A peine que ce bal avait débutée que la rose blanche étaient déjà en très bonne compagnie avec le charmant banquier. Il l'avait cueilli sur le balcon de ses griffes acérées et elle, bien innocente à accepter ses charmes avec même plaisir. Pourtant elle savait pertinemment qu'elle ne serait qu'à ses yeux une amante d'un soir parmi tant d'autres mais cette situation était réciproque puisque lui aussi...

Il n'était qu'un homme dans son tableau de chasse.

En pleine valse avec le banquier, Ivid jeta un coup d’œil dans la salle, en passant elle croisa du regard quelques uns de ces anciens amants, amantes. La plupart n'osaient parler  aux autres de leur relation avec elle, certains s'estimaient peut-être trop chanceux et avait peur de faire des jaloux ou bien se trouvaient honteux d'avoir entretenu ce genre de lien amoureux avec une veuve. Mais il était sûr et parce que elle ne voulait en aucun cas flâner sur le nombre de ces conquêtes, elle demandait à chaque fois et à chacun/e de garder ce secret jusqu'à leur mort.

Leur danse achevé, la jeune femme sourit à son nouveau cavalier et lui fit une magnifique révérence en le remerciant :

- Je vous remercie infiniment pour cette charmante valse.

Ils finirent par se diriger vers le côté de la piste de danse, en s'approchant elle vit par hasard une bien belle connaissance de soirée. En effet lors du bal, Ivid avait fait la rencontre du baron de Hasenclever et elle avait créer une grande sympathie pour lui, elle souhaitait le revoir plus souriant et joyeux que la dernière fois. Le pauvre était également veuf, et ressentait énormément de regret de la mort de sa défunte femme. Elle connaissait cette même sensation lorsque le coeur se brise et que les larmes coulent à flots sans qu'on ne pouvait y faire pour contrer cela.

Elle se faufila parmi les convives et enfin à son niveau, elle le salua de nouveau, toujours aussi souriante :

- Heureuse de vous revoir, mon cher. J'espère de tout coeur que votre soirée se passe à merveille depuis que nous nous sommes vu.

Puis se rappelant de la présence du corbeau elle se tourna vers lui et le désigna au baron :

- J'ai la joie de vous présenter, Monsieur Argester qui a généreusement accepté de me donner sa compagnie.

Depuis qu'il était sorti du mystérieux salon poussiéreux. Il attendait paisiblement que le temps s'écoule, prenant un verre puis un petit toast. Discutant avec les uns et les autres de la situation du pays, de ses relations avec les estanais, de finances, de l'hiver qui arriverait, de la guerre qui semblait sans fin et de tant d'autres sujets. Jan avait cette capacité à meubler n'importe quelle conversation tout en réussissant à faire croire à son implication tandis qu'il laissait en réalité son esprit vagabondait.
Il en avait également profité pour observer la belle Comtesse de Dunto qui semblait avoir trouver un cavalier bien plus agréable qu'il ne l'était.
Pourtant il n'aimait pas cet homme. Il n'aimait pas son regard de rapace qui lui rappelait... Lioffel et sa manie de s'accaparer tout ce qui pouvait lui en faire envie sans se soucier du mal que cela pouvait faire. Ils les avaient observés durant cette valse et en avait grinçant des dents avant de se détourner, jusqu'à ce que cette dernière ne vienne le saluer

- Heureuse de vous revoir, mon cher. J'espère de tout coeur que votre soirée se passe à merveille depuis que nous nous sommes vu.

Il la salua en retour d'un délicat baise-main.

- Tout le plaisir est pour moi, Madame la Comtesse. Et bien voyez-vous, j'ai fait la rencontre inespérée d'un vieil ami dont les nouvelles m'ont pour le moins réjouis.

Elle lui présenta alors son cavalier, ce vile débauché. Argestes. Il chercha un moment dans son esprit d'où lui venait cette impression de déjà-vu tout en le saluant comme il se devait. Finalement, la réponse lui apparut: banquier. Il était banquier. Inutile de préciser d'où venait se regard de rapace. Il n'aurait pas cru la Comtesse capable de s'acoquiner avec pareil laron. On racontait que la duchesse d'Adorrel avait couché avec père et fils. L'un après l'autre. Ou peut-être les deux à la fois, allez savoir. L'ancienne amante du Roi avait certainement dû faire pire que cela avec Lioffel...

