Theodora s'était installée juste à la porte du balcon, contre un mur. Cette position avait plusieurs avantages. Premièrement, d'ici, elle avait une vue dégagée sur la salle de bal, sur le buffet et sur la scène. Autant dire qu'elle ne pouvait pas le louper, s'il venait à passer.

Deuxièment, être appuyée contre un mur lui permettait de reposer sa jambre. Rester debout était fatiguant et elle ne voyait rien qui lui convenait pour s'asseoir. La soirée allait être longue.

Enfin, un mur était l'ami d'une personne méfiante - et prudente - comme elle. Au moins, elle avait la certitude que personne ne pouvait arriver dans son dos et pouvait donc se concentrer sur ce qui se déroulait sous ses yeux en toute tranquilité. Ainsi que sur ses pensées.

Ses pensées... car bien entendu, elle pensait. Surtout ce soir.

Elle se demandait comment cela allait bien pouvoir se passer. Elle n'en savait rien... Elle n'était même pas sûre de savoir si elle voulait le revoir ou pas mais elle n'en avait pas le choix. La volonté du roi était ordre. Voilà tout. Elle n'était pas ici pour se poser des questions, mais pour agir et obéir. Pour ainsi dire, le lot commun de toutes les Ombres.  

Elle ne s'en plaignait pas outre mesure. Parfois, il y avait quelque chose de plaisant à ne pas réfléchir. A repousser tous les doutes au fond de son esprit... Ce qu'elle fit aussitôt avec ceux qui vrillaient ses pensées aux instants mêmes.

Elle les enferma au fond de son esprit sans pitié pour se concentrer sur autre chose. Mais il était bien connu que quand on parlait du loup, on en voyait le bout de la queue. Et à cet instant, c'était celle de Lianelle qu'elle entrevoyait. Il fallait dire que la jeune femme ne passait pas inaperçue, à grands coups de sauts, de cabrioles et autres fanfreluches qui lui étaient propres...

Comme elle la voyait approcher, Theodora ne bougea pas d'un pouce. Elle la regarda arriver, pour attendre de savoir ce qu'elle lui voulait. Elle n'avait pas peur d'elle. En fait, la jeune femme lui était presque... sympathique.

Après tout, Theodora faisait peut-être partie des personnes qui la connaissaient la mieux, au fond.

- Bonjour Lianelle, la salua-t-elle quand elle fut à son niveau.

Lianelle fait ses cabrioles habituelle, distrayant (ou terrifiant) les gens autours d'elle, elle met même quelque personne en fâcheuse posture en révélant a une dame que son mari la trompe. Bref elle s'amuse (au dépend des convive).

Puis elle la remarque adosser, contre un mur Théo scrute la salle, Lianelle se précipite vers elle.

-Théééééééo !

Avant de la serrer dans ses bras (touchant les fesses de la femme par la même occasion), mais chose rare avec Lianelle, malgré l’apparente brutalité du câlin de la folle cette dernière a en réalité fait très attention, faisant preuve d'une maîtrise impressionnante de son propre corps pour donner l'impression d’être brutal tout en mélangeant la jambe de la contrebandière rousse. Cette manière de faire est rarissime chez la folle, habituellement elle ne réfléchi pas (ou plutôt fait comme si elle ne réfléchissais pas) a la porter de ses actes. Mais la elle a fait très attentions.
Elle fait un grand sourire a son aînée.

-Tété! Je suis trop contente de te voire! Toujours aussi belle hé hé hé, tu serais pas immortel par hasard, plus le temps passe plus tu a l'air jeune hi hi hi!!!

Puis parce que Lianelle reste Lianelle et que leurs visages sont très proche elle embrasse Théo.
 
-Tu d'vien quoi? C'est notre bon roi qui ta invité? Il doit avoir une mission pour toi ha ha ha!!

Lianelle était fidèle à elle-même - comme toujours. Elle se répandait en cabrioles et autres acrobaties dont elle avait le secret, sans se priver de terrifier les invités au passage et de les mettre dans l'embarras. Le lot commun, encore une fois.

Ceux qui la connaissaient s'écartaient prudemment à son approche et ceux qui ne la connaissaient pas, eh bien ... ils n'allaient pas tarder à apprendre à le faire. On comprenait vite à qui - ou plutôt, à quoi - on avait affaire face à Lianelle. Simple question de survie. Theodora regardait tout cela d'un oeil attentif, sans bouger.

