Theodora était arrivée au bout des escaliers, et elle n'avait pas l'intention d'en prendre de nouveaux de sitôt. Bien heureusement, elle n'en aurait plus besoin.

Enfin, elle l'espérait, toujours.

La salle de bal était déjà bien pleine et la foule arrivait encore. A quelle heure le flux constant diminuerait-il enfin ? Elle regarda autour d'elle. Les musciens jouaient une musique agréable - une valse, il lui semblait - et les couples tournaient en rond.

Danser. Voilà une chose qu'elle n'avait pas fait depuis des années et autant dire que ce ne serait pas ce soir qu'elle reprendrait. Non pas parce qu'elle détestait cette activité - au contraire, même ! - simplement parce qu'elle ne pouvait plus.

Elle se détourna des danseurs et se dirigea vers le buffet, dans le but de manger un peu. Mais en arrivant devant tous ces plats succulents, elle se rendit compte qu'elle n'avait pas faim. Cela ne lui faisait aucune envie. Peut-être plus tard dans la soirée...

Mais honnêtement, elle en doutait.

Elle avait d'autres choses à penser que ces beignets dégoulinants de miel. Elle prit malgré tout un petit biscuit au caramel, pour ne pas attirer l'attention en repartant sans rien. Elle croqua dedans, et en deux bouchées, il était fini.

Écoeurant.

L'air sentait la sueur et la chaleur humaine. Elle pensa aux jardins. Longtemps qu'elle ne les avait pas vus... Autant aller faire un petit tour par là-bas pendant qu'elle le pouvait encore.

Ainsi, elle s'y dirigea.

En arrivant, elle s'arrêta à cinq pas de l'entrée et respira l'air frais. Elle allait s'engager plus en avant quand elle entendit un bruit au-dessus d'elle. Elle voulut lever la tête mais elle n'en eut même pas le temps.

Quelque chose de lourd lui tomba dessus et, sous le coup de la surprise, elle tomba à la renverse avec un petit cri. Ce fut seulement alors qu'elle prit conscience qu'elle était écrasée par une jeune femme vêtue de blanc, son seul bras valide coincé entre elle deux.

Comme l'autre jeune femme ne réagissait pas - trop ébahie pour le faire, certainement -, elle se râcla la gorge, elle-même encore sonnée et tâchant de comprendre ce qu'il venait de se passer :

- Hum... Pourriez-vous vous relever, s'il vous plaît ?

J'avais fini par m'échapper de la salle de bal, lasse de toute l'agitation qui y régnait. Je n'aimais pas particulièrement les nobles, à part peut être quelque un. Je pensais notamment à mon prince. Mais bon. Lui il ne comptais pas.

En grimpant par le balcon j'avais réussi à atteindre le toit. En équilibre, les bras tendus pour faire balancier j'admirais le ciel au dessus de moi. Pour une fois mon visage n'était pas couvert d'un sourire et mes yeux ne brillaient pas d'une lueur taquine. En cet instant j'étais juste au calme, tranquille. Un petit rire m'échappa à la pensée de ce que Varda, Mhilo ou Euphrate dirait si on leur racontait ça. Il n'y croirait dans doute pas. Je ne pouvais pas les blâmer. Après tout c'était moi qui leur montrais constamment le côté plus enjoué de ce que j'étais.

Je m'assis un instant, les jambes pendant dans le vide. En dessous de moi se trouvaient les jardins mais je ne les observais que brièvement. Mon attention se porta bien plus loin et je tentais de d'apercevoir ce qui se trouvait au delà des murailles de la ville. Cela faisait très longtemps que je ne l'avais pas quitté. Bien sûr je sortais du Palais de temps en temps pour aller effectuer quelques missions ou simplement pour me détendre à la taverne. Mais cela faisait une bonne dizaine d'année que je n'avais pas marché sur les routes plus d'une journée.

