Jan errait comme une âme en peine entre la piste de danse et le buffet. Il était venu seul et cela lui pesait. Il enchaînait les partenaires sans prendre goût à l'instant présent. Tout était fade, insipide. Tout avait un goût amer, un goût détestable de fiel.
Ce Palais le répugnait au plus haut point. Ce luxe qui cachait la luxure. Ces dorures qui cachaient la pourriture.

Le baron prit un nouveau verre de vin. Rouge sang. Rouge comme le mortier qui avait servi à sceller chacune des pierres de ce répugnant palais. Il fit tourner le liquide carmin dans son verre, observant ses longues jambes glissaient suavement le long de la paroi du cristal. Réminiscence d'un passé encore trop douloureux. Il peut une gorgée du nectar -délicieux- au demeurant mais qui en place d'oubli ne lui offrait qu'un violent écho du passé.

Il observa la salle, cherchant avec qui il passerait sa prochaine danse, lorsque ses yeux se posèrent sur une magnifique femme. Elle partageait même quelques traits communs avec l'amour de sa vie. Les yeux peut-être.
Il posa aussitôt son verre et s’approcha d'elle d'un pas lent et assuré. Arrivé à sa hauteur, il se saisit délicatement de sa main et se pencha avec souplesse afin d'y déposer un baise-main.

- Madame, auriez-vous la bonté de m'accorder quelques pas de danses afin d'illuminer cette soirée ?

Ivid ne put retenir son admiration pour cette salle qui était si lumineuse. Elle était déjà venue au palais, mais jamais elle ne l'avait vu décoré avec autant d'objets plus luxueux les uns que les autres. Elle adorait également cette ambiance de fête et de joie. Elle souhaitait danser comme les autres invités mais pour l'instant personne n'était vraiment venu lui proposer, elle décida d'attendre patiemment.
Elle se croyait presque au paradis.
Elle avait remarqué les regards de quelques invités qui se tournaient vers elle, depuis son arrivée. Elle était connue parmi la noblesse pour sa beauté. La jeune femme, ne voyait rien de mal à cela. De plus lorsque qu'elle se tournait vers un bourgeois la fixant avec pour le plus souvent envie, elle le rendit en un sourire.

Un serveur s'approcha d'elle en lui présentant des coupes de champagne disposés sur un plateau. Elle prit un verre et le remercia. Elle but une gorgée de cette boisson pétillante, elle appréciait le goût et surtout la sensation en bouche de cet alcool.
Soudain, elle vit l'arrivée d'un charmant jeune homme qui s'arrêta devant elle, puis il se courba afin de déposer un baiser sur sa main. En se relevant, il demanda à Ivid :

- Madame, auriez-vous la bonté de m'accorder quelques pas de danses afin d'illuminer cette soirée ?

Pourquoi chercher les gentils hommes, quand ils pouvaient venir vers vous avec un peu de patience.

Elle déposa sa coupe sur le coin d'une table et heureuse d'avoir enfin un cavalier pour se mettre sur la piste, elle fit une révérence et lui répondit toujours aussi souriante :

- Je suis charmée de ce compliment, Monsieur. J'accepte avec plaisir.

Elle prit sa main et ils s'avancèrent vers la piste de danse. Elle déposa l'autre main sur l'épaule de son cavalier et se mirent à tournoyer au fil de la musique. Elle sentit le corps si proche de l'homme, elle se mit à rougir. Pensant qu'il l'avait sûrement remarqué et voulant ne pas rendre cette scène trop..."gênant", elle décida d'engager la conversation avec lui :

- J'espère que vous appréciez ce bal.

Vivienne regardait les robes virevolter, non avec un envie, mais un bouillonnement qu’elle contenait derrière son éventail d’ivoire et de papier. Prenant une large inspiration pour calmer ses nerfs, elle parcourut le reste de l’assemblée avec une moue qui se voulait réjouie. Réjouie de tous ces fastes, de ces parures onéreuses, de ces belles personnes, de ses vins fins. Tant d’argent dépensé pour cacher la misère qui nourrissait la haine du peuple… Mais ne serait-il pas hypocrite de le dire, même de le penser ? Elle qui était vêtue d’une robe de soie bleue, parée d’une fine parure de diamant, coiffée d’une multitude de barrettes en forme de papillon faites par les plus fines mains d’Almar ?

Evidemment.

