Lioffel XX jubilait en attendant l'arrivée de celui qu'il venait de faire appeler. La soirée se déroulait encore mieux que ce qu'il avait pensé. Rien ne serait plus facile que de débarasser le royaume de toutes ces têtes encombrantes.

Le roi était rejeté dans son fauteuil, son verre de vin toujours plein à la main gauche, un toast dans l'autre. Il regardait la porte, et attendait qu'elle s'ouvre. Cela ne tarda pas à arriver. Elle dévoila son majordome - cet homme si fidèle à qui Lioffel pouvait tout demander. Lioffel ne lui laissa même pas le temps d'ouvrir la bouche pour s'exprimer.

- Faites-le entrer. Je ne veux pas perdre du temps. L'heure est déjà bien avancée.

Il leva les yeux vers l'horloge au dessus de la porte de son salon privé. Bientôt dix-neuf heures. Déjà une heure de passée. A l'heure actuelle, le bal devait être ouvert. Le spectacle pouvait enfin commencer ! A coup sûr, Tadriel avait déjà offert sa danse à l'une des jeunes filles... C'était parfait. Son fils avait commencé à jouer son rôle sans même le savoir.

Tout fonctionnait exactement comme il l'avait prévu.

La porte se rouvrit alors sur un jeune homme bien habillé. Celui qu'il avait fait appeler. Le roi ne se leva pas, ne le salua pas non plus. Il lui désigna simplement le canapé en face de lui, puis les petits fours et autres apéritifs sur la table entre eux, pour l'inviter à se servir.

Il le regarda durant quelques secondes puis, enfin, déclara d'un ton affable :

- Ainsi, vous avez choisi de vous faire appeler Janek de Constantin, ce soir.

Il hocha la tête d'un air pensif, puis reprit avec un sourire carnassier :

- Mais qui espérez-vous tromper comme cela ? Les gardes à l'entrée ? Les convives ? Sûrement pas moi, nous savons tous les deux ce qu'il en est ! Sachez que je me renseigne chaque jour sur mon pays. Je sais tout ce qu'il s'y passe. Et je sais que monsieur de Constantin est mort il y a maintenant deux semaines... Je dois reconnaître que c'est habile de votre part. Prendre le nom d'un petit noble, ainsi, que personne ne connaît pour pouvoir entrer au bal. Vous avez toutes mes félicitations pour ce tour de force.

Il eut un petit ricanement. Il observa le jeune homme qui lui faisait face. Le roi se pencha en avant, posa ses coudes sur ses genoux et déclara :

- Mon cher Janek, nous devons discuter de ce que vous allez pouvoir faire pour moi ce soir...

Il fit une pause, observa ses ongles avec grande minutie et reprit :

- ... de ce contrat que vous êtes venu chercher.

Janek avait passé les gardes avec un sourire poli aux lèvres leurs souhaitant bon courage avant de faire un rapide tour de la salle des yeux. Il repéra les différentes en particulier les zones exiguë et les possibilités de sorties. Puis il se dirigea vers le buffet quand on le demanda. Un sourire se dessina sur son visage. Le roi ne perdait pas de temps. Il entra et prit place sur le canapé croisant élégamment les jambes et utilisant le dossier pour se caler un sourire en coin aux lèvres. Il prit tout son temps écoutant le roi parlait toujours avec ce même sourire un brin provocant. Il attendit quelque temps avant de répondre regardant le roi dans les yeux:

- Monsieur le roi, en effet il me semblait grandement suffisant d'utiliser ce tour de passe passe pour vos gardes. Ce ne sont pas les plus vifs d'esprit après tout. Il me fallait simplement entré ici. C'est chose faite.

Il prit une pause sorti sa propre flasque buvant quelque gorgés et les savoura avant de reprendre:

- Je ne doute pas de votre connaissance en votre royaume. Vous connaissez sans doute mon véritable nom de famille et savez donc pourquoi ce fameux contrat m'intéresse.

Durant tout son temps de parole il garda ses eux ancrés dans ceux du roi. Cette méthode de communication était tellement intéressante. Il prit le temps d'observer la pièce dans ces détails.

- Vous avez toute mon attention.

Lioffel éclata de rire aux mots du jeune homme. Pas les plus vifs d'esprit. Oh oui, c'était parfaitement adapté pour décrire les gardes et leur incompétence notoire, parfaitement visible ce soir.

Mais bien loin de déplaire à Lioffel, le roi avait bien décidé de s'en servir et de la mettre à son service. En débutant par le contrat qu'il avait prévu pour l'homme qui lui faisait face...

