Sanwine s'éloigna des invités et de la foule. Elle contempla le ciel orangée du soir. Normalement, elle devrait être en train de discuter avec les bourgeois mais elle avait senti le besoin de s'aérer et surtout de calme. Elle avait l'impression de ramer, les quelques nobles qu'elle croisait, ne faisaient que de louer le roi. Cette fête était remplie de lèches bottes. Si cela continuait dans cette direction, elle décidera d'aller rencontrer le roi sans vraiment savoir à quoi s'attendre venant de lui... Cette idée lui faisait dans un sens peur. En dévoilant sa vraie identité au roi Lioffel, il pourrait mal le prendre et quant à elle, Sanwine finirait en prison. Ou finir executée....

Elle se sentait étrangère et en danger. Cette peur constante qui la hantait depuis son arrivé. Elle commençait même à regretter son choix : Cela faisait déjà presque un mois qu'elle était parti, son lieu de vie lui manquait tellement. Son père devait s'inquiéter pour elle. Elle désirait les revoir, reprendre son cheval et faire demie-tour ! Cependant, elle était bloquée ici par un but qui venait pourtant de son propre choix.

Mais elle devait le faire pour eux : Son père, son peuple et ses amis de guerre peut-être mort sur le front à ce moment même. Elle souhaitait les rendre fier, et se rendre utile pour une fois. C'est pour cela qu'il ne fallait en aucun cas échoué.

Elle se mit à pleurer, des larmes coulèrent sur ses joues. Elle était seule, sans aide dans un lieu dangereux. Personne pour ne la comprendre

A peine la musique s'arrêtait-elle et que la bienséance lui permettait de quitter la piste de danse que Tadriel s'en allait. Il fila sans un regard droit vers le balcon pour prendre de l'air. Parce qu'après cette épreuve, il en avait besoin - et d'une grande dose. Il était même surpris d'y avoir survécu, bon sang !

Mais quelle torture, quelle torture ! Il leva les yeux vers l'immense horloge, dans la salle de bal. La nuit était à peine tombée, le bal débutait juste. Cela ne faisait même pas encore une heure qu'il avait fait son apparition.

La plus longue soirée de sa vie. Officiellement. Et il faudrait du temps avant qu'elle ne puisse être détrônée ! En arrivant dehors, il s'appuya à la rambarde, les coudes dessus et contempla l'horizon.

Il soupira. Il avait réussi à échapper à la surveillance des uns et des autres et à sortir sans être vu, ce qui était un véritable exploit quand on s'appelait Tadriel et qu'on était le prince désiré par toutes les jeunes filles de la salle. Il le savait, sinon il aurait déjà été entouré de trois ou quatre donzelles surexcitées à l'idée de danser à son bras. Et dire que par respect de l'étiquette, il était obligé de l'accepter !

Soudain, il entendit quelque chose sur sa gauche. Il se retourna. La jeune femme qu'il remarqua alors avait les cheveux aussi blancs que les siens - pas besoin d'être devin pour comprendre qu'elle avait eu la frigidite, elle aussi - et pleurait. Sans réfléchir, il quitta sa rambarde pour aller vers elle. Dans son mouvement, les pans de sa cape voletèrent à sa suite.

- Mademoiselle, dit-il en posant une main sur son bras.

Il lui sourit et ajouta :

- Que faites-vous là toute seule ? Vous devriez rentrer pour vous amuser. Je sais bien que ce n'est pas la meilleure soirée du monde mais elle ne vaut certainement pas ces larmes que je vois-là. Je suis sûr que votre sourire est magnifique, vous ne voudriez pas me le montrer ?

Les pleures de Sanwine furent arrêter par une main qui venait de se positionner sur son bras :

- Mademoiselle,

Son interlocuteur lui sourit et continua :

- Que faites-vous là toute seule ? Vous devriez rentrer pour vous amuser. Je sais bien que ce n'est pas la meilleure soirée du monde mais elle ne vaut certainement pas ces larmes que je vois-là. Je suis sûr que votre sourire est magnifique, vous ne voudriez pas me le montrer ?