Devait-elle danser, faire sembler de s’amuser pour qu’on ne le suspecte de quoique ce soit ? De vouloir gâcher les réjouissances pour obtenir des réponses à ses questions légitimes ? Les gardes n’ont pas l’air d’être chatouilleux ce soir pour tenter une approche directe. Et pour couronner le tout, Vivienne connaissait au plus mal la cour royale. Tout ce qu’elle savait c’est que la plupart des courtisans sont pour la plupart des lèches-bottes ou des incapables se vautrant dans des bêtises d’intellectuelles pour se faire bien voir… Les hommes et les femmes qui l’intéressaient devaient se compter sur les doigts d’une main. Et que dire de ce troupeau déplaisant de jeunes femmes toutes émoustillaient qui l’avait précédé ? Une masse de parfum floral, de ruban de soie et de dentelle l'emportant dans la salle de bal sans qu’elle n’eût le temps d’élaborer un stratagème.

Soufflant derrière son éventail, elle regarda d’un air visiblement exténué sa voisine qui semblait tout particulièrement apprécier l’atmosphère. Cette dernière ne tarda pas à s’en aller au bras d’un homme pour la prochaine valse. Il en allait sans dire que la soirée s’annonçait horriblement longue pour la prétendue Aurore de Cerred, la petite oie blanche curieuse et maladroite.

- Que ne ferais-je pas pour notre chère famille, mon cher frère... Maugréa-t-elle avant de faire mine de tremper ses lèvres dans le verre qu'elle tenait bien trop fermement.

Blood marcha en sifflotant après avoir passer les gardes. Il se dirigea vers la salle de bal ses yeux se fixant sur les différents invités alors qu'il se léchait les lèvres calmement. Y avait il des gens intéressant ici ? Ou bien comme d'habitude des personnes sans intérêt jouant un jouet plus que ridicule pour plaire à la haute société. Il avisa les différents partenaires de danse. Prenant un verre sur le tableau d'un des serveurs entre deux de ses doigts s'appuyant sur un mur repensant à ces activités de la journée avec plaisir. Il aimait vraiment son travail.
Son regard se porta sur les deux nouveaux partenaires de danse puis sur le jeune femme qui semblait être seul et tenir bien fermement son verre. Il s'approcha lentement d'elle.

- Vous devriez faire attention. Votre verre va céder si vous continuez. Esse cette mascarade de fête qui vous fait un tel effet ?

Il sourit calmement ses yeux si particulier détaillant la jeune femme avant de se poser de nouveau sur l'homme et la femme qui venait de former un couple de danse. Il s'appuya une nouvelle fois sur le mur. Lui n'était pas du genre à se plier en quatre en faveur des conventions sauf si c'était dans son intérêt. Hors ici il n'y voyait aucun bénéfice. Il n'avait pas spécialement de rôle à tenir au palais et avait envie de s'amuser un peu ce soir. Cette soirée s'annoncer pleine de rebondissements. Même si pour l'instant c'était encore trop calme à son goût.

- Hm ?!

Surprise qu’on la tira soudainement de ses plaintes, Vivienne exerça sans le vouloir une pression qui brisa la toute fine paroi en cristal de son verre en morceaux. Tout son excédent s’écoula sur le sol à ses pieds éclaboussant légèrement le bas de sa robe. Le fracas alerta quelques voisins qui ne purent étouffer un cri aigu de frayeur avant de soupirer de soulagement et alerter un serveur proche. Ce dernier se précipita aussitôt pour éponger les dégâts qu’elle avait causé. S’ensuit des excuses banales accompagnées de révérences désolées qui dissipèrent aussitôt toutes tensions... Elle en oublia presque la cause à tout cela.

- Ah… Expia-t-elle en grimaçant.

La jeune femme regarda sa main droite qui prenait une tout autre couleur. Le sang coulait en fine nervure le long de ses doigts. Elle s’empressa d’éponger le rouge à l’aide du mouchoir qu’elle sortit tout naturellement de son corsage avant de fustiger du regard son interlocuteur.

- Vous semblez en avoir une haute estime… Les festivités du roi vous déplairaient-elle ? Elle lui sourit poliment pour cacher sa colère. Ne sont-ils pas tous radieux et toutes radieuses ces danseurs ? J’en… suis… émerveillée, déclara-t-elle d'un ton plat.