- Je suppose que ces imbéciles ne vous ont pas confisqué vos armes.

Ce n'était pas une question, il connaissait très bien la réponse. Il prit le temps de se composer un visage affable, avant de répondre :

- Pourquoi ce contrat vous intéresse ? Je le sais, oui. Comme je sais que vous n'êtes pas monsieur de Constantin, et que c'est vous-même qui l'avait tué. Mais enfin... Revenons-en aux choses sérieuses.

Janek sourit légèrement avant de se lever observant la composition du lieu. Celui ci lui plaisait bien:

-Vous êtes un homme de goût. Que ce soit dans votre mobilier et dans vos choix stratégiques. Tout cela promet d'être intéressant.

Il resta assis et sourit en voyant son corbeau arrivait soudainement à la fenêtre en croassant fortement. L'homme émit un bref rire et siffla le corbeau repartant.

-Veuillez m'excusez elle n'aime pas être écarté de l'action. Pour ce monsieur Constantin elle a grandement apprécié son rôle de charognard.

L'homme avait une confiance en lui qui semblait inébranlable. Il lui tournait le dos avec un aplombs franc car il savait tout deux qu'une attaque de Janek était impossible ici. De plus, il n'y aurait aucun intérêt pour lui. Il aimait ce genre de comportement, il allait enfin passer aux aspect intéressants. Ce n'était pas trop tôt. Janek obtiendrait peut être bientôt ce qu'il voulait depuis si longtemps.

Lioffel ne répondit rien. Il se fichait bien de ses compliments, quels qu'ils soient. Il n'avait pas besoin de ses remarques pour savoir que son plan était infaillible. Non pas parce qu'il était imbu de lui-même, mais tout simplement parce qu'il avait tout prévu.

Pour gagner, il ne fallait pas jouer que sur un seul front. Et Lioffel avait fait en sorte d'en avoir plusieurs pour s'assurer que tout fonctionne comme il le voulait - et pas différemment. Il eut un sourire, et il ne sursauta même pas lorsque l'oiseau arriva soudain en piqué sur la fenêtre.

- Ah ! Alors voici donc votre fameux corbeau. J'en ai entendu parler, en effet. Ce soir, cette belle bête pourrait bien me servir...

Il fallait savoir se servir de son environnement. Chaque détail pouvait changer la donne, et le roi voulait faire pencher la balance de son côté, qu'importe ce qui en découlerait.

Le roi ne regardait toujours pas le jeune homme qui demeurait installé dans le fauteuil. Il continua de lui présenter son dos, comme si de rien n'était, en finissant de boire le vin dans sa coupe. Vraiment délicieux, se dit-il alors.

Janek sourit quand le roi acquiesça de l’intérêt que pouvait avoir l'oiseau. Aucun doute, l'homme en face de lui était charismatique et dangereux. Délicieusement dangereux et stratège. Et par cela il gagna une certaine forme de respect de la part de Janek. Entendons que respect signifie dans un même temps une certaine confiance envers les possibilités que pouvait proposé le roi. Cela changeait de toute ses hommes perfides et ridicule.



Il regarda l'homme dans les yeux le sourire mesquin ayant totalement disparu pour se remplacer par une expression de pur concentration. Le tueur entrait en scène.

Cette entrevue débutait très bien. Et cet oiseau qui s'était de nouveau envolé, chassé par son maître, lui laissait entrevoir plein de possibilités alléchantes. Un pion de plus qu'il venait de mettre sur le plateau de jeu. Ses défenses seraient infranchissables, et il le savait. Pour être efficace, il fallait toujours avoir plusieurs solutions de repli. Et il y comptait bien.

Dans l'attitude de cet homme, il sentait bien son respect. Cela lui tira un sourire diabolique. Cet homme allait faire un excellent allié. Il y avait sous cette apparente nonchalance et provocation un potentiel inexploité, et très utile.

Eh bien parfait !

Il était temps de passer aux choses sérieuses.

Janek écouta attentivement l'homme ne voulant perdre aucune des informations qu'il allait lui donner. Il sourit face au comportement soudainement beaucoup plus détendu de l'autre homme. Ils avaient apparemment trouvé un terrain d'entente et un langage adapté pour eux deux.

C'était donc ça que lui voulait l'homme? Ses talents allaient être sollicité beaucoup plus tôt que prévu. Cela lui plaisait d'autant plus. Une main de fer dans un gant de velours. C'était de cette façon qu'il voyait son art. Ici ce dernier serrait sans doute utilisé à son plein potentiel. Il pouvait remercier le roi pour cela.



