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19h12 - La lionne face au dragon (terminé)
Mar 5 Mai - 13:46
Varda de Mormegil
Varda de Mormegil
78
Dragon Blanc
Depuis la bévue des gardes, Varda gardait un oeil attentif sur ce qu'il se passait à la porte. Elle avait noté avec satisfaction que les Gardes Noirs se montraient bien plus zélés comme elle s'y attendait.

A chaque arme confisqué, un garde venait lui faire son rapport, lui indiquant le nom de la personne et l'objet du délit qu'on lui faisait porter si besoin. Puis elle désignait l'un des huits manteaux blancs pour effectuer un interrogatoire. Certains n'avaient rien à se reprocher d'autres...

- Commandante? Une dague vient d'être confisqué sur la personne de Madame Clémence Derffel.

Le nom laissa passer un vague éclair dans ses prunelles d'or. Elle se défiait comme de la peste de ce maudit Shanniv et sa femme n'en était pas moins retorse...

-Je vous remercie je vais procéder moi-même à cet interrogatoire. Faites-moi porter l'arme en question dès que possible..

Le garde présenta ses respects et disparut tandis que la Commandante se dirigea, imperturbable vers les salons. Il ne fallait pas être né de la dernière pluie pour comprendre que la mort de Lioffel et de son fils en arrangerait plus d'un.

Elle s'installa jusqu'à ce que l'on frappe à la porte. Le garde était de retour, une dague pour le moins original entre les mains. Elle aurait pu passer pour un vulgaire coupe-papier tant elle était plate. Rien à avoir avec Serment qui exposait fièrement ses origines.
Varda l'observa néanmoins sous toutes ses coutures: un travail d'orfèvre si l'on pouvait dire pour tailler ainsi un diamant. Elle n'osait pas imaginer le coût pharamineux qu'un tel objet pouvait valoir. C'était à se demander ce qu'il se passait dans la tête des Derffel à venir exhiber une telle arme le soir de l'anniversaire du Roi...

A nouveau, la porte s'ouvrit, en silence cette fois-ci, laissant apparaitre Clémence dans l'embrasure. La dragonne se leva afin d'accueillir la lionne. Ce n'était pas parce que l'on se méfiait de quelqu'un qu'il fallait être irrespectueux. Et la Commandante n'était là que pour exercer son devoir de protection envers le Prince.

- Madame Derffel. salua-t-elle d'un discret signe de la tête.

- La dernière personne que je m'attendais à recevoir dans ce salon si j'ose dire. N'avez-vous pas reçu les instructions quant à votre arrivée? demanda-t-elle tout en l'invitant à prendre place.

Question éminemment rhétorique puisque s'il y avait bien une personne au courant de la sécurité mise en place, c'était incontestablement son scélérat de mari.
Re: 19h12 - La lionne face au dragon (terminé)
Mar 5 Mai - 15:43
Clémence Derffel
Clémence Derffel
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Avide lionne
Et voilà, l'insecte de l'entrée avait fait son office et Clémence allait devoir mentir plus tôt que prévu ce soir. Elle n'était même pas encore dans la salle de bal ! Cela ne lui plaisait pas le moins du monde.

On la conduisit à un salon, après lui avoir confisqué sa dague. Le trajet fut assez court, mais assez long pour qu'elle sache quelle corde de son arc elle allait pincer, ne doutant pas une seconde qu'il serait ardu d'essayer de sortir de cette situation. Inutile de se voiler la face.

Elle dû patienter un peu, sous la surveillance d'un matamore auquel elle prit soin de ne rien dire. Enfin la porte s'ouvrit et alors qu'elle en franchissait le seuil, un sourire se dessina sur les lèvres de Constance. Un sourire soulagé.

Le terme "ardu" n'était pas le terme approprié. Non, "épineux" ou "suicidaire" correspondaient mieux à la situation.

- Bonsoir, commandante de Mormegil, dit-elle simplement.

Elles s'assirent, l'une en face de l'autre. Clémence ne donnait pas l'impression d'être inquiète pour elle. Mais elle affichait de la nervosité.

- Bien sûr que j'étais au courant des mesures de sécurité ! On m'avait avertie. Et c'est bien pour cette raison que je portais une arme. Cela m'assurait d'avoir rapidement affaire à quelqu'un de confiance.

Petite pause. Pour ménager un effet ? pour réfléchir ? pour autre chose peut-être...

- Je veux dire... une personne de confiance, sur qui repose la sécurité de ces lieux.

Clémence n'allait pas faire semblant de tourner autour du pot trop longtemps. Cela deviendrait trop suspect. Elle expliqua directement :

- Commandante, la semaine dernière, on m'a acheté un appareil rare et ancien qui prenait la poussière dans un stock du côté de Jimyda. Il se trouve qu'on appelle cet objet "sarbacane". Vous devez bien savoir à quoi cela sert... Je surveille mes clients suspects, mais je n'ai pu obtenir le nom de celui-là, qui est habile. En revanche, cet après-midi, j'ai appris qu'il était à la capitale.

Elle était en train de sous-entendre que quelqu'un voulait user de cette sarbacane ce soir. Quelqu'un, c'est-à-dire, un potentiel assassin, qui se servirait de cette fameuse arme (impossible à faire passer aux contrôle) depuis l'extérieur. Ce ne pouvait pas être un invité.

- C'est difficile à croire, je le concède. Mais je pourrai vous donner tous les détails qui m'ont permis d'en arriver là, si vous le souhaitez.

Elle savait que la commandante lui poserait d'autres questions. Pourquoi n'était-elle pas venue plus tôt ? Pourquoi ne pas prévenir tout simplement, n'importe qui ? Shanniv aurait pu avertir le roi en personne... Pourquoi donnait-elle cette information ? elle qui avait tant à gagner à ce que quelques belles têtes tombent... Mais à toutes ces questions elle pouvait répondre. Elle pouvait même avouer à la commandante pourquoi elle avait pris cette dague-là, et pas une autre. Une explication qui relèverait de l'anecdotique, ou du sulfureux. A voir.

En attendant, la commerçante conservait un regard alerte et cette attitude des gens qui attendent qu'on leur disent que tout est pris en charge, que leurs informations seront écoutées.
Re: 19h12 - La lionne face au dragon (terminé)
Mar 5 Mai - 16:52
Varda de Mormegil
Varda de Mormegil
78
Dragon Blanc
Elles s’assirent l’une face à l’autre, dans ces petits fauteuils aux tissus chatoyants. Il n’y avait plus qu’à attendre l’excuse qu’elle comptait lui servir sur un plateau d'argent pour avoir tenté d’introduire une lame de diamant dans l’enceinte du Palais, ce soir-là, tout particulièrement.


- Bien sûr que j'étais au courant des mesures de sécurité ! On m'avait avertie. Et c'est bien pour cette raison que je portais une arme. Cela m'assurait d'avoir rapidement affaire à quelqu'un de confiance.

Rictus de la dragonne qui n’appréciait guère que l’on essaye de lui faire passer des vessies pour des lanternes. Ce genre d’alibi aurait éventuellement pu servir pour n’importe quel quidam invité ce soir mais, elle, ne savait que trop bien où trouver quelqu’un de confiance. Sans parler du fait, que si la Commandante était évidemment la référente en matière de Sécurité au Palais, elle ne devait pas être en tête de sa liste de personnes de confiance. Son fourbe de mari dans une certaine mesure. Leur vicelard de souverain éventuellement mais certainement pas la Commandante du Manteau Blanc.

Elle s’abstint cependant de tout commentaire, la laissant poursuivre plus par curiosité que par réel intérêt.

- Commandante, la semaine dernière, on m'a acheté un appareil rare et ancien qui prenait la poussière dans un stock du côté de Jimyda. Il se trouve qu'on appelle cet objet "sarbacane". Vous devez bien savoir à quoi cela sert... Je surveille mes clients suspects, mais je n'ai pu obtenir le nom de celui-là, qui est habile. En revanche, cet après-midi, j'ai appris qu'il était à la capitale. C'est difficile à croire, je le concède. Mais je pourrai vous donner tous les détails qui m'ont permis d'en arriver là, si vous le souhaitez.

Elle leva un sourcil interloqué. Une histoire à dormir debout. Une vaste mascarade pour masquer la réelle raison de sa venue dans ce salon. Elle retint un long soupir agacé mais ne pouvait totalement exclure l’information en elle-même. Ce soir, rien ne pouvait être laissé au hasard et toutes les informations vraies ou fausses devaient être reçus et traitées en conséquence.

- Madame Derffel, vous avez sciemment introduit une lame de diamant dans ce palais. Vous rendez-vous compte que vous faites désormais partie de la longue liste de personnes suspectes de ce bal. Et vous êtes en train d’essayer de me faire croire que vous ne pouviez pas, vous, prévenir qui que ce soit sans Elle agita les bras tout ce spectacle.

Il était inutile de préciser que de part son mariage, elle avait un motif tout désigné pour en vouloir à la vie de la famille royale.

Elle se redressa dans son siège croisant les doigts, alors que son regard d’aigle fixait toujours imperturbablement la femme d’affaire.

- Que les choses soient claires entre nous, Madame Derffel, vous devez me donner tous les détails en votre possession. J’en sais suffisamment pour vous faire passer la nuit aux cachots et plus encore.

Oh elle pourrait bien la suspendre par les pieds dans l’une des cellules et demander à l’un des Gardes Noires de se charger de lui extirper de gré ou de forces de véritables aveux. Quand le sang lui monterait à la tête, elle finirait sans doute par avoir envie d’offrir de réelles explications. Si c’était ce qu’il fallait pour assurer la sécurité du Prince alors elle le ferait. Sans la moindre hésitation. Dût-elle se salir elle-même les mains. Elle n’était plus vraiment à ça après depuis le temps.

- Et… Vous allez devoir trouver mieux que cela concernant la présence de cette dague. Conclut-elle en la lançant dans les airs avant de la rattraper.

Une arme redoutable. Parfaitement équilibrée pour être lancée et qui pouvait trancher sans le moindre soucis n’importe quoi.

- Il serait regrettable d’avorter une soirée aussi mémorable de si tôt pour ne profiter que d’une cellule froide, humide, sale et grouillante de rats. J’ai ouïe dire que sa Majesté avait prévu quelque chose d’aussi grandiose que sa personne.

C’était bien ce qui avait de quoi effrayer quelqu’un d’aussi rigide que Varda. Grandiose, allant de pair avec teinté de folie chez Lioffel.
Re: 19h12 - La lionne face au dragon (terminé)
Mar 5 Mai - 18:12
Clémence Derffel
Clémence Derffel
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Avide lionne
A défaut de l’avoir convaincue tout de suite – Clémence ne pouvait pas se leurrer sur ce point – elle l’avait au moins surprise. C’était un premier pas de franchi. Il lui restait du temps avant d’aller croupir sur un vieux tas de paille odorant. Elle ne doutait pas une seule seconde que la commandante ait déjà entendu parler d’elle, et qu’elle devait avoir des « préjugés » à son égard. Préjugés que Clémence comptait bien utiliser.

- Madame Derffel, vous avez sciemment introduit une lame de diamant dans ce palais. Vous rendez-vous compte que vous faites désormais partie de la longue liste de personnes suspectes de ce bal. Et vous êtes en train d’essayer de me faire croire que vous ne pouviez pas, vous, prévenir qui que ce soit sans tout ce spectacle.

Clémence arbora un air surpris. Comme s’il était inconcevable qu’on ne la croie pas. Le « qui que ce soit » était transparent et elle l’avait prévu. Quant au spectacle, ça ne pouvait en être un que pour celle qui se trouvait en face d’elle, Varda de Mormegil, l’intransigeante commandante. Même si elle avait vraiment voulu en arriver là, Clémence n’aurait pas pu prévoir de tomber sur Varda. Un manteau blanc pour interrogateur, certes. Varda ? improbable. Même si son nom aurait pu justifier une telle prise de précaution. Clémence jugea trop imprudent de jouer sur cet corde-là, cela la ferait paraître trop présomptueuse vis-à-vis de la commandante. Tout en réfléchissant, elle la laissa continuer ses remarques un tantinet acerbes.

- Que les choses soient claires entre nous, Madame Derffel, vous devez me donner tous les détails en votre possession. J’en sais suffisamment pour vous faire passer la nuit aux cachots et plus encore.

Clémence se retint de lui demander pourquoi ça n’était pas déjà fait dans ce cas. Cela ne ferait qu’énerver la commandante. Il fallait y aller en douceur. Après tout, Clémence était innocente, elle venait simplement informer qui de droit d’un danger. On devrait la féliciter pour cela ! pas la menacer de prison !

- Et… Vous allez devoir trouver mieux que cela concernant la présence de cette dague. Il serait regrettable d’avorter une soirée aussi mémorable de sitôt pour ne profiter que d’une cellule froide, humide, sale et grouillante de rats. J’ai ouïe dire que sa Majesté avait prévu quelque chose d’aussi grandiose que sa personne.

Clémence ouvrit de grands yeux choqués et se redressa comme si vraiment c’en était trop.

- Quoi ? Vous ne me croyez pas ! Vos insinuations sont choquantes ! Qui vouliez-vous que je prévienne en si peu de temps ? J’ai reçu la nouvelle il y a une heure à peine, j’étais encore chez moi, Shanniv était parti ! J’ai accouru au palais ! Et tout le monde était occupé !

Elle retomba dans son fauteuil et soupira longuement en massant d’une main son front.

- Pardonnez-moi, je suis sur les nerfs, je n’ai pas eu le temps de me préparer et cette nouvelle d’un danger m’a prise au dépourvu. Je sais que… que tout cela peut sembler suspect, mais je vous assure de ma bonne foi sur ce point. Je n’irai pas jusqu’à prétendre que je suis d’une innocence irréprochable, mais comprenez que mes intérêts sont menacés avec un assassin dans la nature lioffeloise : mes affaires sont étroitement liées à la gouvernance de ce pays. Si des têtes (entendez couronnées) tombent ce soir, je risque d’être ruinée.

Était-il utile d’ajouter que Shanniv étant proche de la couronne il pouvait être visé, et que cela l’inquiétait ? Non, cela ne serait que superflu. La commandante pouvait faire cette déduction si elle le souhaitait, cela n’apporterait rien à l’affaire. En revanche il fallait lui donner des détails. Convaincants et vérifiables. Heureusement, Clémence arrangeait toujours la vérité pour mentir. Elle soupira une nouvelle fois, comme si cela l’ennuyait de devoir tout expliquer alors que l’urgence de la situation devait pousser tout le monde à agir.

- Les détails sont un peu longs à entendre mais si vous y tenez… L’achat a eu lieu lundi dernier à Jimyda comme je vous l’ai dit. J’en ai été informée le jeudi soir par courrier à cheval. La sarbacane étant une arme peu utilisée de nos jours, je me suis d’abord dit qu’il s’agissait d’un collectionneur excentrique ou d’un frontalier qui en avait besoin. Cependant, à la mise en place de mes affaires, j’avais donné pour consigne qu’on surveille tout acheteur suspect. Le responsable de mon comptoir a dû juger que c’était le cas ici, car il a fait suivre l’acheteur qui s’est révélé être un prête-nom, chargé d’envoyer la sarbacane vers Lioffel en échange d’une certaine somme d'argent. Je n’ai reçu ces informations qu’avant-hier, dimanche, le temps que mes agents de commerce les recueillent et les envoient. Depuis, je guette la présence d’une sarbacane dans la capitale, pour savoir chez qui elle va arriver. Et le billet que j’ai reçu avant de venir m’informait qu’on l’avait livrée dans une auberge assez proche du palais, chez un homme un peu bizarre qui y est descendu hier soir. Un homme qui n’a pas donné son nom à l’aubergiste. Pour moi c’était suffisant, avec la fête de ce soir, pour être inquiétant, je suis donc venue un peu plus tôt que prévu, et j’ai seulement trouvé ce stratagème de la dague pour rencontrer quelqu’un en charge rapidement, alors que tout le monde est sur le pied de guerre. Que ce soit vous est inespéré.

L’histoire de la sarbacane était vraie en tous points. A la seule différence que l’homme qui l’avait achetée était un collectionneur un peu fou. Et surtout, il ne savait pas à qui il l’avait achetée. En revanche, cet homme ne se trouvait pas à l’auberge. Celui qui se trouvait à l’auberge était un employé à elle, assez crapuleux sur les bords pour passer pour un assassin, et qui se trouvait travailler au palais en ce moment. Rien de plus suspect.

- Si je me trompe, vous m’en voyez navrée, je vous aurai fait perdre du temps pour rien. Mais je ne veux pas prendre le risque d’être ruinée, par l’achat malheureux d’une sarbacane. Il ferait beau voir qu’un objet acheté dans un de mes comptoirs cause la décadence de ma fortune !

Sur ces mots, Clémence prit un air outré, comme si l'ironie d'une telle chose la mettait encore plus en colère que le reste. Elle alla même jusqu'à lever les yeux au ciel.
Re: 19h12 - La lionne face au dragon (terminé)
Mar 5 Mai - 22:50
Varda de Mormegil
Varda de Mormegil
78
Dragon Blanc
Clémence Derffel. S'il y avait bien deux choses qu'on ne pouvait pas lui retirer c'était son sens du commerce et son talent d'actrice. A croire qu'elle avait tout préparé, y compris ce petit air de surprise mêlé d'une quasi innocence qui aurait fait culpabiliser n'importe quel garde. Mais pas elle.
On ne quittait pas la Garde Noire sans quelques déformations professionnelles. Euphrate s'était chargé du reste.

La femme d'affaire se leva outrée, prétextant que l'on devrait être en train de la décorer plutôt que de lui promettre une visite approfondie des cachots. Petit sourire amusé de la dragonne qui laissa la lionne hérisser l'échine de mécontentement.

Un chat restait un chat. Même gros.

Lorsqu'elle se rassit. Elle lui offrit enfin son témoignage. Le moins que l'on pouvait dire c'est qu'il était étrangement détaillé. Qui détaillait autant ses témoignages si ce n'était quelqu'un qui avait quelque chose à cacher? Mais soit. Elle prit les informations comme elles venaient, caressant sporadiquement son front de son index, à la recherche de toute la concentration nécessaire. C'était  une histoire franchement tordue. Qu'on ait pu retrouver un homme en possession d'une sarbacane à Lioffel quand la cité comptait près d'une centaine de milliers d'âmes était proprement étonnant. Même en le faisant suivre. Autant dire que c'était là retrouver une aiguille dans une botte de foin.

Elle prit une inspiration avant de répondre:

- Je vous remercie pour ces précieux détails, Madame Derffel. Il nous faudrait néanmoins le nom de cette auberge ainsi que la description de cet homme un peu bizarre afin que des gardes soient dépêchés immédiatement pour enquêter.

On était jamais trop prudent pour laisser une piste sans la vérifier au préalable. Même si elle ne pouvait s'empêcher de tiquer sur certains éléments: un délit de faciès, d'étranges coïncidences et une pure spéculation quant à son envie d'assassiner quelqu'un qui plus est le Roi. Certes, il n'était guère apprécié et ce n'était pas la Commandante qui pouvait dire le contraire mais des meurtres à Lioffel, il y en avait pour ainsi dire tous les jours, des bas-fonds à la haute ville.

- Maintenant que vous avez fait votre devoir envers la famille royale, vous allez pouvoir m'expliquer ce que vous faisiez avec cette dague. Et je vous conseille d'être un peu plus créative sur votre alibi que lors du début de notre entretien.

Un fin sourire se dessina sur son visage, alors qu'elle restait toujours aussi droite dans son fauteuil. Elle n'était pas là pour prendre du bon temps. Elle avait un devoir et un travail à accomplir et chaque minute qui passait dans ce salon, ne faisait que lui rappeler un peu plus les enjeux de la longue nuit qui se préparait.
Re: 19h12 - La lionne face au dragon (terminé)
Mer 6 Mai - 12:09
Clémence Derffel
Clémence Derffel
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Avide lionne
Clémence observait Varda réfléchir. Si elle était encore là c’était parce que quelque chose avait fonctionné dans tout ce fatras de mensonges arrangés. Clémence avait un peu d’expérience dans le domaine. D’abord, ne pas donner trop de détails, juste donner les grandes lignes, c’est ce qu’elle avait fait dès l’entrée de Varda en lui annonçant la couleur. Cela permettait une première maîtrise du mensonge, qui pouvait prendre ensuite plus de matière si jamais on demandait plus de renseignements, des détails. Miss Varda les avait voulus ces détails, elle les avait eu et Clémence avait été assez précise sur certaines choses décisives pour être convaincante. Si on lui redemandait des détails, elle ferait jouerait l'hésitation, histoire de bien montrer que le facteur humain était présent. Mais quelque chose lui disait que ce ne serait pas forcément nécessaire.

- Je vous remercie pour ces précieux détails, Madame Derffel. Il nous faudrait néanmoins le nom de cette auberge ainsi que la description de cet homme un peu bizarre afin que des gardes soient dépêchés immédiatement pour enquêter.

Très bien, on partait sur autre chose. Clémence fit mine de réfléchir quelques secondes.

- L’auberge, c’était… attendez que je me souvienne… le nom m’avait fait penser à vous en plus. A voilà ! Je me rappelle ! Oh mais vous devez la connaître, si les rumeurs sont avérées…

Petite pointe de malice sans vraiment être méchante. Plus un amusement.

- C’est la Rue de la Soif ! Quant à la description de l’homme, eh bien, je n’en saurai trop rien. Je ne l’ai pas vu, et le billet qu’on m’a envoyé était assez court. Cette taverne est assez réputée. Il ne doit pas y avoir grand monde qui y descende sans donner son nom, si ? dans tous les cas, si vous n’êtes pas sûre de trouver, je peux mettre certaines de mes ressources à votre disposition.

Un peu de zèle ? trop ? au mieux, Varda refuserait et irait vérifier par elle-même en la laissant tranquille. Au pire, elle demanderait effectivement une aide de sa part, auquel cas, elle devrait contacter une ou deux personnes pour l’aider. Cela l’ennuyait car elle devrait mettre à nu une partie de son réseau. Heureusement, la capitale n’abritait que ses activités légales… cependant, elle pariait plus sur une attitude dubitative de la commandante.

- Maintenant que vous avez fait votre devoir envers la famille royale, vous allez pouvoir m'expliquer ce que vous faisiez avec cette dague. Et je vous conseille d'être un peu plus créative sur votre alibi que lors du début de notre entretien.

Clémence haussa un sourcil.

- Que voulez-vous que je vous dise de plus ? J’ai manqué de temps. Passer par la grande porte était le plus simple, puisque celles que je peux emprunter d’habitude étaient fermées. Et puis vous pensez vraiment qu’en demandant poliment quelqu’un m’aurait reçue ? Je n’y crois pas une seule seconde ! et vous non plus.

Dans ses yeux brillait la flamme de la colère.

- Je reconnais que je n’ai même pas le mérite d’avoir essayé. Mais dans tous les cas, cette dague… c’est presque un réflexe de la prendre pour aller au palais. C’est un cadeau de mariage. De la part de notre roi.

Elle hésita à peine avant de poursuivre.

- Les cadeaux de Lioffel sont toujours ambigus. La relation que nous entretenions avant qu’il y ait Shanniv était assez particulière pour que cette dague soit un cadeau empoisonné. La porter chaque fois que je suis en présence du roi est devenu un jeu. Un défi. Vous savez où je l’avais mise…  Cette fois-ci elle aura eu le mérite de vraiment servir à quelque chose.

Elle repensa avec un sourire intérieur à l’instant où elle avait découvert cette dague enroulée soigneusement dans son paquet, le jour de son mariage. Avec le petit sourire énigmatique et ambigu de Lioffel la voyant découvrir ce cadeau mortel. Elle ne savait toujours pas ce qu’il avait voulu lui signifier par ce cadeau, mais elle découvrirait bien un jour. Ou une nuit.
Re: 19h12 - La lionne face au dragon (terminé)
Mer 6 Mai - 13:48
Varda de Mormegil
Varda de Mormegil
78
Dragon Blanc
Une nouvelle hésitation, une recherche. Celle d'un parfait mensonge ou d'une réalité bien enfouie? Clémence finit par cracher le nom de cette fameuse auberge, non sans un sourire moqueur. La rue de la Soif.

Une vague étincelle de colère rapidement étouffée traversa son regard.

Il allait sans dire que la soirée arrosée des Manteaux Blancs n'était pas passé inaperçue et que des rumeurs circulaient à son sujet. Elles pouvaient bien circuler autant qu'elles le voulaient tant qu'elles ne faisaient pas référence à certains évènements en particulier. Après tout, même les sérieux et implacables Manteaux Blancs avaient bien le droit de s'amuser un peu...

La description de l'homme fut en revanche pour le moins évasive, pour ne pas dire absente. Ce qui n'arrangeait clairement pas ses affaires. Si l'homme était effectivement un assassin comme était-on censé le retrouver sans connaitre son portrait? Elle opina donc sagement de la tête.

-Compte-tenu des circonstances, j'accepte bien volontiers votre aide. En mutualisant nos moyens, nous pourrons mettre la main sur cet homme aussi vite que possible.

Elle était sûr ainsi, que s'il s'agissait d'un quelconque mensonge, celui-ci finirait rapidement par être éventé, lui évitant par la même une trop importante perte de temps -et de moyens-

Il était désormais temps de revenir au sujet qui était à l'origine de cette conversation animée: la fameuse dague. Bien entendu, la dague de la discorde, suscita un nouveau hérissement de la lionne que la dragonne éluda aussi rapidement qu'il était apparu. Elle l'écouta sans l'interrompre. Et cette explication était tout de même plus rationnelle. Elle aurait sans doute pu commencer par là ce qui aurait évité biens des complications... Il s'agissait donc d'un cadeau de Lioffel. Elle posa les yeux sur la lame de diamant. Oui c'était tout lui d'offrir ce genre de cadeau à double tranchant. Quant à sa localisation... Varda ne savait que trop bien jusqu'où Lioffel se permettait de fouiller le corps des femmes.
Pourtant Clémence devait parfaitement être consciente qu'elle ne lui aurait servi à rien dans ce cas. A moins de vouloir être accusée de haute trahison. C'était presque un talisman servant à conjurer le mauvais oeil qu'une réelle arme. A moins que...
Le dragon blanc étouffa un soupir de ses naseaux tandis que ses paupières se fermèrent brièvement.

- Je vois. Vous auriez pu commencer par ce point en particulier.

Varda se leva, signalant la fin de l'entretien. Elle raccompagna l'épouse Derffel à la porte tout en concluant:

- A l'avenir, si vous souhaitez parler à quelqu'un en charge de la sécurité, demandez simplement poliment aux gardes en place. Ils n'ont pas pour habitude d'éconduire quiconque aurait des informations ou une requête particulière. La sécurité passe avant tout et je suis persuadée que vous le comprendrez. Je vous souhaite une excellente soirée, Madame Derffel.

Un simple signe de la tête en guise de salut accompagné d'un petit rictus teinté d'une discrète pointe d'ironie. La Commandante ne comptait ni s'excuser du dérangement -parfaitement légitime au demeurant-, ni s'étendre dans des ronds de jambes quelconques.

Lorsqu'elle eut disparu dans la foule d'invité, Varda fit signe au garde d'entrer dans le salon.

- Dites au Général de lâcher les limiers. se contenta-t-elle d'ordonner à l'homme qui partit aussitôt transmettre les consignes fraichement reçues.

Peu importe son alibi, elle pouvait sentir qu'il y avait anguille sous roche dans cette affaire et le nom de Derffel accolé à cette idée ne venait que renforçait sa méfiance. Il fallait toujours suivre son intuition, surtout lorsque celle-ci allé dans le sens de la prudence. En tant que Commandante, son devoir était de protéger le Prince, mais surtout, d'anticiper les potentiels menaces afin de les éviter.

Sans verser le sang tu soumettras ton ennemi, avant même qu'il n'ait songé à agir.

Un phrase que Varda de Mormegil, Quatrième Commandante du Manteau Blanc comptait bien ajouter un jour au célèbre code.
Re: 19h12 - La lionne face au dragon (terminé)
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