Vivienne scruta son voisin du coin de l’œil. Jeune, mais indolent… A se demander où était passée la prime jeunesse folle, curieuse et rebelle qu’elle avait l’habitude de réprimander à Almar. Les nobles de la capitale cachaient-ils si bien leurs émotions ?

Blood émit un léger rire en voyant la réaction des autres qui était absolument ridicule pour lui. Il leva les yeux au ciel. Ce n'était qu'un peu de sang. Il ne voyait absolument pas pourquoi c'était si grave pour eux.

- Il me semble que je vous ai vraiment importuné. Je ne pensais pas faire aussi peur.

Il avisa le sang et prit le temps de siroter son propre verre en prenant un autre sur le plateau d'un serveur et le tendant à la jeune femme.

- Tenez voici votre dut. Pour répondre à votre question ses festivités ne me déplaisent pas spécialement. Mais les gens ici sont parfois assez inintéressant. Je n'aime pas jouer un rôle.

Il sourit un peu plus en voyant la colère mal dissimuler de la jeune femme. Après tout il était formé pour reconnaître les différents mécanismes et les mensonges. Même si cette femme l'ignorait. Il la laissa faire et dit

- Je peux m'en aller si vous voulez. Sinon nous pouvons discuter ou bien encore danser.

Il lui sourit en lui fesant une légère reverance un sourire malin les yeux rieurs. Il se demandait bien ce que cette femme allait faire. Il se releva et fixa en même temps l'autre jeune femme qui danser.

- Je ne vous en veux pas, déclara-t-elle platement en regardant distraitement si la plaie avait cessé de saigner en déroulant légèrement le mouchoir.

Un mensonge de plus, mais c'était la réponse qu'on attendant d'elle après tout. Les conventions généraient autant d’hypocrisie qu'elles étaient nécessaires à la soi-disant bonne conduite.

Toujours avec la même politesse rigide, elle lui prit le verre qu’il lui tendit pour le débarrasser, mais l’abandonna aussitôt sur le plateau d’un serveur sans sourciller. Au diable les apparences, Vivienne n’était plus d’humeur à concéder quoique ce soit et ses aspects les plus désagréables reprenaient le dessus comme un mal.

- Je risquerai de tâcher votre beau costume si je vous propose de danser, lui annonça-t-elle avec un léger soupçon de sarcasme tout en soutenant son regard, et je suis mauvaise danseuse. Je ne vous voudrais pas entacher votre réputation s’il advenait une maladresse de ma part.

C’était bien entendu un autre mensonge insolent, mais elle s’en fichait royalement. Pointant de façon impolie son éventail replié sur le jeune homme, Vivienne reprit avec une méfiance toute naissante :

- Vous n'aimez pas jouer un rôle ? Mais n'est-ce pas l'essence même de ce bal maqué ? De jouer un rôle ?

Rapprochant l’éventail de son visage pour masquer ses lèvres qui formaient une sombre courbe, elle souffla avec amertume :

- Qu’attend donc le roi de ses invités ? Là est la question…  

Le musique s'était tue, annonçant la fin de la danse où le couple d’auparavant participaient.

La jeune femme apprécia les propos du Baron qui se voulaient rassurants et cela avait marché. Elle le remercia :

- Je vous remercie pour votre gentillesse.

Il était vrai que depuis son départ du domaine vers le palais, elle se sentait seule pendant le voyage. Même si elle ne pouvait retenir son impatience pour arriver au bal, au fond sa solitude rongeait en partie ce bonheur. De plus, elle ne connaissait que peu de nobles, elle était une femme discrète. Avant de devenir veuve, elle préférait laisser son mari s'occuper leurs rencontres. Mais à sa "mystérieuse" mort, elle avait dû le faire par elle-même, Ivid finit par si habituer même si cela lui demandait quelques efforts.
Puis l'orchestre marqua la fin de la valse, Ivid acheva leur danse en faisait une légère révérence. En retour Jan approcha sa main à ses lèvres afin d'y poser un baiser. Il ajouta :

- Je vous remercie pour cette première danse, Madame la Comtesse. Laissez-moi vous offrir de quoi vous restaurer et vous rafraîchir.


Elle lui répondit, souriante :

- Je suis très honorée. J'accepte avec joie.