La jeune femme sécha ses larmes et lui répondit en sortant un timide sourire :

-Merci.

Un (charmant) jeune homme possédant lui-aussi des cheveux blanc à cause de cette maladie, la frigidite, était venu la consolé. Au vu de sa tenue, il devait être un noble bien au placé. Il devait sûrement mieux connaître le roi et...le prince. Elle se souvenait vaguement avoir entendu quelques bourgeois et surtout des jeunes femmes hystériques parler de l'héritier de ce royaume. Elle se serait heureuse de pouvoir le rencontrer aussi pendant le bal.
Ou alors son interlocuteur, ne ferait au final parti de la partie des invités "lèches-bottes" du souverain qui partait dans une discussion ennuyeux à mourir et qui pour elle n'avait aucun intérêt ! Et donc sa situation initiale n'aurait pas bougé d'un poil malgré cette espoir.

Sanwine dit en guise de réponse au jeune homme :

- Je préfère le calme, et regarder l'horizon me détend et vous ? Pourquoi êtes vous venu ici ?

Ses espoirs étant réduits à néant, elle décida pourtant d'engager la conversation avec lui puisque il avait l'air plutôt sympathique dans le fond et à la fois peut-être comprendrait-il son choix d'être venu ici. Elle entendit sa réponse puis ajouta :

-Excusez-moi de cette oublie mais je me nomme Edra de Lettald et à qui-ai je l'honneur ?

Elle ne pouvait toujours pas révéler sa véritable identité. Elle se l'était promis de le dévoiler qu'au souverain ou, maintenant qu'elle a appris cette nouvelle, au prince. Elle pensait malgré tout à une nouvelle rencontre qui, on ne sait jamais, pourrait être d'une très bonne aide en ce lieu.

La jeune femme se tourna vers lui, et Tadriel se félicita d'avoir touché juste en voyant un sourire, encore un peu timide, s'afficher sur ses lèvres. Il le lui rendit et confirma, pour tâcher de la détendre encore :

- Oui, c'est ce que je pensais, mademoiselle. Il est très beau.

Il s'appuya de nouveau à la barrière. Il ne faisait pas encore tout à fait nuit, mais le soleil avait presque disparu. Il contempla les derniers reflets moirés dans le ciel, tout en l'écoutant parler. Finalement, sans la regarder, il répondit :

- Je viens de finir ma danse.

Il eut un sourire indéfinissable et reprit :

- Oh, je sais que c'est dur à croire, mais en réalité, je n'aime pas trop danser. Je ne suis vraiment adepte de toutes ces pimbêches... Je suis content de leur échapper quelques minutes.

Il se tourna de nouveau vers elle en souriant toujours. Il prend sa main, se penche pour la saluer, comme le veut l'étiquette.

- Dame Edra de Lettald. C'est un honneur.

Pourtant... il marqua un temps d'arrêt. A qui ai-je l'honneur ? Alors elle ne savait pas qui il était ? Elle ne l'avait pas reconnu ? Il devait bien avouer que cela le surprenait, pourtant il aurait dû le deviner : elle ne l'avait pas salué et elle se comportait comme s'il était un jeune noble lamda... parce qu'elle n'avait pas compris que c'était lui, le prince.

Il n'hésita qu'une seconde avant de répondre :

- Oh, mon nom importe peu. J'apprécie l'anonymat, je ne peux pas en profiter souvent. Vous pouvez m'appeler Tad si vous le voulez.

La princesse écouta attentivement son interlocuteur, elle était heureuse d'avoir fait la connaissance de quelqu'un qui la comprenait sur le point de la foule et des festivités qu'elle n'appréciait peu.
Puis après s'être présentée à lui, le jeune homme lui répondit en prenant sa main ainsi qu'en se penchant devant elle :

- Dame Edra de Lettald. C'est un honneur.

Il n'était pas seulement charmant, il était aussi courtois. Sanwine pensait même que ce geste était peut-être exagérée, du moins pour elle. Puis il se fit enfin sa présentation à la jeune femme :

- Oh, mon nom importe peu. J'apprécie l'anonymat, je ne peux pas en profiter souvent. Vous pouvez m'appeler Tad si vous le voulez.

