Masqué
Masqué
Le Deal du moment : -50%
-50% Baskets Nike Air Huarache Runner
Voir le deal
69.99 €

19H10 - Début de soirée compliqué [OS]
Lun 4 Mai - 17:55
Daryl di Castelle
Daryl di Castelle
38
Médecin au coeur tendre
Une lumière douceâtre filtrait entre les planches des volets. Une odeur de papier et d’encre, mêlé à toute une variété de flagrance herbacée, flottait dans l’air. L’encens habituelle de son apothicairerie… ou de sa chambre ? La décoration était presque la même après tout, des fioles, des pots, des livres, des ingrédients en tout sens. Un véritable chantier caché derrière un paravent. Et au milieu du lit (c’était donc la chambre), la tête approximativement sur un oreiller, Daryl qui ouvrait un œil.

Il devait être 15 heure lorsqu’il avait décidé de faire une petite sieste avant le bal, pour s’éclaircir au mieux l’esprit. Pourvu qu’il n’ai rien loupé d’important. Un des comprimés qu’il prescrivait au vieux bouc… un seul et unique et il fessait déjà presque nuit. Ce bougre était si résistant qu’il avait adapté la préparation pour lui. Un relaxant pour son cœur ? Un tranquillisant pour cheval plutôt !

Il se massa les tempes. Des certitudes résonnaient en lui.
La longue soirée a commencé. Amusement garanti, par son Altesse royal en personne. Au palais le mot est passé : il a tout prévu. Il n’y aura aucune faim, aucun ennui, aucune soif. Pourvu que tous se saoulent. Pourvu que tous s’épuisent. Pourvu que tous s’empiffrent. Car sera là ceux que la soirée aura à la bonne.


Soupira. Les paupières collaient encore.
Le début de ce que tous vont qualifier de mascarade. Tous ceux des milieux autorisés bien sûr. Heureux soient les insouciant, heureux soient-ils et qu’ils en profitent. L’aube, les rires, les chants, les danses.


Se retourna. Le lit qui l’avait porté 19 ans déjà grinça.
Jusqu’à la fin du mépris, et des jeux de faux-semblant qui sauront être mot d’ordre. Carnaval maudit, les masques sont tromperies en surcouche de rictus défigurés. Le crépuscule, les fatalités, les culpabilités, les morosités.


Se redressa. La chambre s’étala sous ses yeux.
Combien de temps ? Combien de temps pour que je soit enfin apaisé ? Combien de temps à dormir d’un œil, réveillé en sursaut par le bruit du vent chargé de miasme ? Combien de temps à entendre jusque dans mes songes les cris, les agonies, de milliers ? Combien de temps de cauchemar éveillé encore ?


Et, finalement… se leva.
Des choses doivent être faites, et pour cela il faut agir ! Les solutions viennent à qui les cherches réellement.


Un pas. Étourdissant. Il cligna des yeux puis se dirigea vers la bassine d’eau qui traînait dans un coin. Se rafraîchit en se décrochant la mâchoire avant d’ouvrir les volets et de faire pénétrer la lumière dans les lieux.
Chasser les spectres des ombres et autres sombres fantômes du passé.


La lumière… c’était vite dit… Le soleil, timide, se cachait à l’horizon, accordant de derniers rayons orangés à cette journée.
Fatidique.


Le médecin se regarda au travers du miroir. Il avait une tête à faire peur. Non. Une tête qui lui fessait peur. Celle d’un homme qui en avait laissé mourir tant d’autres, celle d’un incapable… celle d’un impuissant face aux fatalités de ce monde. Puisse la résolution de l’une d’entre elles être possible au moins. La peur, oui, ses sentiments, ses émotions, il les savaient ternis, emprunts d’ensemble de dessein aux devenir flous. Mais d’apparence, sa tête était impeccable. D’une perfection de lassitude. Les mêmes routines à répéter tous les matins. Rasage. Coiffure. Tout ajusté avec ou sans épingle. Il enfila pantalon, sous-chemise et veste de grand tailleur. Ton sur ton, il devait être marron. Puisse-t-il ne jamais avoir à pratiquer la médecine en paria à l’avenir.

Parfaitement éveillé. Il alla vers son secrétaire, rassembler papiers, cachetés et autres études plus ou moins achevées. C’était l’ensemble de ses idées qu’il entassait. Il emballa se qu’il n’avait pas encore prit temps  d’envoyer, occupé qu’il avait été depuis son dernier retour du nord, il y avait tout juste dix jours.

Soudain, on frappa à la porte. Des frappes frénétiques, un parfait tambourinement séquencé dans une anarchie complète. Dans un bref hoquet de sursaut, une feuille vola. « Entrez ». La poignet tourna, cognant la porte contre un verrou. Il avait pensé à s’enfermer avant de s’effondrer passant de somnolence à doux repos. Une précaution de plus n’était jamais de trop. Il avait prétexté à une chambrière qui le sermonnait qu’il avait le sommeil léger, et le réveille agité à cause de ce qu’il voyait là-haut, au nord. Et, ce n’était pas  faux. Mais le verrou était là depuis 4 ans qu'il laissait sa chambre vide de long moment, certain papier était important à l’intérieur, et il n'y avait là rien de choquant. Il tourna la clé et ouvrit. « Bonjour ». Était là un jeune homme en tenu de serviteur, haletant. Daryl le reconnu sans mal.

- Ah Archi, que me vaut le plaisir ? On me fait demander ? Respire, respire, je ne comprends rien à ce que tu tentes d’expliquer.

Il était de nature à stresser. Sans que Daryl ne parvienne à expliquer pourquoi, c’était toujours lui qui tombait le premier sous la main lorsqu’un accident de cuisine se produisait. S’il faut le préciser, Archein était hématophobe… Il arrivait toujours en trombe, parfois une bosse naissante au front d’avoir trébuché contre une marche. La question était donc purement rhétorique. Qu’il soit arrivé comme ça, à bout de souffle, à cogner contre sa porte, était déjà la réponse. Il y avait un blessé. Déjà un. Et il n’était pas huit heure.

Ah pauvre Archi. La panique facile.



Et ça rajoutait du travail au médecin qui se retrouvait bien souvent à devoir bander et une coupure et une contusion.

Pourquoi Archi, pourquoi te trouvais-tu là ?



S’il avait conservé son éducation superstitieuse, l’érudit aurait pu penser que ce garçon était maudit. La réalité était que c’était pur hasard. Pourquoi voulait-on toujours tout tenter d’expliquer ? Les agissements des "mauvais" par exemple ? Sang, héritage, morphisme, tout était bon pour tenter d’apporter des éléments de réponse. Même dans les collèges Lioffelois cette tard existait. Mais le "mauvais" n’avait pas d’origine à proprement parler, il n’était qu’agissement et réaction, que fatalité aux raisons multiples ou nulles.
S’étant un peu reprit, le serviteur finit par articuler, par bribe, quelques mots et passa le message.

- Dame… cristal… coupure… bal…

- Bien, bien Archi, merci mon garçon, tient, assis-toi là et reprends toi, je vais aller voir cette Dame Crystal qui s’est entaillée dans la salle principale. Toi tu prends une pause… Tss, j’irais aux cuisines expliquer… Et quand tu iras mieux vas déposer ça pour moi, il tapota le colis qu’il venait de préparer, aux écuries pour le coursier de demain matin, veux-tu ?

Et d’un pas preste, Daryl était déjà sorti de la chambre, une caissette à la main.

Sauter vers: