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20h30 - Audience avec Jildazig de Farheg (terminé)
Ven 12 Juin - 10:03
Lioffel XX
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48
Roi de Lioffel
La première audience venait de finir, et la prochaine avait été donnée à un certain Jildazig de Farheg. Le fameux nom inconnu - certainement le seul de la liste, d'ailleurs - qui ne lui disait rien. Pourtant, la particule qui s'y trouvait traduisait une noble naissance. C'était avant tout cela qui surprenait Lioffel : comment se faisait-il que, lui qui était si au courant de ce qu'il se passait sur ses terres, n'ait jamais entendu parler de cet homme-là ?

Il attendait donc avec une impatience contrôlée - calé au fond de son fauteuil, il n'en laissait rien voir - l'entrée de ce mystérieux noble. Peut-être était-ce un étranger, tout compte fait ? Cela aurait pu justifier le fait que Lioffel n'en ait jamais eu vent. Il comptait bien en apprendre plus à ce sujet.

Il remplit avec grand soin une nouvelle coupe de vin pour son invité. La sienne était encore pleine puisque, depuis son entrevue avec Shanniv, il ne faisait plus que semblant de boire. Il s'autoriserait un peu de plaisir plus tard, lorsque la soirée serait bien engagée et que les choses seraient en marche. Mais pour le moment, il avait encore un certain nombre de devoirs à accomplir. Le travail et ensuite, le loisir.

La porte s'ouvrit enfin, sans un grincement, toujours parfaitement huilée. Lioffel ne se leva pas et en fixa l'entrée comme un aigle, les yeux plissés, en attendant que ce Jildazig montre enfin le bout de son nez. Ses mains s'étaient légèrement crispées sur les accoudoirs, signe de méfiance. Il fallait s'attendre à tout de la part d'un inconnu. Parce que Lioffel n'avait alors sur lui aucun point de pression...

Mais ce fut un vieil homme qui entra. Lioffel se détendit aussitôt, relâchant la pression de ses doigts sur les accoudoirs. Il retint le petit ricanement qui lui vint aux lèvres. Et dire qu'il s'était fait du souci pour cela ! Ce n'était qu'une personne sénile qui avait des difficultés de mouvements, qui ne devait plus voir grand chose et qui avait l'air ... épuisé. Aucun danger. Il se détendit entièrement.

Lioffel lui désigna aimablement le fauteuil en face de lui, en déguisant son sourire de loup en sourire d'agneau.

- Monsieur de Farheg. Je suis enchanté de vous rencontrer ! Je vous en prie, installez-vous confortablement et expliquez-moi donc ce qui vous amène dans mon salon...

Il le laissa prendre place, fit un geste vers les deux coupes et les petits fours sur la table - pour indiquer qu'ils étaient en libre service - puis reprit, avec un aimable sourire :

- Vous me semblez fatigué, mon cher. Auriez-vous dansé plus que de raison, à votre âge ?
Re: 20h30 - Audience avec Jildazig de Farheg (terminé)
Ven 12 Juin - 12:03
Jildazig de Farheg
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32
Il était une foi
A lire APRES le post de Jil pour les curieux.:


Dernière édition par Jildazig de Farheg le Ven 12 Juin - 14:30, édité 1 fois
Re: 20h30 - Audience avec Jildazig de Farheg (terminé)
Ven 12 Juin - 12:03
Le Masque
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Maître des Destins
Le membre 'Jildazig de Farheg' a effectué l'action suivante : Je suis joueur...


'Cent faces - D100' : 43
Re: 20h30 - Audience avec Jildazig de Farheg (terminé)
Ven 12 Juin - 14:29
Jildazig de Farheg
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32
Il était une foi
Daryl escorta Jildazig jusqu’à la porte du salon où devait se dérouler l’audience. Il avait sans doute craint qu’il ne s’effondre sur le chemin… Pourtant le voyageur était désormais coutumier de son état. Il finissait toujours par arriver à bon port, il fallait simplement être… Plus patient et partir en avance.
C’est donc pile à l’heure qu’il se présenta devant les Gardes Noirs, armé. Armé de son petit billet d’invitation et d’un charmant sourire plein de bonté comme il en avait le secret. Il abandonna son médecin d’un soir, le remerciant chaleureusement puis retira son chapelet. La nervosité, le gagnait, il devait se calmer. Il en fit tourner quelques perles dans sa main droite, s’arrêtant très précisément à la vingtième et entra dans le salon.

Il était là. Majestueux. Imposant. Royal, dans son fauteuil. Assis avec la nonchalance de celui qui savourait ce pouvoir dont il disposait. Un regard d’aigle et un petit sourire en coin.

Jil s’approcha claudiquant sur sa troisième jambe, courbé avec déférence sur sa canne d’olivier. La chaleureuse voit du prédateur lui souhaitant la bienvenue alors qu’il s’approchait péniblement jusqu’à l’endroit désigné.

-Votre Majesté… C’est un honneur de pouvoir enfin vous rencontrer.

Jil se courba autant qu’il put au-dessus de la table afin d’accompagner les salutations d’usage. Ses doigts grattèrent la perle d’argile et quelques gouttes d’un suc tombèrent discrètement dans le verre le plus à gauche, il se redressa avec peine avant d’accepter l’invitation à s’asseoir.

- Laissez-moi tout d’abord vous souhaiter un joyeux anniversaire et une vie aussi longue et enrichissante que la mienne. Vous rencontrez était l’un de mes désirs les plus chers, depuis bien des années maintenant, et je peux enfin l’exaucer en cette soirée.

Il afficha un sourire bienveillant et paisible, avant d’étouffer un petit rire et de reprendre :


- Oh non, il ne s’agit là que des affres de la vieillesse et sans doute un peu des opiacées destinés à atténuer les multiples maux.  J’ai croisé votre médecin qui m’a justement prescrit un traitement expérimental… Les plantes c’est toujours délicat. Vous connaissez l’adage : tout est poison, rien n’est poison, seule la dose compte.  


Jil ne s’était pas avachi dans le fauteuil. Il s’était perché, les deux mains sur sa canne. Le regard vif d’un esprit plein de vigueur, réel contraste avec ce corps décharné et desséché qu’était le sien.
Il les avait comptées. Trois gouttes. Trois sur les six que contenait la perle. Trois gouttes d’un mélange de ciguë et de pavot. C’était sans doute trop peu pour l’achever malgré la fulgurance et l’implacabilité du mélange. Qu’à cela ne tienne, cela ne faisait que commençait.

-Dites-moi Sir, à plus d'un demi-siècle d'existance, quels sont vos plus grands regrets dans votre vie, si vous en avez bien sûr ?

Un petit sourire malicieux, une question anodine. On ne rencontrait un Roi qu'une fois dans sa vie. C'était l'occasion rêvée de rencontrer l'homme sous le titre.
Re: 20h30 - Audience avec Jildazig de Farheg (terminé)
Sam 13 Juin - 12:03
Lioffel XX
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Roi de Lioffel
Sans danger.

Lioffel en était entièrement certain.

Parce qu'en plus d'être une personne sénile, ce Jildazig de Farheg était aussi un vieillard souriant, appuyé sur sa canne, qui n'avait rien de malveillant. Au contraire. Et puis, avec les deux gardes noirs qui attendaient à la porte, il serait facilement maîtrisé. A compter qu'il y ait quelque chose à maîtriser.

Le vieil homme vint se pencher au-dessus de la table, au-dessus des verres, pour le saluer. Lioffel ne bougea pas d'un milimètre, sinon pour un léger hochement de tête, manière d'accepter les honneurs qu'il lui faisait. Et de par ce geste...

... ses yeux se posèrent, presque par accident, sur les petites gouttes qui glissèrent dans son verre - trois au total - et qui venait de la perle d'argile que grattait le vieil homme entre ses doigts. Simple coincidence ? Peut-être bien, mais pour cela il fallait encore y croire. Lioffel ne croyait pas au hasard et c'était ce qui lui avait sauvé la vie déjà plus d'une fois.

Rien n'était Hasard. Tout était Danger. Même ce vieil homme.

Il ne laissa rien paraître, cependant, et eut un large sourire pendant que l'homme se relevait et prenait place dans le fauteuil.

- Eh bien, je suis fort aise de savoir que je vous permets de réaliser l'un de vos rêves, Monsieur. Je n'en espérais pas autant...

Le sourire du vieil homme n'avait pas perdu en bienveillance. Ah ! les agneaux étaient toujours les plus dangereux ! Se méfier des agneaux, toujours. Un conseil avisé, que Lioffel n'oublierait plus pour le restant de la soirée... Oh non, on ne l'y reprendrait plus.

Son sourire s'aggrandit lorsque le vieil homme lui parla de cet adage. Vieux comme le monde. Vieux comme son interlocuteur. Tout est poison, rien n'est poison, seule la dose compte. Lioffel croisa son regard. Un regard encore plein de raison et d'intelligence. Si son corps n'était plus au sommet de sa forme depuis bien longtemps, son esprit, lui, était encore bien vif.

- Ainsi mon médecin vous a prescrit un traitement.

Daryl... Ah, Daryl. Mon cher Daryl...

Lioffel sourit gentiment, tandis que le vieil homme posait une question. Lentement, il se pencha, pris le verre de droite, laissant le poison dans celui de gauche à son propriétaire. Puis, toujours aussi mesuré, il se leva pour lui tourner le dos.  

Quand on tournait le dos, les gens se relâchaient toujours. C'était l'occasion de percer à jour les détails les plus infimes de leur comportement... Un léger relâchement des épaules, une grimace, une anxiété. Lioffel le savait, et il avait pris grande précaution à se tourner de telle manière que le miroir de la pièce lui renvoyait parfaitement le reflet de Jildazig. En fait, il l'avait installé ici spécialement dans cet objectif. Pour être sûr de ne jamais perdre ses invités des yeux.

- Mes regrets... Oh, comme tout homme, j'en ai un certain nombre, trop pour en dresser la liste en quelques petites minutes. Nous en avons tous. C'est comme les secrets, n'est-ce pas ? Chaque homme a sa part d'ombre, soupira-t-il pensivement.

Il fit tourner l'alcool dans son verre et ajouta, en plongeant son regard dans le sien, par le biais du miroir - avec un sourire froid qui vint étirer ses lèvres :

- Je suppose que dans votre cas, votre tout dernier regret est que je n'ai pas pris le bon verre...
Re: 20h30 - Audience avec Jildazig de Farheg (terminé)
Sam 13 Juin - 14:30
Jildazig de Farheg
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Il était une foi
Lioffel avait le sens du spectacle. Il pesait chaque mot, chaque geste. Il était digne de figurer en tant que personnage malveillant dans l'un de ses contes, indiscutablement. De quoi effrayer suffisamment les enfants pour leur passer l'envie de faire l'école buissonnière.

L'échange entre les deux hommes débuta, le Roi se pencha, prenant le verre de droite. Ses sourcils broussailleux se froncèrent à peine en constatant son échec : un échec ne l'était que lorsque toutes les possibilités en avaient été pressées jusqu'à l'os. Or le vieillard restait fidèle à lui-même, éternel optimiste qu'il était. Quand le plan A ne fonctionnait pas, on pouvait passer au B et ainsi de suite. Vingt-six lettres cela faisait déjà un certain nombre d'options, non?

Le Roi avait beau lui tourner le dos, il pouvait sentir son regard le disséquer. Jil ne bougea pas. Il était de tout façon bien trop rouillé et bien trop habitué à patienter. D'ailleurs il préférait conserver ses forces, alors même que la fatigue commençait à engourdir ses sens. Lioffel éluda sa question d'une pirouette pour mieux contre-attaquer ensuite, armé d'un sourire plus glacial que les plaines birlaises… Jil en frissonna. Comment diable pouvait-on être aussi mauvais ? Personne n’était tout blanc certes mais pouvait-on réellement avoir une âme aussi obscure ?

- Je suppose que dans votre cas, votre tout dernier regret est que je n'ai pas pris le bon verre...

Il avait été découvert. C'était fâcheux. Dommage même. Mais rien n'était perdu. Il avait encore une carte à jouer au minimum. C'est donc toujours avec ce même faciès de vieux sage qu'il lui répondit.

- Le bon verre? Qui vous dit que vous avez pris le mauvais?

Il retint à peine un petit rire alors qu'il se saisissait à son tour du verre restant. Il fit tournoyer son contenu et en prit une petite lapée. Non pas à cause du poison qu'il contenait mais de l'alcool qui avait tendance à faire mauvais ménage avec sa personne. La ciguë, quant à elle aurait nécessité une dose bien plus forte pour l'indisposer. Il reposa ensuite le verre, délicatement, haussant les sourcils.

- Voyez donc. Il n'y a rien de terrible dans celui-ci non plus. La nervosité nuit au bon vieillissement, Sire. Pour vivre vieux, vivez heureux!

Ses doigts tapotèrent le dessus de la canne avec amusement... c’était les dix minutes les plus excitantes de toute sa vie. Il avait dix minutes pour découvrir ce démon affublé d'une couronne. Et dix minutes pour tenter de le renvoyer d’où il venait avant de tirer sa révérence.

-Puisque votre liste de regrets est trop longue et bien donnez-moi simplement le premier de cette liste, qu'en dites-vous? Pour ma part je n'en ai aucun. Enfin si... J'aurais voulu visiter Denaoï....

Un profond calme voilà ce qui habitait Jildazig.
Il aurait dû avoir peur d'être découvert. Il ne l'était pas.
Il aurait dû craindre l'échec. Il n'était qu'une possibilité parmi d'autre.
Il aurait dû redouter la mort. Elle le suivait depuis bien trop longtemps.
Re: 20h30 - Audience avec Jildazig de Farheg (terminé)
Lun 15 Juin - 12:41
Lioffel XX
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Roi de Lioffel
Lioffel eut un sourire. Dans le reflet du miroir, alors que le roi lui tournait le dos et que n'importe qui d'autre aurait certainement échappé un petit indice, Jildazig resta parfaitement de marbre. Il n'abandonna pas le plus petit soupir, ne fit pas le plus petit geste. Le privilège de l'âge. Celui où vous n'aviez plus peur de rien, parce que la mort était trop proche de vous pour que vous ne regrettiez la vie. La vieillesse était une forme de force. 

Il ne laissa pas transparaître la moindre émotion quand Lioffel lui fit comprendre qu'il savait ce qu'il avait essayé de faire. Qu'il avait vu le poison tomber dans son verre. Pour toute réponse, il n'eut qu'un : 

- Qui vous dit que vous avez pris le mauvais ?

Lioffel eut un sourire affable et il se retourna, en mesurant chaque geste. Il ne répondit pas et affronta le regard bienveillant du vieil homme. Pourtant, cela n'en demeurait pas moins qu'il régnait dans la pièce une certaine animosité. Cette animosité, due à un homme qui avait tenté d'en empoisonner un autre et dont ils avaient conscience tous les deux. Pourtant, ils mettaient un point d'honneur à continuer de faire semblant. Une conversation banale mais dont chaque mot pouvait signer la fin de l'autre. 

Le roi le regarda prendre le verre empoisonné et en faire tourner le contenu. Puis, il le porta à sa bouche et en prit une petite gorgée. Si petite qu'elle n'aurait certainememt pas suffit à tuer un enfant. Il ne se laissa pas prendre une seconde au piège. Il revint vers le fauteuil, son propre verre à la main et reprit d'un air pensif, presque dépité : 

- C'est le problème, avec la vieillesse. Ce moment où on ne recule plus devant rien, pas même la mort. Il arrive un stade où nous n'avons plus rien à perdre, n'est-ce pas ?

Il eut un sourire et l'observa de nouveau. Le vieil homme tapoter sa canne avec respect. Dix minutes, c'était court, cependant, et déjà la moitié du temps s'était écoulé. Visiblement, Jildazig avait des questions, mais il en avait lui aussi. Il ne se laissa pas démonter.

- Le premier regret de ma liste ? Oh, voyez-vous, il n'y a là rien de bien exceptionnel.

Il fit une pause, continua de sourire et conclut : 

- Mon plus grand regret sera de ne jamais pouvoir voir comment mes chers adversaires se débrouilleront une fois cette fête finie. Je suis sûr que cela sera pourtant très amusant.

Il fit une pause, plongea son regard dans le sien et déclara en souriant : 

- Vous savez ce que j'ai toujours dit ? Un homme qui est maître de sa vie se doit aussi d'être maître de sa mort. Une vie grandiose ne l'est que par une mort grandiose.
Re: 20h30 - Audience avec Jildazig de Farheg (terminé)
Lun 15 Juin - 16:09
Jildazig de Farheg
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32
Il était une foi
- C'est le problème, avec la vieillesse. Ce moment où on ne recule plus devant rien, pas même la mort. Il arrive un stade où nous n'avons plus rien à perdre, n'est-ce pas ?

Jil souriait. Il aurait du tressaillir. Les poils de sa nuque aurait du se hérisser à l'endroit même où le bourreau abattrait sa hache sur la vieille branche noueuse qu'il était.
Mais Jil souriait.

-La relativité de l'instant.

Il marqua une pause, pianotant sur sa canne.

- Personnellement, je trouve qu'il s'agit là d'une force incroyable. La seule sans doute qu'il nous reste, dans ces moments où chaque fragment de vie semble nous quitter éternellement.


Tic-tact. Tic-tac

Jil prenait son temps, il savourait chaque seconde qui s'écoulait de ce duel qui paraissait perdu d'avance.

- La mort... Son inéluctabilité.
Celle-qui pousse chacun de nous à faire de sa vie ce qu'elle.
Celle que l'on souhaite vaincre, laissant un héritage, un nom.
Celle qui nous en enjoint de profiter de chaque instant.
Celle qui nous suit comme notre ombre depuis notre premier souffle.
Celle qui fait de la vie, la vie.
Mais vous savez ce qui est réellement formidable dans la Mort? Du dernier des mendiants ou plus grand des Rois, nous sommes tous égaux face à la Mort et personne n'échappera à sa funeste rencontre.


Le vieux conteur poussa un petit rire. Cela faisait bien longtemps qu'il avait réglé ses comptes avec cette dernière. Tout était prêt pour son ultime voyage, il n'attendait plus que le jour où le Passeur viendrait à sa rencontre.

