthritique bourrée d'atrose qui ne pourrait plus poser un pied devant l'autre, mais toujours vive d'esprit.

A défaut d'avoir un corps en état de marche, elle avait la mémoire en parfaite santé. Une bien maigre consolation mais tout de même. C'était mieux que rien et c'était ce qu'elle se disait chaque jour depuis l'accident.

Elle en était là de ses réflexions, à aviser comment elle allait organiser le reste de la soirée quand quelqu'un s'approcha d'elle. Elle crut d'abord qu'il allait s'adresser au couple qui bavardait à son côté mais il n'en était rien. Car quelques secondes plus tard, il se plantait face à elle.

Theodora planta son regard dans le sien, redevenue très sérieuse. Non pas qu'elle ait déjà oublié l'instant de légèreté passé sur la piste de danse mais elle préférait être tout à fait attentive pour gérer tous les types de situation. Le visage de cet homme lui était familier. Un peu trop pour n'être qu'une simple impression de déjà-vu... Et autant dire que ces dernières années, les visages familiers s'étaient rarement révélés être des amis. Elle fouilla dans sa mémoire, pour tâcher de se rappeler de quelque chose. Elle ne trouva rien et n'eut pas le temps, dans tous les cas car il releva la tête et débita, légèrement bafouillant :

- Excusez-moi... Bonjour... Je... Theodora c'est bien t... Vous ?

Elle eut un froncement de sourcils. Theodora. Son prénom, jusque là bien de nouveau. Malgré tout, deux choses la gênaient. Il le connaissait. Son vrai nom, pas son nom de code sous lequel elle se faisait appeler pour ses affaires commerciales. Et autre détail important : il avait hésité à la tutoyer. Elle hésita une seconde puis, jouant la carte de la sureté, elle répondit :

- Tout dépend. Qui êtes-vous ?

Une manière de lui signifier que oui, c'était bien elle. Mais que non, elle n'avait rien à lui dire. Qui était-il ? Pourquoi son visage lui était-il familier et comment connaissait-il son nom ? Aurait-elle dû pouvoir faire le lien avec quelqu'un ?

Les questions se bousculaient sous sa boîte crânienne, alors que son visage n'affichait rien d'autre qu'un calme souverain quand... elle mit le doigt dessus. Ce visage familier. Plus particulièrement ce regard. Un pli déforma sa bouche une seconde sous le coup de la concentration tandis qu'elle détaillait son interlocuteur.

Roux, comme elle. Un visage familier. Une manière de parler familière. Mais... Cela faisait presque vingt ans qu'elle en l'avait pas vu. Il n'avait alors que dix ans, encore un enfant, et elle ne pouvait pas y croire. Pourtant, le doute s'était instillé dans son esprit.

Se pouvait-il réellement qu'après tant d'années, elle retrouve son frère disparu ? Mais cela aurait pu être un piège... alors elle resta sur ses gardes, et attendit la réponse en conservant son expression fermée.

Sebastian regarda sa sœur droit dans les yeux. Il observa chacune de ses réactions son cœur tambourinant dans sa poitrine. Il se força à se concentré sur les lèvres de la jeune femme pour savoir ce qu'elle disait.

A sa première phrase, il fronça légèrement les sourcils. Alors c'était vrai. Elle ne le reconnaissait pas. C'est ce qu'il avait redoutait. Mais après tout cela faisait 20 ans. Cela pouvait l'expliquer.

Ses capacités d'observation hors normes lui permirent néanmoins de constater le léger pli de la bouche de la femme qui ne dura qu'un court instant.
Elle réfléchissait. Un léger sourire prit place sur le visage de l'homme.

- Vous recommencez. Vous faites toujours ça quand vous réfléchissez.

Il avait redis cette phrase. Phrase qu'il disait toujours quand il était petit à sa sœur car cela le rendait joyeux et lui avait toujours donné envie de rire.

Il garda néanmoins une expression neutre afin de ne pas porter préjudice à sa sœur. Sebastian montra le buffet

- Euh... Voulez vous prendre quelque chose à manger ?

Il prit ensuite une grande inspiration en regardant une nouvelle fois sa sœur son cœur tambourinant extrêment fort dans sa poitrine. Il hésitait à lui dire. Il pouvait encore faire demi tour après tout. La laisser en paix.

Il secoua la tête légèrement et la regarda de nouveau :
- C'est moi. C'est Sebastian.

L'homme c'était imaginer la scène tellement de fois dans sa tête. Il avait imaginé toute les réactions possibles. En avait parlé des heures durant avec sa compagne. Mais le vivre. La réellement cela n'avait rien à voir. Une boule se forme dans sa gorge alors qu'il observait sa sœur en quête du moindre signal ou du moindre petit détail.

Qui que soit réellement cet homme, il était sûr de lui et il la regardait droit dans les yeux, sans trembler. Elle devait bien admettre que ces yeux-là trouvaient une raisonnance étrange en elle. Quelque chose qui lui soufflait qu'on ne pouvait tout simplement pas imiter un tel regard et que c'était forcément lui.

Mais alors, cela voulait dire que... C'était tout de même absurde ! Irréaliste ! Impossible !

Le sourire qui s'afficha sur les lèvres de l'homme la laissa perplexe. Comment pouvait-il voir ce petit tic de rien, alors même qu'elle même n'en avait même pas conscience ? Elle le faisait machinalement, en réfléchissant, se mordre la lèvre imperceptiblement pour se concentrer. A croire que cela lui permettait de recentrer ses pensées.

Mais plus que tout, autre qu'il le remarque, c'était les mots en eux-mêmes. Oh, le tutoiement était remplacé par un vouvoiement de circonstances mais cela n'en changeait pas le sens profond. Elle planta son regard dans le sien, sans bouger, en attendant la suite. Mais les indices étaient trop nombreux.

Visiblement gêné, voilà qu'il lui proposait à manger. Theodora se tourna vers le buffet, là où tous les mets attendaient d'être goûtés. La danse avec Lianelle lui avait ouvert l'appétit et pour ainsi dire, elle devait bien avouer que cette fois-ci, le pâté de porc lui faisait de l'oeil. Pâté qu'elle ne pouvait évidemment pas tartiner seule - ou très difficilement.

Elle se tournait de nouveau vers lui et la déclaration tomba, comme une condamnation aux yeux de Theodora parce qu'alors elle ne pouvait plus nier la vérité :

- C'est moi. C'est Sebastian.

Ainsi donc. Sebastian. Un frère qu'elle n'avait pas vu depuis vingt ans. Qui n'était alors qu'un petit bonhomme sourd, qui la suivait partout à la trace, qui l'admirait et dont les traits étaient terriblement enfantins. Et désormais, elle se retrouvait devant lui, un homme accompli, barbu - oui, elle voyait ce genre de détails dans ces situations étranges - mais qui semblait toujours si... admiratif ?

Elle ne bougea pas davantage. Qu'était-elle censée faire ? Et qu'est-ce qu'il attendait qu'elle fasse, lui ? Qu'elle lui saute dans les bras ? Bon sang, mais il ne rendait pas compte à quel point ce bal était dangereux ! A quel point chercher à la retrouver était dangereux ! Son bras et sa jambe en témoignaient. Mais il fallait dire que la dernière fois qu'ils s'étaient vus, Theodora était encore en parfaite possession des moyens de son corps...

Enfin, elle se décida à parler :

- J'ai du mal à croire que c'est effectivement toi.

Mais elle le croyait, bien évidemment. Elle était bien obligée, honnêtement. Et le tutoiement qu'elle venait d'adopter le prouvait amplement. Elle soupira, et se tourna de nouveau vers le buffet. Elle ne savait pas ce qu'il faisait là, quelles étaient ses intentions exactes mais elle préférait rester sur ses gardes. Au cas où. Elle était avant tout Fantôme, et elle avait une mission, ce soir. Que ce soit bien lui ne garantissait pas qu'il ne se servait pas d'elle pour ses objectifs.

Comment savoir ce qu'il s'était passé pour lui depuis leur dernière rencontre ? Mais autant profiter de sa présence, justement. Elle se décolla du mur et s'approcha du buffet en boitant. Là, elle demanda :

- Pendant que tu es là, accepte de me faire un toast de ce pâté. Il me saute dans le ventre.

Sebastian fixa sa sœur alors qu'elle acceptait réellement qui il était. Cela le soulagea. Au moins, elle savait désormais qu'il état en vie. Il ne dit cependant rien de plus durant un long moment, observant chacune des réactions de la jeune femme. Celle ci semblait troubler. Quand elle prit la parole il haussa simplement la tête comprenant sans mal ce qu'elle ressentait.

Il se perdit dans ses pensées un long moment. Quand il avait été enlever on lui avait fait des lavages de cerveau, et on avait essayé par tout les moyens de lui faire croire que ces parents l'avaient vendu. Mais il avait appris par ses propres moyens qu'ils le croyaient mort, alors même si il n'avait pas tout les détails il n'avait plus nul part ou aller. Surtout que sa sœur était introuvable. Tout c'était assombris, mais finalement il avait rencontré l'amour de sa vie. Elle l'avait aidé, durant toutes ces années en secret, ils se rejoignaient tout deux par leurs esprit rebelle dissimulé sous un apparence docile. Son poings se serra alors qu'il repensa à la mort de sa compagne son esprit bien loin de ce bal. Il avait tellement voulut revoir sa sœur. Et lui présenter.