Son cavalier lui prêta son bras et la jeune femme accepta. Ils s'avancèrent ensemble vers l'endroit même où ils étaient partis danser. Le Baron lui offrit une coupe de champagne.
Elle remarqua que la jeune femme aux yeux d'un bleu d'océan, n'avait pas bougé depuis tout à l'heure par contre elle avait réussit à rencontrer un autre invité aux cheveux blonds ardents. Ivid vu qu'elle avait la main enveloppée dans un mouchoir ensanglantée, sans perdre une seconde elle s'approcha d'elle et en prit un autre dans son corsage. Puis, la Comtesse prit délicatement cette main débordée de sang, enleva le mouchoir usé et le remplaça par le sien.
Enfin, la jeune femme se rendit compte de son geste qu'elle avait effectuer sans prévenir. Une sorte de gêne se forma en elle.

Qu'est ce qu'elle pouvait être trop compatissante !

C'était ce que disait souvent son père à son égard.
Elle dit à l'intéressée :

- Excusez-moi...pour ce geste "imprévue"...

Elle lui demanda :

- Mais que vous est-il arrivé ?

Blood trempa ses lèvres dans le liquide alors qu'il écoutait distraitement la jeune femme. Elle paraissait toujours aussi ennuyé. Il avait pensé qu'elle pouvait être intéressante mais il avait peut être eu tord. Il l'a regarda faire et sourit légèrement à ces dernières phrases

- En effet, mais il peut arriver parfois de faire des rencontres intéressante ici. Même si cela reste malheureusement bien rare et que la plupart du temps tout ceci est d'un ennui mortel.

Il but une nouvelle gorgé avant de rire légèrement :

- Je ne doute pas de la logique et de l'intelligence du roi. Il doit avoir des raisons que seul lui connait vraiment.

Il alla ajoutait quelque chose quand il répéta le couplé de tout à l'heure s'approcher et fixa la femme posée le mouchoir sur la main de l'autre femme. Il les regarda ni disant rien. La question ne lui était pas adressé. Il reste donc spectateur. Ou du moins pour l'instant.

Certes, le roi n'était certainement pas un crétin... Mais comme le disait si bien son voisin, il doit avoir des raisons que seul lui connait vraiment. Aurait-été-t-il plus intéressant de regarder de loin une telle mascarade ? De jeter son cher frère en pâture ? Peut-être bien.

- Ce n'est peut-être pas la dimension sociale qui vont intéresse le plus, trouva à redire Vivienne en haussant des épaules. Pourtant, nous avons tous de biens sombres secrets, tapis dans les tréfonds de notre âme, qui n'attendent qu'à être extirpés. N'est-ce pas... le plus exaltant, de pouvoir les découvrir ? Rajouta-t-elle d'un ton léger.

Toujours derrière son éventail qu'elle agitait mollement, voyant sa voisine revenir, elle continua :

- Même la plus pure des roses peut cacher au creux de ses pétales l’inavouable... Que feriez-vous donc ? Préfériez-vous l'effleurer pour en saisir son parfum et sa douceur ou l'effeuiller pour en saisir sa nature et ses défauts ?

Jugeant de ses yeux perçants une dernière fois le jeune homme, elle accueillit la comtesse avec un compliment et ce, avant qu'elle n'eut tenté quoique ce soit :

- Quelle grâce ! Vous êtes un ravissement pour les yeux madame,  le ton était maîtrisé et sonnait sincère.

Voyant ce que s'apprêter à faire sa nouvelle interlocutrice, la marquise ne broncha pas bien qu'un peu surprise par cet élan de bienveillance soudain.

- Je vous en prie. Elle se mordit légèrement les lèvres, réprimandant un sourire mesquin avant de déclarer. Un bête accident, sans doute dût à un défaut du verre, rien de plus qui ne mérite votre attention.

Vivienne lui prit la main pour la rassurer.

- Nous étions seulement en train de faire connaissance lorsque c'est arrivé. Elle désigna en riant le jeune homme qui s'était mis en retrait.

Une coupe de champagne à la main, ils arrivèrent à leur emplacement initial. Il ne fallut pas plus que quelques secondes pour que la charmante et oh combien compatissante cavalière qui l'accompagnait ne se jette sur la demoiselle en détresse.

Jan récupéra le verre de la Comtesse afin de lui libérer les mains et s'approcha à son tour afin de voir de qu'il en retournait. Une belle coupure.