Sur ces divagations philosophiques, ils en arrivèrent à évoquer leurs regrets. Ainsi le Roi avait-il prévu de rendre les armes ce soir? Combien seraient-ils à périr avant de vaincre Lioffel XX? Combien de malheureuses âmes seraient-elles sacrifiées sur l'autel du renouveau?
Ses lèvres arides se pincèrent en un fin sillon. Tant de gâchis quand une seule, la sienne, aurait pu suffire...

Tic-tact. Tic-tac

Le silence s'installa. Lourd, pesant, enveloppant.


- Vous savez ce que j'ai toujours dit ? Un homme qui est maître de sa vie se doit aussi d'être maître de sa mort. Une vie grandiose ne l'est que par une mort grandiose.


Un sourire énigmatique, un brin moqueur.
Un regard insolent et provocateur où pétillait sa vivacité d'esprit.
Le vieillard fixait le souverain de ses prunelles voilées et implacables.

- Et une vie cruelle ne se solde-t-elle que par une mort cruelle, votre Majesté? En ce cas, je comprends les raisons de mon échec. Vous offrir de la ciguë est une mort bien trop douce pour tous les méfaits accomplis.

Il fit une pause avant de conclure

- Un homme maitre de sa vie, doit avoir l'humilité de reconnaitre qu'il n'est pas maître de la Mort. Tout au plus son humble serviteur. Il ne peut que l'inviter en sa demeure, lui enjoignant de tirer le rideau.


Sa voix d'ordinaire si douce et bienveillante claquait glacialement.

Ce soir, il avait décidé qu'il tirerait sa révérence. Réussite ou échec, il ferait ses adieux à cette terre qui l'avait accueillit et portée tout au long de ses années.

Puisque la mort était la paix éternelle, si l'on voulait la Paix fallait-il devenir la Mort?
Re: 20h30 - Audience avec Jildazig de Farheg (terminé)
Mar 16 Juin - 10:55
Lioffel XX
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48
Roi de Lioffel
Lioffel ne perdait pas son sourire et pourtant, ce dernier ne suffisait pas à rendre son visage sympathique. La lueur qui brillait au fond de ses prunelles avait quelque chose de terrifiant. Plus il souriait, plus il avait l'air d'être un loup. Un loup qui avait terriblement faim.

Jildazig, en face de lui, restait cependant de marbre, et répondait toujours aussi calmement. Ils savaient tous les deux qu'il était perdu et c'était peut-être ce qui le rendait aussi apaisé. Quand on sentait la mort rôder, planer au-essus de soi, avec la certitude qu'elle n'attendait que le bon moment pour vous cueillir... Alors, à cet instant, elle perdait son aura de peur.

Le roi pencha la tête sur le côté à la réponse du vieil homme.

- La relativité de l'instant, oui... ou bien la résignation d'un homme qui se sait être perdu. Quitte à mourir, pourquoi ne pas suivre un dernier grand rêve, monsieur de Farheg ?

Lioffel n'était pas dupe. La mort d'un homme était un moment de sa vie à part entière. C'était même souvent par cet instant-là, qui durait pourtant quelques minutes, voire quelques secondes, que vous restiez dans les mémoires humaines. La mort était inéluctable et rien ne pouvait ralentir sa course. Mais tout pouvait la précipiter.

Oh oui, il se savait perdu, lui aussi. Tout comme ce vieil homme. Et tout comme celui-ci, il allait choisir où et quand il rendrait l'âme ce soir. Il eut un nouveau sourire.

- Savez-vous, monsieur... Nous avons peut-être plus de points en commun que vous ne voudriez le croire.

Lioffel soupira et se tourna face au miroir une nouvelle fois. Il claqua sa langue contre son palais, d'un air presque réprobateur.

- Oh non. Personne n'est égal face à la mort. Le dernier des mendiants mourra de froid dans la rue et dans sa pisse. Dans l'ombre. Et tout au plus, on jettera son cadavre dans une fosse commune pour débarasser la rue de son corps.

Il fit une pause, pour faire durer son effet, avant de reprendre :

- Le plus grand des Rois, lui... Lui, abandonnera sa vie dans la lumière, dans les funérailles nationales, assassiné ou suicidé, qu'importe.

Lioffel leva son verre, en direction de l'étendard avec le soleil levant tissé dessus, comme un hommage rendu à son royaume, à ses ancêtres, à quelque chose de plus abstrait. Avec un grand respect.

- Non, Monsieur de Farheg, même face à la Mort, nous ne sommes pas égaux. Seule la Maladie peut rétablir cet équilibre...

Oh oui, la Maladie était la plus grande des choses. Capable, lors des épidémies, de toucher les plus puissants et les plus pauvres. D'écraser leurs derniers instants sans pitié, sans la moindre distinction. C'était par elle que la Mort arrivait. Elle était la messagère de cette dernière, et elle n'en restait pas moins encore plus puissante qu'elle.