Ce "Tad" devait être un noble très haut placé pour pouvoir profiter d'un moment pour s'enfuir des autres invités et surtout d'avoir la possibilité de cacher son identité. Donc elle devait être la seule à ne pas le connaître, elle aurait sûrement dû se renseigner sur la bourgeoisie lioffeloise... Dans un premier un temps, elle était intriguée par cette volonté de garder l'anonymat mais elle conclut qu'il n'avait pas du tout la tête d'une personnes malsaine. Alors, elle ajouta en souriant :

-J'accepte, Tad.

La jeune femme se remit à contempler le couché du soleil en s'appuyant sur la rembarre. Puis elle rêvassa et dit sans trop réfléchir :

-On dit que le prince est beau et élégant, il serait même capable de rendre amoureuse presque toutes les femmes de lui. J'aimerais le rencontrer moi aussi, mais je sais que le rôle d'un héritier n'est pas de tout repos et donc que c'est peine perdu. Et vous ? Avez-vous eu la chance de le connaître ?

En effet, elle avait une bonne place pour parler du travail d'un prince ou d'une princesse. Il fallait donner une bonne impression en souriant, suivre le protocole à la lettre...  Tout cela, en portant en permanence
une lourde responsabilité. Mais il fallait le faire pour le peuple qui avait espoir en l'héritier, le briser serait impardonnable.

La jeune femme sourit, et elle hocha la tête. Sa manière de ne pas hésiter le moins du monde le fit sourire. D'habitude, les gens qui se permettaient de l'appeler Tad se comptaient sur les doigts d'une main. Encore moins quand il s'agissait d'étrangers. Cela avait quelque chose de... plaisant. Et pas de doute pour dire que si elle savait qui il était, il en aurait été de même pour elle.

Il était néanmoins soulagé qu'elle n'insiste pas pour savoir la vérité. En soi, qu'elle ne le reconnaisse pas était déjà une chance inestimable. A côté de lui, il la sentit s'appuyer au garde-fou à son tour. Ce qu'elle dit alors le laissa surpris un moment.

- On dit que le prince est beau et élégant, il serait même capable de rendre amoureuses presque toutes les femmes de lui.

Tadriel laissa échapper un rire amusé et répondit :

- Oh, vous savez, mademoiselle de Lettald, je doute fortement qu'il ait envie de rendre toutes les filles amoureuses de lui... Ce n'est pas du tout sa motivation première, croyez-moi bien. Mais je suis certain que s'il vous entendez parler de lui en si bon termes, il vous remercierait de le porter ainsi en si haute estime.

Il écouta la suite en continuant à sourire. C'était la première fois qu'il parlait de lui-même comme s'il s'agissait d'un autre mais il devait bien reconnaître que cela le faisait rire. Il n'avait pas l'habitude que les jeunes femmes ne se jettent pas à ses pieds pour tenter de rentrer dans ses bonnes grâces, et il voulait en profiter le plus longtemps possible. Il avait pourtant conscience de s'aventurer sur un terrain dangereux, où il pourrait se trahir à tout moment, en alimentant la conversation à ce sujet.

- Et vous ? Avez-vous eu la chance de le connaître ?

Il réfléchit durant une seconde puis finit par dire :

- Hum, eh bien... Oui, je le connais. Plutôt bien, je crois, en réalité. Je ne sais pas si on peut parler d'une chance, cela dit. Vous savez, je crois que vous vous faites beaucoup d'idées sur lui.

Il fit une pause, sourit de nouveau et se tourna vers elle, tout en restant appuyé à la rambarde :

- Mais si vous souhaitez le rencontrer, alors je suis certain que cela aura lieu. Vous savez, peut-être l'avez-vous déjà croisé sans le savoir ?

Il lui fit un clin d'oeil, puis revint à la contemplation du ciel. Le soleil, à l'horizon, venait juste de disparaître complètement.

La nuit débutait enfin...