C'était sa deuxième danse de la soirée, la première étant avec sa compagne attitrée depuis quelques années : la belle et féroce Lavinia dont il avait croisé le regard dans la foule admiratrice. Ses main décemment posées sur la comtesse pour la faire valser, le banquier devait reconnaître qu'elle était une danseuse aussi gracieuse que talentueuse et fut tout à fait à son aise pour la diriger comme il se le devait.

Lorsque l'orchestre cessa de jouer pour transition sur le prochain morceau, il reconduisit la ravissante veuve comme tout homme galant. Sa main supportant la sienne,  il la suivit tout naturellement jusqu'à ce qu'elle reconnaisse l'un des invités et l'aborde. Silencieusement, il observa leur échange se demandant si l'homme était l'une de ses conquêtes. A cette idée, il eut un fin sourire avant qu'elle ne le présenta à ce dernier :

- Mes salutations monsieur le baron, il s'inclina élégamment devant le noble. Je suis bien navré d'accaparé madame la comtesse durant votre absence, mais sa solitude m'avait touché au point que je n'ai pu m'empêcher de lui proposer ma compagnie, dit-il d'un ton poli malgré la lueur dans son regard. Nous avons eu le loisir d'admirer la capitale du balcon peu avant notre danse. Un cadre tout à fait splendide qu'il vous faut voir, n'est-ce-pas madame la comtesse ? Demanda-t-il tout naturellement à sa cavalière en se penchant légèrement vers elle.

Puis il se redressa et reprit :

- Êtes-vous venu seul ?

Ivid sourit du coin de la lèvre, elle riait intérieurement de la situation. Tous deux étaient bien différemment, tel le jour et la nuit, l'un restant fidèle avec sa défunte femme mais en devient dépressif avec son passé plus que sombre, et l'autre préférant se fixer seulement vers le présent en profitant plusieurs fois de la douceur de ses conquêtes amoureuses. Et leur but en eux-mêmes était contraire... Le baron était protecteur avec elle et souhaitait comme la garder éloigné de ces nobles cherchant à se satisfaire de son corps, quant au banquier, lui était un de ces vils rapaces que Jan considérait qui ne souhaitait que goûter au parfum aphrodisiaque de l'innocente rose blanche.

Heureuse que Monsieur Hansclever ait finalement réussi à voir le bon côté des choses, elle lui offrit un charmant sourire et répondit :

- Et bien vous voyez comme ce magnifique bal permet non seulement de refaire de belles rencontres avec d'anciennes connaissances.

La comtesse sourit encore une fois mais cette fois-ci aux présentations de son nouveau cavalier au baron. Ces propos étaient faite de politesse pourtant elles avaient presque comme une délicate sensation de moquerie. C'était la parfaite personnalité d'un banquier, se montrer respectueux et sérieux dans ces paroles mais rester assez ironique sur les bords...

Une forme de manipulation...

Ivid lui répondit, souriant innocemment :

- En effet, mon cher, la vue était tout simplement à s'en couper le souffle.

Mais, elle avouait qu'au final elle n'avait pu s'émerveiller comme elle le souhaitait du paysage de la capitale de nuit. Il y avait eu quelques "imprévues"...

Jan gardait pour lui le mépris qu'il ressentait à l'égard de cet homme aux mains bien trop baladeuses pour une femme  de sa qualité. Où se croyait-il ici? Dans un bordel de la Basse-Ville à la recherche de sa prochaine marchandise à dévorer ?! Tout ce que le baron de Hafdyrr lui souhaitait, c'était de finir avec une bonne vieille syphilis  tandis que lui-même boirait à sa santé...

Mais en gentilhomme qu'il était, il n'était pas question de laisser sa haine se déverser en torrent furieux. Non. Juste quelques gouttes.

- Je devrais sans doute vous remercier, d'avoir pris soin de ma si charmante cavalière durant ma courte absence.

Comprendre qu'il n'appréciait que l'on vienne chasser les biches sur son domaine.
- En effet, je suis venue seule et il en va sans doute de même pour vous, n'est-ce pas?

Que pensait la Comtesse de cet homme?  Cela était pour le moins difficile à percer. Il aurait voulu lui permettre de se débarrasser de cette ville sangsue mais là n'était pas son droit.
En l'état du moins.