- Nous devrions faire venir un médecin Madame, il serait fâcheux que votre coupure ne s'infecte et que l'on ne soit obligé de vous amputer.

Il se tourna alors vers l'homme, fronçant les sourcils:

- Vous auriez tout de même pu faire appeler quelqu'un! C'est la moindre des choses il me semble!

Un serviteur passait par là et il s'empressa de lui demander d'aller quérir de quoi bander sa main et de trouver un médecin qui pourrait l'ausculter. Le jeune homme à la chevelure partit aussitôt et Jan pu reporter son attention sur les deux femmes. Une chose était certaine, elle maitrisait l'art des mots et semblait rompues à ce genre d'exercice. Quant à l'homme en retrait, il avait un je-ne-sais-quoi de dérangeant qui lui laissait une impression désagréable sur l'échine. On ne jugeait pas un livre à sa couverture. Ici plus que nulle part ailleurs, tout n'était que dissimulation et apparence. Pourtant, il avait une relative confiance en son instinct.

En attendant que le serviteur ne revienne, le baron proposa également son propre mouchoir afin d'éponger l'hémoglobine qui avait déjà teinté de carmin celui de sa ravissante cavalière.

La vue du sang lui laissait toujours un sentiment désagréable d'impuissance. De justesse, il se rattrapa au bord du puits sans fond que constituait désormais son esprit.

L'homme écouta les paroles de la jeune femme avec beaucoup d'attention. Elle semblait partagé une partie de son point de vue sur la situation présente. Il sourit légèrement avant d'énoncer, tranquillement:

- En effet, sans cela la vie serrait bien fade.

Et il se demanda lui même ce que cachait cette jeune femme, qui semblait connaître tout les codes et savoir jouer un rôle au millimètre près. Il ne s'était donc pas trompé en l'approchant. Il l'observa interagir avec la jeune femme qui elle paraissait presque enfantine. Le jeune homme avisa le sang. Il aimait particulièrement cette couleur. Et même cette odeur un peu particulière. Relevant les yeux quand Vivienne l'évoqua et s'avança légèrement:

- Madame, enchanté, je suis Blood Tresta, en effet le verre a rompu sous ses doigts. Ne vous inquiétez pas elle ne risque pas d'en mourir. Ni de s'évanouir.

Il fit un sourire poli à la jeune femme et fixa son regard dans celui du cavalier qui lui fit des reproches. Il le regarda lui adressant un sourire poli son regard froid:

- Comme je viens de l'évoqué elle ne risque rien ici avec une coupure de cet ordre. Et je pense que cette somptueuse femme est apte à prendre soin d'elle. Si vous jugez nécessaire ce bandage...

Il s'arrêta et désigna les bandes que le serveur, qui était revenu tendais et reprit:

- Je me ferais un plaisir de mettre cela en ordre.

A ces mots il nettoya délicatement ses mains puis prit le doigt de la jeune le nettoyant correctement avec ce qui lui était proposer avant de faire un léger bandage assez pratique et bien fait. Il remit le reste au serveur et sourit au petit groupe:

- Voilà, tout est en ordre maintenant. J'espère que cela vous convient.

Il crut remarquer un malaise de l'homme face à lui pour le sang et en prit note le regardant toujours avec le même regard et sourire. Tout cela lui plaisait de plus en plus.

Fixer sur son envie de lui donner son aide la jeune femme ne prêta guère attention au compliment de la "blessé", elle y était à la fois habitué. Mais au contraire elle appréciait avec joie. Cependant, Ivid gardait toute modestie face à ces flatteries car le trop de fierté pouvait très vite devenir un vilain défaut.
La jeune femme fixa son tissu devenant petit à petit rouge.
Une chance que la demoiselle blessé ne se soit pas évanouie à la vue du sang. Quant à Ivid :

Elle avait déjà vu pire.


Lorsqu'elle entendue la raison de la blessure, elle lui ajouta d'une petite voix :

- Vous n'avez pas eu de chance...

Puis la demoiselle désigna son interlocuteur qui se présenta à Ivid. Elle se nomma en retour :

- Heureuse de faire votre rencontre. Je me nomme Ivid Dunto, Comtesse héritière du Comté de Dunto.

La jeune femme devait avoir une main de fer pour avoir briser en mille morceaux un verre. Ivid doutait que cet accident était venu du fait que la verrerie avait un défaut de conception, le bal se devait d'être parfait alors on ne pouvait faire la moindre erreur. La jeune femme participait souvent aux événements royales et elle finit par connaître l'organisation de celles-ci.