Il avait hâte de savoir le rôle qu'avait définit le roi  pour lui. Jusque où devrait-il allait? Cela lui serrait il utile pour son objectif propre? Au pire des cas il pouvait se nourrir gratuitement et profiter d'une bonne soirée. Au mieux celle ci serrait décisive pour sa vengeance et peut être aussi pour un objectif beaucoup plus grand.

Il avait vraiment bien fait de venir.

Le roi ne dit tout d'abord rien de plus. Il se contenta d'observer les réactions de Janek. Ce dernier semblait satisfait du travail qu'il lui proposait. Oui, bien sûr. C'était évident. Lioffel savait parfaitement que cela lui plairait... Mais il n'en avait pas fini, et le jeune homme, toujours soigneusement callé au fond de son fauteuil, l'avait compris.

- Il n'y a pas grand chose à dire de plus que cela, monsieur Morgansteir. Mais pourquoi pas... si vous travail me convient, je pourrais vous offrir une place aux côtés de la couronne. Bien entendu, je vous rénumérerais comme il se doit pour un homme de votre talent, c'est évident.

Il eut un demi-sourire et laissa son interlocuteur prendre conscience de ce que signifiait cette proposition. En soi, une place de choix près de lui, et au palais. Un poste à responsabilités. Une belle petite somme d'argent chaque mois. Il connaissait beaucoup d'hommes qui auraient sauté sur l'occasion et qui se serait damnés pour obtenir un tel privilège.

- Je vais vous confier un secret de la plus haute importance... dit-enfin avec une expression mystérieuse. Voyez-vous, je détiens un prisonnier depuis quelques temps dans mes cachots. Un prisonnier qui me résiste, et qui pourtant a des choses très intéressantes à me dire. Un certain Diarmund de la Contrie...

Janek avisa sérieusement la proposition du roi. Devait il accepter? Cela pouvait lui offrir une sécurité financière et un logi digne de ce nom. Ce qu'il, malgré ce qu'il avait laisser pensé à l'entrée, n'avait jamais eu. Il croisa les bras et regarda quelque temps par la fenêtre. Il n'était pas sûre de vouloir renoncer à sa chère et tendre liberté pour un aspect sécuritaire. Il continua de regarder par la fenêtre alors que son oiseau était une nouvelle fois devant celle ci:

- Messire, je suis honoré de cette proposition et vais sérieusement y réfléchir après le déroulement de notre arrangement.

Il continua de regarda Sky par la fenêtre et siffla légèrement la regardant se posait sur la fontaine.Il écouta le discours du roi sans interrompre. Il n'avait jamais entendu parler de l'homme de la prison. Cela allait être d'autant plus intéressant.



Il fit un léger sourire. Cette mission lui allait comme un gant. Un cadre parfais et une mission lui permettant de mettre ces capacités à profit. Il ne risquait pas de s'ennuyer. C'était très excitant. Il avait hâte de commencer. D'autant plus que la récompense pourrait être extrêmement intéressante.

Lioffel ne répondit rien. Il était évident que son offre ne valait qu'une fois et qu'une fois le moment venu d'accepter ou de refuser, elle ne tiendrait plus. Il ne le précisa pas, car c'était inutile. En face de lui, il savait pertinemment que Janek savait tout cela.

Pourtant, Lioffel n'aimait pas que l'on refuse ses offres.

Et cela aussi, il savait que Janek le savait.

- Faites le bon choix, déclara-t-il simplement.

Il fit une pause.



Il frappa dans ses mains, pour signaler la fin de l'entrevue.

- D'autres questions, mon petit Janek ?

Janek fixa le roi droit dans les yeux quand il parla. Il se doutait que le roi ne proposerait peut être pas quelque chose d'aussi idéal la prochaine fois qu'ils se verraient. Mais Janek tenait à une récompense pour son travail. Il ne s'inquiéter pas de cela s'étant mis en sécurité par divers stratagèmes qu'il mettrait en lumière plus tard. Il sourit et se releva :

- Je n'en doute pas Sir.

Il prit en compte les informations évoqués par le roi et vérifia sa tenue était en parfait état puis secoua simplement la tête:

-Non sir, tout est parfait pour moi. J'ai ce qu'il me faut. Je reviendrais vous voir une fois ma mission accomplie pour la récompense. Je ne comptes pas m'éternisé par la suite. Je vous souhaites une agréable soirée.

Il jaugea la réaction de l'homme.A ces mots il sortit calmement du bureau et se dirigea vers les autres invités. Il sourit alors qu'il cherchait sa cible des yeux afin d'identifier comment atteindre son objectif.