Je me relevais, décidant que j'avais passé suffisamment de temps à me lamenter ici. Un soupire m'échappa en même temps qu'un petit sourire. Oh non. Si quelqu'un racontais que je trainais mélancoliquement sur les toits, personne ne le croirait. Ce serait quand même drôle de voir la réaction de mes supérieurs s'ils me découvraient comme ça.

Je commençais à escalader le mur en sens inverse, m'accrochant au petite crevasse et aux multiples sculptures et moulures. C'était un vrai jeu d'enfant et lorsque je jugeais que je ne prenais pas de risque en sautant, je me laissais tomber dans le vide, sans prendre garde à ce qu'il se passait sous moi.

Oh la connerie.

Je tombais, littéralement, sur une femme. Femme qui s'écroula sous mon poids avec un petit cri qui fit écho au mien. Nous nous retrouvâmes toute les deux au sol. Après le choc de la chute je restais un instant sonnée jusqu'à ce que celle qui me servait actuellement de matelas prononcé des mots qui me réveillèrent instantanément. Je me relevais précipitamment avant de soulever ladite femme par le bras pour la mettre debout. Un grand sourire au lèvres, la lueur taquine de retour dans mes yeux, j'effectuais une petite révérence.

- Pardonnez mes manières très peu cavalières, comment puis-je me faire pardonner ?

Enfin, la jeune femme eut l'air de se réveiller et elle se redressa. De nouveau libre de ses mouvements, Theodora roula sur le côté pour se relever à son tour, en prenant appui sur ses membres valides. Elle en eut pas le temps, l'autre l'aidait déjà. Enfin, aider... C'était un bien grand mot. Elle l'avait attrapée pour la remettre debout. Bon. Theodora n'avait strictement rien fait.

Avec dignité et sans la remercier, elle épousseta ses vêtements pour en enlever la poussière, tout en détaillant celle qui lui faisait face. Cette dernière avait un large sourire sur les lèvres, et une lueur malicieuse au fond des yeux. Elle s'inclina aussitôt devant elle, avec légèreté, mais Theodora resta de marbre.

Elle avait déjà vu cette petite. C'était une Manteau Blanc. Du temps où Theodora venait au palais plus souvent, il y avait de cela quelques années, elle l'avait croisée régulièrement au gré des couloirs. Depuis la dernière fois qu'elle l'avait vue, elle avait bien grandi, et était plus musclée. Pour ainsi dire, elle n'était non plus une adolescente mais une femme.

Theodora tâcha de se rappeler de son nom, sans y parvenir. Comment s'appelait-elle, déjà ? La lueur dure qui brillait dans ses yeux jusqu'à présent s'adoucit et elle se détendit. Il n'y avait pas de danger. Elle finit de retirer la poussière sur ses manches puis lui adressa un petit sourire :

- Il n'y a pas de mal. Je vais bien, et vous aussi. Il me semble que c'est le principal.

Elle fit une pause, regarda autour d'elle et constatant que personne n'avait vu l'incident, elle se détendit totalement. Elle s'éloigna en boitant de l'entrée des jardins et fit signe à la jeune femme de la suivre vers un coin un peu plus calme. En se posant contre un mur pour reposer sa jambe, elle demanda :

- Je n'arrive plus à me rappeler de votre prénom... Pourriez-vous me rafraîchir la mémoire ?

Elle releva les yeux vers le ciel, en glissant sa main valide dans sa poche et reprit avec un petit sourire en coin :

- Alors ainsi, vous tombez souvent du ciel de cette manière ?

Elle ne put se retenir d'ajouter aussitôt, entre plaisanterie et nostalgie - tout en se désignant d'un geste : elle, son bras, sa jambre...

- Faites attention, la dernière fois que je suis tombée, je ne me suis pas relevée. Comme vous pouvez le constater.

Alors que cette femme me snobait totalement, préférant s'épousseter, je grimacais. Si c'était encore l'une de ses nobles avec un placard à balais enfoncé bien profond, ni une ni deux, je m'enfuirais en courant. J'étais parti sur les toits pour profiter d'un relatif calme et éviter ces types de personnes. En plus elle avait l'air tout, sauf drôle. Même l'embêter n'avait pas l'air marrant.

Bizarrement elle me semblait familière mais je n'arrivais pas vraiment à dire où j'avais bien pus la voir. Lors d'un autre bal ? Peu probable. C'était peut-être une ambassadrice ? Sincèrement je n'en avait aucune idée. Ce qui était sûr c'est qu'elle était plus vieille que moi. J'étais une véritable tanche lorsqu'il s'agissait de juger le nombre exact d'année qu'un personne avait passé sur cette terre mais ces yeux me disait qu'elle avait déjà vu pas mal de chose.

Perdue dans mes pensées je fus légèrement surprise lorsque sa voix résonna dans l'air. Je me reconcentrais sur le présent et acquiescais. Oui, c'était clairement un miracle que nous nous en étions sorties sans une égratignures.

Je la suivi doucement, les mains dans les poches. Elle avait fini par se détendre et peut-être serait elle moi ennuyante que j'avais pus le penser à première vu. Tout du moins elle n'avait pas l'air aussi snob, ce qui était un bon point. Je m'adossais à côté d'elle, profitant de la brise qui soufflait. Les moments en dehors du palais était rare et, en cet instant je n'avais qu'une envie, sortir de l'enceinte de la forteresse pour partir me balader en ville. Hé bah. Ce soir je laissais libre cours à ma mélancolie et je n'aimais pas vraiment ça. Si à l'extérieur mon attitude nonchalante donnait le change, je n'aurais pas aimer me retrouver face au prince à cet instant. Au bout d'un certain temps passé avec moi, il avait fini par acquérir cette (plus ou moins) magnifique capacité qu'était de lire en moi.

A nouveau je me reconcentrais sur ma voisine et lui répondis avec un léger rire.

- Je suis Aya et je dois dire que non, ce n'ai pas une habitude que j'ai.

Je suivi son geste alors qu'elle se désignait elle-même. J'avais bien remarqué qu'elle boitait alors que nous nous éloignions de l'entrée des jardins. Maintenant je savais pourquoi. Un sourire joyeux au lèvre je dis :

- Pourtant vous me semblez bien debout !

M'apercevant que ça n'était sans doute pas l'un des sujets les plus sympathique à aborder pour une première rencontre, je détournais rapidement la conversation avec un ton rieur.

- Mais, maintenant que je me suis présentée, me donneriez vous votre nom ? Et vous ? Avez vous pour habitude de servir de matelas à un ange tomber du ciel ?

Mouais, bon, pas le plus angélique des anges mais quand même...

La jeune femme - Aya, si on en croyait les mots de cette dernière - la suivit. Elle lui répondit avec un petit rire ironique et Theodora conserva son expression mystérieuse. Aya, c'était cela. A présent, elle s'en souvenait. Une jeune femme trouvée au hasard des rues et ramenée au palais. Elle n'en savait guère plus sur elle, sinon qu'elle avait été admise dans les rangs des Manteaux Blancs plutôt récemment.

Son affirmation la fit rire et Theodora secoua distraitement la tête, avec un petit sourire, peut-être nostalgique.

- Oh, les apparences sont trompeuses. De debout, je n'en aies que l'air, crois-moi.

Puis, en se rendant compte que ce n'était pas vraiment le genre de sujet que Theodora avait envie d'aborder, Aya se rabbattit sur une conversation plus légère - et plus banale. L'échange de leurs identités respectives et cette rencontre pour le moins originale. Se faire renverser par une jeune femme volante, il y avait de quoi rire !

- Je m'appelle Theodora Vodalona. Et aussi surprenamment que cela puisse paraître, c'est la première fois que je sers de matelas à un ange. Je suppose qu'il y a un début à toute chose mais j'espère que cela ne deviendra pas une habitude tout de même !

Elle fit une pause, se perdit dans la contemplation des jardins et reprit en revenant vers elle :

- Mais d'où veniez-vous ainsi ? Vous n'êtes pas sensée surveiller le bal et ses invités ? Je doute que le code des Manteaux Blancs ne stipule qu'il vous faille monter sur les toits...

Une moquerie affective. Bien entendu, elle connaissait le code des Manteaux Blancs. Et puis, elle aussi, elle avait passé du temps sur les doigts dans sa jeunesse. Et elle aurait bien aimé le refaire, si son corps lui en avait laissé l'occasion.

- Enfin ! Si vous n'avez pas plus de travail que d'écraser les inconnues en sautant d'un toit, j'apprécirais fort à propos votre compagnie le temps d'un petit tour dans les jardins.

Et si son vocabulaire restait propre sur lui et mesuré en toute chose, une lueur dans ses yeux s'était allumée.

Theodora Vodalona ? Mmmmh se pourrait-il que ce soit ...? Une personne totalement inconnue à mon bataillon. En tout cas son prénom ne me disait rien bien que cette impression familière subsiste. Je devrais me renseigner. Tiens, elle ne voulait pas servir d'amortisseur pour mon magnifique postérieur ? Étrange... Bon ça se comprenais. Après tout il ne faudrait pas qu'elle soit étouffée par tant de magnificence. Alors que mon esprit commençait à partir sur les chemins dangereux de l'humour douteux je me reconcentrais au son de la voix de ma voisine.

Le code des Manteaux Blancs ? Heu... je n'en gardais qu'un vague souvenir... Surtout que ça ne m'intéressais pas vraiment. Ce qui m'intéressais surtout c'était de protéger mon prince. Le reste, rien à faire. Je pris donc mon ton le plus assuré bien que mon grand sourire et mes yeux pétillant d'humour ne dupe personne.

-Oh vous savez, on a bien le droit à quelque petites pauses de temps en temps. Et puis nous sommes suffisamment nombreux pour que je puisses me permettre ça.

Phrase numéro 1 : un mensonge. Nous n'avions pas vraiment le droit d'avoir de pause, en tout cas pas ce soir... Mes supérieurs me trucideraient s'ils savaient que je laissais tout le boulot aux autres. Ce qui nous mène à la deuxième phrase : un mensonge. Nous n'étions jamais assez nombreux pour assurer la protection des nobles. Mais comment dire... Je n'en avait rien à foutre. Ma priorité était de protéger et servir mon prince. Le premier point était assuré par Mhilo, et j'avais suffisamment confiance en ses capacités. Pour ce qui était de servir et bien... le prince n'avait pour l'instant pas fait appel à moi. J'étais donc pénarde. Un sourire de satisfaction s'étala sur mes lèvres à cette pensée.

- Et bien, non, je n'ai pour l'instant rien à faire donc pourquoi pas ! Ça fait un moment que je n'ai pas eu le temps de profiter des jardins.

Bon je préférais les prairies pleine de fleurs sauvages à ce lieu organisé et dirigé par les hommes mais ça ferais l'affaire. Je la laissais passer devant par pur réflexe. Je n'aimais pas tourner mon dos vers un potentiel ennemi, bien que cette femme me semblait suffisamment sympathique.

-Je vous suis !

Les Manteaux Blancs ? De petites pauses de temps en temps ? Theodora savait pertinemment ce qu'il en était dans la vraie vie : les Manteaux Blancs n'avaient jamais de pause, sauf le soir pour dormir et pour faire leur toilette - et encore ! C'était une mission permanente qui ne laissait pas de répis, mais cette jeune femme semblait s'en accorder d'elle-même. Cela fit sourire Theodora.

Elle avait déjà croisé la Commandante Varda une ou deux fois, guère plus, mais cela suffisait pourtant amplement à savoir une chose : ce n'était pas elle qui laissaient ses subordonnés roupiller et escalader les toits au lieu de travailler. Surtout lors d'un bal comme celui-ci ! Le danger était suffisamment important pour que le palais ait besoin des dix paires de mains de l'unité.