Lioffel revint face à Jildazig et croisa son regard pétillant. Il écouta sans broncher ses mots insolents. Une vie cruelle, pour une mort cruelle ? Oui, peut-être. Mais alors, on ne se souviendrait de lui que mieux encore ! Parce que les morts cruelles étaient celles qui choquaient, celles qui restaient en mémoire et que l'on ressortaient le soir pour faire peur. Il eut un sourire.

- Une mort cruelle ? Et ainsi, vous m'offririez exactement ce que je veux ? Le pouvoir de marquer les mémoires pendant des siècles... Ah ! Quel beau cadeau serait-ce là pour mon départ !

Mais Jildazig avait abandonné les apparences. Très bien. Il n'allait plus se cacher derrière non plus. Il fit un pas en avant, reposa son verre, croisa les mains dans son dos et conclut :

- J'ai été fort aise de pouvoir avoir cette conversation avec vous. Ce verre de poison pourrait m'être d'une grande aide pour le reste de la soirée. Je vous souhaite donc un dernier bon voyage... Gardes !
Re: 20h30 - Audience avec Jildazig de Farheg (terminé)
Mar 16 Juin - 11:04
Jildazig de Farheg
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Dernière édition par Jildazig de Farheg le Mar 16 Juin - 12:28, édité 1 fois
Re: 20h30 - Audience avec Jildazig de Farheg (terminé)
Mar 16 Juin - 11:04
Le Masque
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Maître des Destins
Le membre 'Jildazig de Farheg' a effectué l'action suivante : Je suis joueur...


'Cent faces - D100' : 47
Re: 20h30 - Audience avec Jildazig de Farheg (terminé)
Mar 16 Juin - 12:26
Jildazig de Farheg
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Il était une foi
Il était un loup affamé, toutes canines dehors quand Jil était un vieux renard aux moustaches grisonnantes et au regard rusé.
Un combat perdu d'avance pour certains. Une bataille pour ses idéaux pour un autre.
Ne disait-on pas que les adversaires les plus redoutables étaient ceux dont la motivation était alimentée par ses convictions? Pourtant Lioffel n'y était pas du tout dans sa déduction et le vieillard secoua la tête d'un air réprobateur, tout en fermant ses paupières.

- Non non non, Sire. Vous faites erreur. C'est bien la plus grande différence entre vous et moi. Vous agissez pour votre propre personne quand j'agis moi-même pour le bien commun.

Il releva la tête, ouvrit les paupières. Un sourire amusé presque fou s'étira légèrement en travers de son visage ravinée.

-Etes-vous joueur? Il faut parfois savoir sacrifier un pion inutile pour remporter une victoire et épargner quelques pertes.

Les pertes. Un mot qui ne faisait sans doute par parti du vocabulaire d'un être si malveillant.
Combien de pertes avaient-ils à son compteur?
La perte des dizaines de milliers de soldats qui avaient péris sur le front pour ne remporter aucune guerre?
Et tout ceux qui chaque jour venaient grossir leur rang?
Tous les adversaires qu'ils avaient fait disparaitre de la scène?
Qu'en était-il de la Reine et de l'héritier? Avaient-ils pu être aussi des dommages collatéraux dans sa quête de pouvoir? Etaient-ils devenus embarrassants? En pleine épidémie de frigidite, il était si facile de faire place nette.

La Mort était partout. Elle était là, tapis dans l'ombre, ses longues griffes entrelacées, un sourire aussi énigmatique qu'ironique au bord de ses ténèbreuses lèvres. Elle se gaussait en attendant le jour où elle déciderait de couper le fil de la vie. La Mort veillait sur tous sans distinctions. Mais le Roi s'estimait au dessus d'elle.

Lioffel se détourna vers cette fenêtre d'où il observa son reflet et démonta point par point l'argumentaire avancé par Jildazig.

Toujours ce sourire amusé, quasi insolent. Une voix qui se refroidissait, un courant d'air sifflant.

- De quoi avez-vous peur Sire, pour préférer regarder la Mort au travers d'un miroir plutôt que de lui faire face? Nous sommes tous égaux dans la Mort. Vous aurez peut-être des funérailles nationales mais vos orbites grouilleront  tout autant d'asticots que le plus pauvres des mendiants.  

Une inflexion qui devenait de plus en plus glacial.

-Vos entrailles laisseront planer une odeur tout aussi putride que celle du plus courageux des soldats mort pour votre démesure.

Une voix tranchante comme l'acier.

-Et comme chacun de nous, vous ne serez plus qu'un vulgaire tas d'os tout au plus.
La Maladie dites-vous? Elle n'est que la petite fille de la Mort fidèle servante et disciple.  


Un courant d'air frais. La lueur des bougies vacilla un bref instant.