Le Baron lui donna son mouchoir afin de remplacer le sien qui était déjà taché de sang. Elle le remercia de son geste.
Un serveur arriva avec un rouleau de bandage, Blood Tresta le prit, Ivid se décala afin qu'il puisse l'enrouler autour de la main. Il finit par dire :

- Voilà, tout est en ordre maintenant. J'espère que cela vous convient.

Heureuse que tout était redevenue en ordre, Ivid ajouta avec un sourire amusé à la jeune femme :

- Faites bien attention la prochaine fois que vous tiendrez un verre entre les mains.

Oh dieu !

Les regards commençaient à converger vers leur petit groupe qui s’agitait de plus en plus. Vivienne n’avait pas songé un seul instant à ce qu’une fine entaille tournerait à « une affaire d’état ». L’homme qui avait rejoint sa cavalière évoqua infection et amputation au grand dam de l’intéressée qui s’empêchait de lever les yeux au ciel pour ne pas montrer son agacement.  

Et puis quoi encore ?

Elle aurait voulu retirer sa main, les assommer de douces paroles, mais le baron interpella un serviteur pour avoir un médecin. Sans était presque trop pour la marquise qui commençait à s’impatienter d’être prise pour une petite chose fragile et chétive. Son orgueil en prenait un coup, mais son identité usurpée devait l’encaisser…

Heureusement son premier interlocuteur, celui qui était à l’origine de l’accident, prit l’initiative de panser sa blessure lorsque le serviteur était revenu non pas avec un médecin, mais avec du matériel médical… Une erreur de compréhension ? Quoiqu’il en soit il fit les choses proprement et cela convenait tout à fait à Vivienne qui n’en demandait pas davantage.

Ne voulant paraître ingrate, elle remercia promptement son bienfaiteur avant de se tourner vers la comtesse.

- Oui je n’ai certainement pas eu de chance, répéta-t-elle en acquiesçant avec un léger sourire amusé. Je ferai plus attention à l’avenir.

Mais…

Avait-elle détecté un quelconque malaise chez l’homme brun ? Serait-ce la vue du sang ? Il se pourrait... Vivienne avait l’œil affuté pour ce genre de chose, après tout c’est avec de telle faiblesse qu’elle brisait la défense psychologique de ses proies… Quant à la comtesse, elle semblait désormais sereine, sa réaction ne lui parut plus anormale que ça. Ce n'était qu'une légère blessure rien de plus après tout.

- Aurore de Cerred, se présenta-telle à son tour avec une gracieuse révérence. Et dire que le bal n'est qu'à son début… Toutes mes excuses pour ce malheureux spectacle. J’espère que la vue du sang ne vous a pas ébranlé. Elle soupira pour montrer sa désolation, puis releva la tête pour saisir leurs expressions. Il serait temps de se  réjouir, de danser, de discuter plutôt que de s’inquiéter, n’est-ce pas ?

Jan fut soulagé de voir le serviteur revenir avec de quoi panser cette vilaine plaie. La vue de l'hémoglobine nourrissait ses démons intérieurs qui s'en repaissaient avec avidité, générant chez le baron d'affreuses images mentales relatives à son passé.

Il attrapa sa coupe de champagne, contrôlant les tremblements qui venaient de prendre possession de sa main et bu avec non-chalance une gorgée du précieux nectar.

Il parvenait en revanche difficilement à contrôler les battements de son cœur et les cris d'agonie qui résonnaient dans son esprit avec écho.

- On est jamais trop prudent avec ce genre de blessure. Et puis il aurait été dommage de souiller votre robe.

L'atmosphère était étrange et ces deux individus le mettait mal à l'aise.

- Pardonnez-moi, j'en ai oublié de me présenter. Jan Hasenclever, baron de Hafdyrr.

Il accompagna ses propos d'une légère inclinaison de la tête. Retourner danser loin de ce couple étrange ? C'était sans doute une idée judicieuse. Il chercha la réponse dans le regard de sa cavalière alors qu'il lui tendait sa coupe de champagne.