Ses pensées furent interrompu subitement par les lèvres de Théo qui lui demandait un toast. Il fronça les sourcils s'intéressant un peu plus au handicap, pour le moins marqué de sa sœur. C'était étrange pour lui, connaissant l'agilité et les capacités de son aîné. Malgré son envie il ne se permit pas de demander ce qui l'avait mise dans cet état. Après tout, il était un étranger pour elle. Il acquiesça doucement et lui fit un toast proprement avant de lui donner une serviette et le toast.

- Voilà. J'espère que c'est à... ta convenance.

Il prit lui même quelque chose à déguster. Une fois finis il la regarda de nouveau dans les yeux en jouant avec son alliance portait au cou en collier en l'honneur de sa femme:

- Il me semblait important de te faire signe. Mon départ... N'était pas vraiment volontaire disons. J'avais envie de savoir ce que tu devenais. Cela a été compliqué de te retrouver. Il me semble évidant qu'en ces circonstances tu risques plus de te méfier de moi qu'autre chose. Mais je ne pouvais pas venir avant.

Il avisa l'assemblé du regard et reprit d'un visage relativement impassible:

- La dernière fois que j'ai approcher cet endroit c'était avec toi. Beaucoup de choses ont changés depuis.

Son visage se ferma quelque peu, il avait relever le "pendant que tu es là". Il recula légèrement laissant un distance respectable entre eux:

- Veux tu que je m'en aille ?

Il serra légèrement la main sur son alliance et regarda les mains de sa sœur. Il s'en doutait. Elle semblait avoir garder cette vie de solitaire. Il ne doutait pas qu'elle devait être ici au service de quelqu'un même si il ignorait pour qui réellement. Lui aussi avait une mission à accomplir. Serait'il dans le même camps ? Ou au contraire leurs retrouvailles risquait 'elle de faire régné le sang ?

Sebastian lui tartina le fameux pâté, avant de lui tendre la tranche de pain. Theodora le remercia d'un hochement de tête et en déposant d'abord la serviette sur son avant-bras, elle prit le toast pour croquer dedans. Le goût du pâté envahi ses papilles et lui ouvrit l'appétit.

Elle le savoura jusqu'à la dernière miette, tout en écoutant la réponse un brin hésitante de son frère. Cela n'était pourtant pas à mettre sur une quelconque incertitude, mais bien sur l'émotion des retrouvailles. Des retrouvailles qui risquaient pourtant d'être compromises. Cette soirée ne leur laisserait pas la place pour cela et elle le savait. Pourquoi avait-il décidé de refaire son apparition aujourd'hui ? Hier, ou même demain, aurait été plus à propos !

Quoique non. Comment savoir si elle verrait un autre jour se levait ? Peut-être était-ce sa dernière nuit.

Elle remarqua sans mal la bague qu'il triturait entre ses doigts et qu'il portait en pendentif. Elle nota ce détail dans son esprit mais ne fit aucun commentaire - il semblait bien trop pensif pour cela. Une alliance, ne pouvait vouloir dire que deux choses : soit il était fiancé, soit il était veuf.

En soi, sa réponse avait été plutôt vague. Il ne s'était pas étendu, preuve qu'il avait sans doute quelques détails à cacher. Que faisait-il là ? Pourquoi ne pouvait-il pas revenir avant ? Qu'est-ce qu'il y avait, avant ? Le doute venait de s'implanter dans son esprit.

Pour toute réponse, Sebastian se tourna vers le reste de la salle et déclara pensivement :

- La dernière fois que j'ai approché cet endroit, c'était avec toi. Beaucoup de choses ont changé depuis.

Beaucoup de choses. C'était peu dire. A cette époque, Theodora était encore une adolescente, et lui, simplement un gamin. Entre temps, la jeune femme avait fait commerce dans la contrebande, était entrée au service du roi et s'était retrouvée à demi immobilisée. Elle n'avait plus grand chose à voir avec la Theodora de cette époque et de toute évidence, il en était de même pour Sebastian, quoi qu'il ait pu faire ces dernières années.