- Oh, vous savez, mademoiselle de Lettald, je doute fortement qu'il ait envie de rendre toutes les filles amoureuses de lui... Ce n'est pas du tout sa motivation première, croyez-moi bien. Mais je suis certain que s'il vous entendez parler de lui en si bon termes, il vous remercierait de le porter ainsi en si haute estime.

Sanwine vivait aussi la pression constante des hommes de la noblesse, qui voulaient tous la séduire afin de devenir le roi héritier de l'Empire. En réponse elle ne leur prêtait le moins d'attention possible. Elle lui répondit donc en rigolant :

-Je le comprends. Cela doit être fatiguant à force d'être entouré de femmes tous les jours.

A sa question, le prince hésita pendant un très court moment puis ajouta :

- Hum, eh bien... Oui, je le connais. Plutôt bien, je crois, en réalité. Je ne sais pas si on peut parler d'une chance, cela dit. Vous savez, je crois que vous vous faites beaucoup d'idées sur lui.

Rien qu'à ces mots, Sanwine regagna tout de suite tous ses espoirs avant perdus. Elle était enfin tombé sur un jeune bourgeois très haut placé qui allait pouvoir lui parler du roi. Non seulement, il avait de l'air de connaître le prince personnellement ET en plus à ces propos, il lui avait montré qu'il été loin d'être un "lèche-botte" de la famille royale. Elle allait réussir son but, tous ces efforts allaient être récompensés ! Surtout grâce à lui, elle n'allait plus être obligée de monter son cheval afin de rentrer dans son palais bredouille. Elle essaya de se calmer intérieurement mais elle était tellement heureuse. Elle devait maintenant ne pas le laisser filer entre ses doigts.
Le jeune homme continua :

- Mais si vous souhaitez le rencontrer, alors je suis certain que cela aura lieu. Vous savez, peut-être l'avez-vous déjà croisé sans le savoir ?

Son interlocuteur lui fit un clin d'oeil. Elle l'avait peut-être croisé ? Sanwine se remémora des invités qu'elle avait vu ou rencontrer mais aucun n'avait le visage d'un prince (surtout "le glouton"). Et puis quand même, elle l'aurait vu venir, c'était le prince. Il n'aurait pas fait qu'une simple entrée, il se saurait fait entendre. Les invités de ce bal se sauraient rués sur lui afin d'avoir la chance de recevoir de sa part qu'une moindre parole. C'était donc impossible.

Puis vint le moment où la lune prit la place du soleil dans le ciel à l'horizon. Elle décida enfin de poser sa question prioritaire qui la mènerait vers son objectif :

-Excusez-moi de mon indiscrétion. Mais que pensez vous personnellement du roi ?

Elle le regarda en attendant une réponse qui pourrait la faire avancer depuis tout ce temps.

C'était étrange. Cette Edra de Lettald disait le comprendre, et en effet, il avait la drôle sensation que c'était le cas. Pourtant, il voyait mal comment. Après tout, il n'avait jamais croisé quelqu'un qui parvenait à comprendre réellement ce qu'il se passait en lui. Pour la plupart, il n'avait aucune raison de se plaindre. Sans doute pas d'ailleurs, mais... parfois, sa naissance lui pesait.

- Oh, non, ce n'est pas très drôle, vous avez raison. Si elles étaient encore attirées réellement pas moi, et non pas par mon rang ou ma fortune...

Oui, c'était encore le plus pesant. Parce qu'au fond, aucune n'était amoureuse de lui. Sinon ou deux inconscientes qui se rendraient bien vite compte qu'il n'en valait pas la peine, puisqu'il était au final un homme comme les autres.

Un homme qui faisait des erreurs. Chacun en faisait. Mais quand vous étiez l'héritier du trône, l'erreur n'était pas autorisée. Les yeux de tous les courtisans étaient rivés sur vous et attendaient avec impatience de saisir votre moindre faux pas, pour pouvoir cracher leur venin dans votre dos.

Il soupira de nouveau.

La question suivante le surprit. Il eut un froncement de sourcils, puis se tourna vers elle pour lui jeter un regard équivoque.

- Ce que je pense personnellement du roi ?