Lianelle ne tarda pas à l'apercevoir et, ni une ni deux, à se précipiter dans sa direction avec un grand cri de joie. Elle se jeta dans ses bras, littéralement - tout en profitant pour toucher ses fesses, et Theodora repoussa ses mains baladeuses sans faiblir.

Mais malgré l'apparente brutalité de l'étreinte, Lianelle avait fait attention - à son bras, à sa jambe - et Theodora le savait. Tout comme elle savait que Lianelle ne ménageait pas grand monde, pour ne pas dire personne - sauf elle. Et venant d'elle, de celle qui terrorisait la cour entière, c'était un sérieux signe d'affection. Et pas des moindres.

Le sourire que Lianelle lui adressa ensuite était immense. Toujours dans l'exagération, cette petite. Les années ne l'avaient pas changée.

Theodora lui rendit son affection, quoiqu'avec davantage de retenue bien entendu, en l'étreignant à son tour, à un bras et beaucoup plus rapidement.

Immortelle. Il ne fallait pas exagérer. Elle n'était pas si vieille que cela, tout de même ! Trente-sept ans, ce n'était pas le bout du monde. Pourtant, elle se prit au jeu tout de même avec un sourire en coin :

- Lianelle, enfin. C'est moi qui déposerait des fleurs sur ta tombe, et non l'inverse ! J'ai bien l'intention de pouvoir profiter de la vie encore longtemps !

Elle n'eut pas le temps d'en dire plus. Voilà que Lianelle l'embrassait. Theodora ne chercha pas à se dégager. C'était bien inutile, et elle le savait. De toute manière, cela ne dura pas longtemps. Quelques secondes plus tard, Lianelle demandait :

- Tu d'viens quoi ? C'est notre bon roi qui t'a invitée ? Il doit avoir une mission pour toi ha ha ha !

Theodora ne répondit pas immédiatement, elle prit le temps d'observer la jeune femme face à elle. Puis, elle déclara pensivement :

- Ce que je deviens ? Eh bien, je dirais que je suis tout ce qu'une contrebandière estropiée dans mon genre peut devenir.

Elle fit une nouvelle pause et enchaîna ensuite, pour répondre à la seconde partie de sa phrase :

- Mais je suis venue danser, bien entendu ! plaisanta-t-elle, en évitant soigneusement la question de sa mission dans un endroit si exposé aux oreilles indiscrètres. Regarde comme je suis fringuante !

Il fut un temps où elle aurait dansé toute la nuit, certainement. Mais cela faisait quinze ans qu'elle ne le pouvait plus. Elle fit un clin d'oeil à Lianelle.

Lianelle se met a rire face aux parole de Théodora, jusqu’à la rien de bien étonnant, mais ce rire est légèrement différent des autres, comme si ils était plus "vrai" voir même "pur" a moins que se soit ses autres rires qui sont forcé? Quoi qu'il en soit en présence de Théo Lianelle est bien différente plus "douce" même avec le roi elle n'a pas un tel comportement. 

-Ha ha ha, pour une contrebandière estropié tu t'en sort bien.

On pourrais presque croire a cet instant que la folie de Lianelle vient de disparaître. Puis Théodora parle de danser sur le ton de la plaisanterie, Lianelle est folle certes (ou du moins elle en a l'air) mais elle est loin d’être idiote (certain l'on appris a leurs dépens). Elle sais que la belle estropié a la crinière flamboyante est incapable de danser a cause de sont état. Mais Lianelle n'a pas dit son dernier mots, Théodora vient sans le savoir de lui lancer un challenge, un challenge "impossible" mais Lianelle n'est pas du genre a reculer pour si peux. La jeune folle se rapproche de son aînée plaçant ses mains sur les hanches de cette dernière et approchant ses lèvres de l'oreille de la contrebandière.

-Tu a raison. Dansons!

Puis faisant étalage de sa force physique impressionnante pour son gabarie (l'entrainement de gymnaste ça paye) elle soulève son amie et tournoie en la portant.
Puis elle se dirige vers la piste de dance et la folle commence a danser, elle repose l'estropier au sol mais la tien de manière a ce qu'elle n'est jamais a utiliser sa mauvaise jambe comme appuie.