Blood reprit un verra d'eau écoutant calmement en laissant les trois autres faire preuve de tous ces mots bien faux. Un sourire se dessina alors qu'il fixa l'homme en face de lui. Celui ci semblait vraiment mal à l'aise. Ce baron n'avait pour lui, pas la prestance ni la confiance suffisante pour posséder ce titre. Il avait horreur de ce genre de personne. Cependant peut être qu'il pourrait apprendre des choses intéressantes pour le royaume.

Il avisa sa ... cavalière et trouva judicieux sa proposition hochant humblement la tête:

- En effet, il me semble que cela serra plus approprié.

A ces mots il regarda les alentours. Il devait penser à aller voir le roi. Il avait besoin de quelques précisions. Mais il verrait plus tard. Il laissa les autres engager la conversation ou bien partir. Il avait toujours apprécier observer les autres après tout. Cet homme l'intéresser tout particulièrement. Mais ces deux femmes pouvaient elles aussi cachaient de grands secrets. Il garda son sourire et montra un coin plus tranquille aux autres:

- Si vous souhaitez discuter cette endroit serra parfait.

A ces mots il alla lui même s'installer impatient de voir la suite.

Maintenant que tout était rentré dans l'ordre, Ivid n'avait qu'une seule envie : celle de faire leur rencontre. Malgré sa timidité, elle ne pouvait résister à son souhait de découvrir la personnalité des autres invités de ce bal. Elle savait pourtant que la curiosité pouvait basculer dans les vilains défauts mais, elle jeta un coup d'oeil vers Jan, elle pouvait devenir aussi une qualité.

Les deux jeunes gens proposèrent de passer à autre chose et de profiter de la soirée. De plus, Blood Tresta proposa de s'éloigner un peu de la foule afin de faire connaissance.
A ce moment, son cavalier lui tendit son verre de champagne, et ne sentit rien de bon à cette idée de les suivre, au contraire d'Ivid. La jeune femme avait ressenti, depuis un bon moment, que Jan ne donnait confiance à ce couple qu'il considérait comme étrange.

Pourtant, cela s'annonçait si captivant

Mais elle ne voulait mettre davantage son cavalier mal à l'aise, alors elle répondit à jeune blond :

- Désolée de vous laisser ainsi, mais nous préférions aller profiter de la musique. - elle fit une gracieuse révérence - Je vous souhaite une bonne soirée.

Elle prit la bras que lui proposa gentillement Jan et partirent se mettre en place pour une nouvelle valse.

Tâcher sa robe ? Elle baissa les yeux pour regarder brièvement le tissu d'un bleu voluptueux de cette dernière. Pas une tâche ni de vin, ni de sang... Les apparences étaient sauves.

Elle aurait eu quelques regrets si ça avait le cas. En effet, comment aurait-pu t-elle faire bonne impression (ou plutôt garder sa cinglante répartie et donc sa couverture) avec toutes ces bécasses qui en auraient aussitôt profiter pour lui faire remarquer sa maladresse sourire moqueur aux lèvres ? Ne jamais sous-estimer la perversité d'une dame de la cour, surtout quand celle-ci ne doit pas manquer l'occasion de se faire remarquer et à un tel événement de surcroît...

Après une dernière présentation du baron, le couple avait préféré s'éloigner pour profiter de la musique et de la danse plutôt que de faire plus ample connaissance. Vivienne n'était pas vexée qu'ils aillent voir ailleurs... Peut-être avait-il été plus perturbé que ça par l'accident du verre ? La question ne resta pas longtemps dans son esprit, elle avait autre chose à penser.

Cependant, il ne resta plus que son voisin qui lui aussi avait décidé de se mettre un peu l'écart pour discuter. La marquise aurait pu profiter pour disparaître de suite, mais quand elle balaya son entourage et vit une demoiselle qui devait avoir à peine la vingtaine trépignant à l'idée de danser, c'était l'opportunité parfaite pour elle pour faire d'une pierre deux coups...

Invitant la demoiselle croulant sous une nuée de rubans blancs qui avait l'air d'une meringue dans sa robe, elle l'introduisit auprès du blond qui avait repris sa nonchalance :  

- Monsieur Blood, j'ai bien peur que je ne peux me joindre à vous. Une vielle connaissance attend impatiemment de mes nouvelles... Que diriez-vous de danser avec sa charmante enfante qui n'a malheureusement pas de cavalier ? Lui proposa-t-elle avec un grand sourire avant de leur souhaiter une bonne soirée et de tourner les talons rapidement pour s'enfoncer dans la foule.