Enfin. Elle était d'humeur à s'amuser alors elle répondit avec un demi-sourire :

- Il me semblait pourtant avoir entendu dire qu'on ne pouvait pas trouver plus fervents travailleurs que les Manteaux Blancs. Les rumeurs se trompent-elles donc ?

Bien sûr que non, et tout le monde le savait. Mais Theodora était curieuse de savoir comment cette petite allait se sortir de ce premier mensonge. Elle était rafraîchissante dans sa manière de parler, un peu comme le petit vent qui soufflait ici. Quant au fait qu'elle n'avait rien à faire ... Theodora n'y croyait pas une seconde. Avec tous les conjurés qui devaient truffer cette soirée, Aya devait en avoir, des choses à faire ! Qui étaient bien plus importantes que se balader dans les jardins avec une infirme. Mais soit. Cela lui allait très bien. Ce que faisaient les Manteaux Blancs de leur temps ne la regardait pas.

Elle fit un pas en avant et fit une pause devant les escaliers qui descendaient dans les niveaux inférieurs des jardins. Les escaliers, son pire cauchemar. Elle se tourna vers Aya qui la suivait effectivement :

- Voudriez-vous bien m'aider, demoiselle ? Je ne me déplace plus aussi aisément que dans ma jeunesse.

Non pas qu'elle soit réellement âgée désormais. Mais sa jeunesse à elle s'était arrêtée à 22 ans. Quand elle était tombée, qu'elle s'était fracassée par terre. Et qu'elle ne s'était jamais relevée - ou du moins, pas entière.

Elles entamèrent la descente des premières marches et Theodora ajouta :

- Vous m'avez l'air bien indépendante. Je connais bien ces jardins. Que diriez-vous que je vous amène dans un endroit beaucoup moins rangé ? Nous en avons pour tout juste dix minutes aller-retour.

Un sourire s’étala sur les lèvres de cette dénommée Theodora. Theo. On va l’appeler Theo, ça sera plus court. Je voyais presque les rouages tourner dans sa tête alors qu’elle disait :

- Il me semblait pourtant avoir entendu dire qu'on ne pouvait pas trouver plus fervents travailleurs que les Manteaux Blancs. Les rumeurs se trompent-elles donc ?

Hein ? Ah, heu… Bah ça dépend écoute. Mes pensées se dirigèrent vers Thony. Celui-là était autant un poivrot qu’un paresseux. En parlant de poivrot… j’avais toujours trouvé étrange la ressemblance de ce mot avec « poivron »… Ooooh. Mais. En fait. Les Manteaux Blancs ressemblaient à une ratatouille ! Un mélange de personnalités toutes plus différentes les unes que les autres. Ou pas. Mhilo et Varda se ressemblaient quand même pas mal… Un sourire malicieux éclaira mon visage en me demandant lequel des deux était l’aubergine…

Je chassais ces idées de ma tête pour éviter de partir trop loin. Mais il était vrai qu’à part Thony et, parfois, moi-même, la plupart des Manteaux Blancs étaient tous dévoués à la tâche et ne s’arrêtaient jamais de travailler. Un petit sourire affectueux étira mes lèvres. Malgré le balais dans certains de leur postérieurs je les aimais bien. Bon, je n’avais pas trop le choix hein ! C’était pas du tout comme si c’était les personnes avec qui je passais 90 % de mon temps…

-Ne vous inquiétez pas pour ça, nous sommes travailleurs… presque un peu trop parfois. Il en faut bien au moins un qui sache se détendre !

Je suivie Theo en profitant d’être un peu dehors. Les jardins étaient magnifique et je me demandais si je pourrais m’y perdre pour que personne ne me retrouve jamais. J’imaginais un monde ou je pourrais vivre seule avec ma mère, perdue au fin fond de bois, tranquille. C’est la voix de Theo qui me sortie de mes rêveries.