Il fit une pause, pour réfléchir, puis murmura en lui attrapant le bras et en l'éloignant d'un couple qui sortait. Il recula dans l'ombre pour ne pas être reconnu, et trahi dans son jeu coupable de se faire passer pour un autre.

- Mademoiselle, vous ne pensez pas que cette question est dangereuse ? Surtout par une soirée comme cela... La poser à n'importe qui pourrait vous attirer de graves problèmes.

Il lui jeta un regard dur. Il savait ce qu'il disait. Après tout, il était bien placé pour dire que son père n'était pas un roi tendre, et que ce n'était pas parce que cette jeune femme avait à peine vingt ans qu'il hésiterait à faire la tuer.

Et il se devait de la prévenir.

- Le roi n'est pas un ange, mademoiselle. Il aime bien les jolies filles, si vous voyez ce que je veux dire - et vous en faites partie. Il n'aura aucun état d'âme à votre égard. Vous devez être plus prudente.

- Oh, non, ce n'est pas très drôle, vous avez raison. Si elles étaient encore attirées réellement pas moi, et non pas par mon rang ou ma fortune...

Il pensait tout comme elle, les prétendants étaient attirés par elle seulement pour son titre de future Impératrice. C'est pour qu'elle essayait de les éviter au maximum. Ils lui montraient tous leur magnifiques et surtout faux sourire, comme si ils allaient pouvoir la séduire par leur seule beauté corporelle. Pour elle, l'amour ne pouvait pas venir par un si simple regard, elle venait un fur et à mesure qu'on découvrait la personne. Et donc ce n'était pas des rumeurs qui allait la rendre aussi gaga du prince que les autres femmes du bal. Mais comme une grande partie, elle aimerait rencontrer son véritable âme-soeur...

Puis à sa question, Tad lui répondit comme si cela lui gênait dans un sens :

- Ce que je pense personnellement du roi ?

A ces mots, il prit le bras de Sanwine et l'emmena dans un endroit plus sombre puis lui dit clairement :

- Mademoiselle, vous ne pensez pas que cette question est dangereuse ? Surtout par une soirée comme cela... La poser à n'importe qui pourrait vous attirer de graves problèmes.

Il avait raison. Certaines personnes pouvaient la "trahir" et lui mettre des bâtons dans les roues. Pourtant, elle devait prendre le risque, c'était son but. Elle ne voulait pas rencontrer le roi tête baissée, c'était encore bien plus dangereux. Et heureusement, qu'elle n'ait pas pris cette décision car la réponse du prince lui confirma :

- Le roi n'est pas un ange, mademoiselle. Il aime bien les jolies filles, si vous voyez ce que je veux dire - et vous en faites partie. Il n'aura aucun état d'âme à votre égard. Vous devez être plus prudente.

Elle avait enfin l'information qu'elle cherchait tant, cela changeait énormément des propos des "lèches-bottes" d'avant. Il fallait mieux donc l'éviter. Mais alors avec qui elle pourrait révéler son identité pour parler d'alliance ?.... Le prince. L'héritier était le seul qui restait pour l'aider. Elle pensa pendant un cours moment qu'il devait être légal de son père - tel père, tel fils. Cependant, elle se rappela des paroles de son interlocuteur qui n'avait pas l'air de le détester et de se méfier au contraire du souverain. Il fallait le rencontrer, et ce jeune homme allait l'aider. Alors déterminée elle lui demanda :

- Emmenez-moi voir le prince. Je dois le rencontrer. S'il-vous plaît.

Edra avait-elle conscience des risques qu'elle prenait ? Avait-elle conscience que son père n'était pas si idiot que le laissait paraître cette soirée ? Que contrairement aux apparences, il savait parfaitement ce qu'il faisait...

Avait-elle conscience qu'il y avait un assassin qui rôdait, ce soir, parmi les convives, dans le but d'éliminer tous les conjurés et toutes les têtes un peu embêtantes ?