- Une mort cruelle ? Et ainsi, vous m'offririez exactement ce que je veux ? Le pouvoir de marquer les mémoires pendant des siècles... Ah ! Quel beau cadeau serait-ce là pour mon départ !

Leurs regards se croisèrent étincelants. Pourtant si différents. Et Jil éclata d'un rire équivoque.

- Oh non n'allait pas vous imaginez un seul instant que votre mort suffira à graver votre nom pour l'éternité. Oh, non! Vous serez tout au plus affublé d'un suffixe fort glorieux tel que "Le Sanglant" et voilà tout ce que l'Histoire retiendra de vous.

- Votre fils en revanche. Il tapota le parquet de sa canne par trois fois. Votre fils... J'ai bon espoir qu'il œuvre pour la paix et grave dans le marbre sa notoriété, éclipsant totalement votre propre règne.

Le vieux conteur en était convaincu. Le souverain n'aurait jamais ce qu'il cherchait. Personne ne pleurerait sa mort. Tous chercheraient à l'oublier aussi rapidement que possible. On éludera le deuil pour laisser place au renouveau. On se précipiterait pour fêter l'avènement d'une ère nouvelle. Ne disait-on pas "Le Roi est mort! Vive le Roi!"?


Lioffel posa son verre, une lueur maligne au fond du regard.

- J'ai été fort aise de pouvoir avoir cette conversation avec vous.

La fin de l'entrevue. Et non la fin de son plan. Il se hissa sur sa canne. Il se sentait fatigué, comme enveloppé dans du coton. Une furieuse envie de dormir commençait à s'insinuer dans tout son être. Bon sang! Qu'est-ce que le médecin avait bien pu mettre dans son remède de cheval?

Ce verre de poison pourrait m'être d'une grande aide pour le reste de la soirée. Je vous souhaite donc un dernier bon voyage... Gardes !

Ses sourcils broussailleux se froncèrent. Ses lèvres décharnées se pincèrent.

La chance n'existe que pour ce qui la tente.


... Gardes !

Trois secondes.

Le temps qu'il lui fallut pour rassembler ses dernières forces, lever sa canne et frapper d'estoc le Roi à l'abdomen dans un puissant râle.

Aller au bout de ses convictions...

Lioffel XX esquiva de justesse. La canne le frôla dans un froissement de vêtements.
Satisfaction de voir son visage déformé dans une grimace de rage mêlée de surprise.

L'échec n'entachait en rien la grandeur d'une tentative.
Agir plutôt que subir.
Re: 20h30 - Audience avec Jildazig de Farheg (terminé)
Mer 17 Juin - 11:49
Lioffel XX
Lioffel XX
48
Roi de Lioffel
Jet de dé pour savoir si les Gardes Noirs confisquent la canne et le châpelet de Jildazig.

- 1 : Ils ne prennent aucune des deux.
- 2 : Ils en prennent une seule, dans ce cas-ci, ce sera sa canne.
- De 3 à 6 : Ils confisquent les deux.
Re: 20h30 - Audience avec Jildazig de Farheg (terminé)
Mer 17 Juin - 11:49
Le Masque
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Maître des Destins
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'Six faces' : 6
Re: 20h30 - Audience avec Jildazig de Farheg (terminé)
Mer 17 Juin - 12:25
Lioffel XX
Lioffel XX
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Roi de Lioffel
Lioffel ne lâchait plus ce sourire de carnassier qui flottait sur ses lèvres. Il ne faisait pas l'erreur de croire que Jildazig était la souris dans l'affaire mais il y avait clair à dire que le Roi n'en restait pas moins en position de force pour le moment.

Q'importe ce que ce Jildazig de Farheg ne croit à son sujet ou sur ses objectifs de la soirée. Lioffel connaissait la vérité à propos de nombreuses choses et c'était bien tout ce qui comptait. Le reste n'avait pas d'importance, d'aucune sorte.

Quant aux pertes... Oh ! Il en avait sacrifié des choses, pour que ses plans puissent être ainsi exécutés. Il avait connu des pertes en l'honneur de ses terres, de ses ancêtres. En l'honneur d'une femme. Et cela allait bien au-delà que les petits soldats morts au champ de bataille ou des opposants décapités pour trahison. Lioffel n'avait pas de regrets - sinon celui de ne pouvoir voir l'issue de ce bal pour savoir s'il avait réussi - mais il n'en restait pas moins qu'il avait fait de nombreux sacrifices pour parvenir à ce point-là.

- Ne faites pas l'erreur de croire que je ne connais pas les pertes, Monsieur. Venant d'un conteur comme vous, ce serait une grossière erreur que cela... Et ne croyez pas non plus que je ne fais cela que pour moi.