- Voudriez-vous bien m'aider, demoiselle ? Je ne me déplace plus aussi aisément que dans ma jeunesse.

Je fronçais les sourcils avant de l’attraper par la taille pour l’aider à descendre les escaliers. Je remerciais silencieusement mon entraînement de Manteau Blanc qui me permis de supporter son poids sans problème. Non pas qu’elle soit particulièrement lourde mais je ne pensais pas que j’aurais pus lui être d’une quelconque aide sans. Avec un ton léger je lui répondis :

-Pas de problème ! Et je ne sais pas si vous êtes bien vieille mais votre beauté me souffle que votre jeunesse n’est pas encore totalement partie…

Oui, bon. J’aurais pus faire mieux mais j’avais pas d’inspiration. Le pire c’est que je n’avais même pas l’intention de sortir une phrase pareil. L’habitude ‘faut croire. Quelle habitude vous demandez ? Ah. Heu... Aucune idée ! Je commençais à chantonner doucement, un sourire paresseux traînant sur mon visage avant d’être interrompue par une proposition de ma compagne (minute… c’est un peux bizarre dis comme ça non ? Tant pis.).

- Vous m'avez l'air bien indépendante. Je connais bien ces jardins. Que diriez-vous que je vous amène dans un endroit beaucoup moins rangé ? Nous en avons pour tout juste dix minutes aller-retour.

Un sourire malicieux étira mes lèvres et je haussais les sourcils en lançant un regard vers Theo.

-Ma foi, ça m’a l’air bien sympathique. Et où donc ce trouverais ce charmant lieu ?

Theodora eut un sourire amusé en écoutant la réponse de la jeune femme. Oh, non, elle ne s'inquiétait pas. Pas du tout. Ce n'était pas son rôle de la soirée et elle avait déjà suffisamment de soucis de cette manière, sans en plus en rajouter en prime.

- Oh, je ne doute pas que vous sachiez très bien vous détendre quand l'envie se fait sentir ! assura-t-elle alors avec une lueur malicieuse dans les yeux. Après tout, je suppose que monter sur les toits n'est pas une des missions des Manteaux Blancs. En tout cas, je n'ai jamais rien entendu de tel.

Theodora fut néanmoins surprise de sentir soudain les mains d'Aya se poser sur sa taille pour la soulever sans le moindre mal. Quand elle lui avait demandé de l'aide, elle ne pensait pas être portée ainsi jusqu'en bas. Simplement être soutenue pour que cette corvée soit moins importante. Mais elle ne s'en plaignait. C'était nettement moins épuisant de cette manière.

L'entraînement des Manteaux Blancs musclait indubitablement. Quand elles furent au bas des escaliers, Aya la reposa au sol et Theodora se retourna vers elle avec un hochement de tête reconnaissant.

Surprise qu'elle avait été, elle n'avait pas pensé à relever le demi-compliment de la jeune femme. Elle secoua la tête.

- Je vous remercie, Aya. Je ne saurais dire si je suis toujours aussi belle que vous le dites mais croyez-moi, avec un bras immobilisé et une mauvaise jambe, cela fait bien longtemps que j'ai abandonné ma jeunesse.

Oui, elle l'avais définitivement mise au placard. Et jamais elle ne pourrait l'en ressortir. Au moins, la jeune femme souriait à sa proposition alors Theodora ne tarda pas à se mettre en route. Elle progressait lentement, probablement bien plus que si la jeune militaire avait été seule mais elle ne pouvait guère faire mieux et elle préférait ménager sa jambe lorsque les vrais problèmes arriveraient. Largement assez tôt pour profiter en attendant du calme relatif des jardins.

Après tout, il y avait des invités jusqu'entre les jardinières de fleurs... L'air était pollué jusqu'ici par les senteurs de parfums camphrés. Elle ne dit rien et laissa Aya la suivre. Puis, finalement, elle demanda malgré tout pour lier conversation :

- Alors... parlez-moi de vous, un peu. Vous aimez monter sur les toits ?