Son frère eut un mouvement de recul qui attira son attention et elle se tourna dans sa direction, pour le dévisager. Voulait-elle qu'il s'en aille ? Il n'y avait pas grande importance à cela, en fin de compte. Elle devait comprendre pourquoi il était là. Avec quelles intentions. Faire passer sa mission et son roi avant la famille. Elle en avait fait le serment. Même si le Roi en question ne méritait pas toujours cette dévotion, Theodora s'attachait à sa promesse. On ne peut rompre une promesse qu'on a faite.

- Non, non, reste. Je suis heureuse de te voir. Fais-moi donc une autre tartine de ce délicieux pâté et raconte-moi à quoi tu as occupé ces dernières années.

Il était évidant que la jeune femme voulait en savoir plus. Devait'il lui parler réellement ? Après tout il n'avait pas vraiment réussit à découvrir ce à quoi elle consacrait sa vie à présent. Il n'avait sans doute pas vraiment d'objectifs commun. Il devait envisager les pires options. Jetant un coup d’œil à l'espace royal il refit une autre tartine à sa sœur avant de tourner son regard dans le sien. Il n'aimait pas mentir alors il décida de dire au moins une partie de la vérité:

- Les parents m'ont vendu à un groupe qui m'a entraîner aux armes, et surtout à la cartographie qui me plait énormément. J'ai rencontré une fille après quelque mois. Ma femme, qui est morte récemment tuer par des bandits lors d'une mission de transmission d'information. J'ai fait des recherches sur toi et j'avais des choses à compléter sur mes cartes alors je suis venue ici.

A ses mots il fit une pause prenant lui même quelque chose à manger ayant garder un ton neutre et unique sans aucune émotion durant son discours. Il prit le temps de terminer ce qu'il mangeait et de s’essuyait les mains:

- Et toi, qu'à tu fais depuis tout ce temps ? Et comment est arrivé ce handicap ? Tu étais la personne la plus agile que je connaisse. C'est véritablement surprenant.

Ces réponses allaient déterminer beaucoup de choses. Il avisa la foule qui ne semblait, bien à leurs avantages, ne leur prêter aucune attention.

Ses papilles, ravies par la saveur du pâté, en redemandaient. Sebastian, à sa demande, s'exécuta et lui en refit une. On ne se rendait pas compte à quel point un bras immobilisé pouvait transformer une vie, dans le mauvais sens du terme. Jusqu'à l'impossibilité de tartiner un vulgaire pâté de canard ! Enfin, il la lui tendit et Theodora la prit dans sa paume ouverte.

Elle ne croqua pas dedans.

Au fond, cette tartine n'avait pas tant d'importance et ce qu'elle venait d'entendre - en plus de la pensée que le soleil ne se lèverait sans doute plus pour elle - lui avait coupé l'appétit. Elle n'insista pas et la reposa sur la nappe pour le moment. Ainsi donc, son jeune frère n'était pas fiancé. Ou plutôt si, il l'avait été. Mais plus maintenant. Maintenant, il était veuf et la douleur, ainsi que les relents de l'amour, se lisaient encore au fond de ses prunelles.

D'un côté, elle l'enviait. De l'autre... De l'autre, elle ne savait pas et elle n'était pas certaine d'avoir envie de savoir. Elle savait déjà que ce bal ne se passerait pas aussi bien qu'il ne le faudrait. Oh bon sang ! Mais depuis quand était-elle devenue aussi mélancolique et défaitiste ?

Sebastian retourna la question vers elle, sans surprise. Il fallait s'y attendre. Sûrement cherchait-il à tâter le terrain, lui aussi. Theodora se répéta ses mots dans sa tête.

- Et comment est arrivé ce handicap ? Tu étais la personne la plus agile que je connaisse. C'est véritablement surprenant.

Ils n'avaient pas encore abordé son bras et sa jambe. Mais bien évidemment, ils étaient un sujet incontournable de la conversation. Et voilà qu'il venait d'être abordé. Elle haussa les épaules. Somme toute, c'était assez banal.

- Je suis tombée, répondit-elle en haussant les épaules. Tout simplement.

Elle n'était pas tout à fait tombée. Theodora ne serait jamais tombée d'elle-même, elle le savait. Elle ne maîtrisait rien de mieux que les chutes - et les réceptions. Non, on l'avait poussée. Là était toute la différence.

Elle chercha une personne dans la foule. Toujours sans rien voir. Pourtant, elle savait qu'il était là... Enfin, elle revint vers Sebastian, pour conclure avec un demi sourire :

- Quant à ce que j'ai fait durant tout ce temps... nous sommes dans une salle de bal. Je ne peux guère te compter mes aventures dans un lieu exposé ainsi aux quatre vents !

Question de sécurité quand on était à la tête d'un réseau de contrebande aussi grand que le sien.