-Hé hé alors? Ça te plais mon cœur? Hi hi hi hi!

Quand Lianelle se trouvait avec Theodora, elle avait un rire bien différent. Quelque chose de subtil, et pourtant d'irréfutable malgré tout. La folie destructrice qui la caractétisait n'était plus si présente. En fait, c'était sans doute l'un des rares instants où la jeune femme n'était plus si effrayante. Quoique, pour la contrebandière, cela ne faisait pas si grande différence. Elle n'avait jamais eu peur de Lianelle : elle se rappelait encore clairement l'époque où elle n'était qu'une enfant innocente, plutôt adorable de surcroît.

- Ha ha ha, pour une contrebandière estropiée, tu t'en sors bien.

Theodora eut un léger sourire mais elle ne prit pas la peine de répondre. Néanmoins, elle eut un hochement de tête satisfait. Discuter ainsi avec Lianelle était quelque chose de rare et de privilégié et, étrangement, Theodora appréciait ces moments. En fait, elle avait la certitude que si les gens l'avaient vue comme elle, ils auraient certainement eu moins peur. Mais les nobles ne savaient pas regarder plus loin que le bout de leur nez, c'était bien connu.

Plongée dans ses pensées, elle en avait presque oublié sa réflexion sur la danse et pourtant... elle aurait dû s'en douter ! On ne disait pas quelque chose à Lianelle sans en subir les conséquences, enfin ! Dans tous les cas, ce fut ses mains sur ses hanches qui la ramena dans le présent. Loin de ses sombres pensées qui occupaient jusqu'à présent son esprit.

Les mots qui sortirent des lèvres de Lianelle, contre son oreille, lui tirèrent un sourire. La faire danser ? Eh bien elle demandait à voir ! Non pas qu'elle doute de l'inventivité de Lianelle pour y parvenir.

Elle n'eut pas longtemps à attendre : bientôt, elle se retrouva en l'air, tournoyant aux bras de la jeune femme. C'était toujours à se demander comment Lianelle parvenait à être si forte. Mais bientôt, toute forme de question fut envolée. Elle n'avait pas le temps de s'en poser, pas alors que pour la première fois depuis quinze ans, elle se retrouvait au centre de la piste, au centre des regards.

Lianelle avait effectivement réussi : elle la faisait danser.

Enfin, pas tout à fait. Theodora n'avait pas grand chose à faire, elle touchait à peine le sol et ce n'était clairement pas elle qui décidait d'aller quelque part. Mais il n'en restait pas moins qu'elle était au milieu de couples, à tournoyer au gré de la musique, et que c'était tout ce que sa jambe et son bras lui interdisaient. C'était délicieux, merveilleux, ... libérateur.

Elle se sentait revivre.

- Hé hé alors ? Ça te plaît, mon cœur ? Hi hi hi hi !

Theodora ne releva ni son petit mot doux, ni son rire. Finalement, cette soirée ne serait peut-être pas si catastrophique qu'elle n'en avait l'air ? Elle lui adressa un demi-sourire, qui pour une fois alla même jusqu'à éclairer ses prunelles et déclara :

- Lianelle ? Tu sais que tu es la seule personne suffisamment folle que je connaisse qui soit capable de faire danser une contrebandière estropiée ?

Et peut-être qu'au final, c'était une des seules personnes à être suffisamment généreuse pour cela. Car de cela Theodora était certaine : Lianelle était bien plus généreuse que ce qu'il n'y paraissait.

-Hé hé. Bien sur que je le sais! Je suis assez folle pour réussir l'impossible voyons ha ha ha ha!

Lianelle continue a danser avec Théo jusqu’à la fin de la musique, ensuite les deux femmes retourne au niveau du balcon.

-Hé hé hé, je suis vraiment contente que tu soit la, mais je pense que cette soirée va compté un peut trop "d'ombre au tableau", Le proxénète est invité. Je sais que tu connais pas son identité réelle mais fait attention, ce type est aussi bon que je suis saine d'esprit.

Lianelle embrasse une nouvelle fois Théo.

-Je te laisse j'ai a faire, hé hé hé hé.

Puis elle lui souffle.

-Ne meurt pas.

Avant de s’éloigner d'un pas dansant.