Tadriel était au courant bien malgré lui. Il faisait même partie des plans de son père, il le savait, même s'il ne savait pas comment. Oh bien sûr, il ne connaissait pas tous les tenants et les aboutissants et il n'en avait aucune envie mais il en savait assez pour savoir que poser cette question à tord et à travers depuis le début de la soirée avait assurément attirer des ennuis à Edra.

Il demanda entre ses dents serrées, en serrant plus fort son bras qu'il tenait toujours :

- Edra, soyez honnête. A combien de personnes avez-vous posé cette question, depuis que vous êtes arrivée ?

Pour savoir s'il avait encore des chances de la sauver, ou bien si elle était déjà perdue...

- Décrivez-moi toutes les personnes à qui vous l'avez posée, avec le plus de détails que vous pouvez. C'est important. Vous comprenez ?

Il espérait qu'elle percevait l'importance de cette question. Il la tira encore plus vers lui, pour reculer davantage dans l'ombre - et la discrétion. Il se retrouva acculé dans un coin, et la jeune femme était vraiment proche de lui, désormais.

- Emmenez-moi voir le prince. Je dois le rencontrer. S'il-vous plaît, demanda-t-elle soudainement, presque suppliante.

Tadriel hésita. Il serra encore plus fort son bras. Il aurait aimé conserver son anonymat encore un moment, profiter de cette légèreté durant quelques instants mais il fallait croire que le destin finissait toujours par reprendre le pas sur le reste. Au grand galop.

Il soupira.

- Mademoiselle de Lettald, vous devez me faire une promesse avant que je vous emmène le voir. Je vous demande de continuer à vous comporter comme vous le faites avec moi depuis le début de cette rencontre... Promettez.

Dans l'ombre, Tad lui demanda clairement :

- Edra, soyez honnête. A combien de personnes avez-vous posé cette question, depuis que vous êtes arrivée ?

Combien ? Peut-être une dizaine... Mais les 3/4 étaient des témoignages qui ne lui avait servis à rien et ils venaient de "lèches-bottes" mais en y repensant les 1/4 qui restait ne lui avait au final pas beaucoup aidés non plus... Elle était comme gênée de lui répondre donc elle lui dit d'une petite voix :

-Et bien... Peut-être au maximum dix...

Puis sans s'arrêter, - et peut-être dans la panique - il la questionna encore en la rapprochant de plus en plus vers lui et en lui serrant plus fort le bras :

- Décrivez-moi toutes les personnes à qui vous l'avez posée, avec le plus de détails que vous pouvez. C'est important. Vous comprenez ?

Plus il lui demandait toutes ces informations, plus la jeune femme se sentait en danger. Elle regrettait d'avoir pris cette initiative, mais l'avoir pris était dans un autre sens bénéfique puisque au final elle avait appris par son actuel interlocuteur que le roi était une "ordure". Et que si elle l'aurait pas fait, elle serait sûrement en ce moment même au cachot ou bien...sur le point de se faire assassiner... Elle réalisa qu'elle avait une chance inouï d'avoir fait la rencontre de Tad. Il voulait l'aider, au contraire du monde qui l'entourait et il était le seul... Elle pouvait donc vider son sac.

Elle se rappela donc du "glouton", il était presque le seul à l'avoir suspecté. Il s'appelait Nathanael de Fredilla... Elle répondit à Tad franchement :

-Nathanael de Fredilla. Un petit noble ou peut-être pas du tout, aux cheveux blonds portant un catogan. Et surtout, il adore manger. C'est le seul homme à qui je dois faire attention, je le trouvais..."différent".

Ce détail de cette passion pour la nourriture était pour elle importante car cela se voyait plus rapidement que son physique.

Puis à sa demande, le jeune homme soupira et lui demanda en cherchant indirectement un "d'accord" :

- Mademoiselle de Lettald, vous devez me faire une promesse avant que je vous emmène le voir. Je vous demande de continuer à vous comporter comme vous le faites avec moi depuis le début de cette rencontre... Promettez.

Pourquoi demandait-il une tel question ? Sanwine se comportait presque aussi normalement avec lui comme envers les autres nobles... Mais il avait de tenir à cela, donc elle ne prit pas une seconde plus et lui répondit :

- Je vous le promet.