Il termina sa phrase, au moment où Jildazig s'appuya sur sa canne pour se relever. Difficilement, comme un vieil homme. Mais ... sans protester davantage ? Sans tenter le tout pour le tout, ni dire une dernière phrase piquante de mépris ? Cela mit la puce à l'oreille de Lioffel, qui eut un léger froncement de sourcils en s'arrêtant. Une seconde plus tard tout juste, la même canne filait vers son abdomen et le Roi eut la présence de faire un bond en arrière, ce qui lui permit d'échapper à la canne de justesse - il la sentit effleurer, et légèrement déchiré, son vêtement d'apparat.

Les Gardes Noirs firent irruption dans la pièce, armés, et ils saisirent Jildazig qui ne bougea pas pour se dégager. Voilà qu'il acceptait son échec. Ils se saisirent de son collier, et de sa canne. Le tout ne dura que quelques secondes. Lioffel n'eut même pas besoin de préciser la destination du vieil homme. Ils connaissaient bien les consignes.

Juste avant que les Gardes Noirs ne l'emmènent vers sa dernière demeure, Lioffel pencha la tête sur le côté. Bien que toujours maîtrisé, sa voix était beaucoup moins calme que quelques secondes plus tôt. Cette dernière tentative ne lui avait pas plus, d'autant plus qu'elle venait d'abîmer sa tenue.

- Avant que je vous laisse rejoindre votre ultime maison, monsieur... J'aimerais vous poser une question.

Une pause, un sourire, une lueur froide dans les yeux.

- Qui vous dit que mon fils montera à ma suite, ce soir ?
Re: 20h30 - Audience avec Jildazig de Farheg (terminé)
Mer 17 Juin - 15:38
Jildazig de Farheg
Jildazig de Farheg
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Il était une foi
Raté.



Il avait raté son ultime chance de sauver quelques vies.
Maigre de satisfaction que de voir la stupeur peindre le visage du souverain.

Un grand fracas.



Les fous noirs du Roi déboulèrent, armes au clair. Jil se laissa faire, sans protester.
Le pion blanc fut jeté à terre.

Echec et mat.


On lui confisqua sa canne. On lui arracha son précieux chapelet dont les perles roulèrent et se brisèrent dans le salon. Certaines plus résistantes que d’autres, eurent la chance d’achever leur course au pied de la petite table.

Privé de sa troisième jambe, le vieux conteur ne parvenait plus à se redresser. Mais ce n’était pas ce qui l’attristait le plus. Non. Il regarda avec une profonde tristesse mêlée d’une pointe de désespoir le sort qui avait été réservé à son souvenir de voyage.

Point de réconfort. Point d’échappatoire.



Les Gardes Noirs lui aboyèrent de se mettre debout. Il répondit qu’il ne parvenait pas. Des mains gantées glissèrent sous ses aisselles, le soulevant, tel un pantin désarticulé. Seul sa tête demeurait droite et fier.

Lioffel pencha la tête un rictus mauvais sur son visage lupin.

- Avant que je ne vous laisse rejoindre votre ultime maison, monsieur… J’aimerai vous poser une question.

Lueur de malsaine d’une rage qu’il parvenait difficilement à maîtriser.

-Qui vous dit que mon fils montera à ma suite, ce soir ?

Ses sourcils broussailleux se soulevèrent. Ses yeux s’écarquillèrent.  Avait-il bien entendu ? Tadriel ne serait donc pas l’héritier. Il y aurait quelqu’un d’autre ? Avait-on prévu de l’assassiner également ? Ses sourcils broussailleux se froncèrent.

- Mon ultime demeure, sera la terre. Il inclina sardoniquement la tête Je déclare le bal ouvert, votre Majesté ! conclut-il avec en train, un large sourire sur le visage.

Il n’était que le premier d’une longue liste ce soir. On aurait tôt fait d’apprendre ce qu’il s’était déroulé ce soir et Jildazig comptait bien diffuser l’information. Un Garde Noir le bouscula sans ménagement afin de le mettre en marche. Le vieillard s’effondra à terre.

La pitié était un défaut de fabrication chez les Gardes Noires. Et ceux-ci étaient exemplaires.

A nouveau, la marionnette fut ramassée. Il n’avait plus la force de tenir debout. Il se sentait si fatigué. Il avait usé et abusé de ses dernières forces. Désormais il n’avait plus d’autres possibilités que de se laisser porter par les événements. Les fous du Roi, le traînèrent, ses pieds raclant misérablement le sol jusqu’à l’embrasure de la porte.

Les Geôles du Palais. Un lieu que je n’avais encore point eu le loisir de visiter songea-t-il avec ironie.
Re: 20h30 - Audience avec Jildazig de Farheg (terminé)
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